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de charité avec une délicatesse qui en double le prix et laisse croire que le bienfaiteur est l'obligé; voilà ce que fit notre digne collègue pendant toute sa vie, et voilà surement ce qui lui mérita cette mort si édifiante, qui est pour nous tous la plus solide consolation.

Hélas! il manqua à notre noble ami une consolation suprême. Son fils ne put être ici pour lui fermer les yeux! Cruelle conséquence de notre situation présente! Ce fils est enfermé dans Paris assiégé, où il combat en vrai gentilhomme: il ignore même la maladie de son père, et pourtant il ne trouvera plus que sa tombe, quand il lui sera donné de revenir parmi nous!

Permettez-moi, Messieurs, de m'arrêter devant ce fait. si douloureux, et demandons tous à Dieu avec ardeur qu'il lui plaise de nous rendre bientôt les utiles travaux de la paix.

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La noblesse est imprescriptible comme l'histoire. La hache des révolutions fait tomber les têtes, le marteau des démolisseurs brise les écussons et renverse les châteaux; mais si une goutte de sang échappe à leur fureur; si quelques pierres se retrouvent encore dans les débris et les ruines, un jour arrive où les souvenirs du passé reprennent leur empire; où l'on comprend qu'il y a plus que de l'orgueil et de la vanité dans les distinctions sociales conquises par l'héroïsme et la vertu; où l'on a honte des massacres et où l'apaisement des passions relève le trône de la justice, elle aussi imprescriptible et immortelle. Tous les âges, toutes les civili

sations, tous les pays ont eu leurs noblesses; quelques efforts que l'on puisse faire vers ces égalités brutales qui rapetissent l'homme aux plus infimes niveaux, il y a toujours des têtes qui dépassent les autres, des bras plus forts, des cœurs plus élevés, et le lendemain du jour de ces égalités, les noblesses futures ont déjà des ancêtres.

Notre histoire, l'histoire si palpitante encore des quatre-vingts dernières années, n'en offre-t-elle pas l'éclatant témoignage? Napoléon Ier ne l'avait-il pas compris, avant même que l'orage fùt calmé, et que la société, profondément ébranlée, eût repris ses assises et son équilibre? Les sabres d'honneur, cette décoration vers laquelle s'élèvent les plus légitimes ambitions, toute cette hiérarchie nobiliaire, qui gravait ses titres et ses armoiries à la pointe de l'épée, comme les preux des anciens âges, ou les conquérait sur les brèches du travail et dans les champs féconds du savoir;... cet ensemble de stimulants, pour la valeur et le talent, ne disent-ils pas bien haut, qu'il faut à l'homme une récompense, et que cette récompense est d'autant plus grande que la perspective peut en être plus longue; qu'elle rejaillira sur ce que nous avons de plus cher, sur nos enfants?

Nous ne voulons pas mourir tout entiers: si les religions apprennent qu'il est par delà les fragiles enveloppes de notre être une existence nouvelle et infinie, nous aspirons, dans ce monde même, à une durée plus longue, à un souvenir plus lointain.

Mais si nous regardons vers l'avenir pour nous soutenir dans le sentier du bien et du vrai, c'est que nos

enfants, de leur côté, doivent regarder dans le pass pour continuer nos traditions et se montrer dignes de nous comme nous nous sommes efforcés d'être dignes de nos ancêtres.

Si le principe élevé et grand d'où découle la noblesse a été quelquefois amoindri par d'injustes priviléges, il n'en est plus qu'un seul, aujourd'hui, qu'on puisse revendiquer comme un droit, c'est celui d'accomplir toutes les obligations qu'elle impose :- Noblesse oblige.

C'est de ce point de vue digne des progrès de l'esprit humain, dans notre siècle de liberté, que l'homme éminent dont j'ai, Messsieurs, à vous retracer la vie, regardait dans le passé cette longue série d'ancètres, qui ont laissé dans l'histoire de notre pays une trace toujours honorable et souvent lumineuse.

Léopold-Valentin-François, chevalier, puis baron de HAUTECLOCQUE, naquit au château de Wail, le 20 juillet

1797.

Si l'ordre ne régnait pas encore dans notre malheureuse patrie, le paroxisme de la terreur était du moins calmé, et les familles que la tourmente révolutionnaire avait proscrites trouvaient une sorte de sécurité et de calme relatifs, dans la retraite que la plupart avaient dù s'imposer.

C'était dans le château de Wail que Messire FrançoisLouis-Joseph de Hauteclocque, s'était réfugié après les cruelles émotions qu'il avait éprouvées lui-même, dans une longue captivité, après les drames sanglants qui avaient fait tomber autour de lui les têtes les plus chères et les plus regrettées.

Il épousa, le seize pluviôse, an IV de la République,

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