Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

l'innocence du nouveau-né. La vertu et les larmes sont pour les hommes la source de l'espérance et la base de la foi; or comment croiroit-il en un Dieu, celui qui ne croit ni à la réalité de la vertu, ni à la vérité des larmes ? Nous croirions faire injure aux lecteurs

que

de nous arrêter à leur montrer comment l'immortalité de l'ame et l'existence de Dieu se prouvent par cette voix intérieure appelée conscience. <<< Il y a dans l'homme, dit Cicé» ron (1), une puissance qui porte au bien et » détourne du mal, non-seulement antérieure » à la naissance des peuples et des villes, mais » aussi ancienne que ce Dieu par qui le ciel » et la terre subsistent et sont gouvernés; car » la raison est un attribut essentiel de l'intelligence divine; et cette raison qui est en » Dieu, détermine nécessairement ce qui est » vice et vertu. »

[ocr errors]

(1) Ad Attic. XII, 28. Trad. de d'Oliv.

[blocks in formation]

Qu'il n'y a point de Morale, s'il n'y a point d'autre Vie. Présomption en faveur de l'Ame, tirée du respect de l'Homme pour les Tombeaux.

LA morale est la base de la société ; mais si tout est matière en nous, il n'y a réellement ni 'vice, ni vertu, et conséquemment plus de 'morale. Nos loix toujours relatives et changeantes ne peuvent servir de point d'appui à la morale toujours absolue et inaltérable; il faut donc qu'elle ait sa source dans un monde plus stable que celui-ci, et des garans plus sûrs que des récompenses précaires, ou des châtimens passagers. Quelques philosophes ont cru que la religion avoit été inventée pour la soutenir; ils ne se sont pas apperçus qu'ils prenoient l'effet pour la cause. Ce n'est pas la religion qui découle de la morale; c'est la morale qui naît de la religion; puisqu'il est certain (comme nous venons de le dire) que la morale ne peut avoir son principe dans l'homme physique ou la simple matière; puisqu'il est certain que quand les hommes perdent l'idée de Dieu, ils se précipitent dans tous les crimes, en dépit des loix et des bourreaux.

[ocr errors]
[ocr errors]

Une religion qui a voulu s'élever sur les

1

ruines du christianisme, et qui a cru mieux faire que l'Evangile, a déroulé dans nos églises ce précepte du décalogue: Enfans,honorez vos pères et mères. Et pourquoi les théophilanthropes ont-ils retranché la dernière partie du précepte, afin de vivre longuement? C'est qu'une misère secrète leur a appris que l'homme qui n'a rien ne peut rien donner. Comment auroit-il promis des années, celui qui n'est pas assuré de vivre deux momens? Tu me fais présent de la vie, lui auroit-on dit avec justice, et tu ne vois pas que tu tombes en poussière ! comme Jéhovah, tu m'assures une longue existence, et as-tu comme lui l'éternité pour y puiser des jours? Imprudent! ton heure rapide n'est pas même à toi, tu ne possèdes en propre que la mort. Que tireras-tu du fond de ton sépulcre, hors le néant, pour récompenser ma vertu?

Enfin il y a une autre preuve morale de l'immortalité de l'ame, sur laquelle on n'a point encore insisté ; c'est la vénération que les hommes ont pour les tombeaux. Là, par un charme invincible, la vie est attachée à la mort; là, notre nature se montre supérieure au reste de la création, et apparoît dans toutes ses hautes destinées. La bête connoît-elle le cercueil, et s'inquiète-t-elle de ses cendres? Que lui font les ossemens de son père, ou plutôt tot sait-elle quel est son père, après que les

besoins de l'enfance sont passés? D'où nous vient donc la puissante idée que nous avons du trépas? Quelques grains de poussière mériteroient-ils nos hommages? Non sans doute; nous ne respectons les cendres de nos ancêtres, que parce qu'une voix secrète nous dit que tout n'est pas éteint en eux; c'est ce qui consacre le culte funèbre chez tous les peuples de la terre tous sont également persuadés que le sommeil n'est pas durable, même au tombeau, et que la mort n'est qu'une transfiguration glorieuse.

CHAPITRE I V.

De quelques Objections.

SANS entrer trop avant dans les preuves métaphysiques que nous avons pris soin d'écarter, nous tâcherons pourtant de répondre à quelques objections qu'on reproduit sans cesse.

[ocr errors]

Cicéron ayant avancé, d'après Platon, qu'il n'y a point de peuples chez lesquels on n'ait trouvé quelque notion de la divinité, ce consentement universel des nations, que les anciens philosophes regardoient comme une loi de nature, a été nié par les incrédules modernes ; ils ont soutenu que certains Sauvages n'avoient aucune connoissance de Dieu.

[ocr errors]

Les athées se tourmentent en vain pour couvrir la foiblesse de leur cause; il résulte de tous leurs argumens, que leur systême n'est fondé que sur des exceptions, tandis que le déisme marche par la règle générale. Si l'on dit que le genre humain croit en Dieu l'incrédule vous oppose d'abord tels sauvages, ensuite telle personne, ou lui-même. Soutienton que le hasard n'a pu former le monde,, parce qu'il n'y auroit eu qu'une seule chance favorable contre d'incalculables impossibilités, l'incrédule en convient; mais il répond que cette chance existoit: c'est en tout la même manière de raisonner. De sorte que, d'après l'athée, la nature est un livre où la vérité se trouve toujours dans la note, et jamais dans le texte, une langue dont les barbarismes forment seuls l'essence et le génie.

Quand on vient d'ailleurs à examiner ces prétendues exceptions, on découvre, ou qu'elles tiennent à des causes locales, ou qu'elles rentrent même dans la loi établie. Ici par exemple, il est faux qu'il y ait des sau-. vages qui n'aient point de notions de la divinité. Les premiers voyageurs qui avoient avancé ce fait, ont été démentis par d'autres voyageurs mieux instruits. Parmi les incrédules des bois, on avoit cité les hordes Canadiennes : nous les

avons vus, ces sophistes de la hutte, qui devoient avoir appris dans le livre de la

« ZurückWeiter »