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THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE

Des ruptures du tendon rotulien,

par le D' E. ROCHARD,

Chirurgien de l'hôpital Saint-Louis.

Les ruptures de l'appareil tendineux de la rotule ne sont pas trop fréquentes; soit que la solution de continuité siège. sur le tendon ou sur le ligament rotulien, ce dernier, pour mémoire, étant la bande fibreuse qui s'étend de la rotule à la tubérosité du tibia. Aussi leur thérapeutique est-elle encore discutée? Faut-il faire la suture ou traiter la lésion par les appareils et la position du membre ?

La question n'est pas ici aussi nelte à trancher que dans les fractures de la rotule, où, sauf les cas où il n'existe pas d'écartement des fragments, il faut toujours avoir recours à l'intervention sanglante. C'est que les résultats obtenus n'ont pas toujours correspondu à ce qu'on en attendait, et ceci a pour cause plusieurs raisons que j'exposerai plus loin. Aussi faut-il tenir compte, dans le choix des moyens de guérison, des lésions que la clinique permet de constater.

S'il existe un fragment osseux arraché soit du côté de la rotule, soit du côté du tibia, je n'hésite pas pour ma part, sauf bien entendu les contre-indications forcées, à pratiquer la suture avec des fils d'argent. Il faudra proportionner la grosseur des fils à la dimension du fragment de façon à ne pas le faire éclater en le passant, ou au besoin avoir recours à un artifice, comme une espèce de cerclage par exemple. Les résultats ainsi obtenus sont excellents, et

j'ai encore présente à la mémoire l'observation d'un homme qui me fut amené à Lariboisière avec le ligament rotulien détaché du tibia, mais ayant entraîné avec lui la tubérosité de cet os.

:

Je pratiquai la suture, et le résultat fut des meilleurs. Dans ces cas d'ailleurs on reste loin de l'articulation, et l'opération ne présente pas de gravité. Il n'en est pas de même lorsqu'on a affaire à un fragment rotulien ici il y a presque toujours eu épanchement sanguin dans l'intérieur de l'article, et l'ouverture de l'articulation est forcée pour évacuer le liquide qui y est contenu d'abord et ensuite pour se donner le jour suffisant pour permettre une bonne suture.

Dans ma pratique, j'ai eu plus de rupture du ligament à traiter que de déchirures du tendon et,pourtant, M. d'Andria, dans sa thèse (Paris, 1906), nous dit que les solutions de continuité de l'appareil tendineux quadricipital se présentent avec une fréquence sensiblement égale; mais si on consulte les chiffres qu'il donne, on trouve 74 cas de rupture du ligament pour 44 cas de rupture du tendon, ce qui concorde bien avec ce qu'on observe dans la pratique.

Dans cette même thèse, on trouve aussi des notions intéressantes au point de vue de l'âge des sujets atteints de cette lésion, car elles éclairent d'un jour particulier les résultats de la thérapeutique.

Voyons d'abord les ruptures du tendon. Sur les 45 observations recueillies par M. d'Andria, l'âge est indiqué dans 37 cas et la fréquence est répartie comme il suit: 27 cas de cinquante à soixante-dix ans ; 5 cas de quarante à cinquante ans; 1 cas de trente à quarante ans et 4 cas de vingt à trente ans. La rupture du tendon rotulien est donc beaucoup plus fréquente à partir de cinquante ans.

Pour le ligament, c'est le contraire: c'est avant cinquante ans que la rupture est le plus fréquente. Aussi : sur 74 observations, M. d'Andria en a recueilli 46 où l'âge était indiqué et nous donne les chiffres suivants : 19 cas de vingt à trente ans; 9 cas de trente à quarante ans; 11 cas de quarante à cinquante ans ; 6 cas de cinquante à soixante ans ; 1 cas de soixante-quatorze ans ; c'est donc de vingt à trente ans que la rupture du ligament rotulien se rencontre le plus

souvent.

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Cela concorde bien avec ce qu'on observe. Les ruptures du ligament sont plutôt en rapport avec un traumatisme ou un effort violent, les diathèses semblent y avoir un rôle moins considérable; tandis que pour le tendon il semble que sa solution de continuité s'observe surtout chez des gens un peu tarés et principalement chez les arthritiques. Il suffit alors d'un effort minime fait pour se retenir, pour empêcher une chute, et ce petit effort est suffisant pour séparer la rotule du quadriceps. Je viens de traiter un cas particulièrement intéressant à ce point de vue. Une femme ayant dépassé la cinquantaine, dans un effort pour empêcher une chute, se rompt le tendon rotulien du côté gauche, ceci n'a rien de bien particulier; mais le membre gauche était le membre sain, du côté droit elle était atteinte d'arthrite sèche de la hanche, ce qui compliqua considérablement ce traitement. A l'heure actuelle, elle est guérie et est beaucoup plus impotente du côté où siège l'arthrite que de celui où le tendon a été rompu.

Ces considérations étiologiques doivent éclairer la thérapeutique. On fera en effet beaucoup plus facilement la suture du ligament chez des personnes jeunes sans diathèse et elle donnera d'excellents résultats. Il n'en sera pas de même pour les cas de rupture du ligament. Ici il faudra prendre

tout d'abord en considération et l'âge du sujet et son état général, et dans la majorité des cas on aura affaire à des malades obèses, ou ayant un cœur faible, ou encore ayant de l'arthrite sèche, en un mot à des malades dans de mauvaises conditions opératoires.

C'est pourquoi chez ces malades la suture ne devra pas être tentée. On devra se borner à leur appliquer un bon appareil plâtré, à leur mettre le membre dans l'extension. de façon à relâcher les fibres du quadriceps. J'ai l'habitude de les laisser, sauf indications spéciales, quarante jours de la sorte. Puis je fais pratiquer des massages en ayant soin de faire un appareil amovo-inamovible en silicate ou de faire faire un appareil en cuir moulé qui servira pendant la marche de façon à laisser une consolidation solide s'opérer avant de donner au membre une liberté complète.

SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE

SÉANCE DU 10 OCTOBRE 1906

PRÉSIDENCE DE M. LE GENDRE

Le procès-verbal de la dernière séance, lu et mis aux voix, est adopté.

A l'occasion du procès-verbal

Sur la novocaïne,

par le Dr SCRINI.

Dans la dernière séance, celle du 27 juin, mon ami Chevalier a présenté, en son nom et au mien, une note intitulée: Sur l'action pharmacodynamique et clinique de la novocaine.

Je n'assistais pas à cette séance et c'est seulement en recevant le Bulletin de la Société que j'appris la vive critique qu'avait faite à notre communication le secrétaire général, M. Bardet, et aussi la réponse de Chevalier qui a dit en terminant :

« Au point de vue clinique, je laisse à mon ami Scrini toute la responsabilité, il répondra ! »

Je viens donc, en ce qui me concerne, répondre à M. Bardet. La tâche, d'ailleurs, m'est rendue d'autant plus facile que mon ami Chevalier a, soigneusement, placé entre guillemets la part qui me revient dans le travail dont il s'agit. Cette part consiste en une étude expérimentale et clinique de la novocaïne en ophtalmologie.

Mes recherches m'ont démontré que jamais, à quelque titre que l'on emploie la novocaïne, en solution aqueuse, on n'obtient une anesthésie conjonctivale et cornéenne égale en intensité et en durée à celle que l'on observe à la suite d'applications sur les tissus de l'œil de solutions aqueuses de cocaïne ou de stovaïne de même concentration, et cela, dans des conditions identiques. Aussi, ai-je formulé mes conclusions dans les termes sui

vants :

En somme, que l'on se serve de solutions à 2 p. 100 ou à 10 p. 100, que l'on répète les instillations, la novocaïne ne donne jamais une anesthésie égale en durée et en intensité à celle que procure la cocaine ou la stovaine.

M. Bardet révoque en doute ces résultats fondés sur l'expérimentation et l'observation clinique, en s'appuyant, surtout, sur un travail de M. Pinet relatif à des essais en odontologie auquel notre collègue nous conseille de nous reporter.

« Je suis vraiment étonné, dit-il, d'un fait avancé par ces messieurs, à savoir : qu'il faut des solutions de 2 p. 100 de novocaïne pour commencer à avoir des effets anesthesiques et qu'il faut aller jusqu'à 10 p. 100 pour avoir des effets sérieux. J'ai manié la norocaïne et comme tous les opérateurs, qui ont écrit sur la question, depuis deux ans j'ai constaté qu'on obtenait des effets anesthésiques absolument semblables à ceux de la cocaïne avec des solutions à 1 ou 2 p. 100. Du BULL. DE THÉRAPEUTIQUE. TOME CIII.

15 LIVR.

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