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III.

NÉCROLOGIE ET BIOGRAPHIE

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Nota. Ce discours venait après celui de M. le docteur Trannoy, discours auquel M. Proyart fait allusion en commençant.

MESSIEURS,

On ne peut rien ajouter au tableau si touchant qui vient de consoler nos regards.

Nous avons vu le docteur éminent, le professeur instruit, joignant à une science courageusement acquise, le zèle, le dévouement, la patience, la délicatesse qui caractérisent le vrai médecin et qui ont rendu M. le docteur Ledieu digne de l'estime et de l'affection de tous.

Que n'auraient pas à dire les personnes auxquelles il a prodigué ses soins? Toutes nous rappelleraient, avec

l'accent de la plus vive reconnaissance, la sollicitude si douce, si assidue, je dirai presque si tendre, dont il les entourait aux heures de la souffrance.

Membre de l'Académie d'Arras, M. Ledieu emporte avec lui dans la tombe les regrets de ses collègues.

Les exigences de sa noble profession ne lui permettant pas de prendre part à nos travaux aussi assidùment que nous l'aurions désiré, nous ne l'avons vu paraître que rarement à nos séances; mais toutes les fois qu'il a pu se dérober à ses incessantes occupations, et venir nous communiquer quelques-unes de ses études. il nous a toujours fait éprouver le regret de ne pouvoir l'entendre plus souvent.

Il était facile de reconnaitre que M. le docteur Ledieu ne s'arrêtait pas à la superficie des choses. Tout en expliquant l'anatomie du corps humain, dont la plus petite fibre révèle la puissance et la sagesse de Dieu, comme Gallien, il aurait dit volontiers: J'ai chanté le plus bel hymne à la gloire de Dieu.

Mais le devoir avant tout. Tel était la devise de M. le docteur Ledieu; c'est en remplissant son devoir qu'il est

mort.

Le mardi, 13 septembre, on annonce que des blessés militaires vont arriver à la gare il s'y fait transporter. Le convoi n'arrive pas. M. Ledieu l'attend quatre mortelles heures. Enfin, il arrive; le généreux docteur donne les premiers soins aux enfants mutilés de la France. Mais cette longue attente lui a été fatale. Un froid cruel l'a saisi; il en comprend de suite le danger. Sa situation s'aggrave d'heure en heure; alors, chrétien fidèle, ne voulant pas négliger pour soi ce qu'il avait

consciencieusement observé pour les autres, de luimême, spontanément, il demande un prêtre et se reconcilie avec le Dieu qui a fait la joie, le bonheur de sa jeunesse.

Il est beau de léguer à ceux qu'on laisse sur cette terre une mémoire honorable, le souvenir d'une vie tout entière consacrée au service de l'humanité, à l'accomplissement de fonctions utiles au pays; mais, il est une chose bien meilleure encore, qui calme la douleur la plus vive, les regrets les plus amers: c'est une mort chrétienne.

Cette suprême consolation, M. Ledieu l'a donnée à sa famille et à ses nombreux amis.

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