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dent insensiblement jusqu'à la ligne d'horizon, le Christ du tribunal se recommande par un torse très-doucement modelé, une draperie fort heureuse et une grande harmonie.

Donere, qui a copié ce tableau (1), en faisait le plus grand cas, et il a de fait un aspect dont, malgré la gamme sombre, a été séduit M. Corot, lorsque nous le lui fimes voir en compagnie de Dutilleux.

On se plait à attribuer cette œuvre à Van Dyck. Nul plus que nous ne désirerait qu'il en fùt ainsi, mais quoique cela ne soit ni impossible ni improbable, nous n'oserions l'affirmer (2).

(1) La copie de Doncre est dans la Cathédrale. (2) Ce tableau a été restauré par M. Demory.

LE

TOMBEAU DE ROBERT D'ARTOIS

et de

JEANNE DE DURAZZO,

Par M. DE LINAS,

Hembre résidant.

Les souvenirs de la patrie éveillent toujours un sentiment de respect filial dans l'âme du voyageur qui les rencontre à l'étranger; s'ils appartiennent à cette nationalité restreinte, la province, intermédiaire naturel entre la grande patrie et la famille, l'émotion n'en est que plus vive.

Quoique les divisions territoriales de l'ancienne monarchie française aient aujourd'hui fait place aux Départements, elles persistent obstinément à l'état moral. Les dénominations, Provençaux, Alsaciens, Bourguignons, Auvergnats, Bretons, Languedociens, Picards, Flamands, Artésiens, ont bien pu être effacées sur la carte administrative, elles sont encore profondément enracinées dans les esprits on n'en reste pas moins bon Français pour cela.

La religieuse pensée qui m'engage à publier une courte note recueillie bien loin de l'Artois sera donc, j'en suis sûr, appréciée comme elle doit l'être.

Dans le mur de clôture du choeur de San-Lorenzo, église conventuelle des Frères-Mineurs, à Naples, est encastrée une dalle de marbre blanc sur laquelle j'ai relevé l'inscription suivante :

IOANNA DYRACHII DVX CAROLI DVCIS

F.

MARGARITÆ REGINE MAIOR NATV

SOROR

ROBERTVSQVE ATREBATENSIS EIVS VIR

VENENO OB REGNI SVSPICIONEM

IMPIE NECATI

HOC CONDVNTVR TVMVLO

A PENE DIRVTO GENTILITIO SACELLO

HVC TRANSLATO

DEVOTA AC PIA P. IANVARII ROCCHI OPERA PATRVMQVE

CON(Ventus)

RESTITVTO

AC DIVO ANTONIO DIVISQVE LVDOVICIS

FVLGENTISSIMIS MINORVM SYDERIBVS

D.

ANNO SALVTIS Dic 1ɔ C XXXIX.

Au-dessus de cette dalle, qui fait face à la porte de la sacristie, on voit, à cheval sur la crête du mur, un sarcophage rectangulaire en marbre blanc, semé de fleursde-lys et supporté par trois figures en pied. Il est orné de bas-reliefs circulaires, représentant à mi-corps le

Christ, la Vierge et saint Jean; deux anges accostent le médaillon du Christ. Le monument est couronné par les statues de Robert et de Jeanne, couchées sur un lit à baldaquin dont deux anges soulèvent les rideaux.

La tombe des rejetons de l'illustre maison d'Artois est placée à une certaine hauteur; l'un des grands côtés se trouve entièrement caché par les boiseries du chœur il n'est donc pas facile de déchiffrer l'inscription en lettres gothiques qui court sur la frise du sarcophage. Heureusement un chroniqueur napolitain, D. Cesare d'Engenio Caracciolo, nous a conservé le texte entier de cette épitaphe; le voici :

Hic iacent corpora illvstrivm Dominorvm Dni Roberti de
Artois et Dnæ loannæ Ducissæ Dvracii conivgvm qvi obi-
ervnt Anno Domini 1387 die 20 mensis Iulii 10 Indict. (1)

Les personnages dont il est ici question sont : d'abord, Robert d'Artois, qualifié comte d'Eu par quelques-uns, fils de Jean, comte d'Eu, et d'Isabelle de Melun, petit fils conséquemment de Robert III d'Artois, comte de Beaumont-le-Roger, pair de France, ce dernier très-connu dans l'histoire pour ses procès et sa condamnation (2);

(1) Napoli sacra, p. 115. Naples, 1624, in 4o.

(2) Philippe d'Artois, comte d'Eu, frère cadet de Robert d'ArtoisDurazzo, eut de Marie de Berry un fils, Charles d'Artois, comte d'Eu, seigneur de Saint Valery et d'Houdain, créé pair de France en 1458. Charles mourut le 25 juillet 1472, ne laissant pas d'enfants de ses deux femmes, Jeanne de Saveuse et Hélène de Melun; avec lui s'éteignit la première maison d'Artois, issue en ligne directe du troisième fils de Louis VIII. - V. le P. Anselme, Hist. généal. de la maison de

France, t. I, p. 386 à 391.

ensuite, Jeanne, fille aînée de Charles de Sicile, duc de Durazzo, et de Marie de Calabre. Jeanne, héritière du duché à la mort de son père qui ne laissait pas de postérité masculine, avait épousé en 1366 Louis de Navarre, comte de Beaumont-le-Roger; devenue veuve en 1372, elle se remaria avec Robert et décéda le même jour que son second époux, 20 juillet 1387 (1).

Marguerite de Durazzo, femme de Charles III, roi de Naples, était la sœur cadette de Jeanne. Soupçonneuse et vindicative, Marguerite se serait débarrassée par le poison d'un beau-frère et d'une sœur dont elle redoutait les ambitieuses menées; Caracciolo rapporte cette accusation comme un fait généralement admis de son temps (2). L'inscription commémorative, au nom près des assassins, vient confirmer le crime dénoncé par Caracciolo; mais la date unique du double décès, gravée sur l'épitaphe originale, parle assez clairement dans son éloquente concision pour qu'il soit inutile de chercher ailleurs le témoignage du fratricide.

Robert et Jeanne avaient été inhumés dans l'une des cinq chapelles rayonnantes de l'abside, où on leur érigea d'abord le monument décrit; il y resta jusqu'en 1639, suivant l'inscription commémorative, et c'est là qu'il fut étudié par Caracciolo. Cette chapelle était dite de la Reine, parce qu'elle avait été fondée par Marguerite en

(1) Hist. généal. etc., t 1, p. 418.

(2) Nella stessa cappella si vede il sepolcro di Roberto d'Artois, e con lui fù sepolta Giovanna Duchessa di Durazzo sua moglie, i quali morirono in uno stesso giorno, si crede per gelosia del Regno fussero attossicati per ordine della Reina Margherita. » Napoli sacra, p. 115. - V. encore Villani. 1. 12, et l'Hist. généal. etc., t. I, p. 389.

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