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BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ

IMPÉRIALE

DE CHIRURGIE

DE PARIS

PENDANT L'ANNÉE 1865.

2o SÉRIE

TOME SIXIÈME.

PARIS

VICTOR MASSON ET FILS

PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE

1866

DE LA

SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE

DE PARIS

SÉANTE RUE DE L'ABBAYE.

SÉANCE DU 4 JANVIER 1865.

Présidence de M. RICHET.

CORRESPONDANCE.

La Société a reçu: Les journaux de la semaine. La Gazette

médicale de Strasbourg.

médicale et chirurgicale.

Le Bulletin général de thérapeutique

Les Archives générales de médecine.

MM. Béraud et Richard adressent leur démission.

-M. Larrey présente au nom de M. Beurdy, médecin-major de 2e classe à l'hôpital militaire de Batna (Algérie), une observation intitulée Calcul de l'urèthre, extraction par le périnée, guérison; avec trois figures de grandeur naturelle. (Commissaires: MM. Chassaignac, Boinet et Dolbeau.)

M. Follin présente au nom de M. le docteur Pize (de Montélimart), candidat au titre de membre correspondant, une observation intitulée Fistule vésico-vaginale considérable datant de neuf ans, opérée en 1856 par l'ancienne méthode, récidivée et opérée avec succès par la méthode de M. Marion-Sims modifiée.

COMMUNICATION.

Du traitement des hernies étranglées.

L'opium et les purgatifs

après l'opération.

M. VERNEUIL communique les observations de deux cas intéressants de hernies étranglées. Dans l'une, il s'agit d'une dame d'une

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belle constitution et d'une bonne santé, âgée environ de 40 ans, qui, portant depuis quelques années une hernie crurale droite assez irrégulièrement contenue par un bandage, vit tout à coup se produire les symptômes d'étranglement douleur subite dans l'aine, anxiété, face grippée, refroidissement et vomissements incoercibles. Des tentatives assez prolongées de taxis furent faites, sans succès, par le médecin habituel. M. Verneuil, arrivé le lendemain à midi auprès de la malade (15 heures après le début de l'étranglement), se décida immédiatement pour l'opération à cause de la gravité des accidents.

La première partie de l'opération n'offrit rien de particulier, mais quand il fallut débrider, l'anneau était si serré que M. Verneuil ne put introduire aucun corps conducteur; le débridement dut être fait directement avec le bistouri dans une étendue de deux ou trois millimètres, puis complété en haut et en dedans. L'intestin amené au dehors, du liquide intestinal commença à sourdre par une très-petite plaie située au niveau de l'étranglement. Cette anse d'intestin était fortement congestionnée. M. Verneuil fit alors deux points de suture par le procédé Lembert, c'est-à-dire en faisant passer les fils entre la couche musculeuse et la couche muqueuse. L'intestin fut alors réduit avec le soin de maintenir la partie suturée au niveau de l'anneau, près la face profonde de la paroi abdominale. Une amélioration notable se manifesta aussitôt. A cause des conditions particulières de l'intestin, M. Verneuil, au lieu d'administrer un purgatif après l'opération, prescrivit sept centigrammes d'opium. L'éréthisme tomba et tout alla bien.

Une des ligatures se détacha le neuvième jour et l'autre le vingtneuvième. La plaie était alors presque cicatrisée, et quelques jours plus tard la guérison était complète.

En terminant, M. Verneuil dit qu'il croit devoir attribuer une partie du succès obtenu d'une part au mode de suture, d'autre part à l'opium administré après l'opération.

L'autre cas communiqué par M. Verneuil est relatif à un homme de 78 ans qui avait trois hernies, deux inguinales et une ombilicale, qu'il maintenait d'une façon assez irrégulière. Le 24 décembre 1864, à la suite d'efforts pour aller à la garde-robe, une des hernies inguinales sortit plus volumineuse que d'habitude et on ne put pas la réduire. M. Verneuil fut alors appelé à trois heures du matin. Une première tentative de taxis était restée sans succès, il en fit une deuxième pendant dix-huit minutes, après avoir soumis le malade aux inhalations de chloroforme. La hernie ne bougea pas. Le malade fut alors plongé dans un bain, et à neuf heures du matin une troisième tentative de quarante minutes de taxis resta également sans résultat.

La tumeur de l'aine avait le volume des deux poings. Le malade prétendait que les deux tiers supérieurs de cette tumeur étaient formés par une hydrocèle ancienne. J'avais peine à croire à un étranglement véritable à cause du volume de la hernie et la grandeur de l'anneau. Cependant les coliques étaient violentes; en remontant vers le collet du sac on sentait un pédicule du volume du pouce. Les accidents augmentant toujours, je me décidai à opérer. Je fis une incision sur le collet du sac et alors je vis que le point rétréci était au niveau même de l'anneau inguinal externe. J'incisai au-dessous, puis je débridai. Une anse de l'intestin grêle se présenta alors au-devant de l'épiploon; il était, ainsi que le mésentère, d'un rouge foncé tirant sur le noir. Du reste, point d'étranglement par le collet du sac. Je vis alors que la tumeur tout entière était réellement une hernie composée d'une anse d'intestin grêle, d'une portion de l'S iliaque du colon et d'une vingtaine d'appendices graisseux de l'épiploon; la coloration de l'intestin grêle était toute différente de celle du gros intestin. De plus, le sac contenait un grand verre de sérosité. Il n'y avait pas d'hydrocèle. La première partie de la réduction fut facile, mais quand je voulus faire rentrer le gros intestin et les masses épiploïques, cela me fut impossible, quoique j'eusse détruit les adhérences que j'avais rencontrées. La tension de l'abdomen était telle qu'il fallut renoncer à terminer la réduction. Alors je me décidai à reporter le gros intestin dans le vaste sac formé par le scrotum. Je maintins le tout au moyen de sutures faites sur presque toute la plaie.

Après la troisième tentative de taxis, le malade ne se réveilla qu'incomplètement. Il répondit cependant aux questions, mais pour retomber immédiatement dans une espèce de demi-sommeil. La mort survint trente et quelques heures après l'opération, sans que rien de nouveau se soit produit du côté du ventre.

En résumé, dit M. Verneuil, les points essentiels de cette observation sont:

4° La réalité d'un étranglement par l'anneau fibreux inguinal externe;

2o L'irréductibilité de la hernie;

3o La coloration différente de l'intestin grêle et du gros intestin. M. LEFORT. Les bons effets obtenus par M. Verneuil de l'emploi de l'opium après l'opération des hernies étranglées ne m'étonnent pas. J'y ai eu recours dans quatre cas et toujours les malades s'en sont bien trouvés. Cette pratique, qui consiste à remplacer les purgatifs par l'opium dans le traitement consécutif des hernies étranglées, commence à se généraliser, surtout à l'étranger, et je ne doute pas qu'avant peu il ne soit plus communément accepté en France.

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