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CHARLES DE SEYTURIER

Manuscrit, feuillets 90-92.

Réception de noble Charles de Seyturier en chanoyne de l'illustre église collégialle Sainct-Pierre de Mascon, et la preuve de son eage et fraternitté avec noble Pierre de Seyturier, duquel la preuve de noblesse est cy devant insérée; de laquelle ledict Charles (auquel il Pierre ha résigné sadicte chanoynie) prétend s'ayder pour être receu chanoyne en sa place.

En marge du feuillet 90 il est écrit : « L'arbre de consanguinité est déjà cy devant incéré à la preuve de Pierre de Seyturier, frère charnel dudict Charles de Seyturier.

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Le procès-verbal débute ainsi : « Du jour feste sainct Bernabé apostre, onziesme jour du moys de juing mil cinq cens quatre vingts et cinq. Capitullairemant assemblez au son de la cloche, au lieu et à la manière acoustumée à tenir chapittre (Monsieur le prévost absent), nobles et vénérables messire Antoine de l'Aubespin thésaurier, Claude d'Oncieux et Téode de Fouldras, chanoynes de ladicte église SainctPierre, pardevant eux s'est présentée, en deue révérence, vénérable et discrette personne messire Anthoine Faulquel, maistre du chœur et conchapellain en laditte église SainctPierre (comme procureur et ayant charge de noble Charles de Seyturier) qui leur a remonstré que noble Pierre de Seyturier son frère luy auroit résigné la prébende et canonicat qu'il tenoit en l'église de céans, et que notre Sainct Père avoit admis icelle résignation en faveur dudict Charles, ainsi qu'il appert par la signature qu'il a promptement exhibée, donnée à Rome: Apud Sanctum Marcum, primo calendas octobris, anno Pontificatus decimo tertio; joint à icelle le forma dignum donné par monsieur le

révérend evesque de Mascon, en datte du dixiesme jour du moys de juing, en la mesme année 1585, signé : Lucas episcopus; et Duperron; et partant les requerroit qu'il fust admis à faire preuve qu'il est idoyne et suffisant à tenir et possedder icelle prébende et canonicat pour estre d'éage compétant, et pour estre frère germain (comme il offre prouver) dudict Pierre de Seyturier, dont la preuve est ja cy devant faicte, et de laquelle il prétend se servir présentemant, suyvant les statuz de céans qui en telle preuve sont esté jusques à présent observées.

>> Inclinants messieurs à laquelle requeste, ont admis ledict Charles de Seyturier à faire les preuves que dessus; de sorte que au même instant noble Loys de Seyturier, escuyier, seigneur de la Verjonnière et de Sarrières, ha produict la lettre de première tonsure dudict Charles de Seyturier son fils, à luy conceddée à Lyon par messire Jaques Métrot, evesque de Damas, souffragant de révérend père en Dieu Pierre d'Espinac, archevesque de Lyon, icelle escripte en parchemin et signée Livet, le vingt septiesme jour du mois de juillet 1582, et scellée en cire rouge du scel dudit révérend archevesque. »

Restait donc à démontrer que Charles de Seyturier avait plus de quatorze ans, et qu'il était fils de Louis de Seyturier, seigneur de la Verjonnière, et de dame Claude de Candie, et que, par conséquent, il était frère de Pierre de Seyturier.

Pour ce faire, furent présentées trois attestations; l'une de damoiselle Claude Morel, veuve de feu noble Jean de Meyriac, sa marraine; la seconde de Charles d'Oncieux, seigneur de Montierno, qui le porta baptiser dans l'église de Verjon; et la troisième de Gaspard Berrot, prêtre de Verjon, attestant qu'il a baptisé Charles de Seyturier, fils du sieur de la Verjonnière et de damoiselle Claude de Candye, le 4 octobre 1570.

Les témoins produits pour attester que Charles de Seyturier était frère de Pierre de Scyturier, furent noble

TOME XXII. *

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Jehan de Montcepay, seigneur de Béoz; noble Jehan de Loyse Candye; noble François Coppier, seigneur de Varennes près Mâcon, et de Poysien en Dauphiné; Claude de Peylapussin, seigneur dudit lieu.

et

Entièrement satisfaits par les dépositions des témoins, messieurs du chapitre prononcèrent l'admission du requérant qui, après avoir accompli les formalités d'usage, fut mis en possession de son canonicat par Claude d'Oncieux, à ce commis par le chapitre.

Le procès-verbal est signé : CLÉMENT, secrétaire.

Pierre de Saint-Julien, dans ses Meslanges historialles, dit «Le sieur de Loyse près Baugy en Bresse, est surnommé de Candie, et porte de gueules, semé de fleurs de lis d'or, et sur le tout une bande d'azur.1

1. Meslanges historialles, p. 507.

L'abbé ADRIEN MARTINET.

L'ÉPISCOPAT DE TALLEYRAND

Si l'on ne s'attachait qu'aux petites causes, il semblerait que la destinée des hommes est souvent subordonnée à de minuscules événements. Une femme oublie sur une commode un enfant de quatre ans abandonné à ses soins mercenaires. Cet enfant tombe et en reste boiteux. La carrière des armes, tout indiquée par sa naissance, se ferme pour lui, et l'inflexible volonté de sa famille en fait un homme d'église. C'est ainsi qu'un vulgaire accident amena par voie de conséquence Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord sur le siège épiscopal d'Autun.

Le futur prélat n'avait pas la moindre vocation ecclésiastique, et peut-être ne peut-on rien alléguer de plus concluant pour excuser ses fautes. Au sortir du collège d'Harcourt, âgé de quinze ans à peine, il fut envoyé à Reims chez son oncle Alexandre de Talleyrand1, coadjuteur de l'arche

1. Alexandre-Angélique de Talleyrand, né le 16 octobre 1736, aumônier du roi, grand vicaire de l'évêché de Verdun, nommé le 23 juillet 1766 coadjuteur de M. de La Roche-Aymon, archevêque de Reims; sacré le 28 décembre suivant archevêque in partibus de Trajanople; pourvu le 27 octobre 1777 de l'archevêché de Reims. Député en 1789 aux Etats généraux, il ne partagea nullement les entrainements de son neveu et lutta contre les innovations. Il se retira en 1791 en Allemagne, et suivit Louis XVIII à Mittau, puis en Angleterre. Pair de France en 1814, cardinal le 28 juillet 1817 et archevêque de Paris, il mourut le 20 octobre 1821.

vêque. « Après un an de séjour, » dit-il, « voyant que je ne pouvais éviter ma destinée, mon esprit fatigué se résigna : je me laissai conduire au séminaire de Saint-Sulpice 1. » Il y resta cinq ans, mais il ne s'y ennuya pas toujours. Il rencontra à Saint-Sulpice « une jeune et belle personne dont l'air simple et modeste, » déclare-t-il, lui plut infiniment.« Ses parents l'avaient fait entrer malgré elle à la comédie; j'étais malgré moi au séminaire. » Cette analogie de situations fit naître une liaison qui dura deux ans. Il serait intéressant de connaitre l'état d'âme du séminariste au moment où il reçut l'ordre de la prêtrise; mais ses Mémoires sont muets sur ce point comme sur beaucoup d'autres. En 1775, Talleyrand entra en Sorbonne, où, de son propre aveu, il s'occupa « de tout autre chose que de théologie. » Deux ans après, il obtint l'abbaye de Saint-Pierre de Reims. Son nom et ses goûts mondains lui créaient de nombreuses relations dans la haute société. Il était de toutes les fêtes, et il assistait ainsi aux comédies jouées chez Mme de Montesson, qu'un mariage secret unissait depuis 1773 au duc d'Orléans. « Il y avait, » dit-il, « sur son théâtre pour le clergé un peu dissipé une loge dans laquelle M. l'archevêque de Toulouse 3, M. l'évêque de Rodez, M. l'arche

1. Mémoires du prince de Talleyrand, Paris, Calman-Lévy, 1891, t. Ier, p. 20. 2. On ne s'est pas contenté de prêter beaucoup de bons mots à Talleyrand, on lui a prêté, en outre, de scandaleuses aventures. Plusieurs de ses biographes ont raconté avec les détails les plus précis toute une série d'incidents romanesques qui se seraient déroulés vers 1780 et qui auraient eu pour épilogue un exil de deux ans à Autun. Toutes ces histoires n'ont pas le moindre fondement. Voir à ce sujet : M. de Talleyrand, Paris, Roret, 1834 (attribué à Ch.-Maxime de Villemarest): Vie religieuse et politique de Talleyrand-Périgord, prince de Bénévent, par L. Bastide, Paris, Faure, 1838; Histoire politique et Vie intime de Charles-Maurice de Talleyrand, prince de Bénévent, par G. Touchard-Lafosse, Paris. 1838.

3. Etienne-Charles Loménie de Brienne, né en 1727, sacré évêque de Condom, le 11 janvier 1761; archevêque de Toulouse en 1763, contrôleur général des finances et premier ministre en 1787, archevêque de Sens en 1788, cardinal en 1789. Arrêté en 1794, il mourut en prison.

4. Jérôme-Marie Champion de Cicé, né en 1735, sacré le 27 août 1770 évêque de Rodez; archevêque de Bordeaux en 1781; garde des sceaux du 3 août 1789 au mois de novembre 1790; émigré en 1791; rentré en France sous le Consulat et nommé en 1802 archevêque d'Aix, où il mourut le 22 août 1810.

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