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que c'est un produit qui cristallise nettement et que dans l'association du sucre avec le carbonate de fer ce dernier a perdu en partie une de ses propriétés caractéristiques, je veux dire son extrême et rapide altérabilité à l'air quand il a été obtenu par précipitation. En effet, si je vois bien que la préservation de l'air est mécanique pour des pilules ou des pastilles à base de carbonate de fer à cause de la cohérence de la masse qui s'oppose à la pénétration de l'oxygène, je ne puis plus l'expliquer de la même manière quand il s'agit d'une poudre impalpable comme celle du sucrocarbonate de fer, qui à l'air ne s'oxyde que très lentement et jamais d'une façon complète.

La conservation du carbonate de fer par le sucre me paraissait un de ces faits devenus classiques dont on néglige la plupart du temps de rappeler les auteurs. Aussi dans ma note n'avais-je eité aucun nom. La réclamation de M. Dauvergne m'ayant fait faire quelques recherches bibliographiques, je demande la permission d'en donner succinctement les résultats :

C'est le docteur Becker qui le premier eut l'idée de s'opposer à l'oxydation du carbonate de fer, en l'associant au sucre; il chargea de la réaliser Klauer, pharmacien à Mulhausen, et celui-ci y réussit en partie en 1837. A 2 parties de sucre il mêlait 1 partie de carbonate de fer fraîchement précipité et évaporait à siccité. Selon lui, il obtenait ainsi une combinaison analogue à celle que forme le sucre avec l'oxyde de plomb. (Ann. de pharm., vol. XIX, col. 2, p. 129, et Journal de pharmacie, 1837. Extrait traduit par Vallet.)

L'année suivante, Vallet, s'appuyant sur les faits indiqués par Becker et Klauer, inventait ses pilules dont il présentait la formule à l'Académie de médecine (1838).

La Pharmacopée de Bade de 1841 adopta la préparation de Klauer; elle s'y trouve sous le nom de Ferrum carbonicum saccharatum. Elle figure aussi dans le Codex medicamentarius Germanorum de Dierbach (1848). Elle se trouve dans la Pharmacopée britannique sous le nom de Ferri carbonas saccharata, mais ici la dose de carbonate de fer n'est plus la même; ce dernier y entre pour 40 pour 100. Enfin dans la Pharmacopée allemande elle est inscrite avec 20 pour 100 de carbonate.

Cette dernière proportion présente ceci d'intéressant que c'est à peu près celle que j'ai trouvée dans mes cristaux (18,44 pour 100).

En voyant que cette préparation ferrugineuse (le nom importe peu en ce moment) est d'un emploi courant chez nos voisins, où elle sert de base à des pastilles, des pilules, etc., d'autant plus que la poudre est la forme pharmaceutique la plus commode et dans le cas présent la plus agréable, quelques personnes croiront peut-être avec moi qu'elle pourrait sans trop d'inconvénients figurer isolément dans notre formulaire officiel.

BIBLIOGRAPHIE

Traité clinique et pratique des maladies mentales, par M. J. LUYS.

Le remarquable ouvrage que M. Luys vient de publier n'est que le complément naturel de ses longues et patientes recherches sur l'anatomie et la physiologie cérébrales. Après avoir étudié, comme il l'a fait antérieurement, la structure et le fonctionnement du cerveau, après avoir établi la psychologie sur des bases désormais solides qui n'empruntent plus rien à une métaphysique surannée, le savant médecin de la Salpêtrière a tenu à nous montrer quel parti on pouvait tirer de la connaissance de l'état normal, pour l'interprétation des troubles qui caractérisent l'état pathologique, enfin à nous donner les résultats de son immense expérience sur les maladies mentales.

L'auteur a divisé son livre en trois parties: c'est l'anatomie qui commence; puis vient la physiologie, qui se complète par la pathologie.,

On pourrait être étonné au premier abord de la place considérable occupée par l'anatomie et la physiologie dans un traité de pathologie mentale; M. Luys, dans sa préface, nous donne lui-même les raisons qui l'ont déterminé, et elles sont des meilleures à notre avis. « J'ai donc procédé, dit-il, à la façon de différents auteurs de la pathologie interne, des Bouillaud, des Frerichs, qui, avant d'étudier les maladies du cœur, du foie, etc., commençaient par faire une description minutieuse de l'organe qu'ils étudiaient, en le considérant tout d'abord au point de vue de son anatomie pure, et ensuite au point de vue des troubles fonctionnels qu'il est susceptible d'offrir.» Cette méthode est celle de tous les médecins contemporains, qui cherchent dans l'anatomie pathologique l'explication rationnelle des phénomènes morbides; en toute rigueur, les notions d'anatomie normale doivent précéder la description des lésions pathologiques.

Au reste, pour qui connaît l'originalité des vues de M. Luys en physiologie cérébrale, la forme séduisante sous laquelle il les expose, c'est presque une bonne fortune d'avoir condensé dans un même volume toutes ses recherches sur un sujet qui est au plus haut point de sa compétence..

La structure du cerveau, telle que l'expose l'auteur au début de ses leçons annuelles de la Salpêtrière, est d'une clarté et d'une simplicité qui seront appréciées par les élèves. La compréhension des détails histologiques un peu arides pour les débutants est facilitée par de nombreuses figures intercalées dans le texte, et par des planches photographiques placées à la fin de l'ouvrage. On peut se faire ainsi une idée exacte de la richesse de l'écorce cérébrale en éléments cellulaires.

Une courte description des sillons et des plis de la surface du cerveau, d'après la méthode de Gratiolet, permettra d'apprécier rapidement les différentes modifications morphologiques survenues chez les idiots et les aliénés.

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L'auteur, en terminant cette partie anatomique, rappelle, d'après les récents travaux de Heubner, la manière assez complexe dont les vaisseaux sanguins artériels abordent les différents territoires de l'encéphale. L'étude de la circulation cérébrale mérite toute l'attention, puisque bon nombre de maladies mentales n'auraient d'autre substratum anatomique que des troubles dans la vascularisation de l'organe, troubles soit ischémiques, soit hyperhémiques.

Comment donner une analyse complète de la partie physiologique de l'ouvrage de M. Luys? Nous préférons lui céder la parole, il va lui-même nous initier au plan de cette psychologie vraiment scientifique dont il est un des fondateurs. « Nous allons d'abord étudier les propriétés élémentaires de la cellule nerveuse, vivante, la considérant comme une individualité histologique distincte, et voir ensuite comment ces propriétés élémen taires se groupent, s'additionnent et se multiplient les unes les autres, pour arriver à donner naissance à des phénomènes complexes qui ne sont tous plus ou moins que la résultante des millions d'éléments nerveux en jeu. Nous étudierons ainsi les phénomènes primordiaux de la sensibilité, de l'automatisme,→ de la conservation des impressions externes, phosphorescence organique... Nous verrons ainsi combien cette physiologie réaliste est le seul guide sérieux pour quiconque veut entrer dans le domaîne de la psychologie morbide et reconnaître comment tout se tient dans ces admirables lois du système nerveux; et combien les troubles les plus imprévus, les plus normaux sont toujours plus ou moins réductibles à des opérations élémentaires de l'activité normale. » Dans ce véritable abrégé de psychologie positive on peut retrouver, esquissée de main de maître, la plus grande partie de la doctrine personnelle de M. Luys. Le chapitre Du dédoublement des opérations cérébrales, où l'auteur reproduit et développe ses communications antérieures sur ce sujet, clôt dignement cette partie physiologique.

Après cette introduction parfaitement justifiée, nous arrivons à la partie capitale du livre, à la pathologie. M. Luys ne s'est pas contenté, comme la plupart de ses devanciers, de décrire dans un ordre plus ou moins arbitraire la plupart des psychopathies; il a tenté d'établir des rapprochements naturels entre les différentes maladies mentales, de les grouper, de les coordonner; en un mot, de formuler une classification nosologique naturelle des maladies mentales. Quel principe présidera à cette coordination, à ces divisions nouvelles? L'auteur nous l'explique très clairement dans sa préface. « J'ai donc pris comme point de départ des différents processus morbides à classifier un élément fixe, un facteur naturel, appartenant au sujet même, la cellule nerveuse et ses propriétés vitales. Or, la cellule nerveuse est apte sous des influences circulatoires variées, suivant que les courants sanguins s'accélèrent ou se ralentissent, à entrer en période d'éréthisme où à tomber en période de torpidité. Ces deux modalités de l'activité nerveuse nous ont servi de pivot naturel pour édifier notre classification. >>

Il rattache donc à l'exaltation des éléments nerveux les troubles cérébraux caractérisés par de l'excitation: émotivité, loquacité, turbulence, etc.; la torpidité de certains groupes de cellules correspond inversement à certaines manies dépressives, lypémanie, etc. On peut observer des cas mixtes

où l'hyperhémie domine dans certaines régions de l'écorce et en même temps l'ischémie dans les noyaux centraux.

Ou bien encore l'ischémie et l'hyperhémie se succèdent, avec retentissement immédiat sur l'activité nerveuse, dans les mêmes régions des centres; c'est ce qui constitue ces manies avec alternatives d'excitation et de dépression, les folies dites circulaires.

Le plus généralement les affections rentrant dans ce premier grand groupe sont susceptibles de guérison si la circulation se régularise et avec elle la nutrition des éléments.

Il n'en est pas ainsi des maladies qui forment la deuxième grande section établie par l'auteur. Les processus morbides correspondants ayant une évolution fatale et progressive sont immobilisés dans l'organisme et absolument incurables. C'est dans ce groupe que rentre la paralysie générale avec ses différentes formes toutes caractérisées anatomiquement par une sclérose interstitielle diffuse. C'est aussi dans cette classe qu'il faut placer les manifestations morbides de l'imbécillité et de l'idiotie. M. Luys nous dit qu'il n'ignore pas que sa classification peut présenter quelques côtés faibles, « mais il demande à la critique d'être jugé d'après l'ensemble de son travail, d'après les efforts accomplis et le but réalisé ».

L'exécution des différents chapitres de l'ouvrage ne le cède en rien à la conception du plan général. La pathologie générale des maladies mentales est étudiée dans un long et consciencieux chapitre. Dans l'étiologie, la question de l'hérédité est traitée avec tous les détails qu'elle comporte. La symptomatologie générale est exposée avec un ordre et une méthode qui reposent précisément sur les connaissances psychologiques exposées - dans la partie physiologique del'ouvrage; enfin les praticiens pourront lire avec le plus grand profit le chapitre de thérapeutique générale.

La partie consacrée à la pathologie spéciale comprend d'abord l'étude Aux des psychopathies liées à des troubles circulatoires passagers. hyperhémies partielles des régions sensorio-psychiques, correspondent les illusions et les hallucinations. Nous ne saurions trop recommander la lécture de ces pages originales; des planches placées à la fin du volume montrent le siège précis de l'hyperhémie.

On doit rattacher aux hyperhémies localisées dans les différentes régions de l'activité psycho-intellectuelle les manies émotives, intellectuelles et impulsives; enfin la manie généralisée est certainement le fait d'hyperhémies généralisées.

Les ischémies, suivant qu'elles sont locales ou plus étendues, déterminent aussi des lypémanies partielles ou généralisées; enfin on peut observer la coexistence de l'excitation et de la dépression chez le même sujet avec des hyperhémies et des ischémies de régions différentes. D'autres fois, c'est l'alternance de ces états chez le même sujet, qui constitue ces folies à double forme, périodiques, circulaires, comme nous l'avons déjà énoncé.

Parmi les psychopathics liées à des lésions organiques et progressives, M. Luys donne la place d'honneur à la paralysie générale. Il la décrit complètement et sous ses différentes formes. Ses auditeurs de la Salpêtrière y retrouveront la condensation de son enseignement.

Le dernier chapitre est consacré à l'imbécillité et à l'idiotie...

Il est difficile d'analyser un semblable livre; à peine peut-on en esquisser les grands linéaments. L'impression qui persiste après sa lecture attentive et consciencieuse, c'est qu'il est l'œuvre non seulement d'un médecin aliéniste expérimenté, mais encore d'un philosophe et d'un penseur. V. VARIOT,

Interne en médecine à la Charité.

THESE D'AGRÉGATION.

Des émissions sanguines dans les maladies aiguës, par M. VINAY (A. Delahaye, in-80 de 172 pages).

Depuis nombre d'années, les émissions sanguines sont tombées dans un tel discrédit, qu'il semble que M. Vinay eût en quelque sorte un sujet inédit à traiter, une médication nouvelle à étudier. Après l'avoir entendu constater que la lancette est rentrée dans son portefeuille de maroquin et n'en sort plus qu'à chaque automne et à chaque printemps pour pratiquer de vulgaires vaccinations, on est presque étonné de le voir réagir (avec raison du reste) contre l'abandon presque complet de la saignée.

Triste retour des choses d'ici-bas!...

Le jeune médecin des hôpitaux de Lyon regrette tout d'abord que, par suite de son impopularité, la saignée n'ait pas profité des découvertes récentes de la physiologie. Aussi a-t-il dû se contenter des notions éparses, qu'il a heureusement complétées par des recherches personnelles.

Cette première base établie, il étudie les effets thérapeutiques de la saignée, c'est-à-dire son action sur les phénomènes élémentaires des maladies aiguës, comme la congestion, l'inflammation, la fièvre, etc. Les phlegmasies (pneumonie aiguë, pleurésie, méningite, péritonite, inflammations aiguës du pharynx et du larynx), les pyrexies (affections typhiques, érysipèle, rhumatisme articulaire aigu) et l'éclampsie, sont successivement passées en revue.

Ces différentes maladies aiguës sont surtout étudiées comme entités distinctes du cadre nosologique. Elles ont été envisagées dans leur histoire, dans leurs symptômes principaux, dans leurs complications, et, autant que possible, les indications des émissions sanguines ont été établies d'après les faits récemment observés, et aussi d'après les documents fournis par le passé.

On ne voit pas sans une certaine mélancolie l'historique de la question : toutes ces vicissitudes doivent disposer à l'indulgence et à la modestie. C'est peut-être pour cela que M. Vinay, s'appuyant sur le doute philosophique prêché par Descartes, manque réellement d'assurance. Sous la bannière de Grisolle, qui n'admettait que des malades et non des maladies; sur les pas de M. Peter, pour qui il n'y a que des pneumoniques et pas de pneumonies, il aurait pu pourtant se montrer plus audacieux, plus personnel et conclure avec précision.

Il paraît craindre, au contraire, de s'avancer; après avoir fait un pas en TOME CI. 7 LIVR. 21

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