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THÉRAPEUTIQUE CHIRURGICALE

Généralités sur le muscle dans ses divers états (atrophique, normal, hypertrophique),

par E. ROCHARD,

Chirurgien de l'hôpital Saint-Louis

et

PAUL DE CHAMPTASSIN,

Ancien interne de l'hôpital municipal de Bordeaux.

Le traitement des maladies des muscles, notamment des amyotrophies, semble depuis quelques années sortir du domaine de l'empirisme et fait l'objet des recherches et de la pratique de nombre de médecins. Leurs procédés relèvent peu des vues théoriques et l'expérimentation, qui n'est en l'espèce que de l'empirisme intelligemment pratiqué et adapté aux contingences particulières, a seule déterminé l'emploi des agents de thérapie physique qui comportent, comme chacun sait, les divers modes de massage, de cinésie, d'électricité.

Parallèlement à cette évolution vers l'amélioration du muscle malade, des professeurs de gymnastique ont cherché à établir sur des principes plus scientifiques la culture et le développement du muscle normal.

Leur bonne volonté paraît avoir échoué devant un travail pour lequel une mentalité de « primaire » ne saurait suffire, et les modestes notions de physiologie et d'anatomie, avec lesquelles ils ont établi, ne varietur, leur méthode « scientifique », recevront dans un avenir prochain les démentis qui en feront voir l'erreur et la puérilité.

En effet, les nouvelles générations médicales commencent

à entrer dans cette voie encore inexplorée. Nous savons même que des travaux vont paraître incessamment dans lesquels ces questious seront traitées avec un esprit et une méthode véritablement scientifiques et en grande partie au moyen des notions que nous avons publiées nous-mêmes sur ces questions, à plusieurs reprises.

C'est pour cela que nous jugeons utile, pour rappel de priorité, de réunir dans un article synthétique les théories que nous avons émises les premiers.

Ces théories consacrent l'identification du développement du muscle normal et du muscle atrophié (mais non dégé-. néré) et enseignent qu'à l'exemple de Germain Sée prenant l'action physiologique des médicaments pour règle de leur application clinique, il faut considérer les modes d'excitation, d'action et de réaction dans le muscle normal comme étant les mêmes dans le muscle atrophié.

Les idées que nous allons exposer brièvement, dépouillées à dessein de leurs démonstrations et de leurs preuves, ont été traitées périodiquement dans plusieurs travaux, et notamment dans la thèse inaugurale de l'un de nous : Considérations sur l'entraînement athlétique (Bordeaux, 15 avril 1904), Traitement des dystrophies musculaires et des dystrophies générales par les mouvements actifs (Presse médicale, n° 28, 8 avril 1905), Du traitement des atrophies musculaires consécutives aux épanchements articulaires (et en particulier à l'hydarthrose) par la méthode du travail musculaire avec progression des résistances (Communication à l'Académie de médecine, 20 mars 1906).

Interprétant faussement la phrase de Guérin : « La fonction crée l'organe », il paraît évident et naturel à beaucoup d'esprits que le muscle soit facile à créer par le mouvement et qu'il soit possible à tout sujet, qui le désire et y apporte

la volonté et la persévérance suffisantes, d'acquérir un régime musculaire à son gré.

Un correctif des plus importants est ici nécessaire. Il est, en effet, légitime d'espérer augmenter le volume d'un muscle par l'exercice, mais c'est une augmentation contenue dans. des limites très strictes et personnelles au sujet, c'est-à-dire en fonction de la quantité de fibres musculaires originelles qui constituent ce que nous avons appelé son « coefficient musculaire >>.

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Nous admettons, en effet et l'histologie normale et pathologique en fournit les preuves - que les fibres musculaires sont créées dès les premières périodes de la vie intrautérine, et que, passé cette période de formation, le nombre des fibres musculaires striées ne peut pas augmenter par une néoformation. Le tissu musculaire est un tissu à éléments perpétuels et l'accroissement d'un muscle ne peut être dû qu'au grossissement des fibres primitivement formées. Le développement maximum du muscle est donc avant tout fonction de l'espèce. Conformément aux lois des organes et des tissus, le muscle atteint de lui-même un certain développement naturel. Cette évolution naturelle nous paraît guidée par une «< idée directrice » qui représente des causes qui nous sont inconnues et que nous considérons comme transmises par hérédité. Cet état normal du développement musculaire, ce premier stade, peut, à tout moment de son évolution, faire place à un second stade que nous avons appelé « état hypertrophique ». Cet état hypertrophique est caractérisé par une augmentation de toutes les qualités physiologiques et physiques du muscle, et particulièrement le volume et la force. Chez le sujet dont l'évolution organique se produit régulièrement, il n'est pas besoin d'exciter la formation du régime musculaire normal. — Chez beau

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coup de sujets au contraire, dont les conditions et les capacités vitales sont amoindries, il peut être nécessaire d'activer la puissance évolutive retardataire le mode d'action est d'ailleurs le même que celui qui permet d'obtenir l'état hypertrophique.

L'hypertrophie d'un muscle s'obtient par la mise en jeu de la propriété fondamentale du muscle, « la contractilité volontaire », », c'est-à-dire par le travail du muscle, mais par an travail systématique dont les conditions spéciales sont réalisées au summum dans l'entraînement athlétique.

L'hypertrophie est obtenue par le travail vrai. Elle n'est pas fonction de la quantité de travail, mais de la qualité.

Le maintien et l'accroissement du tonus normal ou hypertrophique d'un muscle n'est pas pour nous un phénomène de nutrition. Il est en effet démontré que l'hyperhémie n'a pas d'influence sur le développement d'un organe. Ainsi la production artificielle d'un afflux sanguin anormal dans Foreille du lapin n'est pas accompagnée d'un développement hypertrophique.

De nombreuses expériences prouvent que l'augmentation de nutrition locale peut favoriser une prolifération excitante, mais ne peut en susciter une nouvelle or nous avons dit déjà que dans le tissu musculaire il ne peut y avoir de néoformation.

Il faut par conséquent repousser comme non exacte Popinion de ceux qui pensent que l'afflux sanguin déterminé dans un muscle par des mouvements fréquents doit le développer. C'est une théorie habituelle des empiriques et des gymnastes dont nous avons parlé et sur laquelle ils ont basé une méthode de développement musculaire dite méthode des « poids légers ». Elle consiste à exercer très fréquement la contractilité du muscle par la répétition des mou

vements exécutés avec une faible résistance. Le résultat immédiat, et toujours le même, est une congestion du muscle, une augmentation temporaire du volume qui revient toujours au volume antérieur quand cette hyperhémie est passée, sans augmentation de force.

L'exercice avec faible résistance, « l'entraînement avec poids légers », produit uniquement une utilisation meilleure de la force déjà existante, une adaptation plus complète du muscle et de sa fonction, et cela en proportion du développement actuel des fibres musculaires. Il y a un simple réveil de tonicité qui peut en imposer au sens intime pour une augmentation de force.

En établissant notre théorie de l'entraînement athlétique par les « poids lourds », progressivement plus lourds, nous avons démontré que le muscle s'hypertrophie sous l'influence de la contraction volontaire avec résistance de plus en plus grande. « L'hypertrophie est proportionnelle à la résistance. »

Quand nous parlons d'hypertrophie, nous voulons parler de périmètre musculaire ou plus exactement de surface de section. Nous admettons, en effet, que la longueur de la fibre n'intervient pas pour la mesure de la force: la longueur est fonction de l'étendue des mouvements. De même le volume n'intervient que pour la mesure de la quantité de travail, c'est-à-dire de l'énergie.

C'est la surface de section représentant le nombre de fibres musculaires (propriété innée) multipliée par leur hypertrophie (propriété acquise) qui est la mesure de la force. Ainsi un muscle long et un muscle court, à surfaces de section égales, ont la même force.

L'hypertrophie étant mesurée par la surface de section, la force est proportionnelle à la surface de section; et l'hyper

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