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Leçons de pharmacologie et d'hygiène clinique,
par le Do G. Bardet.

I

La pharmacologie et l'hygiène envisagés
au point de vue clinique.

Désireux de fournir un enseignement complet, M. le professeur Albert Robin a bien voulu me demander de faire, auprès de lui et à la suite de ses cours, un certain nombre de leçons destinées à faire le commentaire pharmacologique et hygiénique de ceux-ci. C'est exactement le rôle du maître de conférences dans l'enseignement universitaire, ce rôle se bornant à compléter les leçons du professeur, de manière à lui permettre de donner plus de temps au principal, c'està-dire, ici, aux médications, en n'ayant pas le souci de l'accessoire et du détail. En conséquence, je compte bien me tenir exactement dans ce programme et suivre pas à pas les leçons de M. Albert Robin, fournissant seulement des renseignements complémentaires au sujet des médicaments utilisés dans les maladies de l'estomac, du foie et des reins, dont le professeur fait, au cours du trimestre d'été de 1906, le traitement et le formulaire.

J'étudierai donc les questions de pharmacologie clinique et d'hygiène clinique dans leurs rapports avec les maladies envisagées. Si j'ajoute la qualification clinique à des matières que l'on a l'habitude de considérer en soi et de manière didactique, c'est pour bien faire sentir que je compte demeurer dans un domaine essentiellement pratique. Je n'ai point la prétention, justement, de faire de la science pharmacologique ou de traiter l'hygiène méthodiquement, je veux,

au

contraire, oublier tout le côté théorique de ces sciences pour rester pratique et rendre service au médecin; j'aurai donc la constante préoccupation d'être utile, en restant terre à terre. Utile, en fournissant des renseignements immédiatement applicables au cas donné; terre à terre, en ayant soin de me tenir à distance respectueuse de la science pure.

Je serais, en effet, insupportable, si je prétendais imposer au praticien des études sur la description, la préparation et les propriétés pharmacodynamiques générales des médicaments. Mais je m'efforcerai de limiter mon rôle à l'exposition des notions nécessaires dans l'application des médicaments aux cas particuliers signalés par M. Albert Robin, au cours des leçons qui auront précédé la mienne.

C'est assurément un rôle modeste, mais non pas ingrat, car il peut être éminemment utile en me permettant de m'attacher surtout à ce qui n'est ni dit ni écrit.

La pharmacologie est encore une science de laboratoire, on ne peut la considérer comme appartenant déjà au domaine de la pratique. Un médecin merveilleusement instruit des propriétés pharmacodynamiques des médicaments, possédant admirablement la connaissance pharmacognosique des drogues et les plus minutieux détails de leur pres cription, se trouvera, malgré toute cette science, presque aussi désarmé qu'un autre auprès du malade et éprouvera nombre de déconvenues.

J'ai fait de la pharmacologie, je ne prétends donc point la déprécier, mais sur le terrain clinique je suis obligé de convenir que cette science ne peut que rarement sortir du laboratoire qui est son véritable domaine. Ses procédés, en effet, sont trop artificiels pour trouver avec certitude une application aux cas que nous avons à soigner.

Un seul exemple suffira à expliquer mon opinion, peut

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être inattendue de quelques personnes. Tout dernièrement, un professeur très distingué d'une de nos facultés de province, expérimentateur habile et très connu, m'écrivait pour me signaler un point important de son observation sur les diverses strophantines du commerce : « Il y a, me disait-il, une différence énorme entre l'action de la strophantiae de la maison X (maison française) et celle de la strophantine de la maison Z (une marque allemande). La première tue le kilogramme de grenouille à raison de 4 milligrammes, tandis que la seconde n'exige que 1 milligramme ! C'est donc une différence du quadruple, comment expliquer une telle inégalité d'activité. C'est bien fâcheux pour nos maisons françaises! >>

Eh bien, la strophantine de la maison française provenait justement de la maison allemande et pour porter des étiquettes différentes, les flacons contenaient exactement le même produit (1).

Devant un tel écart d'activité, il était naturel de suspecter la valeur des substances comparées, mais une fois l'origine identique reconnue après enquête, il faut rechercher la cause de cette énorme différence de toxicité chez une même espèce animale. Or, pour les poisons cardiaques, la toxicité est extrêmement variable et la variation provient de beaucoup de circonstances, les unes dépendant de l'absorption et les autres de l'état du système nerveux.

(1) Il faut bien savoir que la situation industrielle est telle en France, tant en raison de la question de main-d'œuvre que des droits fiscaux, que nos fabricants ont dû renoncer à préparer le plus grand nombre des produits immédiats. Une maison allemande bien connue, qui s'est fait une spécialité de la fabrication de ces substances, fournit, on peut le dire, presque toutes nos maisons. On peut donc supposer que presque tous les alcaloïdes ou glucosides, à part quelques corps particuliers, quelle que soit la marque, ont la même origine.

Si de semblables différences peuvent se manifester quand on observe sur une même espèce, que sera-ce quand on veut passer des fails observés sur un animal à ceux qui devront se passer chez l'homme? quand on voudra conclure de l'action sur un organisme sain à celle qui se produira sur un organisme malade?

Enfin, comment oser conclure sans crainte quand il s'agit de comparer l'action obtenue par voie intra-veineuse à celle qui est obtenue par ingestion? Comment surtout oser conclure à des effets identiques à ceux qui sont obtenus au laboratoire, avec des animaux intoxiqués préalablement par le chloralose, comme cela se pratique si souvent quand on veut étudier la tension artérielle d'un chien, sous l'action de divers produits médicamenteux?

Voici, par exemple, les aromatiques, avec lesquels on observe souvent des exanthèmes, ce n'est point la pharmacologie qui permettra de reconnaître la cause de ce phénomène qui n'est point révélé par l'étude sur l'animal et qui a été mis en lumière par la clinique. C'est la clinique qui a permis de reconnaître que cette action était sous la dépendance d'une irritation de la muqueuse gastrique. C'est la clinique aussi qui a permis de se rendre compte de l'action stimulante du pyramidon sur les oxydations du processus nutritif et de la production des urines rouges hématoporphyriques de Jaffé, dans l'usage de cette substance.

Il y a donc un réel avantage à traiter de l'étude du médicament en faisant abstraction des études schématiques du laboratoire et en s'attachant, au contraire, à ne l'envisager qu'au point de vue clinique. Pour cela, je compte suivre pas à pas les applications des drogues aux cas que j'aurai à étudier au point de vue traitement. Par conséquent, je m'attacherai surtout à insister sur les détails utiles au médecin, en

indiquant de préférence les médicaments les plus actifs, les formes de préparation préférables et en fournissant seulement les explications les plus simples sur le mode d'action des produits étudiés. Je compte même, pour être très pratique, fournir à l'occasion des renseignements sur les formes spéciales qui sont aujourd'hui si nombreuses et dont l'usage est entré dans les mœurs.

Il n'est pas admissible que le praticien soit seulement renseigné sur un point important de la médecine courante par des prospectus ou par leur client, comme cela arrive si souvent. C'est une lacune qui existe malheureusement dans nos formulaires et, à l'heure présente, le médecin n'a pas plus le droit d'ignorer les formes spéciales de médicament que les eaux minérales ou les procédés particuliers de la médecine physique.

Il faut bien savoir, en effet, que beaucoup de nouveaux produits sont, sous des noms déposés, la propriété des inventeurs, et que presque toujours ce nom est l'unique garantie de sécurité pour l'authenticité du médicament et par conséquent pour la sûreté des effets à obtenir. Ce sont là des questions trop importantes de l'heure actuelle pour que nous ayons le droit de les ignorer systématiquement.

Un pareil programme, qui répond, je le crois, fidèlement aux besoins du médecin, relativement à l'étude du médicament, ne comporte pas une étude méthodique des drogues, car cette étude est du domaine de la pharmacologie didactique exposée à la faculté dans les belles leçons du profeseur Pouchet et complétée par les travaux pratiques qu'il a organisés. En parlant du traitement des maladies, je n'aurai à m'occuper du médicament que dans ses rapports avec le traitement de cette maladie. Parmi les médicaments utilisés dans le traitement des affections gastriques, l'opium revient

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