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CHAPITRE

XIII.

L'Homme physique.

Pour achever ces vues des causes finales ou des preuves de l'existence de Dieu, tirées des merveilles de la nature, il ne nous reste plus. qu'à considérer l'homme physique. Nous laisserons parler les maîtres qui ont approfondi

cette matière.

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Cicéron décrit ainsi le corps de l'homme :

« A l'égard des sens (*) par qui les objets extérieurs » viennent à la connoissance de l'ame, leur structure > répond merveilleusement à leur destination, et ils ont » leur siége dans la tête, comme dans un lieu fortifié. >> Les yeux, ainsi que des sentinelles, occupent la place » la plus élevée, d'où ils peuvent, en découvrant les objets, faire leur charge. Un lieu éminent convenoit » aux oreilles, parce qu'elles sont destinées à recevoir le » son, qui monte naturellement. Les narines devoient » être dans la même situation, parce que l'odeur monte » aussi; et il les falloit près de la bouche, parce qu'elles » nous aident beaucoup à juger du boire et du mangers » Le goût, qui doit nous faire sentir la qualité de ce que » nous prenons, réside dans cette partie de la bouche " » par où la nature donne passage au solide et au liquide. »Pour le tact, il est généralement répandu dans tout le >> corps; afin que nous ne puissions recevoir aucune im» pressión, ni être attaqués du froid ou du chaud, sans » le sentir. Et comme un architecte ne mettra point sous

(*) De Nat. Deor. II, 56, 57 et 58. Trad. de d'Olix.

» les

yeux ni sous le nez du maître les égoûts d'une » maison, de même la nature a éloigné de nos sens ce qu'il y a de semblable à cela dans le corps humain.

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» Mais quel autre ouvrier que la nature, dont l'adresse » est incomparable, pourroit avoir si artistement formé » nos sens? Elle a entouré les yeux de tuniques fort » minces transparentes au-devant, afin que l'on puisse » voir à travers ; fermes dans leur tissure, afin de tenir » les yeux en état. Elle les a faits glissans et mobiles » pour leur donner moyen d'éviter ce qui pourroit les » offenser, et de porter aisément leurs regards où ils » veulent. La prunelle, où se réunit ce qui fait la » force de la vision, est si petite, qu'elle se dérobe sans peine à ce qui seroit capable de lui faire mal. Les pau» pières, qui sont les couvertures des yeux, ont une » surface polie et douce pour ne point les blesser. Soit que la peur de quelque accident oblige à les fermer, » soit qu'on veuille les ouvrir, les paupières sont faites » pour s'y prêter, et l'un ou l'autre de ces mouvemens » ne leur coûte qu'un instant: elles sont, pour ainsi » dire, fortifiées d'une palissade de poils, qui leur sert à

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repousser ce qui viendroit attaquer les yeux, quand ils » sont ouverts, et à les envelopper, afin qu'ils reposent paisiblement, quand le sommeil les ferme, et nous les > rend inutiles. Nos yeux ont de plus l'avantage d'être » cachés et défendus par des éminences; car, d'un côté " pour arrêter la sueur qui coule de la tête et du front » ils ont le haut des sourcils; et de l'autre, pour se ga rantir par le has, ils ont les joues qui avancent un » peu. Le nez est placé entre les deux, comme un mur. » de séparation.

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Quant à l'ouïe, elle demeure toujours ouverte, parce que nous en avons toujours besoin, même en dormant. » Si quelque son la frappe alors, nous en sommes réveillés. Elle a des conduits tortueux, de peur que s'ils

» étoient droits et unis, quelque chose ne s'y glissât.

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» Mais nos mains, de quelle commodité ne sont-elles » pas, et de quelle utilité dans les arts?, Les doigts » s'alongent ou se plient sans la moindre difficulté, tant » leurs jointures sont flexibles. Avec leur secours, les » mains usent du pinceau et du ciseau; elles jouent de » la lyre, de la flûte : voilà pour l'agréable. Pour le né>> cessaire, elles cultivent les champs, bâtissent des » maisons, font des étoffes, des habits; travaillent en » cuivre, en fer. L'esprit invente, les sens examinent, » la main exécute. Tellement que si nous sommes logés, » si nous sommes vêtus et à couvert, si nous avons des » villes, des murs, des habitations, des temples, c'est » aux mains que nous les devons, etc. »

Il faut convenir que la matière seule n'a pas plus fait le corps de l'homme pour tant de fins admirables, que ce beau discours de l'orateur romain n'a été composé par un écrivain sans éloquence et sans art (1).

Plusieurs auteurs ont prouvé, et en particu

(1) Cicéron a pris dans Aristote ce qu'il dit du service de la main. En combattant la philosophie d'Anaxagore, renouvellée par M. Helvétius, le stagyrite observe avec sa sagacité accoutumée, que l'homme n'est pas supérieur aux animaux, parce qu'il a une main; mais qu'il a une main, parce qu'il est supérieur aux animaux. (De Part. Anim. lib. III, c. 10.) Platon cite aussi la structure du corps humain, comme une preuve de l'intelligence divine (in Tim.) et Job a quelques versets sublimes sur le même sujet.

lier le médecin Nieuwentyt (1), que les bornes dans lesquelles nos sens sont renfermés, sont les véritables limites qui leur conviennent, et que nous serions exposés à une foule d'inconvéniens et de dangers si ces sens avoient plus ou moins d'étendue. Galien saisi d'admiration au milieu d'une analyse anatomique du corps humain, laisse tout-à-coup échapper le scalpel,

et s'écrie:

« O toi qui nous a faits! en composant un discours » si saint, je crois chanter un véritable hymne à ta gloire! » Je t'honore plus en découvrant la beauté de tes ou » vrages, qu'en te sacrifiant des hétacombes entiers de » taureaux, ou en faisant fumer tes temples de l'encens » le plus précieux. La véritable piété consiste à me con>>noître moi-même, ensuite à enseigner aux autres » quelle est la grandeur de ta bonté, de ton pouvoir, de >>ta sagesse : ta bonté se montre dans l'égale distribution » de tes présens, ayant réparti à chaque homme les » organes qui lui sont nécessaires; ta sagesse se voit dans » l'excellence de tes dons; et ta puissance dans l'exécution de tes desseins (2). »

CHAPITRE XI V.

Instinct de la Patrie.

De même que nous avons considéré les ins-. tincts des animaux, il nous faut dire quelque chose de ceux de l'homme physique; mais

(1) Exist. de Dieu, lv. I, chap. 13, p. 131. (2) Gal, de Usu part. 1. III, c. 10.

comme il réunit en lui les sentimens des diverses races de la création, telle que la tendresse paternelle, etc. il faut en choisir un qui lui soit particulier.

Or, cet instinct affecté à l'homme, le plus beau, le plus moral des instincts'; c'est l'amour de la patrie. Si cette loi n'étoit soutenue par un miracle toujours subsistant, et auquel, conime à tant d'autres, nous ne faisons aucune attention, tous les hommes se précipiteroient dans les zones tempérées, en laissant le reste du globe désert. On peut se figurer quelles calamités résulteroient de cette pression du genre humain sur un seul point de la terre. Pour éviter ces malheurs, la Providence a attaché les pieds de chaque homme à son sol natal par un aimant invincible : les glaces de l'Islande et les sables embrâsés de l'Afrique ne manquent point d'habitans.

Il est même digne de remarque, que plus le sol d'un pays est ingrat, plus le climat en est rude, ou, ce qui revient au même, plus on a souffert dans ce pays d'injustices et de persécutions, plus il a de charmes pour nous. Chose étrange et sublime qu'on s'attache par le malheur, et que ce soient ceux qui n'ont perdu qu'une chaumière, qui regrettent davantage le toit paternel! La raison de ce phénomène, c'est que le bonheur et la prodigalité d'une terre trop fertile, détruisent,

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