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L'Académie d'Arras a bien voulu me confier le soin d'adresser un dernier hommage à M. Raffeneau de Lile. Devant cette tombe qui nous rappelle le néant, en présence de ces croix qui relèvent nos espérances, je serai l'interprète de mes collègues et de tous ceux qui ont connu celui que nous pleurons, en vous rappelant, Messieurs, que Raffeneau de Lile avait reçu en partage les plus aimables qualités de l'esprit et du cœur. Son intelligence embrassait avec la même facilité des objets très-divers: industrie, agriculture, matières juridiques, questions d'art et de sciences. Mais, au lieu de

jouir de ces biens en égoïste, il les mettait, avec une obligeance et une aménité parfaites, à la disposition de quiconque avait besoin d'un service ou d'un conseil. Par une juste réciprocité, il se vit appelé, tour à tour, à siéger dans le conseil de la cité et à la Chambre de commerce, à présider la Société centrale d'agriculture et le tribunal consulaire de cette ville.

Il m'a été donné, Messieurs, de connaitre plus particulièrement M. Raffeneau dans l'exercice de ses fonctions judiciaires. L'amour de la justice n'avait d'égal en lui que le désir de donner une solution amiable aux contestations. Ses rapports avec le barreau étaient empreints d'une si douce bienveillance, que le tribunal de commerce nous paraissait être un tribunal de famille.

Assurément, M. Raffeneau réunissait tous les titres pour faire partie de l'Académie d'Arras. Il fut admis dans cette société en 1864, en remplacement de M. Crespel-Dellisse. Aucun n'était plus digne d'occuper parmi nous la place que le fondateur de l'industrie sucrière avait laissée vacante.

M. Raffeneau était trop occupé des autres pour trouver de fréquents loisirs; et cependant, assidu à nos réunions, il apporta son tribut à l'œuvre commune, et sut à la fois instruire et plaire en nous communiquant les résultats de ses études spéciales. Aussi l'Académie l'appela-t-elle, après la mort de notre regretté secrétaire-général, M. Parenty, à siéger au bureau comme secrétaire-adjoint.

De tous ces titres, il ne reste, hélas ! qu'un souvenir. En pleine possession des biens qui font le bonheur ici-bas, au milieu de circonstances qui rendent le départ suprême plus douloureux encore, M. Raffeneau a été

séparé de tous ceux qu'il chérissait. Inclinons-nous, Messieurs, comme il s'est incliné lui-même, avec une pieuse résignation, devant la volonté du Maitre souverain. Conservons la mémoire de ses excellentes qualités, et, puissions-nous un jour, parvenus au terme où tout arrive, mériter qu'une voix amie dise de nous: Il a mérité le bonheur dans une autre vie: car il a été doux et miséricordieux; il a aimé la paix; il a eu soif de la justice.

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L'Académie d'Arras me charge d'adresser, en son nom, un adieu suprême à celui qui fut longtemps l'âme de ses travaux, et qui exerça avec tant de zèle et de succès, pour le bien et le dévouement de notre société, les fonctions de secrétaire perpétuel.

Vous vous rappelez, Messieurs, avec quels soins consciencieux, avec quelle activité de tous les instants, il remplit, pendant de nombreuses années, ces laborieuses fonctions. Il procura à l'Académie un nombre considérable d'ouvrages du plus haut prix, par les relations. qu'il établit et qui se continuent, avec plus de soixante

sociétés; il donna à notre compagnie une impulsion et un renom qui rappelle les meilleurs temps de son existence au siècle dernier; il attira sur elle la protection du pouvoir et une plus abondante part dans les moyens d'action.

Lui-même, d'ailleurs, donnait l'exemple de l'assiduité au travail de l'intelligence. On le voyait aux Congrès scientifiques et d'Archéologie, aux réunions de la Sorbonne, au milieu de tout le mouvement qui emportait alors notre pays dans une voie douce et utile. De bonne heure il avait donné au public instruit le fruit de ses veilles, et, jusque dans ces derniers temps, il continua de mettre au jour une série nombreuse d'ouvrages, dont nous n'avons pas à nous occuper en un pareil moment, mais dont, espérons-le, il vous sera parlé plus tard.

Et quelle exquise urbanité fut la sienne! Quel plaisir on éprouvait à marcher d'accord avec lui, et même à le combattre, tant il y avait chez lui bienveillance, dévouement, abnégation, affection. Oh! oui,il fut bien jugé par un de nos éminents magistrats, quand il dit de notre ami que c'était le premier gentilhomme de l'Artois et le type achevé de l'ancienne société française.

Car, ces titres littéraires que je viens de rappeler n'étaient qu'une partie de ses mérites: et l'administration, le soin des intérêts de tous, la participation à toutes les œuvres bonnes et utiles, voilà ce que d'autres que moi pourront prendre pour sujet de leurs éloges

mérités.

Se dévouer, sous toutes les formes, à tous les moments; être l'homme de tous, et surtout des plus abandonnés et des plus humbles; s'acquitter de ces œuvres

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