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l'œil vitreux. Les plaies que présente le malade sont absolument exsangues. L'aspect est celui d'un cadavre.

On ferme le péricarde par un surjet de catgut. Puis, bien que je sois persuadé que la mort est définitive, je continue à exercer sur le cœur, à travers le feuillet postérieur du péricarde, avec la main introduite dans le thorax, des pressions rythmées, pendant qu'un aide fait des tractions de la langue. Entre temps on injecte au malade cinq seringues d'éther et sept de caféine.

(A suivre.)

VARIÉTÉS

L'inversion sexuelle, son traitement,

par le Dr J. LAUMONIER.

Le médecin rencontre parfois de singuliers malades. Ce sont des hommes surtout qui viennent le voir au sujet de troubles fort embarrassants, consistant essentiellement dans un dégoût plus ou moins prononcé de la femme et un attrait plus ou moins vif pour l'homme; ils ne s'estiment pas toujour, de ce fait, dans un état morbide, mais ils s'inquiètent pourtant de ne pas être comme tout le monde, et c'est pourquoi ils se risquent à demander conseil, sans d'ailleurs beaucoup espérer en tirer un soulagement.

On a appelé ces malades invertis sexuels; Ulrichs les désigne sous le nom d'uranistes. L'affection dont ils souffrent a été étudiée avec soin et on est parvenu à en fixer les principaux symptômes. Mais tandis que l'école allemande contemporaine, et spécialement Krafft-Ebing et A. Moll, admettent qu'elle constitue une perversion de l'instinct génital plus

souvent innée qu'acquise, ayant ses caractères propres et son individualité, Raymond et P. Janet au contraire la regardent simplement comme un des aspects que peut prendre, chez les psychasthéniques, l'idée obsédante, la honte du sexe, et lui refusent en conséquence toute individualité nosologique.

J'aurai tout à l'heure, après avoir indiqué les signes de l'inversion sexuelle, à discuter ces deux opinions, parce qu'elles régissent une thérapeutique un peu différente. Améliorer nos malades et, si possible, les guérir doit être notre but, mais pour y atteindre, il est nécessaire que nous recherchions la nature et le mécanisme des troubles fonctionnels d'où dérive la maladie.

I

Westphal a défini l'uraniste: « Une personne qui se sent étrangère au sexe auquel elle appartient. » En effet, cette idée domine chez l'inverti; mais se traduit-elle, objectivement, par des stigmates caractéristiques, par des modifications somatiques en rapport certain avec la perversion?

La question n'est point encore définitivement tranchée. Cela tient en partie, je crois, moins à la rareté réelle de l'inversion, qu'à ce fait que les uranistes ont, en tant qu'uranistes, exceptionnellement recours au médecin, soit parce qu'ils ne se considèrent pas comme malades, soit parce qu'ils ont honte d'avouer leur penchant, soit enfin parce qu'ils craignent les indiscrétions et leurs conséquences morales et judiciaires. Par conséquent peu d'uranistes passent effectivement sous le contrôle médical, et même alors leur psychopathie retient plus l'attention que les signes physiques qui peuvent la traduire ou l'accompagner. Il n'en résulte pas que l'inversion soit une maladie extrêmement rare. Ulrichs,

qui était à la vérité uraniste lui-même, déclare qu'il y a bien un inverti sur 2.000 habitants ou 500 hommes adultes. D'après les renseignements recueillis par Krafft-Ebing, cette proportion serait assez exacte, du moins en Allemagne, car, en France, elle semble beaucoup plus faible, puisque sur trois cents observations de psychasthéniques, P. Janet n'en relève que trois qui puissent se rapporter à l'inversion. Et la psychasthénie, sous toutes ses formes, n'est pas une maladie très répandue. Au surplus, on doit se garder de croire tout ce que les uranistes racontent à cet égard. Beaucoup sont portés à exagérer la fréquence et la qualité des personnes atteintes. Socrate, J. César et les empereurs, à commencer par Auguste, Alexandre le Grand, Henri III de France, Jacques Ier d'Angleterre, Rodolphe II de Habsbourg le pape Sixte IV, Michel-Ange, Shakespeare, Charles XII, Byron, Louis II de Bavière, etc., sont revendiqués par eux et parfois, il faut bien le dire, avec quelque apparence de raison, et l'on sait combien de poètes ont célébré les amours masculines. Ce qu'il faut noter, c'est que les femmes sont, parmi les uranistes, en minorité, 10 à 15 p. 100 au maximum, ce qui tendrait à faire de l'inversion une maladie presque exclusivement masculine. Ce point sera examiné ultérieurement.

L'uranisme s'observe, d'après A. Moll, à tous les âges et dans toutes les catégories sociales. L'opinion qu'il débute de bonne heure, vers huit ou dix ans, chez les garçons est très répandue. Mais d'accord avec P. Janet, je crois que c'est à la puberté ou peu après qu'il s'observe le plus fréquemment, et il y a à cela de bonnes raisons. D'autre part, tout le monde est disposé à reconnaître que les classes supérieures fournissent le plus fort contingent d'invertis, sans doute par suite de l'état ou du surmenage mental ou de la prédisposi

tion nerveuse. Il en est de même pour la psychasthénie. En outre, certaines races semblent plus souveut frappées, les juifs notamment, suivant Gock, et aussi certaines professions, telles que celle des tailleurs pour dames, coiffeurs, comédiens, où évidemment les circonstances jouent un rôle favorable. Enfin presque toutes les femmes inverties appartiennent également aux catégories sociales élevées, quelquesunes seulement à la classe des prostituées; encore est-il permis de se demander si, chez ces dernières, il n'y a pas, dans un intérêt facile à comprendre, simulation, ce qu'il est difficile de savoir.

Les uranistes ne présentent généralement aucune anomalie fonctionnelle ou structurale des organes génitaux. Je dois dire cependant que chez un de ces malades, que j'ai suivi assez longtemps, on pouvait constater un léger degré de microrchidie; mais cet individu était vierge, ou du moins l'affirmait; ce signe paraît donc peu important. On en peut dire autant du défaut de pilosité, car si cerlains uranistes ont peu de poils sur le corps, d'autres au contraire sont absolument hirsutes. L'effémination des formes a été aussi constatée et elle se manifeste parfois très tôt. Krafft-Ebing rapporte l'observation d'un uraniste qui, à quinze ans, avait des seins comme une femme. Il est de fait qu'assez souvent on peut remarquer une accumulation de tissu adipeux au niveau de la région mammaire, mais naturellement le développement typique de la glande manque absolument. Quant au dessin de la taille et à la largeur des hanches, signalés par divers auteurs, ils me paraissent dus surtout aux habitudes des invertis. Ces derniers en effet cherchent à ressembler le plus possible aux femmes, ils portent des corsets, des jupes, des bijoux, laissent parfois pousser leurs cheveux; ils aiment, comme elles, les occupations sédentaires, les

travaux d'aiguille, les papotages. Ce genre d'existence tend parfois à leur conférer un certain degré d'adiposité, qui nécessairement arrondit leurs formes. Comme d'autre part l'usage du corset amincit la taille, ils semblent par comparaison avoir des hanches plus fortes. En réalité, par conséquent cette effémination est donc plus apparente que réelle, et résulte surtout des habitudes contractées. La virilisation de certaines femmes inverties doit peut-être recevoir une explication analogue.

Je dois cependant signaler un fait curieux. Un pêcheur breton, uraniste typique sur lequel nous reviendrons, a, depuis l'âge de dix-sept ans, à des intervalles de vingt-cinq à trente-trois jours, une période de malaises, caractérisée par une hyperthermie moyenne (38 à 38°5), des maux de tête, de la courbature lombaire et parfois des épistaxis assez abondantes. Ces troubles, dont j'ai été témoin à plusieurs reprises, durent deux à trois jours au plus, puis tout rentre dans l'ordre. L'individu en question n'est nullement hystérique, il est d'aspect robuste; sauf une légère microrchidie, ses organes génitaux sont normalement conformés; les troubles périodiques qu'il éprouve ont pourtant une certaine analogie avec ceux des règles, coïncidence singulière chez un uraniste. Mais comme des troubles réguliers semblables ont été déjà signalés chez l'homme normal, ce fait n'a sans doute aucune signification intéressante au point de vue de l'inversion sexuelle.

Les traits du caractère ont plus de fixité. Les auteurs constatent, bien que les interprétations diffèrent, que. les uranistes se rapprochent bien plus des femmes que des hommes, par leur manière d'être. Comme les femmes, ils sont vaniteux, bavards, légers, capricieux, menteurs, envieux, jaloux et, en dépit de leurs penchants, pudiques.

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