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dans les doses faibles, car à dose plus élevée le cœur est touché, et de plus elle pourrait produire une action vaso-dilatatrice capable d'exciter les glandes.

Enfin l'eau de laurier-cerise, qui sert de véhicule à deux des préparations étudiées, est elle-même un médicament calmant très appréciable, actif par la quantité notable d'acide cyanhydrique qu'elle contient.

On voit donc que tous les médicaments cités ont pour but de concourir à la sédation glandulaire, musculaire et nerveuse de l'appareil digestif.

Leur administration avant le repas des personnes hypersthéniques est donc parfaitement logique. Le dosage des principes actifs est faible, mais la combinaison des différents agents permet, malgré cela, d'obtenir des effets très sensibles, sans que cependant on ait à craindre une action. générale fâcheuse. En effet, un malade qui a pris les doses in liquées de ces préparations ne verra jamais se produire d'effet narcotique, tandis que s'il avait fallu obtenir la même sédation avecun seul agent, la morphine, par exemple, il eût fallu administrer une dose d'au moins 1 centigramme dont l'effet eût été préjudiciable à l'acte digestif.

J'ai dit que les doses étaient faibles, mais cependant il faut se rappeler que certains sujets et surtout les dyspeptiques sont très facilement impressionnables par les alcaloïdes. On a coutume de dire qu'il se manifeste une idiosyncrasie quand la sensibilité à certains médicaments est spéciale et exagérée. Ce mot est absurde, tous les hommes. sont sensibles également à l'action des substances, mais la dose utilisée n'est pas la même chez tous. Le foie possède une propriété très connue, celle de pouvoir oxyder les matières azotées, donc de les détruire. S'il y a insuffisance hépatique, comme il arrive fort souvent chez les hypersthé

niques, la dose absorbée passera entière dans la circulation, d'où une action parfois formidable. Au contraire, les sujets à foie intact détruiront une notable partie de la dose administrée, d'où action faible. Voilà pourquoi certaines personnes seront intoxiquées avec des doses ridicules de morphine ou de belladone. Tels également les enfants, qui, obligés de fixer de l'azote, ont une fonction uréopoiétique amoindrie et qui, justement pour cette raison, sont hypersensibles à l'opium. Il ne s'agit donc pas là d'une sensibilité mystérieuse et spéciale, c'est un fait parfaitement logique. et explicable qui dépend de la fonction hépatique.

Par conséquent, on se souviendra toujours de ce fait et l'on aura soin de låter la susceptibilité individuelle des sujels, pour réduire les doses ordonnées, ce qui sera facile en faisant varier la quantité d'excipient ou en diminuant les doses de principes actifs. Cela est très important dans le cas du dyspeplique, chez lequel nous voulons provoquer une action simplement modératrice de la fonction gastrique et chez qui il serait très fâcheux de produire une action narcotique générale fort gênante au point de vue de la vie sociale. Toutes les considérations ci-dessus se retrouveront pour les doses de médicaments calmants qui entreront dans les paquets saturants dont j'aurai à parler dans la prochaine leçon.

2° Considérations sur les médicamen's nouveaux. Avant de terminer le chapitre consacré à la médication sédative, je fournirai quelques indications complémentaires sur les moyens de varier un peu les formes de cette médication. Souvent, en effet, par caprice ou par fatigue, le malade a besoin de voir varier les formules qui lui sont ordonnées par son médecin. Dans ce cas, il faut pouvoir obtenir le même effet avec d'autres produits; de plus, le médecin ne

peut pas ignorer les propriétés des médicaments nouveaux qui peuvent être, parfois, avantageusement substitués aux drogues classiques.

La chimie s'est emparée complètement de la pharmacie; le chimiste a étudié les principes actifs des plantes, les a classés et a cherché à les reproduire artificiellement. Il a, aidé du pharmacologue, constaté que la forme de la molécule avait une grande importance pour l'action des produits, que l'addition, la soustraction ou la substitution de certains radicaux organiques avait pour résultat de supprimer ou amoindrir les propriétés dangereuses, d'exalter au contraire celles qui sont favorables. De là une révolution intéressante en pharmacologie et la production d'une infinie quantité de corps, parmi lesquels le médecin peut choisir des médicaments extrêmement intéressants. On a tendance à se formaliser de cette inondation de drogues, ce sentiment n'est pas très raisonnable, car le médecin n'a pas le droit d'être réactionnaire. Avec cette disposition, nous n'aurions pas acquis les admirables médicaments qui ont nom : antipyrine, salicylate de soude, pyramidon, euquinine, etc. Nous avons le devoir de prendre dans la nouvelle pharmacopée tous les médicaments qui ont une valeur et bien savoir que, d'ici à quelques années, à peu près tous les alcaloïdes de la vieille pharmacie seront remplacés par des produits de même. classe fabriqués de manière à en perfectionner les propriétés utiles.

Parmi ces nouveaux produits, il en est quelques-uns qui peuvent trouver leur application parmi les médicaments sédatifs usuels. La cocaïne, qui est l'anesthésique local classique, possède, à côté de son pouvoir anesthésique, des propriétés accessoires fâcheuses tels son action vaso-dilatatrice tardive et son pouvoir paralysant sur le cœur. Aussi

a-t-on cherché à obtenir par synthèse des dérivés cocaïniques anesthésiques locaux sans action cardiaque lipothimique. Nous avons ainsi vu proposer les eucaïnes, l'holocaïne, l'anesthésine, l'alypine, la stovaïne et, tout récemment, la novocaine. On peut dire que chaque nouveau venu marque un progrès sur le précédent, ce qui est logique.. La stovaïne est très employée pour la rachianesthésie, fort en honneur aujourdhui dans les opérations sur les membres inférieurs; elle est moins toxique que la cocaïne, mais plus que le produit suivant. La novocaïne, en effet et d'après l'ensemble des observations nombreuses qui ont été rapportées par les chirurgiens et les dentistes; jouit de propriétés anesthésiques certainement moindres que celles de la cocaïne, mais elle ne provoque pas d'action sur l'appareil circulatoire, aux doses thérapeutiques; elle n'est pas toxique et il suffit d'élever ces doses suffisamment.

Je faisais remarquer tout à l'heure que l'action vaso-dilalatrice de la cocaïne était fâcheuse dans l'emploi de cette substance comme sédatif gastrique, parce que le médica ment, si la dose est un peu élevée ou si l'administration est prolongée, peut amener l'hypérémie glandulaire et par con-séquent ramener l'hypersécrétion. On aura donc avantage à substituer, dans les formules usuelles, la novocaïne à la cocaïne pour l'administration interne.

L'anesthésine est également un dérivé intéressant pour I administration à l'intérieur des anesthésiques, car son pouvoir toxique est extrêmement faible; de plus, son action est très durable, ce qui est à considérer dans le traitement des dyspepsies. D'après les expériences cliniques de Von Noorden, confirmées par mon expérience personnelle, l'anesthésine peut rendre de sérieux services dans l'hyperesthésie de la muqueuse gastrique. La dose à employer est

de 10 à. 15 centigrammes par jour, en doses de 3 et 5 centigrammes en une fois. Généralement je trouve utile d'associer l'anesthésine à un anesthésiant plus énergique qui agit immédiatement, la première prolongeant ensuite l'action thérapeutique; voici la formule que je puis vous donner comme exemple :

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Une cuillerée à café contient 8 milligrammes de novocaïne et 3 centigrammes environ d'anesthésine. Une cuillerée à café après le repas. Dose maxima, pro die, trois à quatre cuillerées à café.

En outre de ces médicaments, il en est un qui peut rendre service comme sédatif dans les accès migraineux : c'est le pyramidon. J'ai donné il y a deux ans à la Société de Thérapeutique une note sur un traitement de la migraine par ce médicament. Son emploi est excellent, à la condition de faire en même temps la saturation des liquides acides. Je reviendrai sur ce sujet en donnant les indications relatives à la médication saturante.

Parmi les médicaments nouveaux qui peuvent rendre des services dans le traitement des crises dyspeptiques, on ne doit pas oublier le validol ou valérianate de menthol. Autrefois, dans les digestions laborieuses, on administrait la tisane de menthe poivrée, dont l'action anesthésiante amenait le calme de l'organe stomacal, mais le camphre de menthe, lorsqu'il est libre, est un irritant. Au contraire, combiné à l'acide valérianique, le menthol devient inoffensif et manifeste des propriétés sédatives incontestables. C'est un liquide éthéré doué d'une odeur assez agréable, facile à administrer et bien accepté par les malades. J'ai donné pour

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