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On compute encore par les ères julienne, grégorienne, ibérienne (1) et actienne (2). Nous ne parlerons point des marbres d'Arundel, des médailles et des monumens de toutes les sortes, qui introduisent de nouveaux désordres dans la chronologie. Est-il un homme de bonne foi, qui en jetant seulement un coup-d'œil sur ces pages, ne convienne que tant de manières indécises de computer les temps, suffisent pour faire de l'histoire un épouvantable chaos? Les annales des Juifs, de l'aveu même des savans, sont les seules dont la chronologie soit simple, régulière, et lumineuse. Pourquoi donc aller, par un zèle ardent d'impiété, se consumer l'esprit sur des chicanes de temps, aussi arides qu'indéchiffrables, lorsque nous avons le fil le plus certain pour nous guider dans l'histoire? Nouvelle évidence en faveur des Ecritures.

(1) Suivie dans les conciles et sur les vieux monumens de l'Espagne.

(2) Qui tire son nom de la bataille d'Actium, et dont se sont servis Ptolémée, Josephe, Eusèbe et Censorius.

CHAPITRE II.

Logographie et Faits historiques. APRÈS les objections chronologiques contre la Bible, viennent celles qu'on prétend tirer des faits mêmes de l'histoire. On rapporte la tradition des prêtres de Thèbes, qui donnoit 18,000 ans au royaume d'Egypte, et l'on cite la liste des dynasties de ces rois, qui existe

encore.

Plutarque, qu'on ne soupçonnera pas de christianisme, se chargera d'une partie de la réponse: Encore, dit-il, en parlant des » Egyptiens, que leur année ait été de quatre » mois, selon quelques auteurs, elle n'étoit » d'abord composée que d'un seul, et ne con» tenoit que le cours d'une seule lune. Et ainsi » faisant d'un seul mois une année, cela est » cause que le temps qui s'est écoulé depuis leur

origine, paroît extrêmement long; et que bien » qu'ils habitent nouvellement leurs pays, ils

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passent pour les plus anciens des peuples (1). » Nous savons d'ailleurs par Hérodote (2), Diodore de Sicile (3), Justin (4), Jablonsky (5), Strabon (6), que les Egyptiens mettoient leur

(1) Plut. in Num.

(2) Herodot, lib. II. (3) Dio. lib. I. (4) Just. lib. I. (5) Jablonsk. Panth. Egypt, lib. II. (6) Strab. lib. XVII.

orgueil à égarer leur origine dans les temps, et, pour ainsi dire, à cacher leur berceau sous les siècles.

Le nombre de leurs règnes ne peut guères embarrasser. On sait que les dynasties égyptiennes sont composées de rois contemporains; d'ailleurs, le même mot dans les langues orientales, se lit de cinq ou six manières; et notre ignorance a souvent fait de la même personne cinq ou six personnages divers (1). Et c'est aussi ce qui est arrivé par rapport aux traductions d'un seul nom. L'Athoth des Egyptiens est traduit dans Eratosthènes par Epogeves, ce qui signifie en grec le lettré, comme Athoth l'exprime en cophte: on n'a pas manqué de faire deux rois d'Athoth et d'Hermès ou Hermogènes. Mais l'Athoth de Manethon se multiplie encore; il devient Thoth dans Platon, et le texte de Sanchoniathon prouve, en effet, que c'est le nom primitif; la lettre A est une de ces lettres qu'on retranche et qu'on ajoute à

(1) Pour citer un exemple entre mille, le monogramme de Fo-hi, divinité des Chinois, est exactement le même que celui de Menès, divinité de l'Egypte; et il est assez prouvé d'ailleurs que les caractères orientaux ne sont que des signes généraux d'idées, que chacun traduit dans sa langue, comme le chiffre arabe parmi nous. Ainsi, par exemple, l'Italien prononce duodecimo, le même nombre que l'Anglais exprime par le mot twelve, et que le Français-rend cais rend par celui de douze,

volonté dans les langues orientales; ainsi l'historien Josephe traduit par Apachnas, le nom du même homme qu'Affricanus appelle Pachnas. Voici donc Thoth, Athoth, Hermès ou Hermogènes, ou Mercure, cinq hommes fameux qui vont composer entr'eux près de deux siècles. Et cependant ces cinq rois n'étoient qu'un seul Egyptien, qui n'a peut-être pas vécu 60 ans (1).

si

(1) Des personnes qui pouvoient d'ailleurs être fort instruites, ont accusé les Juifs d'avoir corrompu les noms historiques. Comment ne savent elles pas que ce sont les Grecs, au contraire, qui ont défiguré tous les noms d'hommes et de lieux, et en particulier ceux d'Orient (*)? Les Grecs, à cet égard comme à beaucoup d'autres, ressembloient fort aux Français. Croit-on que Livius revenoit au monde, il se reconnût sous le nom de Tite-Live? Il y a plus : Tyr porte encore aujourd'hui, parmi les Orientaux, le nom d'A-sur, de Sour, ou de sur? Mais les Athéniens eux-mêmes devoient prononcer tur ou Tour, puisque cette lettre, qu'il nous plaît d'appeler y grec, et de faire siffler comme un ¿, n'est autre que l'upsilon, ou l'ù des Grecs.

Il n'est pas plus difficile de retrouver Darius dans -Assuérus. L'A initial n'est d'abord, comme nous l'avons dit, qu'une de ces lettres mobiles, tantôt suscrites, tantôt supprimées. Reste donc Suerus. Or, le delta ou le D majuscule des Grecs, se rapproche infiniment qu sameck ou de l'S majuscule des Hébreux. Le premier est un triangle, et le second un parallelogramme obtus angle, souvent même un parallelogramme curviligne, à base

(*) Vid. Boch. Geog. Sac. Camb. on Sanch. Saur. sur la Bible. Danet, Bayle, etc. etc.

Après tout, qu'est-il besoin de s'appesantir sur des disputes logographiques, lorsqu'il suffit d'ouvrir l'histoire, pour se convaincre de l'origine moderne des hommes? On a beau machiner des complots avec des siècles inventés, dont le temps n'est point le père; on a beau supposer la mort pour en emprunter des ombres; tout

rectiligne. Le delta dans les vieux manuscrits, sur les médailles et sur les monumens, n'est presque jamais fermé dans ses angles. L'S hébraïque s'est donc transformée en D chez les Grees; changement de lettres si commun dans toute l'antiquité. To imp

Si vous joignez à ces erreurs de figures, les erreurs de prononciation, vous aurez une grande probabilité de plus. Supposons qu'un François, entendant le mot through ( à travers) dans la bouche d'un Anglois, voulût le prononcer et l'écrire sans connoître la puissance et la forme du th, il écriroit nécessairement ou zrou, ou dsrou, ou simplement trou. Il en est ainsi du sameck ou de l'S en hébreu. Le son de cette lettre, en suivant les points massorétiques, est mixte et participe fortement du D. Les Grecs qui avoient le th comme les Anglois, mais non pas 'I'S, comme les Israélites, ont dû prononcer et écrire *Duerus au lieu de Suerus. De Duerus à Darius, la conversion est facile; car on sait que les voyelles sont absolument nulles en étymologie, puisqu'il est vrai que chaque peuple en varie les sons à l'infini. Lorsqu'on veut être plaisant aux dépens de la religion, de la morale universelle, du repos des nations et du bonheur général des hommes, avant de se livrer à une gaieté si funeste, il faudroit au moins être bien sûr de ne pas tomber. soimême dans de grandes ignorances.

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