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Ecoutons celle de Ciezynski. Elle nous est donnée par M. Klein, dans sa Revue de Thérapeutique étrangère.

« Les essais cliniques, dit-il page 124, avec la novocaïne étaient précédés des expériences faites sur la surface cutanée et la muqueuse alvéolaire de l'auteur lui-même. La solution était de 1 p. 100 et de 2 p. 100 avec ou sans l'adjonction de une goutte de suprarénine au millième pour 1 cc.; l'auteur (Cieszynski) a établi, ajoute Klein, un tableau comparatif de la durée de l'anesthésie avec les trois substances (cocaïne, alypine, novocaine) avec ou sans adjonction de suprarénine, dans les tissus des différentes régions, notamment la surface cutanée de l'avant-bras et les muqueuses de la cavité buccale. Cette durée est moindre pour la novocaïne que pour les deux autres corps. L'adjonction de suprarénine augmente la durée de l'anesthésie d'une façon extraordinaire pour les trois corps. Elle est beaucoup plus longue pour la peau que pour les muqueuses. La novocaïne avec la suprarénine présente la moindre durée; aussi, pour les opérations de longue durée, c'est un désavantage. Mais pour l'extraction des dents la durée est largement suffisante, même pour les interventions les plus difficiles. »

Je ne veux pas abuser de votre patience et je passe aux conclusions du travail de Cieszynski. Elles sont à retenir.

« L'auteur, ajoute encore Klein, en se basant sur ses propres essais ainsi que sur les rapports des autres cliniciens, conclut à la supériorité de la novocaine sur les autres anesthésiques. » (Cieszynski, Deutsche Monatsschrift für Zahnheilkunde d'avril 1906.)

Enfin, que ce soit en urologie ou en ophtalmologie, le titre des solutions employées est encore plus élevé que celui que nous donne M. Bardet.

En effet, Robert Lucke a recours, pour l'anesthésie des voies urinaires, à des solutions de 1 et de 10 p. 100.

Johannes Biberfeld n'obtient l'anesthésie de la cornée qu'avec des solutions de 2 à 3 p. 100, et Gelb avoue que l'anesthésie observée à la suite d'applications de solutions de cette concentration ne saurait suffire pour l'extraction des corps étrangers de la cornée. Pour cet auteur, il faut élever le titre à 10 p. 100.

De ce qui précède, il est permis de se demander sur quels faits est fondée cette conclusion de M. Bardet :

« Tout au contraire de nos collègues, je conclurai en disant que la novocaïne représente certainement un des anesthésiques les plus intéressants, qu'elle est beaucoup plus maniable que la cocaïne, qu'elle agit à des doses faibles. »

Et encore son observation :

« J'estime que les faits qu'ils rapportent (Chevalier et Scrini) et les conclusions qu'ils en tirent sont diametralement opposés à ce que l'on connaît sur la novocaine d'après des publications, etc. » Et aussi l'hypothèse suivante :

« Les résultats obtenus sont absolument différents de ceux qui sont annoncés par les auteurs que l'on vient d'entendre, tellement différents même qu'on serait en droit de supposer qu'on n'a point expérimenté avec le même produit. »>

Sont-ils vraiment si opposés et tellement différents des faits que je viens de rapporter, les faits que je vous ai communiqués à la dernière séance?

Avec une solution à 2 p. 100, ai-je écrit, la sensibilité de la conjonctive bulbaire et de la cornée ne paraît pas être beaucoup influencée. On n'observe à la suite d'une seule instillation (III à IV gouttes) qu'un léger retard dans la sensibilité au toucher et encore celui-ci est-il de peu de durée. Si l'on vient à élever la concentration de la solution à 5 p. 100, on constate l'apparition d'une anesthésie légère et superficielle, trois à cinq minutes après une instillation de Ill à IV gouttes. Cette anesthésie est passagère et fugace. Elle ne persiste pas plus de cinq à six minutes. Elle se prolonge davantage sans rien gagner en intensité lorsqu'on porte la solution à un titre beaucoup plus élevé, à 10 p. 100 par exemple. En effet, une à deux minutes après l'instillation de III gouttes, la sensibilité conjonctivale et cornéenne est émoussée, puis abolie, mais au bout de quelques minutes, l'anesthésie va rapidement en décroissant pour céder et faire place au retour de la sensibilité qui se trouve complètement rétablie huit à dix minutes après l'instillation. » (Bulletin de la Société de Thérapeutique, 1906, p. 308 et 309.)

A mon tour, j'avoue que je suis tout étonné de la critique de M. Bardet. Et, contrairement à notre collègue, je dis que le meilleur moyen de juger un anesthésique n'est pas l'extraction des dents.

La valeur d'un anesthésique ne peut être étudiée et jugée que comparativement sur le même individu et toujours dans les mêmes conditions. Or, comment réaliser ces desiderata en anesthésie dentaire où l'on procède presque au hasard et dans des conditions variables pour chaque dent.

Par contre, le procédé de Reclus, unanimement adopté, permet d'étudier l'action comparée d'un anesthésique et de se faire une idée nette sur sa valeur. On sait en quoi il consiste. En outre, les tissus de l'œil, la conjonctive bulbaire et la cornée notamment offrent également un champ d'expérimentation comparée remarquable. C'est à lui que j'ai eu recours pour l'étude expérimentale et clinique de la novocaine.

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DISCUSSION

M. LE PRÉSIDENT. L'ordre du jour étant très chargé, je prie M. Bardet d'être très court dans la réponse qu'il désire faire à M. Scrini, et je demanderai à celui-ci de vouloir bien ne pas répli quer, d'autant mieux qu'il s'agit de différences d'appréciations sur lesquelles il est difficile aux interlocuteurs de se mettre d'accord aujourd'hui.

M. BARDET. Il me suffira, je crois, de deux mots pour répondre à M. Scrini, d'autant mieux que je crois que notre collègue me fait supporter les effets d'un malentendu.

Dans mon argumentation de juin, en effet, j'ai surtout pris la parole contre les conclusions générales tirées par M. Chevalier de faits particuliers provenant d'observations oculistiques et apportés par M. Scrini. Je mets donc très volontiers hors de cause M. Scrini dont les observations étaient fort bien rapportées. J'ai seulement voulu faire ressortir que, dans l'usage des injections sous-cutanées et interstitielles anesthésiques, la novocaine, en raison de sa faible toxicité, ne méritait pas d'être jetée hors de la thérapeutique, comme M. Chevalier semblait vouloir le faire.

Maintenant, M. Scrini, dans la partie la plus étendue de son argumentation, semble, si j'ai bien compris, vouloir trouver dans les textes qui ont paru dans le numéro du 30 juillet du Bulletin de Thérapeutique, des arguments pour prouver que les auteurs cités n'ont pas une bonne opinion sur la novocaïne.

Je n'ai qu'une réponse à faire : c'est que c'est moi qui ai fait rédiger l'analyse des mémoires en question, et cela avec la conviction que les auteurs produisaient des observations tout en faveur de cet anesthésique. Il y a donc une contradiction absolue entre la critique de M. Scrini et la mienne. Mais ce n'est pas la première fois que pareille contradiction se peut observer, puisqu'on a pu dire qu'il suffit de deux lignes de l'écriture d'un homme pour le faire pendre.

Je me garderai, dans tous les cas, de refaire, à mon sens, la critique très serrée que vient de produire notre collègue. Je crois que nos auditeurs et nos lecteurs s'intéresseront médiocrement à l'opinion que M. Scrini ou moi-même pouvons avoir sur des mémoires écrits par des tiers. En thérapeutique, les faits valent infiniment plus que les raisonnements et le mieux est d'avoir un peu de patience; avant longtemps, les faits diront si oui ou non la novocaïne est un bon anesthésique. J'estime que, pour l'usage hypodermique ou interstitiel, la réponse est favorable, les personnes qui, sur cette opinion, voudront bien essayer le produit diront si je me suis trompé.

Communications.

I. - Note sur l'emploi du véronal en thérapeutique,

par M. LEBEAUPIN,
Correspondant.

Il existe un médicament qui ne me semble pas mériter la faveur dont il jouit comme hypnotique : le véronal. N'ayant pas eu à me louer de son emploi, je crois devoir communiquer à la Société de Thérapeutique un cas qui m'est personnel. Je le ferai

suivre de plusieurs observations déjà publiées, l'exposition de ces différents faits pouvant mettre en garde le médecin contre les surprises que réserve parfois un agent thérapeutique assez peu sûr.

Les formulaires décrivent le véronal comme un hypnotique <«libre de tout effet accessoire désagréable, méritant par la sûreté et l'intensité de son action d'occuper une place prépondérante dans l'arsenal thérapeutique » (Bocquillon-Limousin). S'il est vrai, ainsi qu'il ressort de l'étude de Kurt Mendel et Kron (Arch. gén. de Méd., 1903), que le véronal est un bon soporifique, qu'il amène un sommeil tranquille presque toujours après un très court espace de temps, un quart d'heure, une demi-heure tout au plus, il n'est pas toujours exact que son emploi «< ne soit suivi d'aucun inconvénient secondaire ».

Souffrant d'insomnies assez pénibles et bien que me défiant en général de tous les hypnotiques, je crus, sous la foi des traités, pouvoir essayer ce médicament si vanté. Le 31 août dernier, je pris une dose de 0 gr. 50, sous forme de pastille, dans une demi-tasse de lait chaud. Le sommeil ne tarda pas à se montrer en effet, et après une vingtaine de minutes je m'endormis profondément. La nuit fut excellente, mais le lendemain matin je me sentis extrêmement fatigué, comme après une longue course, j'éprouvais une asthénie musculaire complète. Je ne pris pas trop garde à cet état, le mettant sur le compte des chaleurs excessives que nous subissions à cette époque. Le 1er septembre au soir, même dose de 0 gr. 50 dans les mêmes conditions, excellent sommeil, amené rapidement, très calme, repos absolu. Dans la journée du 2 septembre, je ressentis un peu d'étourdissement et m'abstins de prendre le soir une nouvelle dose. Le 3, je pris une autre pastille de 0 gr. 50; la nuit fut semblable aux précédentes; mais le lendemain, me disposant à sortir de bon matin, je m'habillai et fis ma toilette sans ressentir autre chose qu'une grande fatigue. A peine avais-je fait quelques pas hors de chez moi que je fus pris de vertiges, il me fut impossible de marcher en ligne droite et je

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