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Des temps meilleurs arrivèrent. Le 16 prairial an X (5 juin 1802), Mgr de la Tour d'Auvergne, récemment nommé évêque d'Arras, fit son entrée solennelle dans l'église Notre-Dame (St-Nicolas-sur-les-Fossés, aujourd'hui St-Jean-Baptiste), la scule qui eut échappé au marteau révolutionnaire. M. Watelet, maire d'Arras depuis le 4 mai 1800, s'empressa de rendre à cette cathédrale provisoire, entièrement démeublée, le mobilier de l'ancienne chapelle de la Petite-Place. Dès le 5 août 1802, les administrateurs de la cathédrale consignèrent ce qui suit sur le registre des délibérations: « Le citoyen Perlin, dépositaire de grilles provenant de chez M. Watelet, réclame une somme de six livres pour le transport des dites grilles. Ces grilles ont été mises en magasin; les fonds manquaient pour les faire placer. » Le 26 novembre 1802, M. Watelet remit encore « différentes parties. de marbres, de grilles de fer, de boiseries et tapisseries provenant de la chapelle du Petit-Marché à Arras. »> Faute de ressources, la fabrique n'aurait pu immédiatement tirer parti de ces objets. L'ancien mayeur de la Sainte-Chandelle avait conservé des fonds provenant de sa confrérie, dont il avait liquidé les dettes. Il les employa à construire, avec les débris de la chapelle du Petit-Marché, un autel de paroisse dédié à la SainteVierge. On lit en effet, dans une délibération des administrateurs (5 février 1803): « Un membre observe qu'il a été fait présent à la dite église d'un autel en marbre, avec invitation de le faire placer de suite dans la dite église, ce qui ayant été exécuté, les mémoires des sculpteurs, marbriers et autres ouvriers employés à cet ouvrage, se sont trouvés monter à la somme de 789

livres 15 sous, qui a été sur-le-champ payée par un citoyen qui n'a voulu être connu. »>

On s'est demandé si l'autel actuel de la Sainte-Vierge de l'église St-Jean-Baptiste est bien celui de la chapelle du Saint-Cierge. Il faut distinguer l'état des ouvrages et livraisons faits par Lepage, sculpteur, à l'autel de paroisse de la Cathédrale, désigne les parties nouvelles, et permet ainsi de distinguer celles qui sont d'ancienne provenance;

« Payé pour un coffre d'autel en marbre. 80 fr.

((

Payé trente-deux journées au marbrier,

compris les jours de route à six francs, porte. 192

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« Payé pour les voitures du transport des marbres..

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Employé chacun vingt-six jours avec un compagnon, à six francs, porte

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<< Pour la sculpture d'une gloire, d'une couronne en fleurs et d'une porte de tabernacle. « Livré cent cinquante livres de plâtre préparé pour mastic.

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<< Total.

4

5

156

21

6

479 fr.»

Ajoutons que, pour compléter l'ornementation du nouvel autel, Me d'Aix, fille du dernier mayeur des ville et cité d'Arras, fit présent le même jour (5 février 1803) à l'église Cathédrale « d'une Vierge en marbre, pour être placée à l'autel dont s'agit, après avoir fait restaurer la dite Vierge à ses dépens. » Le procès-verbal n'indique pas autrement l'origine de cette statue; on ne peut donc

affirmer avec une entière certitude qu'elle provienne de la chapelle du Petit-Marché. Il est cependant à noter qu'elle tient dans la main droite la partie inférieure d'un cierge qui a été brisé, et qui est manifestement sculpté dans le bloc même.

Cependant le but de M. Watelet n'était pas atteint complètement; sachant que la custode de la SainteChandelle était conservée avec un soin pieux par M. Grimbert, il entreprit de réintégrer ce reliquaire en lieu saint. M. Grimbert accéda à ce désir avec le plus louable empressement. Il envoya aux administrateurs de la fabrique un projet de décharge constatant « qu'il leur avait remis en main la châsse de la Sainte-Chandelle d'Arras..., ensemble la cire qui se trouvait dans la châsse lors de son invention... » La décharge définitive, délivrée seulement le 4 juillet 1803, mentionne que « le samedi 26 février, M. Grimbert a remis à M. Watelet, maire d'Arras, et M. Lincque, administrateurs de la fabrique de Notre-Dame, la châsse de la Sainte-Chandelle d'Arras, ainsi que la cire de la dite Chandelle, pour déposer le tout dans une niche près de la chapelle de la Vierge, érigée dans la dite église... » On sait que ce reliquaire est conservé actuellement dans le Trésor de l'Évêché (1).

(1) En terminant la lecture de ce travail intéressant (le dernier que notre excellent et regretté confrère devait, hélas! communiquer à l'Académie d'Arras) M. Watelet a exprimé un vœu auquel cette Société et l'administration municipale se sont associés immédiatement; c'était de rechercher l'emplacement exact que l'ancienne chapelle du Saint-Cierge occupait, et d'en figurer les lignes sur le nouveau pavé de la Petite-Place. Des fouilles et des sondages ont été opérés ; malheureusement, ils sont restés infructueux.

NOTICE

sur les

TABLEAUX DES ÉGLISES D'ARRAS

par

C. LE GENTIL

Avant 1793, Arras comptait une antique cathédrale, dix églises paroissiales; vingt-deux monastères, parmi lesquels la puissante abbaye royale de Saint-Vaast; les refuges de plusieurs maisons conventuelles; un évêché; un palais de Parlement; différents siéges de corporations importantes; un abbé commendataire; un hôtel des Etats de la province; quarante chanoines; un gouverneur ; une nombreuse noblesse; vingt-six officiers du Conseil d'Artois; un barreau d'environ quatre-vingts membres ; une bourgeoisie qu'avaient enrichie les industries locales de la draperie, de la sayetterie, de la teinturerie, de la tapisserie, de la porcelainerie et les églises et chapelles que nécessitait le culte, ainsi que les palais, hôtels, logis et maisons qu'habitait ce personnel, renfermaient une quantité considérable d'objets d'art, en sculpture, peinture, orfévrerie et curiosités de tous genres.

:

Lorsque souffla la tourmente, ces objets furent pillés, confisqués, fondus, brisés, brûlés; et il n'en resterait aucune trace, si DONCRE n'eût obtenu du District le mandat de faire un choix dans les « tableaux, statues, bas<< reliefs, dessins, gravures et autres productions des << arts >> concernant « la religion catholique et la féoda«lité » appartenant aux églises, chapelles, couvents et émigrés; et pouvant, en raison de leur mérite artistique, être conservés et « placés au Muséum. » (1).

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Relever toutes les œuvres que Doncre a sauvées serait impossible; peu de documents existent à la Bibliothèque (2), et de minutieuses investigations n'aboutiraient sans doute qu'à d'insignifiants résultats les services sont si tot oubliés.-Sans donc entreprendre cette tâche, plus ingrate encore que pénible, nous nous bornerons à rappeler les tableaux qui, conservés par l'artiste artėsien, se retrouvent dans les différentes églises, chapelles et monuments publics de cette ville.

(1) Registres aux arrêtés du Directoire du district d'Arras (4 mars 1793). — Aux arrêtés du Conseil général du district (6 juin 1793). Procès-verbal des Commissaires du district et du Conseil général de la commune (15 novembre 1793).

Les 10 et 11 décembre 1791, en exécution d'un arrêté du Directoire du district d'Arras, Philibert Bergaigne, peintre, avait procédé à un inventaire de peintures et sculptures existant dans les églises et chapelles supprimées. Cette pièce prouve précisément combien peu de ces œuvres sont parvenues jusqu'à nous. (Archives départementales. -District d'Arras: liasse 48). - Au nombre des toiles détruites, il faut compter deux grandes pièces de Doncre» la Visitation et l'Annonciation, peintes antérieurement à 1791 pour l'église St-Jean.

(2) Procès-verbaux de Doncre, en date des 3, 13, 22 brumaire, 27 frimaire, & nivôse, 3. 8, 18, 27 ventôse, 3. 23 floréal, 11 fructidor 1794. Lettre du bibliothécaire municipal Isnardi.

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