Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

mêmes intentions que ci-devant, à l'autel le plus rapproché de son tombeau; et, à cet effet, il lègue au monastère une somme de 45 livres gros tournois ou une rente annuelle de 15 livres viennoises.

Il confie l'exécution de ses volontés testamentaires à différents personnages, entre autres, à l'abbé d'Hautecombe, dont il ne donne point le nom.

Le testament est fait à son château d'Iverdun, le 29 mars 13401.

L'héritier institué est l'unique enfant qui lui restait, Catherine de Savoie. Son fils, Jean, était mort sans enfants. avant cette époque. Il lui substitua, dans le cas où elle mourrait elle-même sans postérité, le comte de Savoie.

Louis II mourut en 1350 et fut, suivant son désir, inhumé à Hautecombe. Un bas-relief de son cénotaphe le représente commandant l'arrière-garde de l'armée française à Crécy et culbutant les troupes du prince de Galles qui prennent la fuite.

Sa fille Catherine, mariée trois fois et n'espérant plus avoir d'héritier, hâta le moment du retour naturel de son fief au comté de Savoie, en vendant à Amédée VI, le 9 juillet 1359, pour le prix de 160,000 florins d'or, les terres de Vaud et ce qu'elle possédait dans le Bugey et le Valromey. Ces provinces furent ainsi réunies de nouveau à la Savoie après soixante-dix ans de séparation. Cet événement nous ramène au glorieux règne du Comte-Vert.

1 GUICHENON, Preuves, 641.

ID., Savoie, p. 1092. L'acte est passé au palais épiscopal de Belley. Parmi les cautions données par Amédée VI pour le payement d'une partie du prix, se trouvaient Galois de La Baume et son fils Guillaume, seigneur de l'Albergement; Jean, seigneur de la Chambre: François, seigneur de la Serraz; Aymar de Seyssel, seigneur d'Aix: Louis de Rivoire, seigneur de Domessin, etc.

CHAPITRE XIX

Glorieux règne d'Amédée VI, le Comte-Vert.

Mort dans la Pouille,

Créa

il est transporté à Hautecombe. - Splendides funérailles. tion de l'ordre du Collier. - Son épouse, Bonne de Bourbon, fonde la chapelle de Saint-Benoît et de Saint-Bernard.

Nous avons laissé Amédée VI recevant de l'abbaye d'Hautecombe la moitié des moulins de Chambéry, moyennant certaines conditions qui tendaient principalement à assurer aux religieux la protection du comte de Savoie contre les usurpateurs de leurs droits. Cette même année, comme conséquence de la réunion du Dauphiné à la France, il inaugura une politique italienne et impériale, par les hautes fonctions de grand juge impérial, qui lui furent conférées en vertu de lettres patentes, signées à Prague, le 12 des calendes d'août 1356. Il eut ainsi le privilége de faire porter devant lui toutes les appellations de causes, ressortissant précédemment de la chambre impériale, interjetées par les archevêques, évêques, abbés, prélats et juges séculiers, dans les limites et dépendances du comté de Savoie 1.

Trois années plus tard, son autorité, affermie par ces importantes prérogatives, s'étendait sur le pays de Vaud et sur le Valromey, qui venaient de faire retour à la mo

[blocks in formation]

narchie, et sur le Piémont, que Jacques d'Achaïe venait de perdre. Ce prince, ayant voulu établir des taxes sur les marchandises qui passaient de son fief en Savoie, Amédée VI, qui le lui avait défendu, descend en Piémont, lui enlève ses possessions et l'envoie prisonnier au château de Rivoli. Néanmoins, en 4363, il les lui restitue, ne s'en réservant que la haute suzeraineté. Après deux années de luttes victorieuses contre les seigneurs de Montferrat, de Saluces et de Milan, il revint en Savoie rendre les honneurs à l'empereur d'Allemagne qui devait y passer..

Suivi de cinquante-sept barons, chevaliers et écuyers de sa cour et d'un grand nombre d'autres personnes, il alla recevoir Charles IV à Morat, sur les frontières de ses États (4 mai 1365), l'accompagna à Lausanne, Genève, Rumilly et Chambéry, où ils arrivèrent huit jours après, un dimanche. Là, l'empereur fut gracieusement accueilli par Bonne de Bourbon, comtesse de Savoie, par la comtesse de Genevois et par onze autres dames de haut parage.

Il y eut des fêtes splendides. Le lendemain de son arrivée, dans la grande salle du château, Amédée VI fit hommage de ses États à l'empereur et en reçut l'investiture par la remise d'étendards de soie rouge. A cette occasion, on avait élevé dans le fond de la salle un trône richement décoré pour l'empereur et, en face, un siége couvert d'un drap d'or pour le comte. Quelques-uns des principaux barons étaient présents à la cérémonie; les autres stationnaient à cheval et tout armés sur la place qui s'étendait, comme aujourd'hui, au bas du Château. Après la séance, on jeta au peuple les drapeaux qui avaient servi de symbole à l'investiture.

L'empereur, étendant les priviléges accordés au ComteVert par les patentes de Prague, le nomma, ce même jour,

vicaire général de l'empire pour les diocèses de Sion, de Lausanne, de Genève, d'Aoste, d'Ivrée, de Turin, de Maurienne, de Belley, pour le comté de Savoie, et encore pour les diocèses de Lyon, de Mâcon et de Grenoble, en tant que dans ces diocèses existeraient des sujets du comte de Savoie. Par suite de cette dignité, Amédée et ses successeurs jouiront dans ces territoires des mêmes prérogatives que l'empereur, y auront la juridiction, les droits régaliens, l'autorité, et recevront l'hommage des vassaux de l'empire. Bien différente des simples vicariats accordés à ses prédécesseurs, cette dignité nouvelle fut une espèce de vice-royauté perpétuelle et héréditaire dans sa famille '.

Le Comte-Vert suivit l'empereur jusqu'à Avignon auprès du pape Clément et, le 47 juillet suivant, il le reçut de nouveau dans sa charmante résidence du Bourget, puis il lui fit escorte jusqu'à Berne, d'où Charles IV rentra en Allemagne. Dans cette ville, l'empereur ordonna à l'archevêque de Lyon et aux évêques de Mâcon et de Grenoble de prêter serment de fidélité à l'empire dans les mains du comte de Savoie, prince du Saint-Empire, et les prévint qu'en cas de refus, il lui laissait le pouvoir de les y contraindre 2.

Dans l'entrevue d'Avignon, le Comte-Vert avait été sollicité par le pape et l'empereur d'Allemagne à porter secours

'GUICHENON, Savoie, Preuves. p. 207. COSTA, Mém. hist.. t. I.

p. 125.

Ce fut pendant le séjour de l'empereur à Chambéry qu'eut lieu le banquet dont la chronique de Champier nous a transmis les détails. L'empereur, seul à table, sous un dais et sur une estrade élevée dans la grande salle du château de Chambéry, fut servi par le comte de Savoie et par ses principaux barons, tous à cheval, armés de toutes pièces. Ils parcouraient ainsi les salles et portaient les viandes dont la plupart étaient dorées.

* GUICHENON, Preuves, p. 208.

16

à l'empereur d'Orient, qui lui était uni par des liens de parenté et à qui le roi de Bulgarie et le sultan faisaient une guerre cruelle. Voyant que l'honneur de la chrétienté était intéressé, il y consentit. A peine de retour en Savoie, il fait, malgré la défection de ses alliés, les préparatifs de cette expédition lointaine, laisse le gouvernement de ses États à Bonne de Bourbon et donne rendez-vous à ses troupes à Venise, au mois de mai 1366. Il s'embarque, suivi de l'élite de la noblesse de ses provinces et des pays voisins, marche de triomphe en triomphe, rend la liberté à Jean Paléologue, l'amène à la foi catholique et revient, un an après, couvert de l'éclat de cette croisade qu'il avait accomplie seul.

Aussi, depuis lors, il n'eut plus d'égal en Europe. Toutes les grandes questions de l'Italie furent résolues par la sagesse de son jugement ou par la force de son épée. Il se déclare le défenseur des héritiers de Montferrat contre les Visconti; il entre, l'année suivante (1372), dans une grande ligue formée contre eux entre le pape, l'empereur et plusieurs souverains de l'Italie. Nommé capitaine général, il conduit triomphalement les troupes fédérées dans tout le nord de l'Italie, en Toscane, et, à l'expiration de l'année de service féodal, il revient par Livourne, Gênes

et Savone.

Il ne put longtemps jouir du repos que lui offrait son château solitaire des bords du lac. Appelé en Suisse pour calmer les agitations de la vallée du Rhône, il se rend, de là, dans le haut Piémont, où le réclament l'évêque de Verceil et les habitants de Bielle pour concilier leurs différends. L'heureux résultat de cette négociation lui amena l'acquisition du district de Bielle et de quelques villes voisines qui se donnèrent volontairement à lui. Peu après,

« ZurückWeiter »