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et tout ce qui regarde le clergé séculier et régulier.

Au reste, nous avons souvent rapproché les dogmes, la doctrine et le culte des autres religions, des dogmes de la doctrine et du culte évangélique; pour satisfaire toutes les classes de lecteurs, nous avons aussi touché, de temps en temps, la partie historique et mystique. Or, maintenant que le lecteur a vu le plan général de l'ouvrage, entrons dans la partie des Dogmes et de la Doctrine; et afin de passer aux mystères chrétiens, commençons par nous enquérir de la nature des choses mystérieuses.

CHAPITRE I I.

De la nature du Mystère.

Il n'est rien de beau, de doux, de grand dans la vie que les choses mystérieuses. Les sentimens les plus merveilleux sont ceux qui nous agitent un peu confusément. La pudeur, l'amour chaste, l'amitié vertueuse sont pleines de secrets. On diroit que les cours qui s'aiment s'entendent à demi-mot, et qu'ils ne sont que comme entr'ouverts. L'innocence, à son tour, qui n'est qu'une sainte ignorance, n'est-elle pas le plus ineffable des mystères? L'enfance n'est si heureuse, que parce qu'elle ne sait rien, et la vieillesse n'est si misérable, que

parce qu'elle sait tout; mais heureusement pour elle, quand les mystères de la vie finissent, ceux de la mort commencent.

S'il en est ainsi des sentimens, il en est ainsi des vertus. Les plus angéliques sont celles qui découlant immédiatement de Dieu, telle que la charité, aiment à se cacher aux regards, comme leur source.

En passant aux choses de l'esprit, nous trouvons que les plaisirs de la pensée, sont également des secrets. Le secret est d'une nature si divine, que les premiers hommes de l'Asie ne parloient que par symboles. A quelle science revient-on sans cesse, si ce n'est à celle qui laisse toujours quelque chose à deviner, et arrête les yeux sur une perspective infinie? Si nous nous égarons dans le désert, une sorte d'instinct nous fait éviter les plaines, où l'on voit tout d'un coup-d'œil; nous allons chercher ces forêts, berceaux de la religion, ces forêts dont l'ombre, les bruits et le silence sont remplis de prodiges; ces solitudes où les corbeaux et les abeilles nourrissoient les premiers pères de l'église, et où ces saints hommes goûtoient tant de délices, qu'ils s'écrioient : cc Seigneur, c'est assez ; je mourrai de douceur, si vous ne modérez ma

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joie ! » Enfin on ne s'arrête pas au pied d'un monument moderne; mais si dans une île déserte, au milieu de l'Océan, on trouve toutà-coup une statue de bronze, dont le bras déployé montre les régions où le soleil se couche, et dont la base, chargée de hiéroglyphes, est rongée par la mer et le temps quelle source de méditations pour le voyageur ! Tout est caché, tout est inconnu dans l'univers. L'homme lui-même n'est-il pas un étrange mystère ? D'où part l'éclair que nous appelons existence, et dans quelle nuit va-t-il s'éteindre? L'Eternel a placé la naissance et la mort, sous la forme de deux fantômes voilés, aux deux bouts de notre carrière; et du haut de son trône il a jeté notre vie, comme une petite colonne brisée, roulant sans base et sans sommet, dans le vague du temps.

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Il n'est donc point étonnant, d'après le chant de l'homme aux mystères, que les religions de tous les peuples aient eu leurs choses impénétrables. Les Selles étudioient les paroles prodigieuses des colombes de Dodone; l'Inde, la Perse, l'Ethiopie, la Scythie, les Gaules, la Scandinavie, avoient leurs cavernes, leurs montagnes saintes, leurs chênes sacrés, où le brachmane, le mage, le gymnosophiste,

le druïde, prononçoient l'oracle inexplicable des immortels.

A Dieu ne plaise que nous voulions comparer ces mystères aux mystères de la véritable religion, et les immuables profondeurs du Souverain qui est dans le ciel, aux fragiles obscurités de ces dieux, ouvrages de la main des hommes (1). Nous avons seulement voulu faire remarquer qu'il n'y a point de religion sans mystères : ce sont eux qui, avec le sacrifice, constituent essentiellement le culte. Dieu même est le grand secret de la nature : la divinité étoit voilée en Egypte, et le sphinx s'asseyoit sur le seuil de ses temples.

CHAPITRE III.

DES MYSTÈRES CHRÉTIENS.

De la Trinité.

ON découvre au premier coup-d'œil, dans la partie des mystères, un grand avantage de la religion chrétienne sur les religions de l'antiquité. Les mystères de celles-ci n'avoient aucune affinité avec l'homme, et ne formoient tout au plus qu'un sujet de réflexions pour le philosophe, ou de chants pour le poëte. Nos mystères, au contraire, s'adressent à nous; ils

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contiennent les secrets de notre être. Il ne s'agit plus d'un futile arrangement de nombres, mais du salut et du bonheur du genre humain. Homme qui sens si bien chaque jour ton igno rance et ta foiblesse, ne rejette point les mys÷ tères de J. C., ce sont ceux des infortunés !!

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Où fixerons-nous notre vue troublée par les majestueux objets qui s'élèvent devant nous? Sera-ce la Trinité profonde, la mystérieuse incarnation ou le divin sacrifice d'amour, devant qui nous abaisserons notre néant? La Trinité, présente une immense carrière d'études philosophiques, soit qu'on la considère dans les attributs de Dieu, soit qu'on recherche les vestiges de ce dogme répandu dans le vieil Orient; car, loin d'être l'ouvrage d'un siècle nouveau, il est marqué de ce sceau antique, qui imprime une profonde beauté à tout ce qui le porte. C'est une très-méchante manière de raisonner, que de rejeter ce qu'on ne peut comprendre. A partir des choses les plus simples et les plus triviales dans la vie, il seroit aisé de prouver que nous ignorons tout, et nous prétendrions pénétrer dans les ruses de la sagesse !

Nous croyons entrevoir, dans la "nature même, une sorte de preuve physique de la Trinité. Elle est l'archétype de l'univers, ou, si l'on veut, sa divine charpente. Ne seroit-il pas possible que la forme extérieure et matérielle ne participât de l'arche intérieure et spi

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