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Quoique le chapitre de Saint-Vast eût le droit de présider aux inhumations, dans les sept paroisses qui lui étaient soumises, c'était ordinairement un grand-vicaire de l'évêque ou le doyen du chapitre de la cathédrale qui faisait les obsèques des curés de ces paroisses comme celles des autres curés de la ville. Un accord passé le 9 décembre 1466 entre messire Regnault de Chartres, doyen de l'église de Beauvais, et les chanoines de Saint-Vast, à l'occasion du décès d'un curé de Sainte-Madeleine, règle que dans le cas où le doyen ferait l'inhumation et le premier service, il aurait droit à la plus grande partie du luminaire, et que le surplus appartiendrait au chapitre de Saint-Vast. En 1684, Claude Duval, sous-chantre et chanoine de la cathédrale, vicaire général et official de l'évêque, à la demande des curés de la ville, fit l'inhumation d'Antoine Barbier, curé de Sainte-Madeleine.

C'est le jour de la fête de sainte Madeleine, le 22 juillet 1472, que les Bourguignons levèrent le siége de Beauvais, commencé le 27 juin précédent. En mémoire de cet heureux événement et pour reconnaître la protection que Dieu, dans cette circonstance, avait accordée à la ville, on fit dans les premiers temps, indépendamment de la procession de l'Assaut, fixée au 27 juin, une autre procession désignée sous le nom de procession de la Levée du Siége. Elle avait lieu le jour même où l'on célébrait la fête de sainte Madeleine. On se rendait d'abord à l'église qui portait son nom, et l'on y chantait un répons. De là on allait à Saint-Michel, où était célébrée une messe solennelle avec sermon. La châsse de Saint-Just était portée à cette procession. On lit dans les registres du chapitre de la cathédrale de Beauvais, à la date du 19 juillet 1473 Fiat processio generalis die joris B. M. Magdelenæ, in quo Burgundi civitatem obsidentes Bellovaco recesserunt; in qua processione prius procedetur usque ad ecclesiam beatæ Magdalenæ in qua fiet statio et dicetur quoddam responsorium. Deinde procedetur ad ecclesiam sancti Michaelis et ibidem fiet missa solemnis et sermo ad populum, ad exorandum altissimum qui nos tali die eripuit a captivitate Babylonis, ad etiam exorandum pro pace et tranquillitate regni et fructibus terræ; et deferetur corpus beatissimi Justi martyris (1). L'autre procession, celle du 27 juin,

(1) Extrait des registres du chapitre de la cathédrale de Beauvais,

est indiquée en ces termes le 25 du même mois : Dominica proxima fiat processio generalis ad agendum gratias altissimo qui tali die scilicet 27 junii, liberavit civitatem Belvacensem ab impetu Burgundionum illam inique obsidentium. En 1474, il n'est pas question, dans le registre de la procession, du jour de sainte Madeleine. C'est une omission; car elle est encore prescrite l'année suivante à la date du 22 juillet: Fiat die crastina, scilicet Sanctæ Mariæ Magdalenæ, quo die Burgundi recesserunt et cessaverunt ab obsidione hujus civitatis, processio Ecclesiæ ad ecclesiam B. Magdalena (1).

Deux maires de Beauvais ont été inhumés dans l'église de Sainte-Madeleine. Ce sont sire Jean Cantrel, maire de 1515 à 1519, et M. François Durand, conseiller en l'élection, maire de 1557 à 1560 (2).

L'église Sainte-Madeleine s'étendait le long de la rue du même nom, depuis celle du Curé jusqu'à celle des Cordeliers. Nous en avons trouvé une description assez exacte quoique incomplète. Elle a été rédigée par le maître-maçon Fleschelle chargé, en 1791, de faire l'estimation des propriétés nationales de la ville de Beauvais.

Cette église se composait d'une nef accompagnée de deux bascôtés, d'un chœur qu'environnaient également des collatéraux, et, à l'extrémité, d'une chapelle consacrée à la Sainte-Vierge.

La nef avait neuf toises quatre pieds (18m 85) de longueur, sur quatre toises un quart (8m 29) de largeur, en mesurant du milieu des piliers d'un côté, jusqu'au milieu des piliers parallèles. Le collatéral situé du côté de la rue de la Madeleine, était large de quatorze pieds (4m 54), y compris l'épaisseur du mur extérieur; l'autre, de treize pieds six pouces (4m 38).

Le chœur avec le sanctuaire mesurait, en longueur, sept toises cinq pieds (15m 26), et en largeur, quatre toises un pied et six pouces (8m 28). Les collatéraux avaient, du côté de la rue, qua

(1) Extrait des registres du chapitre de la cathédrale de Beauvais, t. 1, p. 331.

(2) Mémoire manuscrit de M. le docteur Daniel, ayant pour titre : Inhu

torze pieds et demi (4m 70) de large hors œuvre; de l'autre côté, seize pieds et demi (5m 36), et douze pieds et demi (4m 02) derrière le sanctuaire.

La largeur de la chapelle de la Vierge était de dix-neuf pieds et demi (6m 33) dans œuvre, et sa longueur de dix-neuf pieds et demi (6m 33), non compris l'épaisseur du pignon.

Toutes ces parties étaient construites en pierre de taille et couvertes en tuiles. Les petites voûtes étaient également en maçonnerie, mais il n'y avait sur le chœur et la nef qu'un plancher plafonné par-dessous.

Au-dessus de la nef, à la deuxième travée, à partir de la grille du chœur, s'élevait un clocher pyramidal en bois, couvert en ardoises, dans lequel se trouvaient quatre cloches à l'époque de la Révolution.

A droite du chœur, et faisant échasse dans la maison voisine servant de presbytère, s'élevait un bâtiment quadrangulaire de vingt-quatre pieds (7m 80) de large et de douze pieds (3m 90) de long, construit en briques et couvert en tuiles; il servait de sacristie.

A droite de la chapelle de la Vierge existait un passage de cinq pieds (1m 62) de large couvert également en briques.

Conformément aux décrets de l'assemblée nationale, l'église de Sainte-Madeleine a été vendue en 1791, ainsi que le presbytère et plusieurs autres maisons appartenant à la fabrique. L'église et la maison occupant l'angle des rues de la Madeleine et des Cordeliers ont été adjugées ensemble à M. Lucien Hérault pour la somme de 7,375 livres. Le sieur Fleschelle avait estimé l'église 6,545 livres et la maison 355.

Il ne reste maintenant de l'église Sainte-Madeleine que la façade occidentale, le mur du collatéral méridional et le corps de bâtiment qui servait de sacristie.

La façade de l'ouest n'est plus ce qu'elle était autrefois. On en a bouché les ouvertures pour les remplacer par d'autres moins grandes et plus en rapport avec la nouvelle destination de l'édifice. On peut toutefois reconnaître la disposition et les dimensions de l'ancienne baie ogivale qui s'ouvrait à la partie supérieure. On remarque, à côté de la place qu'elle occupait, deux

feuilles en crochet. Leur forme, et surtout l'ornementation de leur couronnement accusent incontestablement le xie ou le XIVe siècle. Deux gros contreforts divisés par plusieurs retraits s'élèvent aux deux côtés de la façade. L'embrasure de la porte est ornée de feuilles plates et de chapiteaux chargés encore de crosses végétales.

Le mur du bas-côté méridional qui longe à gauche le jardin de l'ancien presbytère, appartenant maintenant à M. Père, commissaire de surveillance administrative des chemins de fer, est percé de trois fenêtres romaines à plein cintre. Elles sont fort simples; toute leur ornementation consiste dans l'agencement des pierres qui les bordent et qui forment un cadre s'évasant du dedans au dehors. Au haut du mur règne une corniche composée d'un tore et d'un larmier, et soutenue par des modillons taillés à peu près en quart de rond.

La partie la plus curieuse est, sans contredit, le bâtiment qui servait de sacristie. Il se trouve aussi dans le jardin de l'ancienne maison curiale à laquelle il a été annexé. Dans les murs de cet élégant édifice sont pratiqués deux rangs de fenêtres. Les fenêtres de l'étage inférieur ressemblent à celles du bas-côté ; mais les cintres de celles du haut sont encadrés dans un bandeau formé d'une double ligne de dents de scie et se repliant à la hauteur des impostes pour aller rejoindre directement les angles du bâtiment. Au haut règne une corniche qui se compose d'un tore et d'une plate-bande. Sur deux des murs elle est soutenue par des modillons les uns simples, les autres ornés de têtes d'homme et de rosaces saillantes; à chacun des angles se dresse un contrefort diminué par un retrait vers le milieu de la hauteur et se terminant en pyramide.

L'intérieur du bâtiment est divisé en deux étages comme l'extérieur. Des voûtes à arceaux prismatiques, construites seulement au XVIe siècle, couronnent chacun de ces étages. On accède au second par un escalier pratiqué dans une petite tourelle qui est peu apparente au dehors. Les arceaux des voûtes sont ornés de fleurons à leurs points d'intersection; ils reposent sur des consoles chargées aussi d'une ornementation végétale.

Les deux lithographies placées ici donneront une idée exacte de la disposition de ce petit édifice et du mur du bas-côté de la

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