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mal se remet sur ses pattes, tout en conservant une certaine incoordination motrice et de la paraplégie, qui disparaît peu à

peu.

Chez les chats, à système nerveux beaucoup plus sensible, les troubles toxiques sont encore beaucoup mieux caractérisés; et chez eux on constate en même temps que l'incoordination motrice et les phénomènes convulsifs, des hallucinations analogues à celles que nous avons signalées avec la stovaïne. A la dernière période de l'intoxication, lorsque l'animal revient progressivement à l'état normal, on peut remarquer que les convulsions se localisent aux muscles de la tête et du cou et à ceux des membres antérieurs, les membres postérieurs étant au contraire totalement paralysés.

En définitive, la novocaïne se rapproche beaucoup par sa symptomatologie de celle de l'anesthésine (voir Thèse Duplan, Paris, 1903).

L'anesthésie généralisée peut être obtenue beaucoup plus difficilement qu'avec les autres anesthésiques locaux précédemment étudiés; son pouvoir analgésique local lui-même est plus lent à se produire et est inférieur en intensité à ceux de la stovaïne et de l'alypine. En conséquence, pour obtenir une analgésie localisée, identique à celle produite par ces substances, il faudra donc augmenter considérablement les doses et employer des solutions à titre plus élevé : or on sait que la concentration des solutions de ces divers anesthésiques augmente la toxicité du produit dans une proportion assez considérable, et par conséquent au point de vue pratique l'avantage de la diminution du pouvoir toxique de la novocaïne disparaît en partie.

Scrini a étudié l'action de cet anesthésique sur les tissus de l'œil chez les animaux et chez l'homme : « Avec une solution à 2 p. 100 la sénsibilité de la conjonctive bulbaire et de la cornée ne paraît pas être beaucoup influencée. On n'observe à la suite d'une seule instillation (III à IV gouttes) qu'un léger retard dans la sensibilité au toucher et encore celui-ci est-il de peu de durée. Si l'on vient à élever la concentration de la solution à 5 p. 100,

on constate l'apparition d'une anesthésie légère et superficielle, trois à cinq minutes après une instillation de III à IV gouttes. Cette anesthésie est passagère et fugace, elle ne persiste pas plus de cinq à six minutes. Elle se prolonge davantage sans cependant rien gagner en intensité, lorsqu'on porte la solution à un titre beaucoup plus élevé, à 10 p. 100 par exemple. En effet, une à deux minutes après l'instillation de III gouttes, la sensibilité conjonctive et cornéenne est émoussée, puis abolie, mais au bout de quelques minutes l'anesthésie va rapidement en décroissant pour céder et faire place au retour de la sensibilité qui se trouve complètement rétablie huit à dix minutes après l'instillation.

En somme, que l'on se serve de solutions à 2 p. 100 ou à 10 p. 100, que l'on répète les instillations, la novocaïne ne donne jamais une anesthésie égale en durée et en intensité à celle que procure la cocaïne ou la stovaïne. »>

La novocaïne n'exerce aucune action sur la pupille, l'accommodation et la tension intra-oculaire de l'œil.

Son principal avantage consiste en ce qu'elle ne provoque aucune action irritante sur les tissus, même employée en solution concentrée ou même en poudre.

Elle n'exerce qu'une action assez faible sur la circulation et la respiration, et il faut arriver à des doses toxiques pour voir se produire des accidents du côté de ces appareils. A la suite de l'injection intraveineuse de doses moyennes de novocaïne, en solution à 2 p. 100, on constate immédiatement après l'injection une chute de pression assez brusque avec léger ralentissement et diminution d'énergie cardiaque, puis une réascension assez rapide survient et la pression se maintient légèrement au-dessus de la normale, accompagnée par une faible accélération des battements cardiaques. La respiration est d'abord ralentie, puis elle devient spasmodique et accélérée et pendant la période des convulsions on voit nettement apparaître la dyspnée.

En définitive, la novocaïne exerce localement une action analgésique faible mais dénuée d'action irritante; elle est peu toxique

et à dose forte agit d'abord comme un excitant, puis comme un paralysant bulbo-médullaire.

On a essayé de plusieurs manières d'exalter les propriétés anesthésiques de la novocaïne. On a d'abord utilisé la méthode de Schleich, c'est-à-dire l'addition de la novocaïne à une solution de chlorure de sodium possédant déjà par elle-même des propriétés anesthésiques locales (solution à 3 p. 1000), puis, les résultats n'ayant pas été satisfaisants, et du reste la méthode de Schleich étant peu répandue à cause de ses inconvénients, on a songé à l'associer à l'adrénaline, car la novocaïne ne possède ni propriétés vaso-constrictives, ni propriétés vaso-dilatatrices, et elle ne produit pas d'ischémie par elle-même. Les résultats obtenus par Brandt ont été très satisfaisants; il y a réellement sous l'influence de l'adrénaline une augmentation en intensité et en durée du pouvoir anesthésique de la novocaine.

Malheureusement cette association de l'adrénaline avec les divers anesthésiques locaux paraît avoir des inconvénients; on a avec quelques-uns d'entre eux (cocaïne, stovaine) signalé des cas de nécroses localisées; mais cet accident doit être bien plutôt mis sur le compte de l'adrénaline que sur le compte de l'anesthésique local lui-même. Comme l'a très bien dit Reclus, cette association est absolument inutile, sinon dangereuse; la vaso-constriction intense que produit l'adrénaline provoque une diminution considérable de la vitalité cellulaire du tissu, et des modifications physico-chimiques des cellules sont certainement la conséquence de cette anémie. Cette influence, jointe à l'action, pour ainsi dire stupéfiante, de l'anesthésique sur la même cellule, accentue encore ces modifications, et il n'est pas étonnant qu'à la suite de l'emploi de mélanges adrénaline-anesthésiques locaux, on ait pu voir survenir soit de la nécrose superficielle, soit simplement une diminution persistante de la vitalité cellulaire faisant obstacle à la cicatrisation rapide des plaies ainsi traitées.

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DISCUSSION

M. BARDET. Quoique l'ordre du jour soit très chargé, je ne puis laisser passer la communication de MM. Chevalier et Scrini sans leur répondre, car j'estime que les faits qu'ils rapportent et les conclusions qu'ils en tirent sont diamétralement opposés à ce que l'on connaît sur la novocaine, d'après des publications extrêmement nombreuses d'auteurs appartenant à toutes les nationalités et qui, par conséquent, ont opéré dans des conditions très variées. Pour mon compte personnel, j'ai pu constater des faits intéressants et, sur ma demande, des médecins ont expérimenté ce nouvel anesthésique tant en médecine dentaire qu'en petite chirurgie et les résultats obtenus sont absolument différents de ceux qui sont annoncés par les auteurs que l'on vient d'entendre, tellement différents même qu'on serait en droit de supposer qu'on n'a point expérimenté avec le même produit.

de vue

M. CHEVALIER fait d'abord un parallèle entre l'anesthésine et la novocaine; ce parallèle est certainement intéressant au point chimique, car il montre comment il est possible de modifier les propriétés d'un corps avec facilité (et encore est-il plus théorique que réel, car, si je ne me trompe, la novocaïne s'obtient en traitant le diéthylaminoéthanol par le chlorure de nitrobenzoyl, et non pas en agissant sur l'anesthésine). Mais au point de vue thérapeutique, ce parallèle est trompeur, car on en pourrait conclure que la novocaïne reproduit avec imperfection une simple modification de l'anesthésine. Oui, la novocaïne est théoriquement une anesthésine diéthylamidogénée, mais elle est soluble et injectable, tandis que l'anesthésine doit être limitée à l'emploi en diapasme, par conséquent les deux produits se différencient absolument au point de vue thérapeutique.

De plus, les considérations de M. Chevalier sembleraient tendre à démontrer que la novocaïne est dangereuse parce que plus toxique que l'anesthésine, mais c'est parfaitement inexact puisque, malgré cette toxicité plus grande, la novocaïne est moins toxique que la cocaïne et même que la stovaïne, ce qui est la seule con

sidération intéressante au point de vue application à l'anesthésie locale par méthode hypodermique.

En deux mots, et comme si la chose n'avait pas besoin d'être démontrée, nos collègues disent « Nous ne croyons pas que ce corps constitue un progrès au point de vue anesthésie locale et soit appelé à supplanter la stovaïne pour la chirurgie générale »>; je sais bien que ces messieurs ajoutent, « elle a cependant donné de bons résultats pour l'anesthésie dentaire et est assez utilisée ». J'avoue comprendre mal qu'un corps capable de fournir de bons résultats pour des opérations aussi atrocement douloureuses que les extractions dentaires ne fournisse plus de bons résultats quand il s'agira de petites opérations où l'anesthésie est obtenue par voie hypodermique.

La question des anesthésiques locaux est une des plus grosses de la thérapeutique, j'aurais donc aimé que M. Chevalier fasse plus qu'une comparaison sans résultat entre l'anesthésine et la novocaïne, mais bien entre les trois produits intéressants pour l'heure présente, c'est-à-dire la cocaïne, la stovaïne et la novocaïne, puisque l'alypine ne semble pas se placer en aussi bon rang.

Or, pourquoi ne tient-on pas à conserver la cocaïne? Parce que ce corps provoque, à dose thérapeutique, des syncopes et amène après l'opération des effets vaso-moteurs très pénibles et parfois dangereux. Il y avait donc intérêt à chercher des corps capables de procurer l'anesthésie à une dose incapable de produire des effets généraux. A ce titre la stovaïne est un gros progrès, car d'après les essais pratiqués, en prenant la moyenne des chiffres fournis, on peut compter sur une toxicité moitié moindre que celle de la cocaïne, ce qui est déjà très avantageux. Mais la novocaïne présente une toxicité encore plus faible puisqu'il faut des doses sept fois et parfois dix fois plus fortes pour amener la mort d'un animal.

Je suis vraiment très étonné d'un fait avancé par ces messieurs, à savoir qu'il faut des solutions de 2 p. 100 de novocaïne pour commencer à avoir des effets anesthésiques, et qu'il faut aller

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