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ÉTUDE

sur

L'INSTRUCTION PRIMAIRE

OBLIGATOIRE ET GRATUITE

Par M. l'abbé ROBITAILLE

Membre résidant.

Le double problème de l'obligation et de la gratuité dans l'instruction primaire est depuis long-temps à l'ordre du jour dans les écrits et les feuilles périodiques. Des journaux, où il se plaide devant le tribunal de l'opinion, il a passé dans les régions élevées du pouvoir. Plusieurs projets de loi furent successivement élaborés dans le cabinet des Ministres de l'Instruetion publique et sur le point d'être soumis aux Assemblées législatives qui seront appelées, à une époque plus ou moins rapprochée, à se prononcer sur cette grave question.

Il est naturel, en effet, de voir les esprits à la recherche des moyens de populariser l'instruction, quand,

depuis quarante ans, tous les efforts tentés pour l'améliorer n'ont eu que des résultats minimes. Malgré les énormes sacrifices faits par l'Etat et par les particuliers en faveur de l'enseignement populaire en France, les progrès en sont lents partout, et dans quelques contrées entièrement nuls. Pourrait-on supposer, si la statistique la plus sérieuse ne le constatait, que la France compte plus du tiers de sa population masculine qui ne sait ni lire ni écrire à vingt ans, et, ce qui est plus étonnant encore, la moitié de sa population féminine absolument privée de toute instruction? Ajoutez que parmi ceux qu'on appelle instruits ou lettres, un très grand nombre sont incapables de traiter leurs affaires d'intérêt matériel, et souvent même de faire une lettre.

Comment expliquer ce fait incroyable? Il y a dans les plus petites localités une école de garçons qui reçoit les filles dans les communes où elles n'ont pas d'école spéciale. Les villes en renferment plusieurs, et, de plus, des salles d'asile qui donnent aux enfants les premières leçons de lecture et d'écriture.

D'un autre côté, les maîtres et les maitresses ne manquent plus depuis plusieurs années déjà. Leur nombre dépasse les besoins du service dans quelques départements et dans le nôtre en particulier. Ces maitres et ces maitresses seraient-ils dépourvus d'aptitude et de zèle pour communiquer à leurs élèves le goût de l'application? On ne saurait le penser, si l'on connait les épreuves auxquelles ils sont soumis. Ils subissent un examen sérieux avant d'entrer en fonctions; l'inspection régulière à laquelle ils sont astreints les tiendrait en éveil, alors qu'ils ne seraient pas stimulés par l'amour

du devoir. La vue de la récompense honorifique et pécuniaire les animerait, quand ils ne trouveraient pas dans l'estime d'eux-mêmes et dans les sympathies de leurs concitoyens d'assez puissants motifs de remplir religieusement leurs pénibles, mais nobles devoirs.

Mais si le mal que l'on déplore ne vient ni de la pénurie des instituteurs, ni de l'absence des qualités qui font les bons maîtres, où faut-il en chercher la source? Dans l'indifférence des pères et mères pour l'instruction de leurs enfants, et dans la difficulté pour un grand nombre de payer la rétribution scolaire, répondent les partisans de la gratuité et de l'obligation de l'instruction primaire. Selon eux, le seul moyen de détruire l'ignorance des populations et d'éclairer les masses, c'est d'introduire dans la loi de l'enseignement élémentaire le double caractère de la gratuité absolue et de l'obligation rigoureuse pour toutes les classes de la société.

Ils citent des faits pour appuyer leur système. Voyez, disent-ils, les contrées où ces lois existent; quel contraste frappant elles offrent avec les nôtres. Là, tout le monde sait lire et écrire, ou du moins les exceptions sont très rares, à peine peut-on en signaler trois ou quatre sur cent. Pourquoi ces résultats ne se produiraient-ils pas en France, si le gouvernement entrait dans la voie que suivent l'Allemagne, la Suisse et une partie des Etats-Unis? Pourquoi du moins, continuent-ils, ne pas faire un essai, lorsque tous les efforts tentés jusqu'ici pour généraliser l'instruction populaire ont été complètement inutiles? Avant d'entrer dans l'examen de ces deux délicates questions qui semblent diviser et même passionner les meilleurs esprits, je sens le besoin

de protester contre un préjugé partagé par un certain nombre d'hommes qui regardent l'Eglise comme ennemie des progrès de la science, parce qu'ils nuisent à la propagation des vérités dont elle est dépositaire.

Loin de condamner la science, loin d'en craindre la diffusion dans les masses, l'Eglise, au contraire, n'a rien négligé, depuis son berceau, pour la propager au milieu des populations, à mesure qu'elle faisait la conquête de nouveaux territoires. Lorsqu'elle eut brisé dans la main des tyrans le glaive de la persécution, et que, dégagée de toute entrave, elle put élever des temples à la gloire du Dieu qui l'avait rendue victorieuse de ses ennemis, son premier soin fut d'y placer des chaires d'où sont descendues les premières leçons destinées à éclairer le peuple. A côté des presbytères ou des maisons épiscopales, souvent même à l'intérieur de ces édifices, près des monastères et des communautés religieuses, dans le sein des Chapitres et des Cathédrales, elle ouvrait des écoles où elle appelait les jeunes générations sans distinction de riches et de pauvres, donnant aux uns et aux autres les rudiments des sciences ou les plus hauts enseignements, selon leur position sociale et leur capacité. Les païens, il est vrai, avaient aussi leurs écoles, mais elles n'étaient accessibles qu'aux sages et aux philosophes; en sorte que la masse de la population n'en demeurait pas moins dans la plus profonde ignorance.

L'esprit dont était animée l'Eglise, à son origine, n'a pas cessé de la diriger dans la série des siècles. Partout dans les Conciles, dans les écrits des Pères, dans les bulles des souverains Pontifes, dans les instructions pastorales des évêques, vous trouverez les exhortations

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