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quantité de composés minéraux y tiennent encore une place très importante.

Les premières notions précises sur la Matière médicale de la Chine remontent, dit-on, à l'empereur CHIN-NONG qui vécut vers l'an 3215 avant Jésus-Christ. Il apprit au peuple les <«< cinq sortes de grains » et distinguait déjà cent sortes de plantes utiles à la santé. Les chroniques chinoises ajoutent qu'il eut le premier l'idée de retirer le sel de l'eau de la mer. Mais il faut arriver jusqu'à HOUANG-TY (2637 avant J.-C.) pour trouver un ouvrage un tant soit peu scientifique, le Nuei-King. On attribue de même à cet empereur l'invention des matières tinctoriales. Aussi CHIN-NONG et HOUANG-TY sontils considérés comme « les pères de la médecine et de l'histoire naturelle ».

D'une façon générale, les empereurs chinois favorisèrent ces deux sciences et lorsque TSIN-TCHE-HOUANG, effrayé de l'extension que prenaient les autres sciences ainsi que les lettres et les arts dans son immense empire, fit brûler tous les livres, il en excepta seulement ceux qui traitaient de, la médecine et de l'hygiène.

Les choses restèrent en l'état jusqu'à la Ve dynastie Han (300 ans environ avant J.-C.), époque d'apparition du nouvel ouvrage de matière médicale de LUH-PIEN qui traite surtout de l'histoire naturelle. Un peu plus tard, vers l'an 80 avant J.-C., LI-TANG-CHI écrivit un traité identique et, dans la suite, nombre d'auteurs firent paraître de nouveaux herbiers qui tous portent le nom générique de Pun tsaou ou Pen-tsao. DUHALDE, qui étudia la question tout particulièrement, en compte quarante jusqu'au milieu du xvu siècle. Tous, sauf peut-être ceux de HWA-TO et WANG-SHN Sont tombés dans l'oubli à cause de la publication, en 1596, d'un livre très important et très connu par sa réelle valeur scien

tifique et sa grande utilité : nous voulons parler du Puntsao-Kang muh. Son auteur, LE-SHE-CHIN, en commença la rédaction vers 1550, sous le règne et sous les ordres de l'empereur KIA-TSING, mais il mourut avant d'avoir terminé son œuvre, et c'est son fils qui le compléta, le termina et le présenta en 1596 à l'empereur WAN-LEIH. C'est une vaste compilation et LE-SHE-CHIN Se servit, dit-on, de plus de huit cents ouvrages traitant de cette matière. Le Pun-tsao eut quatre éditions successives, et la dernière ne date que de 1826. Rappelons en passant, que cet important livre d'herbes mentionne 1096 plantes usuelles, 1892 substances diverses et qu'il est divisé en 52 volumes comprenant 1.110 figures. Les deux premiers volumes ne sont que l'historique de la question, le 3 et le 4o traitent des substances pharmaceutiques, le 5 parle des eaux, le 6o du feu, le 7o de la terre, le 8o des métaux, le 9° et le 10 des minéraux, le 11o des sels, du 12 au 38 des remèdes tirés du règne végétal, enfin du 39o au 52 de ceux tirés du règne animal.

En 1657, sous l'empereur SHUN-CHI, il parut un supplément; depuis, aucun ouvrage ne chercha à détrôner le Pun-tsao, si ce n'est le livre que publia le célèbre naturaliste japonais ONO-RANJAN en 1804 et dont la seconde édition est de 1847. Aucune traduction européenne du Pun-tsao ne fut jamais tentée, et malgré les nombreux ouvrages parus en Europe, la Matière médicale des peuples orientaux ne nous est pas encore parfaitement connue.

En 1643, le missionnaire polonais BOYIN parla le premier de la Flora Sinica; et jusqu'en 1682, on ne rencontra guère dans la littérature scientifique que des notes de missionnaires; toutefois n'oublions pas de citer l'Histoire de la Chine de DAPPER (1670). A cette époque on édite à Francfort les Specimen Medicina Sinica de CLEYER, dont un chapitre de

trente pages attribué à BOYIN et intitulé Medicamenta Simplicia que a Chinensibus ad usum medicum adhibentur, traitåit de 289 drogues diverses. En 1693, NIEUHOF publia quelques renseignements sur les remèdes chinois; en 1712, le célèbre botaniste allemand KOEMPFER, dans ses Amanitatis exotica décrit 500 plantes et consacre 145 pages aux « herbes japonaises »; en 1736, le Père jésuite Du HALDE recueille les travaux d'autres missionnaires et fait paraître son ouvrage sur la Description de la Chine; en 1784, le médecin suédois THUNBERG publie sa Flora japonica et en 1796 son Voyage au Japon. Le premier de ces ouvrages est très bien documenté, et c'est ce qui a fait dire à GEERTS que nous devrions regarder KOEMPFER et THUNBERG comme les premiers naturalistes européens qui aient étudié d'une façon approfondie l'histoire naturelle du Japon.

En 1793, le botaniste portugais J. LOUREIRO écrivit sa Flora Cochinchinensis où il ne traitait que les plantes du sud de la Chine; en 1852, HOFFMANN et SCHULTES éditaient un petit recueil de six cents espèces de plantes chinoises et japonaises; en 1856, TARTARINOV fit paraître son remarquable ouvrage intitulé: Catalogus Medicamentorum Sinensium quæ Pekini comparanda et determinanda curavit Alexander Tartarinov Doctor Medicinæ Medicus Missionis Rossica Pekinensis spatio annorum 1840-1850, avec l'aide du Dr Paul HORANINOW, professeur de Matière médicale à Saint-Pétersbourg; il mentionne 500 plantes différentes. Enfin, pour compléter cet historique que nous ne voulons pas trop détailler, il convient encore de citer les ouvrages relativement nouveaux de HANBURY en 1862: Notes on Chinese Materia Medica, où il traite de 160 drogues chinoises; de O. DEBEAUX en 1865: Pharmacie et matière médicale des Chinois, où il décrit 350 drogues; de PORTER SMITH en 1871: Matière médicale chinoise; de SOUBEIRAN et DARBY

en 1874; de GEERTS en 1878: Produits de la nature japonaise chinoise; de DUMONTIER en 1887: Essai sur la pharmacie annamite, où il mentionne 301 médicaments annamites et chinois avec leurs propriétés médicales; de NORDEMANN en 1896: Manuel versifié de médecine annamite, et tout récemment, en 1902, du D'REGNAULT: Médecine et pharmacie chez les Chinois et les Annamites. Dans cet ouvrage de plus de 200 pages, REGNAULT n'en consacre qu'une soixantaine à la pharmacie ; il y décrit très brièvement 494 drogues, dont il donne le nom chinois et les vertus thérapeutiques. Mais en revanche, il lutte ardemment contre ce qu'il appelle avec raison notre « suffisance d'Européen » qui nous fait nous imaginer « que tout est mal qui se fait autrement que chez nous »>, et à différentes reprises, il s'efforce de prouver que, pour être drôles, certaines pratiques médicales sino-annamites sont aussi rationnelles que la plupart des nôtres.

Les peuples de l'Extrême- Orient ont toujours eu une très haute estime pour l'art de guérir; témoin cet empereur chinois dont nous avons déjà parlé, TSIN-TCHE-HOUANG qui fit brûler tous les livres scientifiques, à l'exception de ceux de médecine; mais ils s'en font une idée dont le lecteur appréciera toute la philosophie.

« La médecine, disent-ils, ne peut rien que selon les vues et les desseins impénétrables du ciel. L'homme ne sait pas comment il naît et il ignore comment il meurt; tout est mystère pour lui. Ses jours sont comptés, la longueur de sa course mesurée, et la borne de sa carrière fixe et immobile sans aucun espoir que la médecine puisse y rien changer, parce que toute vie est un anneau dans la grande chaîne des destinées du monde, dont toutes les proportions sont déterminées et immuables. La médecine, ajoutent-ils, ne peut sauver de la mort, mais son rôle reste encore admirable;

elle sert à prolonger l'existence, à guérir d'une foule de maux qui assiègent notre pauvre humanité. »

Nous voyons par ce qui précède que, malgré leur fanatisme inné, ils croient à l'importance de la médecine puisqu'ils lui attribuent l'extraordinaire vertu de prolonger l'existence; toutefois, actuellement encore, ils regardent avec défiance la médecine européenne; notre chirurgie seule a eu le don de les émerveiller et par suite le mérite d'obtenir leur entière confiance.

Très superstitieux, c'était à qui, du plus fortuné au plus misérable, consulterait les présages et les dieux pour leur subordonner leurs moindres faits et gestes. Aussi ont-ils cru et croient-ils encore que la Providence, dans sa grande sollicitude, met à leur disposition « soit sur terre, soit dans l'air, soit dans l'eau », tous les remèdes nécessaires à leur guérison, et que, bien mieux, elle les a revêtus d'images permettant de faire reconnaître très facilement leur utilité et les services que l'homme pouvait leur demander. C'est ainsi qu'une sorte de Garance, le Rubia Munjista (Rubiacées) dont la racine est rouge, passé pour provoquer d'abondantes menstrues; que les fleurs rouges du Punica granatum (Lythrariées), insufflées dans les narines, arrêtent les crachements de sang; que la racine rouge del'Anchusa tinctoria Myrtacées) provoque chez les anémiques une production de globules rouges; que le Ginseng (1), dont la racine ressemble vaguement à une grossière représentation humaine, possède des vertus extraordinaires; que les excréments de Chauve-souris et le sang d'Anguille de rizière - animaux tous deux remarquables par la perspicacité de leur vue

(1) Voir à ce sujet : EM. PERROT et PH. DE VILMORIN. Sur le Ginseng de Corée et de Mandchourie (Bulletin des sociétés pharmacologiques, 1904, X, 129-218).

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