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Si nous nous exprimions nous-mêmes avec cette force, on nous traiteroit d'insensés et de fanatiques.

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L'Eucharistie a pris naissance à la Cène, et nous en appelons aux peintres, pour la beauté du tableau où J. C. est représenté prononçant ces paroles: Hoc est corpus meum. Quatré choses, toutes quatre immenses, mais moins divines les unes que les autres, sont ici :)

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1.9 Dans le pain et le vin matériels on voit la consécration de la nourriture des hommes', qui vient de Dieu, et que nous tenons de sa munificence. Quand il n'y auroit dans la Communion, que cette offrande des richesses de la terre à celui qui les dispense, cela seul suffiroit pour la placer auprès des plus belles coutumnes religieuses de la Grèce...

2.0 L'Eucharistie rappelle la pâque des Israélites, qui remonte au temps des Pharaons; elle annoncé l'abolition des sacrifices sanglans; elle est aussi l'image de la vocation d'Abraham, et de la première alliance de Dieu avec l'homme. Tout ce qu'il y a de grand en antiquité, en histoire, en législation, en figures sacrées, se trouve donc dans la communion du chrétien.

3.o L'Eucharistie annonce la réunion des hommes en une grande famille dé frères; elle enseigne la fin des inimitiés, l'égalité naturelle et le commencement d'une nouvelle loi,

qui ne connoftra ni Juifs, ni Gentils, et qui invitera tous les enfans d'Adam à la même table.

Enfin la quatrième chose que l'on découvre dans l'Eucharistie, c'est le mystère direct et la présence réelle de Dieu dans le pain consacré. Ici il faut que l'ame s'envole un moment vers ce monde intellectuel, qui lui fut ouvert avant sa chûte.

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Lorsque le Tout-puissant eut créé l'homme à son image, et qu'il l'eut animé d'un souffle de vie, il fit alliance avec lui. Adam et Dieu s'entretenoient ensemble dans la solitude. L'alliance fut de droit rompue par la désobéissance. L'Etre éternel ne pouvoit plus communiquer avec la Mort, la Spiritualité avec la Matière. Or, entre deux choses de propriétés différentes, il ne peut y avoir de point de contact que par un milieu. Le premier effort que l'Amour divin fit pour se rapprocher de nous fut par la vocation d'Abraham et l'établissement des sacrifices: figures qui annonçoient au monde l'avènement du Messie. Le Sauveur, en nous rétablissant dans nos fins, comme nous l'avons montré au sujet de la rédemption, a dû nous rétablir dans nos privilèges, et le plus beau de ces privilèges sans doute, étoit de communiquer avec le Créateur. Mais cette communication ne pouvoit plus avoir lieu immédiatement comme dans le Paradis terrestre. Premièrement, parce que notre origine est

demeurée souillée; en second lieu, parce que notre corps, maintenant sujet au tombeau, est resté trop foible pour communiquer directement avec Dieu, sans mourir. Il falloit donc un moyen médiat, et c'est le Fils qui l'a fourni. Il s'est donné à l'homme dans l'Eucharistie; il est devenu la route sublime par qui nous nous réunissons de nouveau à celui dont notre ame est émanée.

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Mais si le Fils fut resté dans son essence primitive, il est évident que la même séparation eût existé ici bas entre Dieu et l'homme; puisqu'il ne peut y avoir d'union entre la pureté et le crime, entre une réalité éternelle et le songe de notre vie. Or, le Verbe en entrant dans le sein d'une femme, s'est fait homologue à nous. D'un côté, il touche à son père par sa spiritualité; de l'autre, il s'unit à la chair par son effigie humaine. Il devient donc ce rapprochement cherché entre l'enfant coupable et le père miséricordieux. En se cachant sous l'emblême du pain, il est, pour l'oeil du corps, un objet sensible, tandis qu'il reste un objet intellectuel pour l'œil de l'ame. S'il a choisi le pain pour se voiler, c'est que le froment est un emblême noble et pur de la nourriture divine.

Si cette haute et mystérieuse théologie, dont nous nous contentons d'ébaucher quelques traits, effraye quelques-uns de nos lecteurs, qu'ils remarquent combien toutefois cette mé

taphysique est lumineuse auprès de celle de Pythagore, de Platon, de Timée, d'Aristote, de Carnéade, d'Epicure. Il n'y a là aucune de ces abstractions d'idées pour lesquelles on est obligé de se créer un langage inintelligible au commun des hommes.

En résumant ce que nous avons dit sur la Communion, nous trouvons qu'elle présente d'abord une pompe charmante; qu'elle enseigne la morale, tant parce qu'elle tient aux mœurs de nos pères, que parce qu'il faut être pur pour en approcher, qu'ensuite elle est l'offrande des dons de la terre au Créateur; qu'elle rappelle la sublime et touchante histoire du Fils de l'homme, et que s'unissant au souvenir de la Pâque et de la première alliance, elle va se perdre dans la nuit des temps; qu'elle tient aux idées premières, sur la nature de l'homme religieux et politique, et exprime l'antique égalité du genre humain; enfin, qu'elle renferme l'histoire mystique de la famille d'Adam, sa chûte, ses fins, son rétablissement et sa réunion avec Dieu. Nous ne savons pas 'ce qu'on peut objecter contre un sacrement qui fait parcourir un tel cercle d'idées poétiques morales, historiques, et métaphysiques; contre un sacrement qui commence avec des fleurs de jeunes années et des grâces, et qui finit par faire descendre Dieu sur la terre, pour le donner en pâture spirituelle à l'homme.

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CHAPITRE VIII.

LA CONFIRMATION, L'ORDRE E T LE MARIAGE.

"

Examen du Vou de Célibat, sous ses rapports

moraux..

On ne cesse de s'étonner, lorsqu'on remarque quelle est l'époque de la vie que la religion a fixée pour le grand hymenée de l'homme et de son Créateur. C'est le moment où le cœur va s'enflammer du feu des passions, le moment où il peut concevoir l'Etre suprême: Dieu devient l'immense génie dont l'adolescent se sent tout à coup tourmenter, et qui remplit les facultés de son ame inquiète et agrandie. Mais le danger augmente, et il faut de nouveaux secours à ce voyageur sans expérience, exposé sur le chemin du monde. La religion n'oubliera point son enfant; elle tient en réserve un appui pour cette ame qui chancelle. La Confirmation vient soutenir ses pas tremblans, comme le bâton dans la main du vieillard, comme ces sceptres qui passoient de race en race chez les rois antiques, et sur lesquels les Evandre et les Nestor, pasteurs des hommes, s'appuyoient en jugeant tous les peuples. Observons que ·la

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