Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

L'ÉGLISE COLLÉGIALE

DE

SAINT-NICOLAS DE LA PRÉE-SOUS-ARCY

PRÈS BOURBON-LANCY

Il est intéressant de rechercher la trace des établissements de prière et de charité dont la piété publique ou privée avait autrefois jalonné notre sol: trace à peine sensible aujourd'hui, après tant de causes de destruction et d'oubli. Ce que nous avons déjà fait pour quelques-uns de ces anciens instruments de la civilisation chrétienne 1, nous voudrions tenter de l'accomplir encore à l'égard de l'un des moins connus et des plus complètement disparus, en réunissant ici tous les titres qui se rapportent à son obscure existence. Nous pourrons ainsi grouper quelques documents relatifs à une région laissée jusqu'ici un peu trop en dehors des recherches historiques.

On voyait autrefois, à deux kilomètres environ de Bourbon-Lancy, et sur le chemin tendant de cette ville à Autun, une assez grande église, en pleine campagne et à l'entrée des bois, qui, par ses proportions autant que par son isolement, avait attiré l'attention d'un voyageur qui suivait cette

1. Annales historiques du prieuré de Mesvres, le Prieuré de Saint-Georges-desBois, le Prieuré de Saint-Racho-lès-Autun, le Prieuré de Champ-Chanoux, dans Mémoires de la Société Éduenne, nouv. série, t. IV, VI, X, XI,

route en 16461. Cette église était la collégiale de SaintNicolas de la Prée-sous-Arcy. Si ses vestiges eux-mêmes sont complétement effacés du sol, leur disparition tient moins à l'âge de l'édifice qu'à sa situation écartée des centres habités et à l'extinction de la famille qui lui avait confié ses cendres. Comme plusieurs autres monuments du même ordre, celui-ci devait en effet son origine au sentiment qui inspirait alors aux familles nouvellement arrivées aux honneurs et à la fortune, le dessein de consacrer cet avènement par la fondation d'une église destinée à recevoir leurs restes et à entourer leur tombe d'une prière perpétuelle. Ce désir de durée et de survie, que l'antiquité avait exprimé par l'établissement de théâtres, de cirques, de thermes, de jeux publics, dont tant d'inscriptions nous ont conservé la mémoire, s'était maintenu, au moyen âge par la fondation de nombreux asiles de prière et d'aumône. Ainsi avaient fait Gérard de Roussillon à Vézelay, les ducs de Bourgogne à Dijon, les seigneurs de Sully au Val-Saint-Benoît, ceux de la Roche-de-Nolay et de Thil-en-Auxois au pied de leur château, le chancelier Rolin à Autun, et bien d'autres. C'est le même sentiment qui avait inspiré à Guy d'Arcy, chanoine d'Autun et docteur en droit, la pensée de fonder un collège de chanoines pour assurer les siens et lui-même contre l'indifférence de ses héritiers et l'oubli de la postérité.

Il ne paraît pas que la famille de Guy d'Arcy ait occupé un très haut rang dans le monde avant d'avoir donné un saint évêque à l'Église d'Autun dans la personne de Hugues d'Arcy, frère du fondateur de la collégiale, qui occupa le siège épiscopal de 1286 à 12982. Au domaine d'Arcy, d'où

1. V. Relation d'un Voyage à Autun en 1646, par du Buisson-Aubenay, dans Mémoires de la Société Eduenne, t. XIV, p. 273.

2. Hugues d'Arcy mourut saintement en 1298 et fut inhumé dans la cathédrale, au bas des degrés du sanctuaire. Son tombeau était recouvert d'une lame de cuivre, qu'on évitait de fouler « par respect pour son caractère et pour sa mémoire. » Gagnard, Hist. de l'Église d'Autun, p. 137. Jean d'Arcy, successivement évéque

elle tirait son nom, n'était même attaché aucun droit de justice avant la concession de ce pouvoir qui fut accordé à ses possesseurs, en 1283, par Jean de Châteauvilain, seigneur de Luzy. Si elle n'atteint que tardivement les honneurs de l'Église et du monde, elle avait acquis, avec la fortune, le moyen de parvenir et de s'élever. Sans être encore arrivée au but, elle était au moins sur le chemin qui y conduit. Au château était attenante une chapelle pour l'usage de ses habitants et un hôpital destiné à recevoir les pauvres et les voyageurs établissements propres à concilier à ses auteurs la faveur publique. Aussi Jean de Châteauvilain n'hésita-t-il pas à admettre le domaine d'Arcy dans la hiérarchie féodale, en accordant à ses possesseurs les droits de justice qu'il possédait sur leur terre concession de la basse justice, seulement, et qui laissait au seigneur haut justicier la connaissance des délits commis sur les grands chemins, des vols et des actes entraînant une amende supérieure à soixante sous.

Le territoire sur lequel le droit de justice devra s'exercer est assez exactement décrit pour nous faire connaitre, au moyen d'indications, qui n'ont pas toutes disparu de la toponomastique locale, quelle était alors l'étendue et la superficie du domaine, devenu la seigneurie d'Arcy. Au nordest, la limite suivait le ruisseau de Marnant1 qui se jette dans la rivière de Somme qu'elle côtoyait jusqu'au PontGervais; elle suivait ensuite le grand chemin qui traverse le bois de Souvry jusqu'au carrefour des Plantes; de là, au carrefour de Pierre-Folle 2, à l'étang d'Amanzy3 et à la Croix du Pèlerin. Par le même acte, Jean de Châteauvilain autorise Hugues d'Arcy, le futur évêque d'Autun, Guy d'Arcy,

de Mende, d'Autun de 1332 à 1343, et de Langres, ne paraît pas avoir appartenu à la même famille.

1. Forêt-Marnant, com. de Maltat, Saône-et-Loire.

2. Pierre-Folle, com. de Bourbon-Lancy.

3. Amanzy, id.

son frère, et Jean, leur neveu, à établir un cimetière près de la chapelle et de l'hôpital de Saint-Nicolas, « ad capellam et hospitale beati Nicholai », fondés à la Prée, «< in loco qui dicitur Praeria ». Cette pièce se rattache trop à notre sujet pour ne pas trouver place ici :

Universis presentes litteras inspecturis, nos Johannes dominus Castri Villani et Luzyaci notum facimus quod nos damus et concedimus in perpetuum donatione irrevocabili inter vivos, dilectis nostris magistro Hugoni de Arcyaco, canonico Eduensi, et domino Guidoni, legum doctori, fratribus, et Johanni de Arcyaco, ipsorum fratrum nepoti, ac eorum heredibus et successoribus, pro beneficiis et serviciis nobis a dictis fratribus et Johanne predicto impensis, justiciam et jurisdictionem in terra sua et hominum suorum, quam tenent a nobis in feodum, situata infra metas inferius annotatas, furis executione et justicia magnorum cheminorum nobis retentis. Videlicet, a planchia prati Radulphi que est in chemino Luzyaci subtus campum Sancti Fremini prout se extendit rivulus dictus de Marnant, veniens ab illa planchia usque ad rippariam de Some; item, ab illo loco in quo intrat dictus rivilus in Somam, sequendo rippariam usque ad pontem de Gervais; item, a ponte de Gervais prout itur per magnum cheminum ante domum quondam Guillermi Pharou, que est in bosco de Soveris usque ad quadrivium Plantarum; item, a quadrivio Plantarum prout itur ante domum Johannis de Arcyaco et ante domum dictorum Semyons, usque ad quadrivium Petre Folle, quod quadrivium est inter villam de Arcyaco et villam de Arneriis; item, ab illo quadrivio usque ad quadrivium per quod itur ad stagnum de Amanzyaco; item, ab illo quadrivio usque ad crucem Peregrini; item, a cruce Peregrini usque ad predictam planchiam prati Radulphi, prout itur per viam Luzyaci : ita tamen quod si emenda in dicta terra fiat que summam sexaginta solidorum excedit, illa emenda cum per fratres, vel per Johannem, vel per heredes sive successores ipsorum adjudicata fuerit, nostra erit; alie vero emende sexaginta solidorum et infra predictis fratribus et Johanni predicto ac eorum heredibus et successoribus remanebunt. Volumus autem et concedimus quod si dicti fratres, vel Johannes predictus, et heredes vel successores ipsorum terram acquirant, que sit de nostro feodo, infra metas superius annotatas situatam, quod in illa terra justiciam et jurisdictionem habeant, eo modo qua superius est expressum, in terra alia supradicta. Volumus etiam quod cymiterium fiat ad capellam et hospitale beati Nicholai

« ZurückWeiter »