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sion. Puis vint Bricheteau, qui, malheureusement, dut céder bientôt sa place au docteur Gauchet. Enfin, en 1874, le nouveau comité de rédaction prit la direction de ce journal, et malgré les vides que la mort fit dans ses rangs, malgré la mort de Béhier et de Dolbeau, on continua l'œuvre commencée.

Ce n'est pas sans un profond sentiment d'orgueil que l'on voit cette collection unique de cent volumes, où se trouvent accumulés tous les faits ressortissant à la thérapeutique médicale et chirurgicale depuis cinquante ans, tant en France qu'à l'étranger, se constituer sous des directions si différentes, sans se départir un seul jour, un seul instant, de cette ligne de probité et d'honneur qu'avait tracée son fondateur.

Le passé répond donc de l'avenir, et nous allons continuer en nous efforçant de la perfectionner chaque jour, cette œuvre utile à la science, à l'art et à l'humanité.

15 juillet 1881.

LE COMITÉ DE RÉDACTION.

BULLETIN GÉNÉRAL

DE

THÉRAPEUTIQUE

THERAPEUTIQUE MÉDICALE

De la résorcine et de son emploi en thérapeutique ;
Par les docteurs DUJARDIN-BEAUMETZ

et Hippocrate CALLIAS.

Nous avons étudié récemment la résorcine, et cela au point de vue chimique et physique, comme au point de vue physiologique et toxique; l'un de nous en a même fait le sujet de sa thèse inaugurale (1). Dans le présent travail nous ne ferons que passer en revue les principales propriétés de cette substance que nous croyons utile de mettre en évidence. La partie concernant son application thérapeutique fera l'objet d'un autre article.

Avant d'aborder l'étude expérimentale de la résorcine, nous devons dire quelques mots sur son histoire et ses propriétés physiques et chimiques. Historique. Vers 1860, deux chimistes viennois, Hlassiwetz et Barth, en traitant par la potasse le galbanum, gomme résine, tirée du peucedanum galbanifluum, avaient découvert dans les produits de leur fusion une substance appartenant à la série aromatique et à laquelle ils avaient donné le nom de résørcine, à cause de son analogie avec l'orcine tirée de l'orseille (2). Ensuite, la résorcine fut obtenue avec l'asa foetida, la gominé

(1) Hippocrate Callias, De la résorcine et de son emploi en thérapeutique; recherches expérimentales et cliniques. Paris, Q. Berthier, éditeur, 104, boulevard Saint-Germain.

(2) Dictionnaire chim., Wurtz.

ammoniaque, le segapenum, l'extrait aqueux du bois de sepan, la résine acaroïde par fusion avec la potasse. Elle a pu être extraite aussi des eaux mères de la préparation de la brésiline, par distillation (1).

Quelques années plus tard, Koerner (2), le premier, en fondant le para-iodophénol-avec-la potasse, avait produit synthétiquement la résorcine, et ensuite, Oppenheim et G. Vogt (3) l'avaient composée à l'aide de l'acide chloroxyphenyl sulfureux.

Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans des détails sur ce mode de préparation de la résorcine, les personnes qui s'y intéressent peuvent s'adresser à des traités spéciaux.

Au point de vue physiologique et thérapeutique, la résorcine n'a été expérimentée que depuis un très petit nombre d'années, et encore aujourd'hui le nombre de travaux sur cette substance est excessivement limité.

C'est en 1877, ce nous semble, que le premier travail sur ce sujet parut, par J. Andeer, qui plus tard, en 1880, a publié une dissertation plus complete sur cette matière. Après lui viennent Baumann, Brieger, Soltmann, Lichtheim, et tout dernièrement O. Kahler. Presque tous n'ont fait paraître que de courts articles dans les journaux scientifiques.

C'est sur ces bases que nous allons entreprendre notre tra vail. Il y a bien des points qui restent encore obscurs, mais nous n'avons pas la moindre prétention de les faire connaître tous, nous ne désirons que contribuer à hâter le moment où cette substance pourra prendre place dans la thérapeutique usuelle.

Des différentes sortes de resorcine. La résorcine se présente dans le commerce sous trois aspects, qui dépendent uniquement de sa plus ou moins grande pureté :

1o La résorcine commerciale, produit impur, et par conséquent dangereux à expérimenter et d'une action inconstante, se présente sous la forme de gros cristaux de couleur grenat et d'odeur phéniquée intense;

2o La résorcine cristallisée en aiguilles prismatiques se colorant légèrement à l'air en rose peu foncé, moins impure que la précédente;

(1) Bull. Soc. chim., Paris, 1873, t. XV, p. 210.

(2) Bull. Soc. chim., 1867, t. VII, p. 261.

(3) Bull. Soc. chim., 1868, t. X, p. 221.

3o La résorcine médicinale, chimiquement pure, telle qu'elle est obtenue par le procédé de M. Monnet (de Genève), qui a eu l'extrême obligeance de nous communiquer son procédé de fabrication.

Cette dernière cristallise en aiguilles très fines d'un blanc éclatant; exposée à l'air et à la lumière, elle ne prend aucune coloration et présente une très légère odeur aromatique.

Le procédé par lequel M. Monnet est arrivé à obtenir la résorcine qu'il considère comme chimiquement pure est basé sur la méthode générale indiquée par M. Wurtz pour la préparation des phénols.

L'opération porte sur quatre phases principales:

1° Préparation du phénylénédisulfite de sodium;
2o Fusion du phénylénédisulfite avec la potasse;
3o Extraction de la résorcine au moyen de l'éther;

4o Purification par sublimation et lavage des cristaux par de la benzine pure. (Pour plus de détails voir le travail cité.)

Nous avons aussi sous les yeux un échantillon de résorcine médicinale pure, d'un très bel aspect, envoyée par MM. Hofmann et Schotensack, fabricants de produits chimiques, à Ludwigshafen sur le Rhin. Cette résorcine paraît absolument exempte d'impuretés, et donne une solution aqueuse très limpide, se colorant aussi graduellement en blond plus ou moins foncé lorsqu'elle est exposée à l'air et à la lumière.

PROPRIÉTÉS PHYSIQUES ET CHIMIQUES DE LA RÉSORCINE. - La résorcine cristallise en longues aiguilles présentant la forme de prismes orthorhombiques, qui, s'adaptant les unes aux autres, dessinent des magnifiques arborescences. Ces aiguilles par leur juxtaposition peuvent aussi prendre une disposition tabelliforme.

Les cristaux purs, d'un blanc éclatant, restent absolument incolores quand ils sont exposés à l'air et à la lumière.

M. J. Andeer (1) dit avoir remarqué que les cristaux de la résorcine, frottés ou frappés dans l'obscurité, acquièrent une phosphorescence assez marquée. Nous avons observé ce phénomène avec des cristaux parfaitement secs de résorcine pure; la phosphorescence est passagère..

La résorcine possède une très faible odeur rappelant celle de l'acide phénique ou de l'acide benzoïque, une saveur sucrée à

(1) Loc. cit., p. 1, 2.

peine amère et aromatique, et produit sur la langue une légère réfrigération.

Elle est fusible à + 99 degrés suivant Hlassiwetz, à 104 degrés suivant Oppenheim et G. Vogt, et à 118 degrés suivant Calderon. Son point d'ébullition varie suivant les auteurs de 270 degrés à 276 degrés. A 300 degrés elle se sublime.

Eminemment soluble dans l'eau, dans les proportions de 95 degrés pour 100 à la température ordinaire, dans l'éther, l'alcool, la glycérine, la vaseline, etc., elle est insoluble dans le chloroforme et le sulfure de carbone.

La résorcine, en se dissolvant dans l'eau, produit un abaissement notable de la température (Calderon) (1). Les solutions aqueuses, exposées à l'air et à la lumière, prennent au bout de peu de temps une coloration plus ou moins brunâtre, suivant leur degré de concentration et sans altération appréciable. Ce fait est noté aussi pour l'acide phénique, qui se colore en rose foncé; l'acidé salicylique, qui prend une coloration noire, etc. La réaction de ces solutions est neutre au papier de tournesol.

Une solution de résorcine mélangée à de l'ammoniaque se colore au bout de quelques heures en noir verdâtre. Cette solutión, au bout de quelques jours, et au fur et à mesure de la disparition de l'ammoniaque libre, vire au violet très sombre; en la traitant alors par l'éther, on en sépare une partie d'un bleu magnifique, et la partie aqueuse conserve une coloration verdâtre foncée. La solution éthérée, décantée et évaporée, cristallise sous forme d'aiguilles extrêmement fines, disposées en étoiles et presque incolores ou légèrement bleuâtres.

La résorcine, traitée par le perchlorure de fer, se colore en violet foncé magnifique; par le chlorure de chaux elle donne la même coloration, moins stable.

Une solution de résorcine et de sulfate de soude se colore par le perchlorure de fer en grenat foncé.

Le nitrate d'argent, en présence de l'ammoniaque, est réduit à chaud par la résorcine. Bouillie avec le peroxyde de manganèse et l'acide sulfurique, elle ne donne aucune odeur de quinone, contrairement à ce qui se passe avec l'hydroquinone isomère de la résorcine.

(1) Journ. chim, et pharm., 4a série, t. XXV, p. 519, 1877.

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