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que rendent très sensible la tachycardie et la dyspnée précoces que nous avons décrites. Il s'y joint une véritable auto-intoxication de fatigue en rapport avec la durée et l'intensité des efforts exigés. Un troisième facteur vient aussi se joindre aux deux premiers, c'est le facteur psychique, qui, à mon avis, joue un rôle important dans la pathogénie du mal des montagnes. L'appréhension plus ou moins vague des dangers à courir, la monotonie de certaines ascensions et de l'exercice qu'elles réclament entraînent, soit des émotions désagréables, soit une sorte d'hébétude mentale qui jouent un rôle important dans l'apparition du mal des montagnes.

Il y aurait beaucoup à chercher et à dire sur les prédispositions individuelles à ce sujet, malheureusement l'enquête sur ce point est difficile. Il ne résulte pas moins des études que j'ai pu faire que les symptômes décrits frappent de préférence d'abord, ce qui est naturel, les sujets à système cardio-vasculaire déjà précédemment atteint, puis ceux chez lesquels on a auparavant constaté des symptômes d'asthénie nerveuse. Certains troubles gastriques, certaines céphalées, les anomalies visuelles semblent bien atteindre tout particulièrement les neurasthéniques.

Quant à la thérapeutique du mal des montagnes, on peut conclure de ce qui précède qu'elle n'existe pas et ne peut pas exister, dans l'impossibilité où l'on se trouve d'atteindre à la fois des syınptômes si dissemblables, d'une part, et de l'autre une pathogénie aussi complexe. Mais on pourra en tenter la prophylaxie avec quelques chances de réussite. La première règle à appliquer sera de ne se livrer aux courses de montagne quelque peu étendues et fatigantes qu'après un entraînement progressif qui supprimera peu à peu la plupart des symptômes. Au cours même des ascensions, il ne faudra pas craindre de marcher à une allure extrêmement lente, laissant à d'autres les prouesses de rapidité aussi inutiles que dangereuses. Les phénomènes gastriques devront être l'objet de soins tout particuliers. L'inappétence a, en effet, des résultats désastreux. La marche en montagne demande une dépense de forces qui ne peut être compensée que par une nour

riture substantielle et fréquente. Les ascensionnistes, pour qui manger au cours de ces ascensions est chose impossible, se mettent donc en état d'infériorité, et l'affaiblissement qui résulte pour eux de leur inappétence les prédispose à tous les autres symptômes du mal des montagnes. Ils auront tout avantage à tenter l'absorption de sucre, de boissons sucrées, de fruits, soit frais, soit conservés dans le sirop. Ces sortes d'aliments sont ordinairement acceptés par eux et leur permettent de supporter leur fatigue. Contre les nausées et les vomissements, on essaiera avec quelque succès les anti-émétiques. Le jus de citron parait avoir également donné des résultats assez appréciables. Les fumeurs feront bien de renoncer pendant la montée à leur plaisir favori; l'expérience leur montrera rapidement que l'usage du tabac en montant prédispose aux symptômes dyspnéiques et digestifs. Ajoutons à ces conseils celui de choisir, quand la chose sera possible, une voie d'ascension bien exposée et variée et de ne partir en course que par des circonstances atmosphériques favorables.

Enfin, de même qu'il faut une gymnastique musculaire préparatoire aux grands efforts des ascensions sérieuses, il y faut un entraînement psychologique. En s'accoutumant peu à peu aux émotions diverses de la haute montagne, on supprimera le facteur moral qui a, répétons-le, une très grande importance. Au cours même d'une crise de mal des montagnes, un peu de courage suffira souvent à surmonter certaines défaillances et permettra d'achever une ascension qui paraissait bien compromise. Tous ces conseils ne constituent évidemment pas une thérapeutique bien active, mais peut-être évitera-t-on, en les suivant, de transformer un des exercices les plus sains et les plus passionnants qui soient en une série de malaises des plus pénibles qui peuvent même, dans certaines circonstances, au cours d'ascensions difficiles, devenir une source de sérieux dangers.

CHRONIQUE

La Médecine des signatures,

par le Dr CABANÈS.

Une des croyances encore très répandues dans le peuple au xxe siècle se rapporte à ce qu'on appelait jadis la médecine des signatures. Nos ancêtres, partant du principe d'ordre et de symétrie que leur révélait l'observation du monde, étaient convaincus que la Providence avait établi tout un système de relations intimes entre les diverses parties de l'univers. Les meilleurs esprits, une fois entrés dans cette voie de recherche de concordances universelles, arrivaient aux conclusions les plus extravagantes.

C'était surtout en matière de vertus des plantes que cette théorie de la signature était plus particulièrement considérée comme irrécusable.

« Quand on se sert des végétaux, dit Paracelse, le grand illuminé du xvre siècle, qui, en la circonstance, ne fait que reproduire une opinion ayant déjà cours dans le vulgaire, il faut prendre en considération leur harmonie avec les constellations et leur harmonie avec les parties du corps et les maladies, chaque étoile attirant, par une sorte de vertu magique, la plante avec laquelle elle a de l'affinité, et lui faisant part de son activité de sorte que les plantes sont, à proprement parler, autant d'étoiles sublunaires.

<< Pour en démontrer les vertus, il faut en étudier l'anatomie et la chiromancie: car les feuilles sont leurs mains, et les lignes qui s'y remarquent font apprécier les qualités qu'elles possèdent. L'anatomie de la chèlidoine (ou grande éclaire, dans les vaisseaux de laquelle afflue un suc jaunâtre,

nous apprend que cette plante convient pour le traitement. de l'ictère ou jaunisse, etc., etc. >>

L'Allemand Léonard Thurneiser, l'un des disciples les plus enthousiastes de Paracelse, publia, le premier, un livre entier, où il exposa, avec accompagnement de figures, les prétendues analogies physiologiques existant entre les plantes et le corps humain. Mais ces démonstrations manquaient de méthode et surtout de clarté. Le célèbre Napolitain Porta esprit encyclopédique, à qui les sciences. exactes sont redevables de plus d'un progrès réel — reprit cette thèse fantaisiste, qu'il développa avec toute l'ingéniosité dont il était capable.

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Sa Phytognomonie fit une sensation profonde dans le monde. savant d'alors; et l'on peut dire que l'effet produit par cette publication fut tel, que jusqu'à aujourd'hui nous en retrouvons les traces, sinon dans les prescriptions médicales, du moins dans les pratiques usuelles de la médication populaire.

Le Créateur, en attribuant aux plantes telle forme, telle manière d'être, plutôt que telle autre, avait eu pour but, selon Porta, d'avertir les hommes que, en cette plante, résident les vertus propres à guérir les affections des parties du corps ayant une analogie avec ces plantes. C'est ainsi qu'une plante dont les rameaux florifères se déroulent en queue de scorpion, comme le myosotis (auxquels les botanistes modernes ont, d'ailleurs, donné la qualification spécifique de scorpioides) devait être souveraine contre la piqûre du scorpion; que le bunium ou terre-noix, ou noix de terre, espèce d'ombellifère dont la racine développe un tubercule en forme de cœur, ainsi que le cédrat, était providentiellement indiqué contre les affections du cœur; qu'une autre plante de la même famille, très commune dans les moissons, et dont la fructi

fication s'allonge en forme d'aiguilles, ce qui lui a valu le nom populaire d'aiguille de berger, avait la vertu d'extirper les corps aigus implantés dans les chairs.

La scabieuse, dont le réceptacle est composé de pièces écailleuses, avait le don de guérir les affections squam

meuses.

La scrofulaire ne devait son nom qu'à ce que ses racines et sa tige présentent des nodosités semblables à celles des affections scrofuleuses, pour le traitement desquelles elle est encore employée dans les campagnes.

Le grémil, qu'on nomme encore herbe aux perles ou aux pierres, en raison de l'excessive dureté de ses graines nacrées, était tout indiquée pour dissoudre les calculs urinaires.

Le tussilage, nommé pas-d'âne, à cause de la forme de ses feuilles qui imite assez bien l'empreinte que pourrait laisser sur le sol le pied d'un baudet, devait naturellement guérir les contusions provenant des coups de pied de l'âne.

La viperine, qui darde son pistil du fond d'une corolle en gueule, fut baptisée ainsi, pour signifier que le venin du dard de la vipère ne saurait prévaloir contre elle.

La petite centaurée, espèce de gentiane sylvestre, qui, du reste, est encore fort usitée en raison des qualités fébrifuges, ne fut pourtant mise en crédit que grâce aux quatre angles de sa tige qui la désignaient comme remède de la fièvre quarte; tandis que des plantes à tiges triangulaires furent reconnues bonnes contre la fièvre tierce.

Autrefois on se flattait de reconnaître les vertus de certaines substances, soit par leur goût, leur odeur, leur couleur ou leur configuration extérieure; soit par leur rôle ou leurs attributions dans la nature.

Ainsi, pour arrêter les flux de sang, on se servait de la racine rouge de tormentille, de roses rouges, de bois de

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