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revenus de Savoie et qu'il ne lui resta que ceux de Lavours et de Mâcon, s'élevant annuellement à 1,600 florins 1.

Les titres existant aux archives du Sénat furent transportés dans celles de la Chambre des Comptes. L'inventaire qui en fut dressé nous fait connaître les innombrables procès soutenus par l'abbaye depuis sa longue vacance de 1640 à 1655; il nous apprend encore que les titres existant à Hautecombe, en 1644, avaient été inventoriés à cette époque par François Roche, secrétaire du Sénat, et Antoine Bourgeois, clerc-juré en la Chambre des Comptes. Malheureusement, cet inventaire n'est qu'indiqué et nous n'avons pu le retrouver.

Archives de Cour.

La remise de ces titres eut lieu le 25 mars 1717. (Archives du Sénat.)

CHAPITRE XII

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Nombreuses discussions entre l'abbé commendataire et les religieux. Bref d'Alexandre VII. Extrême abaissement de la communauté. L'abbé de Tamié, vicaire-général de l'ordre de Cîteaux en Savoie.

Les monastères créés pour faciliter, par la vie en commun, la pratique des vertus chrétiennes, avaient reçu de la commende une atteinte tellement profonde, qu'ils ne purent jamais se relever. Nous avons déjà signalé quelques-unes des funestes conséquences de cette institution; elles se multiplièrent avec le cours des siècles et le mal empirait. L'une des plus déplorables, qui mettait en lutte, par sa nature même, l'abbé commendataire et la communauté régulière, consistait dans le règlement des pensions et la détermination du nombre des religieux.

Nous avons vu qu'en 1585, l'abbé de Clairvaux avait constaté, dans sa carte de visite, que le nombre de moines vivant à Hautecombe était de vingt-quatre, et celui des moines de Saint-Innocent, de quatre. Un accord privé, passé entre l'abbé commendataire et la communauté, le 5 mai 4608, modifia cet état de choses et, en même temps, régla l'entretien des religieux, les prestations à fournir et les charges respectives de l'abbé et de la communauté. Le nombre de vingt-quatre fut rarement et peut-être jamais atteint depuis cette époque; et, en 1698, par suite de

de conventions intervenues entre Marelli et les religieux, il fut réduit à dix-sept1. En 1706, il n'y avait plus à Hautecombe que dix religieux, et ce nombre continua à se réduire, comme nous le verrons.

La décadence de la communauté marchait donc d'un pas rapide, et l'abbé commendataire n'avait grand souci de la voir refleurir. Il habitait Chambéry ou le Piémont et s'inquiétait peu de la vie intérieure du monastère. Au point de vue de ses intérêts matériels, il devait même désirer son dépérissement; moins il y aurait de moines, moins nombreuses seraient les prébendes à fournir. Il est vrai qu'aux termes des règlements, les prébendes, une fois fixées, devaient être acquittées, indépendamment du nombre réel des religieux; mais, en pratique, elles ne se payaient que proportionnellement au nombre de religieux existant effectivement dans le monastère.

Les mêmes motifs devaient engager l'abbé commendataire à ne point réparer ni réédifier les bâtiments en ruines, afin d'en éloigner les religieux actuels et de décourager les recrues. Ainsi, à ce double point de vue, il y avait opposition entre lui et la communauté; il était directement intéressé à la décadence de la vie monastique de son abbaye. Telles sont les conséquences aussi étranges que

1 L'accord de 1608 fut enregistré au Sénat, sur la demande de la communauté, en 1646. Celui de 1698 fut passé, à Chambéry, devant M° Verdet, notaire, et se trouve au greffe du tribunal, section du tabellion, vol. I de 1698, f° 245.

? Voici leurs noms : Gratien, prieur; Béard, Lalive, Bouvier, Pegaz, Deperès, Masson, Riondet, Mathieu, frère Bourgeois.

Le procureur Deperès réclamait pour eux treize pensions, en comprenant les pensions doubles du prieur et d'un autre religieux, plus celles des étrangers. Quelques-unes étaient contestées par l'abbé. (Archives du Sénat, armoire n° 6.)

déplorables de la commende : l'abbé ou père de la communauté laissant diminuer le nombre de ses enfants pour ne point les nourrir.

Aussi, des tiraillements à cette occasion surgirent plus d'une fois.

Un conflit d'une autre nature troubla longtemps l'abbaye d'Hautecombe et ne fut apaisé pour ainsi dire qu'avec la suppression de l'abbé commendataire. Il s'éleva à propos de la réception des novices et de la nomination aux fonctions de la communauté. Nous avons exposé plus haut la différence des règles adoptées en France et en Savoie relativement aux pouvoirs de direction et de juridiction de l'abbé commendataire. Le prieur claustral d'Hautecombe, à l'époque dont nous parlons, était nommé par son supérieur régulier direct, l'abbé de Clairvaux 2; les novices, après avoir rempli les conditions requises, étaient reçus dans la communauté par le prieur; et ce dernier avait seul le droit de nommer aux divers emplois de la communauté, tant à Hautecombe qu'à Saint-Innocent.

Néanmoins, pendant la vacance de l'abbaye, la duchesse Christine avait écrit au prieur, le 13 janvier 4654, pour qu'il reçût un religieux. Son fils Charles-Emmanuel avait nommé le prieur de Saint-Innocent « en vertu de son droit de patronage et de nomination à toutes les charges et fonctions de l'abbaye pendant la vacance, » et cette nomination avait été confirmée plus tard par dom Antoine de Savoie.

1 III' partie, chap. 1.

On se rappelle que les cinq premières abbayes de l'Ordre, c'est-àdire celles de Citeaux, Pontigny, Clairvaux, la Ferté et Morimond, ne tombèrent point canoniquement en commende et n'eurent quelques abbés commendataires que par subterfuge.

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