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pour y recevoir le pain des anges, en disant ! J'entrerai à l'autel du Seigneur, du Dieu qui réjouit ma jeunesse. A la vue de l'autel couvert de vases d'or et d'argent, de flambeaux, de fleurs, d'étoffes de soie, le néophyte s'écrioit avec le prophète : Vous avez préparé une table devant moi; c'est le Seigneur qui me nourrit, rien ne manquera, il m'a établi dans un lieu abondant en pâturages. La cérémonie se terminoit par le sacrifice de la messe. Ce devoit être une fête bien auguste que celle-là où l'on voyoit les Ambroise à la table du Seigneur, donner au pauvre innocent, la place qu'ils refusoient à l'empereur coupable!

S'il n'y a pas, dans ce premier acte de la vie chrétienne, un mélange divin de théologie et de morale, de mystères et de simplicité, rien ne sera jamais divin en religion.

Mais, considéré dans une sphère plus élevée, et comme figure du mystère de notre rédemption, le baptême est un bain qui rend à l'ame sa vigueur première, On ne peut se rappeler sans envie la beauté des anciens jours, alors que les forêts n'avoient pas assez de silence, les grottes pas assez de profondeur pour les fidèles qui venoient y méditer les mystères : ces chrétiens primitifs, témoins de la rénovation du monde, étoient occupés d'un tout autre ordre de pensées que celui qui nous courbe aujourd'hui vers la terre, nous tous chrétiens sans

amour, vieillis dans le siècle et non pas dans la foi. En ce temps-là la sagesse étoit sur les rochers, dans les antres avec les lions, et les rois alloient consulter le solitaire de la montagne. Jours trop tôt évanouis! il n'y a plus de S. Jean au désert, et l'heureux catéchumène ne sentira plus couler sur lui ces flots du Jourdain, qui emportoient aux mers toutes ses souillures.

La confession suit le baptême, et l'église, avec une prudence qu'elle seule possède, a fixé l'époque de la confession à l'âge où l'idée du crime peut être conçue; il est certain qu'à sept ans l'enfant a les notions du bien et du mal. Tous les hommes, les philosophes même quelles qu'aient été d'ailleurs leurs opinions, ont regardé le sacrement de pénitence comme une des plus fortes barrières contre le vice et comme le chef-d'œuvre de la sagesse. Dans quel sein le coupable déchargeroit-il le poids de son cœur? Seroit-ce dans celui d'un ami? Eh! qui peut compter sur l'amitié des hommes! Prendra-t-il les déserts pour confidens? Les déserts retentissent toujours pour le crime du bruit de ces trompettes, que le parricide Néron croyoit ouïr autour du tombeau de sa mère (1). Quand la nature et les hommes sont impitoyables, il est bien touchant de trouver un Dieu prêt à pardonner prêt à pardonner: il n'appar

(1) Tac. Hist.

tenoit qu'à la religion chrétienne d'avoir fait deux sœurs, de l'innocence et du repentir.

CHAPITRE VI I.

De la Communion.

LA Communion présente des caractères encore plus sublimes, en même temps qu'elle s'embellit de mille charmes. C'est à douze ans, c'est au printemps de l'année, que l'adolescent s'unit à sou Créateur. Après avoir pleuré la mort du Rédempteur du monde avec les montagnes de Sion, après avoir rappelé les ténèbres qui couvrirent la terre, les cloches se raniment, les saints se dévoilent, le cri de la joie, l'antique alleluia des Abraham et des Jacob, fait retentir le dôme des églises. De jeunes filles vêtues de lin, de beaux garçons parés de feuillages, marchent sur une route semée des premières fleurs de l'année, et s'avancent vers le temple, en répétant de nouveaux cantiques; leurs parens les suivent pleins d'allégresse. Bientôt le Christ descend sur l'autel pour ces ames délicates. Le froment des anges est déposé sur la langue véridique qu'aucun mensonge n'a encore souilléè, tandis que le prêtre boit, dans le vin, le sang méritoire de l'agneau. Tous les cœurs sont saisis de recueillement dans cette solemnité où Dieu rappelle un sacrifice sanglant, sous les

espèces les plus paisibles. Aux incommensurables hauteurs de ces mystères, se mêlent les souvenirs des scènes les plus riantes. La naturé semble ressusciter avec son Créateur, et l'angé du printemps lui ouvre les portes dui tombeau, comme cet esprit de lumière, qui dérangea là pierre du glorieux sépulcre. L'âge des tendres communians et celui de la naissante année ; confondent leurs jeunesses, leurs harmonies et leurs innocences. Le pain et le vin annoncent les dons des champs prêts à mûrir, et retracent les tableaux de l'agriculture. Enfin Dieu descend dans les ames de ces enfans pour les féconder; comme il descend, en cette saison, dans le sein de la terre, pour lui faire porter ses fleurs et ses richesses.

Mais, dira-t-on, que signifie cette communion mystique où la raison est obligée de se souinettre à une absurdité, sans aucun profit pour les mœurs? Qu'on nous permette d'abord de répondre en général pour tous les rites chré tiens, qu'ils sont de la plus haute moralité, par cela seul qu'ils ont été pratiqués par nos pères; par cela seul que nos mères ont été chrétiennes sur nos berceaux; enfin, parce que la religion a chanté autour du cercueil de nos aïeux, et souhaité la paix à leurs cendres.

Ensuite, supposé même que la communion fût une cérémonie puérile, c'est du moins s'aveugler beaucoup, que de ne pas voir

qu'une solemnité, qui doit être précédée d'une confession austère, et qui ne peut avoir lieu qu'après une longue suite d'actions vertueuses, très favorable aux

est,

, par son essence

bonnes mœurs. Elle l'est même à un tel point, que si un homme approchoit dignement, une seule fois par mois, du sacrement d'Eucharistie, cet homine seroit, de nécessité, l'homme le plus vertueux de la terre. Transportez le raisonnement de l'individuel au collectif, de l'homme au peuple, et vous verrez que la Communion est une législation toute 'entière.

«Voilà donc des hommes, dit M. de Voltaire, dont l'autorité ne sera pas suspecte; voilà des hommes qui reçoivent Dieu dans eux, au milieu d'une cérémonie auguste, à la lueur de cent cierges, après une musique qui a enchanté leurs sens, au pied d'un autel brillant d'or. L'imagination est subjuguée, l'ame saisie et attendrie; on respire à peine, on est détaché de tout bien terrestre, on est uni avec Dieu, il est dans notre chair et dans notre sang. Qui osera, qui pourra commettre après cela une seule faute, en recevoir seulement la pensée ! Il étoit impossible, sans doute, d'imaginer un mystère qui retint plus fortement les hommes dans la vertu (1). :

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(1) Questions sur l'Encyclopédie, t. IV, édition de Genève.

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