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ordre de se lever de nouveau dans son lit, et d'envahir ses grèves plaintives; les antres des montagnes conservèrent de sourds bourdonnemens et des voix lugubres; la cîme solitaire des bois présenta l'image d'une mer roulante, et l'Océan sembla avoir laissé ses bruits dans la profondeur des forêts.

CHAPITRE VII.

Jeunesse et Vieillesse de la Terre.

Nous touchons à la dernière objection qu'on fait au systême de Moyse, sur l'origine moderne du globe. On dit : « La terre est une vieille nour» rice, dont la mamelle ridée et les cheveux » blancs annoncent la caducité. Examinez ses » fossilles, ses marbres, ses granits, ses lâves, » et vous y lirez ses années innombrables marquées par cercle, par couche ou par branche, » comme celles du serpent à sa sonnette, du » cheval à sa dent, ou du cerf à ses ra

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» meaux. »

Cette difficulté a été cent fois résolue par cette excellente et unique réponse: Dieu a dít créer, et a, sans doute, créé le monde, avec toutes les marques de vétusté et de complément, que nous lui voyons.

Et en effet, il est vraisemblable que l'Auteur de la nature planta d'abord de vieilles forêts et

de jeunes taillis, que les animaux naquirent, les uns remplis de jours, les autres parés des grâces de l'enfance. Les chênes, en perçant le sol fécondé, portèrent sans doute à-la-fois les vieux nids des corbeaux et la nouvelle postérité des colombes. Ver, chrysalide et papillon, l'insecte rampa sur l'herbe, suspendit son œuf d'or aux forêts, ou trembla dans le des vague airs. L'abeille, qui pourtant n'avoit vécu qu'un matin, comptoit déja son ambroisie par générations de roses. Il faut croire que la brebis n'étoit pas sans son agneau, la fauvette sans ses petits, et que les buissons de fleurs cachoient parmi leurs boutons, des rossignols étonnés de chanter leurs premiers airs, en échauffant les fragiles espérances de leurs premières voluptés.

Si le monde n'eût été à-la-fois jeune et vieux, le grand, le mélancolique, le moral disparoissoient de la nature, car ces sentimens tiennent par essence aux choses antiques. Chaque site eût perdu ses merveilles. Le rocher en ruine n'eût plus pendu sur l'abyme, avec ses longues graminées; les bois, dépouillés de leurs accidens, n'auroient point montré ce touchant désordre d'arbres inclinés sur leurs tiges, de troncs penchés sur le cours des fleuves, et tout rongés de mousses et de lierre. Les pensées inspirées, les bruits vénérables, les génies, les voix magiques, la sainte horreur des forêts, se fussent évanouis avec les

voûtes sombres qui leur servent de retraites, et les solitudes de la terre et du ciel seroient demeurées nues et désenchantées, en perdant ces colonnes de chênes, qui les unissent. Le jour même où l'Océan épandit ses premières vagues sur ses rives, il baigna, n'en doutons point, des écueils déja rongés par les flots, des grêves semées de coquillages, des baies mugissantes, et des caps décharnés, qui soutenoient, contre les eaux, les rivages croulans de la terre.

Le troisième règne de la nature, ainsi que' les deux premiers, n'auroit pu conserver ses charmes. Il falloit des pâtes calcaires déja durcies, pour étayer les plans des montagnes, et dérouler dans leur escarpement, de grands entablemens de neige, parmi le pourpre des granits, le verd des porphyres et les nuances variées des marbres. Les Géologues nous disent que les minéraux, les pierres précieuses, les crystallisations, les spaths, les agrégats de toutes les sortes, sont le produit d'un travail lent et graduel de la nature. Cela peut convenir au systême d'un savant; mais pour nous, nous aimons à nous figurer la terre, comme une belle nymphe, qui pour chevelure a des forêts, pour mainelles des montagnes, pour yeux l'astre du jour et celui de la nuit, pour voix les vents et les eaux, pour manteau les mers et toutes leurs perles.

Sans cette supposition nécessaire, il n'y auroit eu ni pompe, ni majesté dans l'ouvrage de l'Eternel, et, ce qui ne sauroit être, la nature, dans son innocence, eût été moins belle qu'elle ne l'est aujourd'hui dans sa corruption. Une insipide enfance de plantes, d'animaux, d'élémens, eût couronné une terre sans poésie. Mais Dieu ne fut pas un si méchant dessinateur des bocages d'Eden, que les incrédules le prétendent. L'homme-roi naquit lui-même à trente années, afin de s'accorder par sa majesté, avec les antiques grandeurs de son nouvel empire; de même que sa compagne compta sans doute seize printemps qu'elle n'avoit pourtant point vécu, pour être en harmonie avec les fleurs, les petits oiseaux, l'innocence, les amours, et toute la jeune partie de l'univers.

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DU CHRISTIANISME,

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BEAUTÉS

POÉTIQUES ET MORALES

DE

LA RELIGION CHRÉTIENNE.

PREMIÈRE PARTIE

DOGMES ET DOCTRINE.

LIVRE CINQUIÈME.

EXISTENCE DE DIEU PROUVÉE PAR LES MERVEILLES DE LA NATURE.

CHAPITRE PREMIER.

Objet de ce Livre.

UN des principaux dogmes chrétiens nous reste encore à examiner, l'état des peines et des récompenses dans l'autre vie. Mais on ne peut traiter cet important sujet, sans parler

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