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demande faite par votre ville d'une École secondaire. Je vous préviens qu'en lui recommandant de nouveau cette affaire, je lui ai remis la copie que vous m'avez adressée de la lettre du Préfet et de vos observations.

J'ai l'honneur de vous saluer.

CH.-MAU. TALLEYRAND.

Citoyent Raffatin, maire à Autun.

L'évêque démissionnaire avait eu précédemment une autre occasion de renouer quelques relations avec son ancien diocèse; mais il est douteux qu'il l'ait saisie. A l'époque de la signature du Concordat, il avait profité de la présence du cardinal Caprara, légat du pape, pour solliciter un bref de sécularisation. Ce bref lui fut gracieusement accordé et à une seule condition que la fortune de l'impétrant lui permettait de remplir sans difficulté. « Nous vous dégageons, » disait le souverain Pontife, « de toutes les excommunications... Nous vous imposons, par suite de votre réconciliation avec nous et avec l'Église, des distributions d'aumônes pour le soulagement des pauvres de l'Église d'Autun que vous avez gouvernée... » Si Talleyrand se conforma à cette dernière prescription, ce fut sans doute, avec une extraor dinaire discrétion, car jamais on n'entendit parler à Autun de ses pieuses libéralités.

Cet acteur consommé jouait alors un grand rôle dans une autre pièce; mais le souvenir de son épiscopat a pesé sur toute sa vie et les honneurs dont il a été gorgé n'ont jamais fait oublier le prêtre renégat. Vainement la peinture officielle le retrace-t-elle sous le costume chamarré de grand chambellan ou de vice-grand électeur à travers les broderies étincelantes, sous le manteau semé d'abeilles et sous les fastueux panaches, on croit toujours apercevoir la robe violette et le rochet de l'évêque. L'image que son nom réveille surtout dans l'esprit est celle de l'officiant de la messe de la Fédération et en même temps qu'on se repré

sente le prélat montant solennellement à l'autel de la Patrie, il semble qu'on l'entende murmurer à l'oreille de Lafayette, debout sur les marches: « Ah ça! je vous en prie, ne me faites pas rire. » D'autres hommes d'Etat ont porté peut-être aussi loin que Talleyrand la souplesse de l'esprit et le génie de l'intrigue; aucun n'a été à coup sûr un plus habile comédien.

PAUL MONTARLOT.

LES JARDINS

DU CHATEAU DE ROUVRES

AU QUATORZIÈME SIÈCLE

Dans son intéressant travail sur Marguerite de Flandre, duchesse de Bourgogne, sa Vie intime et l'Etat de sa maison, publié dans les Mémoires de l'Académie de Dijon ', M. Marcel Canat de Chizy déclare que « les escroes ne donnent pas une grande idée de la culture des jardins. » Aussi se contente-t-il de fournir l'énumération des légumes cultivés et des fruits qui paraissaient sur la table ducale.

En dépouillant le compte que rendit « Dimenge de Valeroy, chatellain de Rouvre, des receptes et missions d'argent, blefs, vins et aultres choses qu'il a faites ou gouvernement de la chastellenie de Rouvre, des la feste de saint Martin diver CCCLXXVIII jusques a ladicte feste saint Martin diver CCCLXXIX, »>> nous avons heureusement trouvé un long article très détaillé et très documenté de la « Despence d'argent pour les jardins » qui permet d'étudier l'état du jardinage en Bourgogne, à la fin du quatorzième siècle,

1. Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Deuxième série, tome VII. Dijon, 1859.

La monographie des jardins de Rouvres que nous entreprenons fixera, nous l'espérons, les idées sur leur emplacement, leur contenance, leur distribution, leur caractère mixte de jardin d'agrément et de jardin de rapport, les améliorations introduites du commandement de Madame, les modes de culture, l'emploi des engrais, la nature des travaux exécutés aux diverses saisons, la nomenclature des plantes cultivées, les salaires des jardiniers, des auxiliaires hommes et femmes, les prix de certains légumes et de certaines graines et l'utilisation d'herbes et de plantes aromatiques.

Marguerite de Flandre, veuve du jeune duc Philippe de Rouvres, avait déjà habité le château de Rouvres, dont elle affectionnait le séjour, quand elle y revint au mois d'août 1370, après son mariage à Gand avec Philippe, fils du roi Jean.

Elle retrouvait dans cette résidence les jardins qu'elle avait déjà parcourus. Ces jardins existaient sous Eudes IV et déjà ils avaient le caractère mixte de jardin d'agrément, de jardin potager et de verger. On trouve, en effet, dans le compte de Philippe Penetes pour l'année 1341-1342, des dépenses faites « aux preaulx, ou vergey, es courtilz. » 1 Dimenge de Valeroy, au mois de janvier 1379, fait « surespiner les soys du vies jardin qui est endroit du mes qui fu Jehan Vienois. >>

Le jardin tenait au château avec lequel il communiquait par un pont construit au-dessus des fossés de la bassecour. On distinguait le « jardin Monseigneur » du « jardin Madame. » Un ruisseau les séparait où poussaient « les sanchos qui sont aultour de la rivière qui court entre les deux jardins. » La porte de la chambre de la duchesse ouvrait sur un préau clos qui lui-même avait une porte

1. Tous les documents dont l'origine n'est pas indiquée par une note spéciale proviennent des archives de la Côte-d'Or. Comptes de la châtellenie de Rouvres. B. 5712, 5754, 5762, 5756, 5758, 5759,

donnant sur le jardin. Mais cette porte et les fossés ne suffisaient pas toujours pour empêcher les gens de la cour de s'introduire dans le jardin où ils ne laissèrent aucun fruit,« pource que il fust gastés tout ce qu'il y avait tant par les gens de lostel de Monseigneur et de Madame comme d'autres. » Pour s'opposer à ces déprédations, on avait dû établir de chaque côté de la porte des palissades, mais ces palissades ne résistaient pas longtemps et il fallait bientôt rétablir « ung peneau de sep environ la porterne darrier les jardins, car les gens de la court avaient despicié l'autre sep. » La clôture était faite de « paulx, espines et verges »> que le châtelain faisait prendre dans les bois de la châtellenie. C'est encore aujourd'hui un mode de clôture employé pour séparer dans les villages les jardins voisins, comme au quatorzième siècle « ces sois » séparaient les jardins du château « du mes Guillot Mautaillaut » et « des les dos dane devant la maison Mautaillié » s'en allaient « autour des jardins vies jusques au ruissel qui court parmi les jardins. » La contenance de ces jardins ainsi clos est nettement indiquée dans le compte par la mention ci-après : « Desquelles terres a sur tout tant ou jardin Monseigneur comme en celli Madame ou on a semé pluseurs manières derbes pour la despence de lostel, sens les aultres terres qui seront cy apres desclairées, XXIII quartiers de terre. » Deux autres indications permettent de connaître les contenances de chaque jardin, « dou jardin de Monseigneur ou quil yl y a XVI quartiers de terre » et « dou jardin Madame ou il a VII quartiers. »

En dehors des jardins, on cultivait des pois dans des terrains qui se trouvaient près des dernières maisons du village; c'est ainsi que nous voyons le châtelain se faire payer quatre gros « pour une journée de sa charrue quil a faite a chevaulx pour arer II quartiers de terre qui sont emprès la maison de Dalun par dehors ou jardin Madame pour semencier des pois. »>

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