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Mais en dehors de toute diathèse et de toute organopathie

sérieuse, nombre de dyspnéiques, de polysarciques et d'arthritiques se trouveront sensiblement mieux par l'usage habituel de ces mouvements. L'amélioration de la respiration entraîne une circulation meilleure, une hématose plus intense.

Les stases veineuses, les dilatations variqueuses, les infarctus se trouvent au bout de quelques semaines profondément améliorés, quand les circonstances de milieu sont favorables.

Le grand obstacle à cette médication hygiénique dans notre civilisation, avec nos habitudes d'inactivité et de paresse, c'est le peu de temps qu'on y dépense et le peu d'intérêt qu'on y prend. Il y a là un choix à faire entre la santé et l'état maladif.

CORRESPONDANCE

De l'action thérapeutique du carbonate ferreux.

A M. DUJARDIN-BEAUMETZ, Secrétaire de la rédaction.

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt, dans le numéro du 15 février dernier, p. 127, de votre excellent Bulletin une note de M. Tanret, pharmacien à Paris, sur les qualités thérapeutiques de ce qu'il appelle le sucro-carbonate de fer, et que j'ai appelé, il y a quarante ans, carbonate ferreux : dénomination plus exacte, je crois, que celle de carbonate de fer, laissant indéterminé son degré d'oxydation. C'est ainsi que je publiai la formule de pastilles de carbonate ferreux dans un article intitulé: Un mot sur la chlorose aiguë et chronique et sur son traitement par un nouveau mode de préparation ferrugineuse (Bull. thérap., t. XXIII, p. 257, 1842).

Comme M. Tanret pour sa poudre, j'avais indiqué que mes pastilles mises dans l'eau laissaient précipiter le carbonate ferreux, pendant que la gomme et le sucre se dissolvaient. Preuve manifeste que le sucre ne se combine pas avec le sel de fer et que la désignation de sucro-carbonate de fer n'est pas chimiquement exacte. Toujours est-il d'ailleurs que la poudre de M. Tanret n'est pas autre chose que mes pastilles et d'une moindre conservation; car, pendant que celles-ci se safranent fort légèrement à la surface, elles conservent à l'intérieur une blancheur du sel ferreux que n'a pas la poudre de M. Tanret; encore est-il obligé de la mettre dans un flacon qu'il récommande de tenir bien bouché.

Je ne rappellerai plus ici ce que je disais sur les divers états de

la chlorose. Je me bornerai à citer les lignes suivantes : « En cherchant à me rendre compte de ma pratique de tous les jours, j'ai reconnu que les sels de fer s'assimilaient moins par leur solubilité que par l'action qu'avaient sur eux les acides de l'estomac. Je pensai dès lors que s'il était possible d'administrer le carbonate ferreux en empêchant sa rapide oxydation, le problème serait résolu. MM. Blaud et Vallet prétendaient l'avoir trouvé dans leurs pilules, et mon ami de regrettable mémoire, Vulfranc Gerdy, venant me faire une visite à Manosque, m'apprit qu M. Derouet-Boissière avait fait incorporer le carbonate ferreux dans la pâte de froment pour en faire du pain et que ce mode avait réussi à quelques malades de la capitale. Mais, outre qu'il était difficile d'employer de cette manière le remède à doses déterminées, et qu'on risquait de dégoûter les malades pour cet aliment si usuel, le procédé était impossible en province et pour tout le monde.

« Je voulus donc essayer si, en recouvrant, tout aussitôt après sa précipitation, le carbonate ferreux d'un mélange de poudre de gomme et de sucre, on ne pourrait obtenir des pastilles conservant ce sel à l'état de protoxyde. M. Marsan, mon pharmacien, réussit parfaitement et par cette préparation mes malades furent plus rapidement améliorées ou guéries. » (Ibid, p. 261.)

En effet, après cette publication divers journaux reproduisirent ce mode de préparation et quelques médecins en proclamèrent les succès. M. G. Boureau annonce une guérison rapide après d'autres traitements infructueux (Bull. thérap., t. XXVI, p. 288, 1844). M. le docteur Silade, entre autres (Arch. de méd. belge, février et mars 1846), déclare qu'après avoir essayé de nombreuses préparations ferrugineuses, il donne la préférence à celle de M. Dauvergne. Citation de Valleix (Guide du médecin praticien, t. II, p. 150, 2e édit.).

Aujourd'hui M. Coste, successeur de Marsan, a perfectionné ces pastilles en n'employant que de la gomme arabique et du sucre et en les constituant de manière que chacune contient 15 centigrammes du sel ferreux anhydre. Aussi suffit-il, comme je l'ai si souvent constaté, de deux ou trois pastilles, jamais quatre, par jour, n'importe à quelle heure, pour modifier rapidement l'hématose anémio-chlorotique. Je dois cependant ajouter que j'ai cru remarquer qu'elles avaient plus d'action en trouvant l'estomac vide qu'après les repas. Ces pastilles sont aussi d'une administration très facile et très commode, tout en étant la préparation la plus efficace, la plus prompte et le meilleur marché. Elle a tous les avantages des pilules de Blaud et de Vallet, qui obligent à des doses croissantes et avec quelques autres inconvénients ont celui de franchir souvent le pylore sans être attaquées par les acides de l'estomac et par conséquent assimilées.

Je m'arrête, voulant seulement constater qu'il y a plus de quarante ans avant M. Tanret que le moyen de conserver et d'administrer le carbonate ferreux était trouvé; que ce sel,

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cédant facilement sa base aux acides de l'estomac, était d'une administration aussi efficace que rapide; qu'enfin, quoique je sois heureux d'entendre M. Tanret proclamer le carbonate ferreux par des mesures identiques aux miennes, je puis prétendre que mes pastilles préservent mieux de l'oxydation le protoxyde de fer que sous la forme de poudre qui offre toutes ses molécules au contact de l'air; que la poudre de M. Tanret, malgré la forte dose de vanille qu'elle renferme, ne laisse pas moins un arrièregoût d'âcre, pendant qu'il serait facile d'aromatiser mes pastilles de la même manière et d'en varier le goût, à l'anis, à la menthe, au citron, à l'orange, selon celui des malades ou l'état dyspeptique ou anorexique de leur estomac.

Manosque, ce 8 septembre 1881.

Dr DAUVERGNE père.

BIBLIOGRAPHIE

Traité d'hygiène publique et privée, basée sur l'étiologie, par le professeur A. BOUCHARDAT, 1 vol. gr. in-8 de 1200 pages, chez Germer Baillière.

L'apparition du traité d'hygiène de M. le professeur Bouchardat est assurément un événement important pour le monde savant, mais cette importance se trouve encore augmentée par la nécessité où l'on se trouvait depuis longtemps de posséder, sur une matière aussi intéressante que l'hygiène, un livre magistral.

Nous ne disons pas cela pour déprécier les excellents volumes que nous possédions déjà sur cette partie des connaissances médicales, mais il est bien évident que la plupart de ces livres, malgré la valeur personnelle de leurs auteurs, ne peuvent rivaliser avec le traité de M. Bouchardat, où l'illustre hygiéniste a méthodiquement exposé les travaux qui ont été l'objet de sa vie entière. Son œuvre, en effet, est essentiellement originale et personnelle, et c'est là son grand mérite.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'on trouvera imprimées les idées nouvelles qui remplissent le traité d'hygiène de M. Bouchardat; celui-ci, en effet, professe depuis trop longtemps pour que ses opinions n'aient pas pénétré dans la masse des médecins; aussi plus d'un auteur s'est-il approprié les idées du maître, mais le mérite n'en revient pas moins au travailleur patient et infatigable, qui, reprenant un à un les innombrables volumes écrits sur les matières de l'hygiène, a condensé tous ces matériaux, élucidé les questions par des recherches et des expériences personnelles et a pu établir enfin sur des bases solides et cette fois définitives, l'hygiène moderne.

C'est donc avec un profond sentiment d'admiration et de gratitude professionnelles que nous rendons justice à l'œuvre du maître vénéré, qui, plus jeune et plus vaillant que jamais, apporte à la science, pour le plus

grand bénéfice des générations futures de médecins, le tribut de sa lon gue expérience et d'une vie tout entière consacrée au travail.

On ne fait pas l'apologie d'un livre aussi compact, aussi rempli de faits, que celui de M. Bouchardat, aussi ne suivrons-nous pas l'auteur pas à pas dans ses développements, mais nous sommes persuadés que le lecteur nous saura gré de détacher quelques-unes des pages les plus intéressantes du nouveau traité d'hygiène, et de faire ressortir ce qu'il y a de particulièrement neuf dans la manière dont l'auteur a compris la matière.

Tout le monde connaît la classification adoptée par le professeur dans son cours : l'hygiène peut être divisée en trois parties distinctes : 1° l'histoire de cette science, qui fait l'introduction de son étude, suivie de considérations sur la santé et les maladies et par conséquent l'histoire dé l'homme, considéré comme individu et comme race ou nation; 2o étude des modificateurs capables d'agir sur l'individu. Ces modificateurs sont d'action et de nature très différentes, ce sont les aliments (ingesta), les excrétions (excreta), le travail, les vêtements (gesta), les agents physiques (circumfusa) et chimiques capables d'engendrer des maladies ou d'impressionner l'organisme; 3o enfin l'hygiène générale, important chapitre comprenant l'hygiène des âges, des sexes, des professions, des villes, des nations, etc.

Tel est le cadre qu'avait à remplir l'auteur, cadre immense, car on peut dire que toutes les sciences doivent être possédées par celui qui entreprend une pareille œuvre. Inutile de dire que le savant professeur de l'Ecole de médecine a été à la hauteur de cette œuvre de bénédictin et d'encyclopédiste.

D'ailleurs, non content d'avoir rempli cette tâche immense, M. Bouchardat, arrivé à la fin de son livre, ne s'est pas arrêté; il a encore condensé, dans un long appendice de 200 pages de petit texte, tous les documents administratifs, chimiques, physiologiques pouvant permettre d'élucider' les problèmes les plus divers de l'hygiène.

La partie la plus intéressante du traité est, à notre avis, celle qui traite des modificateurs, c'est-à-dire la deuxième partie. Nous recommandons spécialement aux lecteurs toutes les pages où l'auteur étudie les aliments et l'alimentation. Avec l'expérience et l'autorité que lui donnent tant d'années consacrées à l'étude de ces questions ardues, M. Bouchardat donne avec le style clair, qui fait de ce livre une longue et bienveillante causerie, une quantité de conseils, qui, s'ils étaient suivis, éviteraient certainement au médecin et aux malades de grands ennuis et de grands maux.

<«< Le médecin qui saura prescrire convenablement les laits différents sous les formes les mieux appropriées dans les maladies et les convalescences, sera un médecin qui rendra de grands services et un grand médecin. » Cette phrase est à méditer : quoi de plus simple, semble-t-il, que de savoir employer le lait ? Et cependant combien y a-t-il de médecins qui sachent nettement les différences caractéristiques des divers laits et qui soient capables de présider avec une parfaite intelligence au sevrage d'un enfant ? Eh bien, qu'on lise et qu'on retienne l'étude du lait, telle qu'elle est faite, nette et courte, par M. Bouchardat et si l'on ne devient pas certainement un grand médecin, on acquerra au moins des notions utiles et l'on sera apte à rendre des services réels.

Toute l'étude des aliments est d'ailleurs non seulement à lire, mais à méditer, et l'on ne sait, en la parcourant, ce que l'on doit le plus admirer, du savoir immense de l'auteur, ou de l'habileté avec laquelle il rend vraiment captivante la lecture d'un travail cependant aride.

Après le chapitre consacré aux aliments, ce qui nous a le plus particulièrement intéressé, c'est la partie où l'auteur traite du travail et de son influence sur le corps, sur l'esprit et enfin sur les populations.

Dans ces pages, l'auteur s'élève à des considérations philosophiques des plus attachantes, et nous demandons la liberté de finir cette étude en citant les passages les plus intéressants de cette partie du livre.

M. Bouchardat s'élève avec force contre les hygiénistes qui recommandent au vieillard le repos : « Nous nous inscrivons en faux contre un adage partout répété, que la vieillesse est l'âge du repos. Cette sentence a conduit à la plus grande erreur hygiénique. L'exercice général régulier de tous les organes de la vie de nutrition et de locomotion est nécessaire à tous les âges. La vigilance de ce côté est d'autant plus nécessaire, que la tendance au repos suit l'amoindrissement progressif des forces. Si le vieillard ne résiste pas, il s'affaiblira à vue d'œil, et les jours qui lui restent à vivre se transformeront en heures... La preuve la plus nette que l'exercice régulier de chaque jour est le précepte qui domine tous ceux qui se rapportent à l'hygiène de la vieillesse, se trouve dans l'observation attentive des beaux vieillards. Ils ne se sont jamais longtemps reposés : on les cite pour faire chaque jour avant leur repas de longues promenades. La belle longévité, sans ces conditions d'exercice, est impossible. » M. Bouchardat recommande aussi au vieillard l'entretien constant de ses facultés intellectuelles, et certes il est lui-même un vivant exemple de la vérité et de l'exactitude absolue de son opinion, d'ailleurs si sage.

On sait que l'illustre hygiéniste a toujours proclamé la nécessité du travail, il a même stéréotypé sa pensée par une phrase dont bien des gens ont souri : << Sciez votre bois. » Eh bien ! ceux qui souriaient montraient peu de profondeur de jugement, car cette phrase est éminemment philosophique.

Il nous souvient d'un vieillard fort sage qui, toujours tonnant contre le besoin de luxe, qui dévore l'époque, appréciait la chose à sa façon en trouvant qu'à table on changeait ridiculement souvent d'assiettes. Pour lui, ce fait de changer d'assiettes à chaque plat et non plus à chaque service, caractérisait l'époque. On riait de lui, et l'on avait tort. Ce vieillard en effet avait raison, comme M. Bouchardat l'époque actuelle souffre d'une misère physiologique spéciale; on ne travaille pas dans les hautes sphères de la société et l'on a trop de luxe ! que l'on change moins souvent d'assiettes et que l'on scie son bois et l'equilibre moral et physiologique se trouvera rétabli.

Le travail, c'est la vie, c'est l'avenir, et M. Bouchardat l'établit dans une page magistrale qui résume admirablement la portée de son livre, véritable école de morale et de physiologie rationnelle. Cette page, nous ne pouvons résister au plaisir de la citer:

Dès

« Avenir du travail, son influence sur le bien-être des hommes. qu'on admet que le travail sera le fondement sur lequel s'appuieront les sociétés modernes, il n'y a plus de limites à entrevoir aux progrès du

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