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que leur a intenté le comte d'Entremont à raison des bois qu'ils ont coupés dans la montagne de Lépine, « voulant que ledit économe les relève entièrement de toutes molesties et dépenses pour le regard d'iceluy 1. »

1 Voir Documents, no 52.

CHAPITRE X

Dom Antoine de Savoie, abbé d'Hautecombe.

Il revendique les

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droits de correction et de juridiction de son monastère. — Longues négociations pour son entrée au Sénat. Édit de Louis XIV sur les maladreries. Dom Antoine meurt chef de cinq abbayes et doyen de la Sainte-Chapelle de Chambéry. Il termine la série des sépultures princières à Hautecombe avant la restauration de l'abbaye.

Après onze années de vacance, le bénéfice d'Hautecombe allait recevoir un nouveau titulaire en la personne de dom Antoine de Savoie.

Son père, Charles-Emmanuel Ier, avait épousé Catherine d'Autriche, fille de Philippe II, qui mourut le 6 novembre 1597, en mettant au monde son dixième enfant. Suivant quelques auteurs, le duc se serait remarié secrètement avec Marguerite de Rossillon, marquise de Rive, fille de Gabriel de Rossillon, seigneur du Châtelard en Savoie. Mais il paraît plus probable que ce mariage n'eut point lieu et que dom Antoine et les autres enfants qui naquirent de cette union illicite furent simplement des enfants naturels reconnus. Aussi, la date précise de sa naissance est ignorée 1.

En 4642, le cardinal Maurice de Savoie, ayant renoncé à la pourpre pour épouser sa cousine, Louise de Savoie, aban

1

D'après les bulles pontificales du 4 mars 1643, relatées ci-après, il était à cette époque dans sa 17° année. Il serait donc né en 1626.

donna en même temps la commende de Saint-Michel de la Cluse en faveur d'Antoine de Savoie. Par bulle du 24 juillet 1642, cette transmission de bénéfice fut confirmée malgré la jeunesse du nouveau titulaire, qui fut dispensé, par autre bulle de l'année suivante (4 mars 1643), des conditions d'âge et autres, requises par le concile de Trente.

Trois ans après, il était pourvu de l'abbaye d'Aulps, et, en 1654, Charles-Emmanuel II, sorti depuis peu de la tutelle de sa mère Christine, voulut lui remettre celle d'Hautecombe.

Dans le placet ou lettre de nomination qu'il adressa au pape, il allègue que, voulant faire cesser la vacance de l'abbaye d'Hautecombe, il a estimé nécessaire, « en vertu de son droit de patronage, de nomination et de présentation,» de proposer à Sa Sainteté « une personne en laquelle concourent la piété, doctrine, vie exemplaire et toutes les vertus que l'on peut désirer en un prélat pour le service et la gloire de Dieu, l'honneur et l'avantage de l'Église et l'édification des peuples; » et ayant reconnu ces qualités dans « son oncle, » dom Antoine de Savoie, il le nomme et présente à Sa Sainteté pour l'abbaye d'Hautecombe, «< la suppliant de lui faire expédier les bulles et particulières provisions nécessaires'. »

1 Recueil des Édits, Reg. de 1652 à 1657, fol. 182.

Ces lettres sont du 6 septembre 1651; elles portent que l'abbaye d'Hautecombe est de l'ordre de Saint-Bernard, dans le diocèse de Grenoble. Nouvelle preuve que même les documents officiels ne sont pas à l'abri de toute erreur.

Avant qu'il en fut pourvu par bulles pontificales. la duchesse Christine nomma économe à Hautecombe, en remplacement de Claude Biset, François Gojon, maître d'hôtel de dom Antoine, par lettre à cachet du 12 avril 1652. Le prieur d'Hautecombe se nommait alors du Noyer. (Ibid.) - Vingt ans plus tard, le 16 avril 1672, était prieur Nicolas Grarin.

Les négociations et les formalités à remplir, tant à la Cour de Rome que devant le Sénat, se prolongèrent beaucoup. Ce ne fut que près de quatre ans plus tard que l'ancien monastère vit de nouveau un abbé reprendre en mains ses destinées et s'asseoir sur le trône abbatial.

Le 27 avril 4655, dès le matin, les cloches du vieux beffroi s'ébranlent. La communauté, réunie, se concerte sur la réception du nouveau dignitaire; tout se met en mouvement pour la solennité du jour.

Sur la place de l'église, sont arrivés Son Excellence dom Antoine de Savoie; messire Jean d'Aranthon d'Alex, chanoine de Saint-Pierre de Genève, commandeur de SaintAntoine, délégué spécial pour l'installation du nouvel abbé; messire Claude Pré-Dunoier, prieur de Montailleur ; maître Guillaume Gojon; les notaires Biset et Vallet, et toute la communauté. Dom Antoine requiert du prieur la lecture des bulles de provision et reçoit des religieux les honneurs d'usage. Le prieur lui présente ensuite, sur un bassin, les clefs de l'abbaye, en signe de remise de ses biens et revenus. Le nouvel abbé les reçoit étant assis. Après cette prise de possession, il est introduit par les religieux dans la grande église. Le seigneur commissaire d'Alex le conduit vers le maître-autel, que le nouvel abbé embrasse; il lui fait parcourir les différentes parties de la basilique et l'installe sur le siége abbatial, où il entendit la messe et les offices capitulaires 1.

1

Archives du Sénat.

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- Voir Documents, no 53.

Voici les différentes dates des actes relatifs à la nomination de dom Antoine à l'abbaye d'Hautecombe :

1° 6 septembre 1651, nomination par le duc de Savoie ;

2o 24 septembre 1652, bulles de provision;

3o 19 avril 1655, enregistrement de ces bulles par le Sénat : 4° 27 avril 1655, prise de possession.

Avant d'avoir obtenu la vérification de ses bulles de provision par le Sénat, dom Antoine de Savoie crut devoir revendiquer la plénitude de ses droits comme abbé commendataire, à l'encontre du chef de l'ordre cistercien.

Claude Vaussin, abbé de Citeaux, avait nommé visiteur général de tous les couvents de son Ordre, tant en Savoie qu'en Piémont, dom Gabriel Durand, abbé du monastère cistercien de Mont-Sainte-Marie. Les lettres de commission (du 27 avril 1653) ayant été présentées au Sénat pour qu'il en permit l'exécution, dom Antoine de Savoie en fut informé et s'opposa à leur réception.

Ensuite de cette opposition, le Sénat ordonna la communication de ces lettres à l'abbé nommé d'Hautecombe. Celui-ci protesta de «ses droit et juridiction, comme n'étant point dépendant du général de l'Ordre » et comme ayant la pleine et entière administration du temporel, la juridiction sur le prieur claustral et sur les religieux, avec pouvoir de les corriger; et cependant, comme il veut bien que le prieur claustral et les religieux soient corrigés s'il y a quelques abus dans le cloître, il déclare qu'il n'empêche que le révérend Durand exécute sa commission pour ce chef, sans préjudice des droit et juridiction dont il proteste même très expressément de ne se départir; et en tant qu'il voudrait exécuter sa commission à son préjudice, il empêche ladite permission requise et proteste, en tant que de besoin, d'appeler comme d'abus de l'octroy et concession de laditte commission. >>

L'abbé du Mont-Sainte-Marie adressa une seconde requête au Sénat, dans laquelle il déclara ne vouloir point exécuter sa commission au préjudice des droits de l'abbé commendataire, ni lui être hostile. Sur ce, le procureur général en permit l'exécution, «< sans préjudice des droits

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