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SOCIÉTÉ DE THÉRAPEUTIQUE

SÉANCE DU 10 OCTOBRE 1906

(Suite).

II. Action des oxydases artificielles sur le philothion,

par M. J. DE REY-PAILHADE,
Correspondant national.

Les oxydases artificielles préparées suivant la méthode de M. Trillat, ayant été employées avec succès en thérapeutique, je crois devoir signaler à mes collègues les résultats d'expériences instituées pour étudier l'action de cette oxydase sur le philothion. Je rappelle que le philothion est une albumine soluble dans l'eau contenant dans sa molécule de l'hydrogène labile. Il existe de - l'albumine philothionique, albumine du muscle soluble dans l'eau, etc., et de l'albumine non philothionique, albumine du sérum sanguin, etc.

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Il résulte de mes recherches que cette oxydase artificielle oxyde l'hydrogène de l'albumine philothionique de l'œuf de poule, de sorte que, selon toutes probabilités, cette substance médicamenteuse introduite dans l'organisme pour comburer les toxines, ptomaïnes existant en excès, a une action plus profonde. Elle facilite la destruction de ces corps oxydables anormaux, mais elle agit aussi sur le philothion contenu normalement dans tous les tissus. Cette oxydase remplit donc un rôle d'excitateur de la respiration cellulaire.

Voici les expériences probantes : le blanc d'oeuf employé par M. Trillat pour la préparation de l'oxydase, contient du philothion; j'ai recherché si l'oxydase produite dans ce milieu n'oxydait pas l'hydrogène du philothion.

On prépare à l'avance: 1o une solution de chlorure de manga

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nèse (Mn C12+H2O) à 1 gramme pour 100 cc. d'eau; 2o une solution de soude caustique (Na OH) à 4 grammes pour 100 cc. d'eau.

On délaye 20 cc. de blanc d'œuf dans 200 cc, d'eau et on filtre après repos. Cette liqueur albumineuse est additionnée de 10 cc. de liqueur de manganèse, on agite, puis on y verse 6 cc. de solution de soude en agitant vivement; il se produit un précipité blanc qui se dissout immédiatement. Ce liquide, assez alcalin, est agité avec de Fair dans un grand flacon pendant un quart d'heure (ou 1 centième de jour environ); il mousse et brunit rapidement sans fournir de précipité; il contient de l'albuminate de bioxyde de manganèse soluble dans le mélange.

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On verse la liqueur dans un flacon plus petit de manière à le remplir complètement, puis on place au bain-marie à 40-45°o. Après deux heures et demie de chauffe (10 centièmes de jour), on en prélève 20 cc. pour examiner l'état de l'albumine philothionique on ajoute un peu d'acide acétique faible, puis de l'eau pour avoir un volume de 100 cc. environ. Le bioxyde de manganèse formé est précipité et tombe au fond par le repos. On filtre, le filtrat clair ne bleuit pas la teinture de gaïac. On porte à l'ébullition dans une capsule de porcelaine. Les flocons d'albumine coagulée sont exprimés entre des feuilles de papier buvard, puis broyés avec un peu de soufre. Le mélange enfermé dans un petit tube avec du papier à l'acétate de plomb est chauffé pendant une demi-heure (2 centièmes de jour) à l'étuve à 40-45°. On constate un dégagement de H2S noircissant le papier réactif. Cela prouve la présence d'albumine philothionique dans la liqueur, ou en d'autres termes que l'hydrogène du philothion n'était pas complètement cxydé.

On recommence le même essai après quatre heures et demie de chauffe (20 centièmes de jour environ); le papier réactif reste blanc. Cela démontre qu'à ce moment tout l'hydrogène du philothion a été oxydé par l'oxydase artificielle. Pendant, cette oxydation, l'albumine philothionique est passée à la variété non philothionique.

D'autres expériences m'ont montré que cette transformation

n'est due ni au chlorure de manganèse seul, ni à la soude caustique seule; il s'agit donc bien d'un phénomène d'oxydation.

Le résultat de ces expériences au point de vue thérapeutique est, nous semble-t-il, que par son action oxydante sur l'hydrogène du philothion des éléments anatomiques, l'oxydase artificielle de M. Trillat est un excitateur de la respiration cellulaire.

III. - L'automobilisme au point de vue de l'hygiène
et du traitement des maladies,

par le Dr PAUL LE GENDRE.

Si l'automobilisme n'était qu'un moyen de locomotion, si on se bornait à se servir des automobiles comme de voitures à allure très rapide permettant de se déplacer presque aussi vite qu'en chemin de fer avec l'avantage de choisir son itinéraire, de partir et de s'arrêter à volonté, l'automobilisme ne soulèverait pas de questions d'hygiène, ni de thérapeutique, du moins pour les voya geurs transportés; quant aux wattmen, leur cas ne différerait que peu de celui des conducteurs de trains express; ce ne serait qu'un point d'hygiène professionnelle.

Mais il suffit de réfléchir aux caractères particuliers des voitures automobiles et à la transformation que leur usage fait subir aux habitudes d'un nombre croissant de personnes, pour se convaincre que l'hygiéniste et le médecin doivent s'en préoccuper comme ils avaient été amenés dix ans plus tôt à étudier la bicyclette. En 1893 et 1894, dans les Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, j'ai parlé de l'influence de la bicyclette sur la santé des jeunes gens. Je voudrais aujourd'hui esquisser une étude analogue, en vous faisant part des réflexions que m'a suggérées la constatation des effets multiples produits par l'usage des automobiles.

Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que je ne suis pas aussi passionné que certains de nos confrères pour ce genre de locomotion; je me contente de le trouver très commode, j'en use dans des occasions assez fréquentes dans les autos de mes

amis et de mes clients, sans en apprécier les charmes au point de vue sportif. Mais j'ai, depuis plusieurs années, soigneusement noté les observations que j'ai recueillies auprès de mes clients, et je me crois assez documenté pour risquer quelques appréciations sur les ressources que l'automobilisme offre à l'hygiène et à la thérapeutique, tout en formulant certaines critiques sur les inconvénients que peut entraîner son emploi abusif ou intem. pestif. Je ne voudrais pas qu'on me prêtât le ridicule dessein de dresser un réquisitoire contre une si remarquable conquête de l'industrie contemporaine, si je souligne ce qu'il entre de snobisme dans l'engouement dont nous sommes témoins.

L'analyse des éléments constitutifs de l'automobilisme, tel qu'il est pratiqué le plus souvent de nos jours, permet de dégager les suivants: la vitesse de la voiture, sa trépidation, la douche d'air qui frappe incessamment le corps, le refroidissement, la poussière, l'immobilité longtemps prolongée, l'état psychique du conducteur et des autres voyageurs.

Suivant l'allure adoptée, la durée du trajet, la construction de la voiture, la nature de la route, la saison, le climat et l'accoutumance, chacun de ces éléments peut être modifié dans une si large mesure que les effets attribuables à ce mode de locomotion peuvent varier du tout au tout. Nous n'avons pas à nous occuper du voyageur transporté dans un landau confortable qu'il peut ouvrir ou fermer à sa guise, à une allure plus ou moins rapide. Entre sa situation et celle de l'homme qui conduit lui-même une voiture découverte, faisant du 120 à l'heure ou seulement du 60 pendant plusieurs heures, sur des routes dont l'entretien n'est pas toujours irréprochable, par des températures très froides ou très chaudes, il y a une riche gamme d'effets physiologiques, somatiques et psychiques, et, par suite, possibilité et réalisation d'effets pathologiques, qu'on peut étudier sur les principaux appareils de l'organisme.

Les appareils et fonctions qui peuvent être influencés à un degré variable par les conditions diverses précédemment énumérées, sont, suivant mon observation, la peau et certains organes

des sens, les voies aériennes, la circulation et l'hématose, l'appareil digestif, l'appareil locomoteur et le système nerveux. Par suite, la nutrition générale se trouve nécessairement modifiée.

Si ces appareils sont normaux, sans tare actuelle, ni prédisposition morbide, l'expérience a montré qu'ils s'adaptent progressivement à ces influences; l'accoutumance établie, non seulement ils n'éprouvent pas d'effets fâcheux, mais plusieurs d'entre eux acquièrent une endurance précieuse, et un bien-être général en résulte pour l'organisme entier.

Si certains appareils sont anormaux, selon la nature et le degré de l'anomalie, leurs tares pourront être aggravées ou au contraire combattues suivant le degré de réaction dont ils sont capables, et c'est ainsi qu'on est en droit d'envisager l'usage des automobiles comme intéressant l'hygiène et la thérapeutique, à la condition de dégager leur mode d'action fondamental sur chacun des appareils.

Sur la peau saine, l'intensité du courant d'air produit, par suite du spasme des capillaires et artérioles, une sensation générale. ment agréable de fraicheur, suivie d'une réaction de chaleur quand la voiture s'arrête, réaction qui va jusqu'au picotement désagréable et à la cuisson, quand l'air a été particulièrement frais, la course très rapide ou le sujet non encore accoutumé. L'accoutumance d'ailleurs se fait vite. Si la peau est couverte de sueur au départ, on peut observer les états pathologiques consécutifs à tous les refroidissements brusques par évaporation sudorale. Vous savez tous quelle est l'intensité de la déperdition du calorique par la peau dans les courses en auto et combien il importe d'être vêtu chaudement. Mais l'accoutumance s'accomplit vraiment d'une manière remarquable et, quand on est frileux de nature, on a tout avantage à se guérir par l'auto de cette gênante sensibilité au froid.

Il y a des dermatoses du visage et des mains, comme des hypérémies conjonctivales et toutes affections oculaires, pour les quelles il faut redouter l'action du vent et de la poussière.

J'ai constaté la disparition en peu de jours, sous l'influence

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