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Avec l'acide sulfurique fumant, la résorcine donne une coloration jaune-orange qui vire graduellement au grenat. En faisant bouillir ce mélange, en présence de quelques cristaux d'acide phtalique, il prend une coloration rouge qui devient bientôt d'un bleu magnifique, et de nouveau d'un rouge brunâtre. Neutralisé par la soude ou l'ammoniaque, il se colore en vert très intense; c'est la fluorescéine ou phtaléine de la résorcine. Une ou deux gouttes de ce produit suffisent pour donner à l'eau une fluorescence remarquable. Le fluorescéine, par l'addition d'une certaine quantité d'eau bromée, devient d'un beau rouge-carmin: c'est l'éosine. C'est par l'obtention de ces magnifiques couleurs que la résorcine (1) occupe une place importante dans le domaine de la fabrication des matières colorantes, et peut rivaliser avec les couleurs de l'aniline.

Des liquides albumineux, traités par une solution concentrée de résorcine, se troublent immédiatement par la formation probable d'un albuminate de résorcine. Ce composé développe à 120 degrés des vapeurs ammoniacales. Lorsqu'on élève la température à 170 degrés, il se produit une coloration bleu azur qui couvre d'une couche résineuse les parois de la cornue. Cette matière colorante, que J. Andeer (2) appelle bleu de résorcine, se produit aussi par l'action de l'urée sur la résorcine (3). Audessus de 170 degrés cette couche bleue disparait. Elle semble se former surtout lorsque l'air a accès dans la cornue. J. Andeer eroit que cette substance n'est pas identique au bleu d'indigo. Ce bleu de résorcine correspond peut-être à ces couleurs bleues que l'on a trouvées dans l'urine, dans plusieurs états pathologiques de notre organisme, comme par exemple dans la péritonite, le choléra, le typhus et autres maladies analogues, et que l'on a rangées dans le groupe des indigos, dont le bleu de résorcine diffère par son état amorphe et sa solubilité dans l'eau et l'alcool.

La résorcine fournit de nombreux dérivés en se combinant avec le chlore, le brome, l'acide azotique, l'acide azoteux, etc. En même temps que la résorcine, deux corps isomères de celle-ci, l'hydroquinone et la pyrocatéchine, prennent place dans la même série aromatique.

(1) Gauthier et Wagner, Chimie industrielle, trad. de l'allem., 1879. (2) Loc. cit., p. 3.

(3) Birnbainn, Bull. Soc. chim, allemande, sept.-oct. 1880.

Nous parlons de ces substances parce qu'il est bien probable, comme nous le verrons plus tard, que la résorcine puisse se transformer, par transposition moléculaire, en une de ses congénères, ou, par décomposition, en l'un de leurs dérivés, en passant par l'organisme animal.

Parmi le grand nombre de propriétés de la résorcine, lesquelles nous venons d'énumérer rapidement, il en est quelquesunes qui nous intéressent d'une manière toute spéciale par leur application utile dans la pratique médicale, tant pour la recherche de la résorcine dans les liquides excrémentitiels, que pour les avantages incontestables qu'elles présentent au point de vue pharmacologique.

ACTION DE LA RÉSORCINE SUR LES ORGANISMES INFÉRIEURS. Les phénomènes des fermentations et des putréfactions, assez bien étudiés et suffisamment connus, ont été, jusqu'à présent, diversement expliqués, et encore aujourd'hui il y a une divergence considérable, dans les opinions des plus grands maîtres, sur cette matière (1). Les uns invoquent l'influence des organismes inférieurs, microzoaires ou microphytes, qui, par la désagrégation qu'ils opèrent sur les substances dans lesquelles ils se développent, afin de les rendre propres à servir à leur nutrition, amènent ces phénomènes qu'on appelle fermentations; les autres les attribuent à une action physico-chimique qui occasionne la décomposition des matières fermentescibles, au moyen de certains produits excrémentitiels des organismes inférieurs, mais sans que leur présence soit nécessaire au moment des fermen

tations.

Le dernier mot n'étant pas encore dit sur cette question, nous n'avons fait qu'exposer les opinions. Et, sachant que la présence des organismes inférieurs est nécessaire d'une manière ou d'une autre pour que les fermentations aient lieu; pour cette raison, en démontrant que la résorcine agit sur ces fermentations soit en arrêtant leur évolution, soit en les empêchant de se manifester, nous croyons pouvoir supposer qu'elle agit sur ces organismes ou leurs excrétions, en les détruisant. Mais de quelle manière agit-elle ? Il est impossible de le concevoir dans l'état présent de la science. Les quelques essais que nous avons

(1) De Lanessan, Hist. nat. méd., 2e partie, p. 1283 et suiv., et 1317 et suiv. Paris, 1880.

entrepris ainsi que les expériences antérieures de MM. J. Andeer et de Brieger (1) démontrent, d'une manière incontestable, l'action énergique de la résorcine sur les organismes inférieurs.

Nous étudierons d'abord brièvement l'influence de la résorcine sur les fermentations alcoolique et lactique, et ensuite, avec un peu plus de détails, son action sur les putréfactions.

Les expériences ont été faites dans le laboratoire du service, laboratoire qui se trouve dans la salle mème des malades, de sorte que les substances à expérimenter se trouvaient exposées à l'air de cette salle et à une température constante; conditions très favorables pour amener les fermentations ou les putréfactions à leur maximum de développement, et qui nous paraissent. démontrer l'action efficace de la résorcine lorsqu'elle empêche les fermentations de se manifester.

En examinant attentivement ces expériences, nous voyons que la résorcine a une action incontestable sur les ferments figurés. non seulement en entravant leur développement, non seulement en entravant leur évolution déjà commencée, mais en détruisant même définitivement leur pouvoir de reproduction et de vie. Pour obtenir ces résultats, il n'est pas nécessaire d'user de grandes quantités de cet agent; des doses même modérécs suffisent à cel effet.

Dans l'expérience ayant pour objet la fermentation alcoolique, nous avons pris, comme matière éminemment fermentescible, le miel brut en solution convenable, contenue dans des flacons à large ouverture mesurant 100 centimètres cubes, librement aérés et exposés à une température variant entre + 15 et 20 degrés centigrades. Du reste, pour toutes nos expériences, nous avons eru bon d'expérimenter toujours dans les mêmes conditions. Ainsi, dans le flacon où il n'y a pas de résorcine, le liquide fermente dès le troisième jour; la décomposition du glucose en alcool et acide carbonique est facilement constatée, et la présence des saccharomycètes est mise en évidence au moyen du microscope. Plus tard, vers le quinzième jour, l'alcool se transforme en acide acétique. Dans le flacon où nous avons ajouté 20 centigrammes de résorcine, la fermentation alcoolique n'est que simplement retardée jusqu'au sixième jour, et une fois com

(1) Archiv. fur Anatom. u Physiol, von His. Braune u. du Bois Reymond. Leipzig, 1879, p. 61, suppl. Band.

mencée elle suit son cours ordinaire, probablement à cause de la transformation ou de la décomposition de la petite quantité de résorcine que la solution contenait, ce que nous fait supposer la réaction brune obtenue par le perchlorure de fer; réaction qui à l'état normal de la résorcine est manifestement violette.

Dans le flacon qui contenait 1 gramme pour 100, la fermentation alcoolique est complètement arrêtée, et nous pouvons même dire définitivement détruite, puisque, au bout du cinquantième jour, rien ne se manifeste, le microscope reste absolument muet, et la présence de la résorcine dans la solution est mise facilement en évidence.

La résorcine empêche donc, définitivement, la fermentation. alcoolique dans les proportions de pour 100. Ce résultat est conforme à ceux obtenus par M. Brieger (1); tandis que M. J. Andeer (2) croit que, pour obtenir cet effet, il faut en employer des quantités plus fortes.

Il est bon de noter, une fois pour toutes, que M. J. Andeer expérimentait avec de la résorcine obtenue par la sublimation de la résorcine impure du commerce, et il se pourrait bien qu'il y cût d'autres substances volatiles mélangées à ce produit; car, au point de vue de son action physiologique, les résultats obtenus par cet expérimentateur diffèrent sensiblement de ceux obtenus par nous.

Pour la fermentation lactique, nous avons employé du lait non bouilli, condition très favorable pour le développement rapide du ferment lactique, et toujours dans les mêmes proportions. La présence de l'acide lactique se manifeste, dès le deuxième jour, dans le flacon contenant du lait pur; au microscope nous trouvons les cellules ellipsoïdes du ferment lactique. Dans le lait où il y a 20 centigrammes de résorcine, la fermenlation est peu retardée. Dans le lait qui renferme 1 gramme pour 100 la fermentation est arrêtée jusqu'au vingtième jour; mais comme, dans l'intervalle, il s'est développé à la surface une grande quantité de moisissures, à partir de ce moment la coagulation se fait vite, et nous croyons qu'elle est due, en partie, à la présence du champignon de la moisissure, puisqu'elle com

(1) Brieger, lor. cit. (2) Loc. cit., p. 26.

mence immédiatement au-dessous de la croûte moisie; la coagulation complète ne s'effectue qu'au bout de trois jours, alors la résorcine disparaît. .

Nous avons toujours constaté, comme on peut le voir dans toutes ces expériences (1), que, pour empêcher le développement du champignon de la moisissure dans n'importe quel liquide, il faut une quantité de résorcine supérieure à 1 pour 100.

Dans les deux autres flacons, contenant 2 et 5 grammes de résorcine, le lait se conserve admirablement, et au bout du cinquantième jour nous ne trouvons aucune altération, même au microscope.

En prenant en considération les expériences antérieures et celles que nous venons d'exposer, nous voyons que la résorcine est un puissant antifermentescible, propriété qui nous fait déjà entrevoir son emploi dans les affections dues à la présence de microphytes.

Dans d'autres expériences, nous avons eu en vue d'étudier son pouvoir antiputride. Des morceaux de rate ou de pancréas de malades morts à la suite de la fièvre typhoïde se conservent très bien et assez longtemps dans des solutions de 1 pour 100 de résorcine et presque indéfiniment dans des solutions à 18,50.

Les morceaux mis dans de l'eau simple se putréfient très rapidement; et la présence de bactéridies et de microspores, indice certain de putréfaction, a été constatée au microscope. Dans ce liquide, lorsqu'au bout du quatrième jour la putréfaction était complète, l'odeur insupportable et les microbes pleins de vie, en y ajoutant 18,50 pour 100 de résorcine, on a constaté manifestement que l'odeur se dissipait aussitôt et le nombre de microbes diminuait graduellement et disparaissait tout à fait quelques jours après, sans qu'il en restât de traces. Dans les liquides qui contenaient 50 centigrammes pour 100, la putréfaction était sensiblement retardée et, lorsqu'elle commençait, elle ne pouvait être constatée que par le microscope parce que nulle odeur ne se dégageait. Lorsque la decomposition était terminée, la résorcine ne pouvait plus être retrouvée.

Des morceaux de cerveau ou d'autres matières facilement putréfiables, plongés pendant quatre jours dans une solution au

(1) Voir liv. cit., p. 24, etc.

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