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Rétablie alors dans son ancienne splendeur et renouant les souvenirs des siècles passés, elle recevra les restes mortels du dernier successeur direct d'Amédée III, comte de Maurienne, dans la personne de Charles-Félix, roi de Sardaigne, avec qui s'éteint la branche aînée de Savoie. Mais n'anticipons pas.

Amédée VII avait épousé Bonne de Berry, fille de Jean, duc de Berry. Elle survécut à son mari et, ne pouvant obtenir la tutelle de son fils, elle retourna en France, où elle se maria avec Bernard, comte d'Armagnac.

Elle avait eu, d'Amédée VII, trois enfants, dont l'aîné, Amédée VIII, n'avait que 8 ans; suivant les dispositions testamentaires de son mari, la tutelle fut confiée à sa belle-mère, Bonne de Bourbon.

CHAPITRE XXI

Succession de plusieurs abbés. A la longue prélature de Jean de Rochefort succède celle de Jacques de Moiria, dernier abbé régulier. Démêlés avec les châtelains de Châteauneuf et du Bourget. --Inhumation de divers membres de la famille d'Amédée VIII. Humbert, comte de Romont.

A l'abbé Étienne II, que nous avons vu figurer dans un acte de 4349, succéda, le 13 février 4353, Jean de Montclair'. Cette nouvelle prélature dura huit années, et, par bulle du 1er novembre 1361, Jacques était nommé au siége d'Hautecombe, qu'il occupa jusqu'à sa mort.

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Hugues, moine d'Hautecombe, le remplace par bulle

Les Manuscrits de Suarez, conservés à la Bibliothèque nationale de Paris, et qui renferment des extraits de la plupart des lettres d'institutions émanées de la chancellerie d'Avignon, nous apprennent qu'après la mort de l'abbé Étienne, Innocent VI conféra l'abbaye d'Hautecombe à Jean de Montclair par bulle des ides de février 1353, et qu'après le décès de cet abbé, il la conféra à Jacques. Il paraîtrait donc que, déjà à cette époque, la dignité d'abbé d'Hautecombe était octroyée par le Saint-Siége comme au temps de la commende, au lieu de l'être par l'abbé de Clairvaux, après l'élection par la communauté. D'après Jacquemoud et Cibrario, un Humbert de Seyssel aurait été abbé en 1349. Nous ne croyons pas devoir adopter cette opinion; car, ainsi que nous l'avons dit à l'occasion de la prélature d'Humbert II (p. 152), les annales de la famille de Seyssel n'en font point mention: en outre, rous savons qu'Étienne II était déjà sur le siége d'Hautecombe le 10 février 1349,

d'Urbain V, du 30 août 1367', et, dix-neuf ans plus tard, nous trouvons Jean de Rochefort exerçant, comme supérieur de l'abbaye, les droits de haut justicier et de souverain, en faisant grâce à un meurtrier du Val-de-Crenne 2.

Pendant sa prélature, une des plus longues qu'ait vues le monastère d'Hautecombe, bien qu'elle n'ait été signalée par aucun événement important, il eut souvent à s'occuper des fours et des moulins de Chambéry, et les derniers. actes relatifs à cette propriété de l'abbaye, dont nous avons parlé plus haut, se passèrent sous son administration *.

Les châtelains de Rochefort et de Châteauneuf n'avaient point tenu compte des injonctions faites par les sires de Vaud, de respecter les droits de l'abbaye sur les terres de

2

1 Mss Suarez, t. V, fonds latins, 8967. Gallia Christ., t. XVI. Cette faveur est accordée à la demande écrite du comte de Savoie. qui reste annexée aux lettres de grâce, datées de la maison de la Madeleine à Lyon, le 7 mai 1386.

Voir ces deux documents à la fin de cet ouvrage, no 27 et 28.

"Le 11 août 1414, noble Pierre Gaillard, vice-châtelain de Chambéry, au nom du comte de Savoie, et Pierre Piiliodi, moine d'Hautecombe, comme procureur de l'abbé noble Jehan de Rochefort, ascensèrent ce moulin à Perrin Héritier, sous la cense annuelle de 40 veissels de froment. (CHAPPERON, Chambéry au XIVe siècle, p. 288.)

On trouve dans cet ouvrage divers détails sur les changements de fermiers de cette propriété de l'abbaye et du comte de Savoie, que nous croyons inutile de reproduire ici.

Comme autres faits se rapportant à l'administration de cet abbé. nous ajouterons que, le 23 mars de cette même année 1414, les religieux de Saint-Innocent reconnaissent, pour garde annuelle, 3 douzaines de lavarets à fournir à la Saint-André.

Le 1er mars 1415, Hautecombe reconnaît à son tour pour la garde de sa grange Berthod (probablement le domaine de Berchoud), 6 veissels froment et 6 veissels avoine, à la grande mesure de Montfalcon; pour la grange d'Hautecombe-le-Vieux, au mandement de Cessens, 4 veisseils avoine; pour sa grange à Aix, 4 veissels avoine. (Extrait des Manuscrits de Chapperon.)

Lavours et de Lignin'. La seigneurie de Vaud ayant fait retour à la branche aînée par l'acquisition qu'en fit Amédée VI, ce nouveau souverain, par lettres patentes du 8 mai 1374, et Amédée VIII, par lettres du 24 avril 1412, durent réitérer les mêmes ordres que leurs prédécesseurs et sans obtenir un meilleur résultat. Peu de mois après avoir reçu le titre de duc, Amédée renouvela et confirma au monastère les concessions des seigneurs de Vaud, et, malgré cela, deux ans plus tard, les religieux lui adressent une nouvelle plainte contre les empiétements commis par ses officiers de Châteauneuf au préjudice de l'abbaye. Le duc de Savoie veut en finir avec ces contestations interminables, et, pour mieux les connaître et rendre meilleure justice, il se rend à Hautecombe, auprès de l'abbé Jean de Rochefort. De là, il ordonne à son châtelain de Châteauneuf en Valromey, de comparaître devant lui, à Rumilly, dans trois jours, avec tous ses titres, pour faire valoir ses droits et ses prétentions contre les religieux d'Hautecombe.

Après avoir entendu les deux parties, Amédée renvoie la sentence au lendemain. Le 27 octobre, le duc de Savoie, << attendu la production faite par l'abbé d'Hautecombe, ordonne à son châtelain de Châteauneuf de ne point molester ledit abbé, sous peine de 50 livres fortes d'amende pour chaque molestie 2. »

Une charte de 1422, relative à une cession de droits féodaux, nous intéresse spécialement par l'indication du nom d'un grand nombre, si ce n'est l'universalité des religieux formant la communauté à cette époque. Par cet acte, l'abbé d'Hautecombe revend à Humbert, bâtard de Savoie, une rente de 2 livres 64 sols de rente annuelle, représentant

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un capital de 50 florins 64 écus d'or, que François d'Esturni, damoiseau, lui avait cédée sur son propre aveu. six ans auparavant. L'acte est passé dans la salle capitulaire du monastère, où se sont canoniquement assemblés, au son de la cloche, l'abbé Jean de Rochefort et dix-sept autres moines, dont les noms sont cités 1; et, d'autre part, Humbert de Savoie, Claude de Saxel, maître d'hôtel d'Amédée VIII; le seigneur Ravoire; le vénérable seigneur Jean Marchand, docteur en droit, et plusieurs autres personnages de distinction 2.

Cette même année, Jean de Rochefort reçut l'ordre du chapitre général de Citeaux d'envoyer un élève à Paris, au collége de Saint-Bernard, en conformité de la bulle de Benoît XII.

Comment ce prélat quitta-t-il le siége d'Hautecombe? Nous ne le savons. Deux ans après, Jacques de Moiria ou Moyria était remplacé, comme abbé de Saint-Sulpice en Bugey, par Pierre Bertin, et un acte de 4425 nous apprend qu'il présidait, à cette date, aux destinées de notre monastère.

Son père était le chevalier André de Moiria, seigneur de cette localité et de Mailla, chef d'une ancienne famille du Bugey. Connu du pape Urbain V, qui l'avait envoyé en Lombardie pour y négocier différentes affaires, et de Grégoire XI, par lequel il avait été institué gouverneur d'Avignon et du comtat Venaissin, il était un des personnages importants de sa province. Marié trois fois, il avait eu d'Aymonette des Échelles, sa dernière femme, trois

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Il y avait à Hautecombe, en 1395, trente-huit religieux, outre l'abbé. (Biblioth. Costa.)

2 Voir Pièces justificatives, no 31.

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