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chose de sensible sur le visage et dans la voix, et ils affectoient au-dehors le langage des malheureux, qu'ils songeoient intérieurement à déchirer. Néanmoins la Providence n'a pas voulu qu'on s'y méprît tout-à-fait, et pour peu qu'on les examine de près, on trouve sous leurs feintes douceurs, un air faux et dévorant, mille fois plus hideux que leur furie.

MAIS

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AIS quelle admirable Providence se fait remarquer dans les nids des oiseaux ! Qui peut contempler, sans être attendri, cette bonté divine qui donne l'industrie au plus foible, et la prévoyance au plus insouciant?

Aussitôt que les arbres ont développé leurs premières fleurs, mille petits ouvriers commencent de toutes parts leurs travaux. Ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d'un vieux mur; ceux-là maçonnent des bâtimens aux fenêtres d'une église, d'autres dérobent un crin à une cavalle ou le brin de laine, que la brebis a laissé suspendu à la ronce. Il y a des bûcherons qui croisent de petites branches dans la cîne mouvante d'un arbre; il y a des filandières qui recueillent la soie sur un chardon. Mille palais s'élèvent, et chaque palais

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est un nid; chaque nid voit des métamorphoses charmantes: un oeuf brillant, ensuite un petit couvert de duvet. Ce tendre nourrisson prend des plumes; sa mère lui apprend peu-à-peu à se soulever sur sa couche. Bientôt il va jusqu'à se percher sur le bord de son berceau, d'où il jette un premier coup-d'œil sur la nature. Effrayé et ravi, il se précipite parmi ses frères, qui n'ont point encore vu ce grand spectacle; mais rappelé par la voix de ses vieux parens, il sort une seconde fois de sa couche, et ce jeune roi des airs, qui porte encore la couronne de l'enfance autour de sa tête, ose déja contempler le vaste ciel, la cîme ondoyante des pins, et les ábymes de verdure au-dessous du chêne paternel. Encouragé par sa mère, il se hasarde sur la branche; ce premier pas fait, tout l'univers est à lui. Et pourtant, tandis que les forêts se réjouissent, en voyant leur nouvel hôte tenter son premier vol à travers les airs, un vieil oiseau, qui se sent abandonné de ses ailes vient s'abattre auprès d'une onde : là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort, au bord du même fleuve où jadis il chantoit ses amours, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse.

C'est ici le lieu de remarquer une autre loi, qui n'a pas été indiquée par les naturalistes. Dans la classe des petits oiseaux, les œufs sont ordinairement peints d'une des couleurs domi

nantes du mâle. Le bouvreuil niche dans les aubépines, dans les groseillers et dans les buissons de nos jardins; ses oeufs sont ardoisés comme la chappe de son dos. Nous nous rappelons d'avoir trouvé une fois un de ces nids dans un rosier: il ressembloit à une conque de nacre, contenant quatre perles bleues; une rose pendoit au-dessus, toute humide; le bouvreuil mâle se tenoit immobile sur un arbuste voisin, comme une fleur de pourpre et d'azur, ces objets étoient répétés dans l'eau d'un étang avec l'ombrage d'un vieux noyer, qui servoit de fond à la scène, et derrière lequel on voyoit se lever l'aurore; Dieu nous donna, dans ce petit tableau,une idée des grâces dont il a paré la nature.

Parmi les grandes volatiles, la loi de la couleur des œufs varie; elle prend des accords plus graves, en raison de l'être plus vigoureux avec lequel elle se rapporte. Nous soupçonnons qu'en général, l'oeufest blanc chez les oiseaux, où le mâle à plusieurs femelles, ou dans ceux dont le plumage n'a point de couleur fixe pour l'espèce. Dans les classes aquatiques et forestières, qui font leurs nids les unes sur les mers, les autres dans la cîme des grands arbres, l'œuf est communément d'un verd bleuâtre

et, pour ainsi dire, teint des élémens dont il est environné. Certains oiseaux qui se cantonnent au haut.des, anciennes tours, et dans les clochers abandonnés, ont des œufs verds

comme les lierres (1), ou rougeâtres comme les vieilles maçonneries qu'ils habitent (2). C'est donc une loi qui peut passer pour constante, que l'oiseau déploie sur son œuf la livrée de ses amours, et le symbole de ses mœurs et de ses destinées. On peut, au seul aspect de ce monument fragile, dire quel étoit le peuple auquel il a appartenu, quel étoit son costume, ses habitudes, ses goûts; s'il passoit des jours de dangers sur les mers, ou si, plus heureux, il menoit une vie pastorale; s'il étoit civilisé ou sauvage, habitant de la montagne ou de la vallée. L'antiquaire des forêts marche par une science moins équivoque que celle de l'antiquaire des cités : un chêne exfolié, avec toutes ses mousses, déclare bien mieux celui qui le fit croître, qu'une colonne en ruines ne raconte quel fut l'architecte qui l'éleva. Les tombeaux, parmi les hommes, sont les feuillets de leur histoire; la nature, au contraire, n'imprime que sur la vie; il ne lui faut ni granit, ni marbre, pour éterniser ce qu'elle écrit le temps a rongé les fastes des rois de Memphis, sur leurs pyramides funèbres; mais en a-t-il pu effacer une seule lettre de l'histoire, que l'Ibis Egyptien porte gravée sur la coquille de son œuf?

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CHAPITRE VII.

Migrations des Oiseaux.

Oiseaux aquatiques; leurs moeurs. Bonté de la
Providence.

ENTRE les instincts divers, répandus dans la nature, un sur-tout est admirable, c'est celui des migrations. Des familles entières d'oiseaux de quadrupèdes, de plantes même lui sont

soumises.

On connoît ces vers charmans de Racine le fils, sur les oiseaux :

Ceux qui de nos hivers redoutant le courroux,
Vont se réfugier dans des climats plus doux,
Ne laisseront jamais la saison rigoureuse
Surprendre parmi nous leur troupe paresseuse.
Dans un sage conseil par les chefs assemblé
Du départ général le grand jour est réglé ;
Il arrive; tout part : le plus jeune peut-être
Demande, en regardant les lieux qui l'ont vu naître,
Quand viendra ce printemps par qui tant d'exilés
Dans les champs paternels se verront rappelés?

Nous avons vu quelques infortunés à qui ce dernier trait faisoit venir les larmes aux yeux. Il n'en est pas des exils que la nature prescrit comme de ceux commandés par les hommes..

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