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sol dans la position où elles y doivent germer, En effet, les causes finales sont si nécessaires à la conservation de la nature, que si une seule venoit à manquer, elle entraîneroit au moins la ruine d'une classe d'êtres, si elle n'entraînoit celle de l'univers.

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Or, si tout étoit le produit du hasard, ne seroient-elles pas quelquefois altérées ? Pourquoi n'y auroit-il pas de poissons, qui manqueroient de la vessie qui les fait flotter? Et pourquoi le jeune épervier, qui n'a pas encore besoin d'armes, ne briseroit-il pas la coquille de son berceau avec le bec d'une colombe? Quoi ! jamais une méprise, jamais un accident de cette espèce dans l'aveugle nature! De quelque manière que vous jetiez les dés, ils amèneront toujours les mêmes points! Certes, voilà une étrange fortune: nous soupçonnons qu'avant de tirer les mondes de l'urne de l'éternité, elle a secrètement arrangé les sorts.

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Cependant il y a des monstres dans la nature, et ces monstres ne sont que des êtres privés de quelques-unes de leurs causes finales. Il est digne de remarque, que ces êtres nous inspirent une profonde horreur; tant lunstinct de Dieu est fort chez les hommes, tant ils sont effrayés aussitôt qu'ils n'apperçoivent pas la marque de sa main! On a voulu faire naître de ces désordres une objection contre la Providence;

nous les regardons, au contraire, comme une preuve manifeste de cette même Providence. Il nous semble que Dieu a permis tout exprès ces productions de la matière, pour nous apprendre ce que c'est que la création sans lui. C'est l'ombre qui fait ressortir la lumière; c'est un échantillon de ces loix du hasard qui doivent avoir enfanté l'univers.

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APRÈS avoir reconnu dans l'organisation des êtres un plan régulier, qu'on ne peut attribuer au hasard, et qui présuppose un ordonnateur, il nous reste à examiner d'autres causes finales, qui ne sont ni moins fécondes, ni moins merveilleuses que les premières. Ici nous ne suivrons personne. Ayant consacré à l'histoire naturelle, des études que nous n'eussions jamais suspendues, si la Provi dence n'en avoit ordonné autrement, nous avions déja rassemblé de nombreux matériaux. Nous voulions, s'il nous eût été possible, opposer une Histoire Naturelle Religieuse, à tous ces livres scientifiques modernes, où l'on ne voit plus que la matière. Pour qu'on ne nous reprochât pas dédaigneusement notre ignorance, nous avions pris le parti de voyager

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et de voir tout par nous-mêmes. Nous rappor terons donc quelques-unes de nos observations sur les divers instincts des animaux et des plantes, sur leurs habitudes, leurs migrations, leurs amours, etc. : le champ de la nature ne peut s'épuiser, et l'on y trouve toujours des moissons nouvelles. Au reste, nous nous donnerions de garde de parler de nous, dans tout autre cas que celui qui ne demande que des yeux et quelque expérience. Ce n'est point dans une ménagerie où l'on tient en cage les. secrets de Dieu, qu'on apprend à connoître la sagesse divine. Il faut l'avoir surprise, cette sagesse dans les déserts, 'pour ne plus douter de son existence on ne revient point impie des royaumes de la solitude. Si l'on y arrive en ne croyant rien, on en sort en croyant tout. Malheur au voyageur, qui auroit fait le tour du globe, et qui rentreroit athée sous le toit de ses pères.

Nous l'avons visitée au milieu de la nuit la petite vallée solitaire habitée par l'industrie des castors, ombragée de sapins, et rendue toute silencieuse par la présence d'un astre, aussi passible que le peuple ingénieux dont elle éclairoit les travaux. Et l'on voudra que cette vallée fût vuide de la Providence? vuide de sa bonté, de sa beauté? Qui donc a mis l'équerre et le niveau dans l'œil de cet animal, qui sait bâtir une digue en talus du

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côté des eaux, et perpendiculaire sur le flanc opposé? Savez-vous le nom du physicien qui a enseigné à ce singulier ingénieur, les loix de l'hydraulique, et qui l'a rendu si habile avec ses deux dents incisives et sa queue applatie? Réaumur n'a jamais prédit les vicissitudes des saisons avec l'exactitude de ce castor, de qui les magasins, plus ou moins abondans, indiquent au mois de juin, le plus ou moins de durée des glaces de janvier. Hélas! à force de disputer à Dieu ses miracles, on est parvenu à frapper de stérilité l'œuvre entière du Tout-puissant. Les Athées ont prétendu allumer le feu de la nature à leur haleine glacée, mais ils n'ont fait que l'éteindre en soufflant sur le flambeau de la création, ils ont versé sur lui les ténèbres de leur sein.

Oconservatrice de l'univers! maternelle Providence! c'est toi qui adoucis la férocité de la lionne qui nourrit ses lionceaux; c'est toi qui donnes le courage à la timidité même, à la poule qui défend ses poussins; c'est toi qui allarmes son cœur, lorsque trompée par les trésors d'un autre nid, de petits étrangers lui échappent et courent se jouer dans une eau voisine. La mère effrayée rode autour du bassin, bat des ailes, rappelle l'imprudente couvée, tantôt piaule avec tendresse, tantôt glousse avec autorité; elle marche pré

cipîtamment, s'arrête, tourne sa tête avec inquiétude, s'avance jusques dans les ondes, et ne cesse de s'agiter qu'elle n'ait ramassé dans son sein la famille boiteuse et mouillée qui va bientôt la désoler encore.

Un philosophe qui refuse de croire en Dieu est bien à plaindre. Tous ces instincts que le Maître du monde a répartis dans la nature, disparoissent pour lui. Il ne vous dira pas comment des poissons, échappés des glaces du pôle, viennent à travers la solitude de l'Océan, trouver chaque année le fleuve où doit se célébrer leur hymen. Le printemps, instruit par le Souverain des mers, prépare -sur nos bords la pompe nuptiale.. Il couronne les saules de verdure; il étend des lits de mousse dans les grottes, et déploie les feuilles du nénuphar sur les ondes, pour servir de rideaux à ces couches de crystal. A peine ces préparatifs sont-ils achevés, que les légions émaillées viennent conter à nos fontaines, les magnificences des régions des tempêtes. Ces navigateurs étrangers animent tous nos rivages. Les uns, comme de légères bulles d'air, remontent perpendiculairement du fond des eaux; les autres se balancent mollement sur les vagues, ou divergent d'un centre commun, --comme d'innombrables traits d'or. Ceux-ci dardent obliquement leurs formes glissantes, à travers l'azur fluide; ceux-là dorinent dans

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