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dom Dorothée Jalloutz, abbé de Septfonts; de Jean-Louis Compin, propriétaire du fief de la Motte-Maltat et y demeurant; de Jean-Marie Regnard, contrôleur au grenier à sel de Bourbon; de Claude Repoux, seigneur de Montperroux-leVert, président au grenier à sel de Bourbon.

On voit, d'après ce terrier, que l'église de Saint-Nicolas d'Arcy, ruinée par les protestants en 1567 et délaissée depuis par les chanoines, n'existait plus en 1752. L'effet de la réunion du doyenné à l'archidiaconé d'Autun devait être de courte durée. Moins de quarante ans après cette réunion, l'Assemblée nationale plaçait les biens du clergé à la disposition de la nation et, par ce décret, achevait d'effacer le peu qui subsistait de l'œuvre de prière et de charité fondée par Guy d'Arcy.

A. DE CHARMASSE.

VOYAGES DE COURTÉPÉE

DANS LA PROVINCE DE BOURGOGNE

EN 1776 ET 1777.

(SUITE)

Je sortis de ce village à quatre heures du soir pour aller me perdre dans les bois de sapins et les rochers de Saintigni-de-Vers 2 en Beaujolois, diocèse d'Autun. C'est un mauvais gîte pour un curé3 et encore plus pour un pèlerin fatigué mais le sage met également à profit les maux et les biens de la vie, semblable à la terre qui s'abreuve utilement des pluies d'un jour sombre et se pénètre des chaleurs vivifiantes d'un jour serein.

Je passai tristement la nuit sans dormir, piqué continuellement par ces maudits insectes qui m'avoient tourmenté au Bois-Sainte-Marie. Un léger souper en pomme de terre ne devoit pas troubler mon sommeil. J'en parlai à Oullins, en riant, à M. [l'archevêque] de Lyon qui me dit - J'ai bien été aussi à ce Saintigni..... Mais, Monseigneur, lui

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1. V. Mémoires de la Société Éduenne, tomes XIX, p. 401, XX, p. 92, XXI, p. 63. 2. Canton de Monsols, Rhône.

3. Antoine Oudin, curé de Saintigny-de-Vers en 1775.

4. Antoine Malvin de Montazet, évêque d'Autun de 1748 à 1758, puis archevêque de Lyon et membre de l'Académie française.

répliquais-je, c'étoit en évêque d'Autun on vous attendoit avec des truites et des poulets. Vous couchâtes au château dans un bon lit, non sur un grabat malpropre, après un régal de Topinambout.

Je fus bien dédommagé le lendemain en me levant à cinq heures pour copier un testament de madame de SaintGeorges 1 qui a légué, en 1763, pour les pauvres de ses douze terres, 6,000 livres de rente; Saintigni, appellé dans un titre au treizième siècle Santiniacum, en a 1,600 livres pour huit vieillards infirmes.

Cette paroisse, de sept lieues de tour, de mille cinq cents communians, a sept moulins à scier les planches de sapin; et un bénéfice aussi pénible est à simple portion congrue! Qu'il me soit permis de le dire : c'est là un reste de l'injustice et de l'inhumanité de nos ancêtres, de réduire un curé à un revenu si modique, tandis qu'il est accablé de mille devoirs à remplir. Et qui est plus utile dans un village qu'un curé? Il est le consolateur, le père de ses paroissiens, le refuge de l'indigent, et à peine cet homme respectable aura-t-il du pain, tandis que des oisifs, inutiles à l'État, regorgent de superflu!

Je vis de loin dans le vallon Aigue-Perse 2, Aqua sparsa, où la chapelle de la Magdeleine fut érigée en collégiale en 1288 par Hugues, évêque d'Autun, et Louis, sire de Beaujeu qui la dota. Thomas de Maze, calviniste, s'empara des biens du chapitre en 1572, chassa les chanoines et pilla les archives des matériaux du cloître il construisit à trois cents pas un castel qu'il nomma la Bruyère. Sa veuve rendit par transaction, en 1610, au chapitre, la justice temporelle d'Aigue-Perse, des héritages et des terriers. Les chanoines venoient de gagner leur procès pour droit de pêche par arrêt du parlement de Paris, 1776.

1. Françoise Monchanin de la Garde-Marzac, mariée à Claude de Saint-Georges. 2. Aigueperse, canton de Monsols, Rhône.

La pourpre de l'aurore effaçoit les étoiles quand je quittai ce misérable pays, le tombeau de la nature, pour arriver par cascades à Propière 1, dernière paroisse du diocèse d'Autun en Beaujolois. J'y entendis la grande messe et dînai chez le curé qui est de Matour. Ce lieu est sur une éminence et je fus coucher à Beaujeu.

Cette ancienne capitale du Beaujolois ne tire pas son nom de bellus jocus comme le disent tous les géographes, mais de bellum jugum à cause de la situation du château et de l'église collégiale sur la montagne (Jugum). Quoique élevée, elle jouit de l'agrément d'une excellente fontaine qui forme un large bassin dont l'eau vient d'une autre montagne bien plus haute. Le château des sires de Beaujeu est totalement démoli: il n'y a plus que des restes de mur. Ses environs sont occupés par les maisons des chanoines, au nombre de douze, dont un doyen, un chantre, un sacristain et un théologal. Ils officient aux fêtes solennelles en mitre, nomment aux canonicats vacans et constituent les [chanoines] nommés sans prendre de visa de l'évêque de Mâcon. Ils étaient presque tous nobles aux treizième et quatorzième siècles. On comptoit parmi eux des fils de sires de Beaujeu et plusieurs étaient en même tems comtes de Lyon, ou chanoines de Saint-Pierre de Mâcon. Les canonicats valent au moins 50 louis.

Bernard de Beaujeu et Vandelmonde, son épouse, firent bâtir l'église. Hugues et Guichard leurs petits-fils la firent ériger en collégiale, consacrée le 8 décembre 1076 par Geboin, archevêque de Lyon. On voit sur la porte d'entrée un sacrifice en marbre blanc, que les Romains appeloient suove-taurilia. Le prêtre, revêtu de ses ornemens, est assis tenant sur l'autel une coupe où sont les entrailles des bêtes immolées. Le pourceau, la brebis, le taureau qui servoient

1. Propières, canton de Monsols, Rhône.

2. Bérard et non Bernard.

de victimes sont représentés les uns conduits au sacrifice, les autres déjà immolés. Le peuple assiste à cette cérémonie j'ai compté au moins trente figures bien marquées. Ce monument, que son antiquité rend respectable, est le plus beau que j'aie vu en France. Il est dommage que la crasse, la poussière, les coups de pierres jetées par les polissons, l'aient gâté. J'en fis reproche à M. l'abbé Mathieu, d'Oyé, le priant de le faire décrasser; mais on y fait si peu d'attention dans le pays que le principal et trois régens, avec lesquels je dinai au collège, ignoroient totalement son exis

tence.

Au bas de l'église est suspendue une côte énorme de baleine apportée, dit-on, du tems des croisades. Je remarquai dans une chapelle d'anciens tableaux sur bois qui représentent des chanoines, l'aumusse sur l'épaule, en 1506, et, en d'autres, sur le bras avec la date 1534. M. Mathieu, chanoine, voulut me donner le couvert chez lui. Je descendis le lendemain en la ville située ou plutôt étranglée dans une gorge entre deux hautes montagnes, sur la rivière d'Ardière qui fournit l'eau à plusieurs moulins, papeteries et tanneries.

L'église paroissiale de Saint-Nicolas, construite au douzième siècle par Guichard de Beaujeu sur le territoire de celle d'Edoux pour lui servir d'annexe, fut consacrée par le pape Innocent II en 1130.

Le couvent des Picpus, établi par Gaston, duc d'Orléans, en 1616, avoit autrefois vingt religieux, maintenant plus que trois. Les chanoines ont bien envie de s'y transférer. Ils seroient plus utiles à la paroisse car personne n'assiste à leur office, étant perchés si haut qu'il faut plus de quarante minutes pour arriver du bas à leur nid de chouette.

1. Ou plutôt, les Etoux, commune de Beaujeu, Rhône.

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