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qu'on emploie en oculistique varie de 5 à 20 p. 100. Comme le protargol ne contient que 8,3 p. 100 d'argent, alors que le nitrate en contient 65 p. 100, il est évident que, pour avoir le même effet microbicide, il faut employer le protargol en solution beaucoup plus concentrée que le nitrate; on se rend facilement compte dans ces conditions qu'une solution de protargol à 10 p. 100 sera très sensiblement plus riche en argent que la solution de nitrate à 1 p. 100 généralement employée. Le pouvoir antiseptique de la première sera donc sensiblement supérieur à celui de la seconde. Mais, malgré sa teneur plus élevée en argent, la solution à 10, même à 20 p. 100 de protargol est très peu irritante, peu douloureuse et ne détermine jamais ni escarre de la conjonctive, ni infiltration de la cornée.

Dans le traitement des blépharites et des blépharo-conjonctivites, l'instillation deux ou trois fois par jour d'une solution de protargol à 5 p. 100 donne les meilleurs résultats. Dans les mêmes affections, on se trouve généralement très bien d'une cautérisation de la conjonctive avec une solution concentrée à 20 p. 100. Lorsqu'on frotte énergiquement le bord libre des paupières avec le pinceau trempé dans cette solution concentrée, on obtient une sorte de mousse, et l'on arrive ainsi à faire un véritable savonnage antiseptique et très peu irritant.

Dans le traitement des dacryocystistes, on peut également employer avec succès des injections de protargol à 10 p. 100 dans le sac lacrymal; même à 1 p. 100 le nitrate d'argent employé de cette manière détermine dans toute la région lacrymale une violente irritation que n'amène jamais l'injection de protargol.

Le protargol a réalisé un grand progrès dans le traitement de l'ophtalmie blennorrhagique; les instillations d'une solution de protargol à 10 p. 100 toutes les deux heures donnent d'excellents résultats. Darier conseille d'ajouter à ce traitement, une ou deux fois par jour ce qu'il appelle le bain d'œil; on ouvre les paupières et on instille sur le globe quelques gouttes de la solution concentrée à 20 p. 100. Pendant quelque temps, on maintient ainsi le liquide au contact de l'œil. Ce qui rend ce mode de traitement

très supérieur au traitement par le nitrate d'argent, c'est que ce corps même en solution à 1 p. 100 ne peut guère être abandonné entre toutes les mains, et que cependant bien des malades ne peuvent pas venir deux fois par jour comme cela est nécessaire, chercher le pansement au nitrate d'argent. En dehors même de cette simplification, il faut tenir compte de ce fait que, tandis que la cautérisation au nitrate d'argent est horriblement douloureuse, le traitement au protargol est à peine irritant et facilement supporté. On a de plus la certitude que les altérations de l'épithélium cornéen sont constamment évitées par ce procédé, alors que l'application de nitrate, si elle n'est pas très prudemment faite, peut très souvent en déterminer.

Toutes ces qualités du protargol qui le rendent facile à manier et absolument inoffensif en indiquent tout particulièrement l'emploi dans la prophylaxie de l'ophtalmie des nouveau-nés. Dans toutes les maternités où, dans la méthode de Crédé, on a remplacé le nitrate d'argent par le protargol, les résultats ont été très encourageants.

L'argyrol, plus nouvellement introduit en ophtalmologie, se présente en solution, sous forme d'un liquide brun foncé, presque noir. Il a sur le protargol cet avantage que, même en solutions concentrées, il ne possède pas la moindre causticité. L'instillation de quelques gouttes d'argyrol dans un oeil sain ou dans un œil atteint de conjonctivite, ne détermine pas la moindre douleur, pas même la sensation désagréable que produit une goutte d'eau distillée. Il faut connaître les pénibles moments qui suivent l'instillation d'une goutte de nitrate d'argent pour apprécier la différence des deux traitements. Moins douloureux que le protargol, l'argyrol possède cependant un pouvoir antiseptique plus élevé que lui, sauf peut-être vis-à-vis du gonocoque, grâce à sa teneur plus élevée en argent (30 au lieu de 8,3 p. 100). Une solution à p. 100 d'argyrol serait donc, à très peu de chose près, aussi riche en argent qu'une solution de nitrate à 1 p. 100; mais les solutions employées varient de 5 à 25 p. 100, et même à ce titre élevé, elles ne déterminent pas d'irritation appréciable. Il est

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facile de comprendre dans ces conditions, quels puissants services l'argyrol est capable de rendre dans les conjonctivites les plus graves, dans l'ophtalmie blennorrhagique notamment. Dans ces cas graves, Darier recommande au malade de s'instiller ou de se faire instiller toutes les heures ou même toutes les demiheures quelques gouttes de la solution à 10 ou 20 p. 100; jamais, ces instillations abandonnées aux plus ignorants n'ont pu déterminer le moindre accident.

Les sels organiques d'argent ont donc sur le nitrate d'argent le grand avantage de n'être pas caustiques pour la cornée ou pour la conjonctive, et de ne déterminer aucune douleur. Ces deux propriétés remarquables, en permettant d'augmenter la concentration des solutions, leur assurent un pouvoir antiseptique théoriquement supérieur à celui du nitrate dont on ne peut employer les solutions qu'à un titre assez faible. Faut-il donc abandonner complètement ce corps, vieux déjà dans la thérapeutique oculaire, qui a donné tant d'excellents résultats entre les mains de tous ceux qui l'ont employé? Même les plus chauds partisans des sels organiques d'argent pensent que le nitrate peut encore rendre des services. Il semble que les cas très graves de l'ophtalmie purulente ne sont jamais aussi rapidement améliorés par le protargol ou l'argyrol que par le nitrate d'argent. Contre ces cas excessivement sérieux, contre ceux où les sels organiques semblent ne pas avoir une action nettement efficace, il ne faut pas craindre d'avoir recours au nitrate d'argent, qui là, où d'autres ont échoué échouera lui-même bien rarement. Encore faut-il considérer que ce corps n'est pas inoffensif entre les mains de tous et qu'il faut savoir s'en servir. Les instillations de collyre à base de nitrate même en solution faible à 1 ou 2 p.. 100 sont généralement abandonnées; elles agissent plutôt sur la cornée du côté de laquelle elles peuvent déterminer des accidents redoutables que sur la conjonctive où siège l'agent infectieux. On préfère employer le badigeonnage de la face interne des paupières largement retournées et formant rideau devant la cornée au moyen d'un pinceau trempé dans une

solution à 1 ou 2 p. 100. Dans ces conditions, et si l'on a soin de neutraliser au moyen d'une solution salée l'excès de nitrate d'argent, on voit bien se produire une petite escarre, mais elle n'est que superficielle, et dans tous les cas, il ne peut jamais y avoir d'accident du côté de la cornée.

En somme, le nitrate d'argent reste un médicament excessivement précieux qui doit rendre encore en ophtalmologie les plus grands services. Bien qu'il soit très douloureux, bien que, mal manié, il puisse déterminer des accidents sérieux du côté de la cornée, c'est encore à lui qu'on doit avoir recours dans les ophtalmies graves. Mais à côté de lui, le protargol et l'argyrol apparaissent comme deux auxiliaires excessivement puissants, d'autant plus utiles qu'ils ne sont ni dangereux, ni douloureux. Même à ceux qui, dans les cas les plus graves, restent partisans du nitrate, ils rendent les plus grands services; eux seuls peuvent être abandonnés entre les mains du malade ou de son entourage, et des instillations fréquemment répétées dans la journée permettent, même dans les cas les plus graves, de ne faire chaque jour qu'une seule cautérisation au nitrate, alors que, sans eux, il fallait généralement en faire au moins deux. Dans les formes légères, dans les conjonctivites bénignes, le protargol et l'argyrol peuvent au contraire remplacer à eux seuls très avantageusement très agréablement surtout le nitrate. Ces nouveaux sels sont donc des agents thérapeutiques excessivement précieux qui semblent appelés à rendre les plus grands services.

REVUE DES TRAVAUX FRANÇAIS ET ÉTRANGERS

Médecine générale.

L'eau des casernes et la fièvre typhoïde. La fièvre typhoïde ne relève pas toujours de l'origine simple et séduisante de la souillure spécifique de l'eau de boisson. Cette étiologie, dit

M. Simonin (Le Bulletin médical, 15 novembre 1905), est celle de la plupart des épidémies massives, qui frappent en quelques jours un groupe déterminé ou la population d'une ville, atteignant à la fois civils et militaires, mais à côté de ces faits sensationnels, combien d'épidémies meurtrières, quoique moins expansives, ont paru nettement relever de l'infection du sol ou de l'habitation, de l'encombrement humain, du surmenage physique, compagnon inséparable de l'instruction intensive des armées modernes. La graine typhoïdique que les études de ces dernières années montrent largement répandue dans les milieux extérieurs, semble également pouvoir se dissimuler sous une forme banale dans les replis de l'organisme même, n'attendant le plus souvent pour germer et devenir agressive qu'une défaillance de l'hygiène, aussi bien chez l'individu que dans les collectivités. C'est du moins la notion qui semble s'imposer à l'épidémiologie militaire dont les observations, soigneusement recueillies dans un groupe homogène et jeune, éminemment réceptif pour la terrible maladie, ont une valeur et une portée dont les esprits critiques et avisés ne pourront méconnaître la haute importance.

Tuberculose du péritoine, opération et traitement par les rayons X. Une laparotomie ayant permis de faire chez une malade le diagnostic exact de tuberculose péritonéale, M. John Shober (New-York medical Journal and Philadelphia medical Journal, 5 août 1905) se contenta d'évacuer le liquide épanché, puis le referma. La malade tira un grand bénéfice de cette opération incomplète et revint à la santé; mais quelque temps après, l'épanchement se reproduisit; on lui proposa une nouvelle ponction qu'elle refusa. On institua la radiothérapie. Après onze séances régulièrement espacées, de novembre à décembre, la malade vit successivement disparaître tous les symptômes qui l'alarmaient. Une petite rechute deux mois après fut également jugulée. Enfin, sept mois après, la malade examinée de nouveau semblait en parfaite santé. Aussi l'auteur estime-t-il qu'en pré

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