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monastiques. Disons pourtant que le clergé favorisoit encore la population, en prêchant la concorde et l'union entre les époux, en arrêtant les progrès du libertinage, et en dirigeant toutes les foudres de l'église, contre le systême du petit nombre d'enfans, adopté par le peuple

des villes.

Enfin, il est à-peu-près démontré qu'il faut, dans un grand Etat, des hommes qui, séparés du reste du monde, et revêtus d'un caractère auguste, puissent, sans enfans, sans femmes, sans les embarras du siècle, travailler au progrès des lumières, à la perfection de la morale et au soulagement du malheur. Quels miracles nos prêtres et nos religieux n'ont-ils point opérés dans ces trois rapports de la société ! Qu'on leur donne une famille, et ces études et cette charité qu'ils tourroient au profit de leur patrie, ils les emploieront à l'avantage de leurs parens; heureux même si de vertus qu'elles sont, ils ne les transforment en vices.

Voilà ce que nous avions à répondre aux moralistes, touchant le célibat des prêtres. Voyons si nous trouverons quelque chose pour les poëtes. Ici, il nous faut d'autres raisons d'autres autorités, et un autre style.

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CHAPITRE IX.

Suite du précédent sur le sacrement d'Ordre Examen de la Virginité, sous ses rapports poétiques.

La plupart des sages de l'antiquité ont vécu dans le célibat; on sait combien les Gymnosophistes, les Brachmanes, les Druïdes ont tenu la chasteté à honneur. Les Sauvages même la regardent comme céleste; car les peuples de tous les temps et de tous les pays n'ont eu qu'un sentiment sur l'excellence de la virginité. Chez les anciens, les prêtres et les prêtresses, surtout ceux qui étoient censés commercer intimement avec le ciel, devoient vivre solitaires. La moindre atteinte portée à leurs vœux, étoit suivie d'un châtiment terrible. On n'offroit aux dieux que des genisses, qui n'avoient point encore été mères. Ce qu'il y avoit de plus sublime et de plus doux dans la fable possédoit la virginité; on la donnoit à Vénus-Üranie et à Minerve, déesses du génie et de la sagesse; l'Amitié étoit une adolescente, et la Virginité elle-même, personnifiée sous les traits de la lune, promenoit sa mystérieuse continence dans les frais espaces de la nuit.

Considérée sous ses autres rapports, la virginité n'est pas moins aimable. Dans les trois

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règnes de la nature, elle est la source des grâces et la perfection de la beauté. Avec le lierre et la vigne sauvage, elle tapisse la grotte de l'hermite; le printemps la cache dans ses boutons de roses, l'hiver la montre dans ses neiges, telle elle brille aux deux extrémités de la vie, sur les lèvres de l'enfant, et sur les cheveux du vieillard: la tombe aussi la mêle à ses mystères : les anciens consacroient aux monumens des arbres sans semence, non à cause que la mort est stérile, mais parce que, dans une autre vie, les sexes sont inconnus, et que l'ame est une vierge immortelle. Enfin, parmi les animaux, ceux qui se rapprochent le plus de notre intelligence, sont voués à la chasteté. Ne croiroit-on pas reconnoître dans la ruche des abeilles, le modèle de ces monastères où de jeunes vestales composent un miel céleste, avec la fleur des vertus ?

Quant aux beaux arts, la virginité en fait également les charmes les muses lui doivent : leur éternelle jeunesse ; et parmi les pensées, les formes, les sons, les couleurs, tout ce qui est beau est chaste.

Mais c'est sur-tout dans l'homme que la virginité déploie son excellence. Quelles grâces le nouveau-né n'a-t-il point dans ses jeux, ou dans les bras de sa mère !

S. Ambroise a composé trois traités sur la virginité; il Y a mis les charmes de son élo

quence; il s'en excuse lui-même en disant qu'il l'a fait ainsi pour gagner l'esprit des vierges par la douceur de ses paroles (1); il appelle la virginité une exemption de toute souillure (2); il fait voir combien sa tranquillité est préférable aux soucis du mariage; il dit aux vierges : « La pudeur, en colorant vos joues >> vous rend excellemmènt belles. Retirées » loin de la vue des hommes, comme des » roses solitaires, vos grâces ne sont point sou» mises à leurs faux jugemens; toutefois vous » descendez aussi dans la lice pour disputer le

prix de la beauté, non de celle du corps, » mais de celle de la vertu ; beauté qu'aucune» maladie n'altère, qu'aucun âge ne fanne, » que la mort même ne peut ravir. Dieu seul » s'établit juge de cette lutte des vierges, car » il aime les belles ames, même dans les corps » hideux.......... Une vierge ne connoît ni les in» convéniens de la grossesse, ni les douleurs » de l'enfantement.... elle est le don du ciel » et la joie de ses proches. Elle exerce dans la » maison paternelle le sacerdoce de la chasteté : » c'est une victime qui s'immole chaque jour » pour sa mère. »

Les poëtes ont-ils jamais rien dit de plus gracieux ?

(1) De Virginit. lib. II, cap. 1, num. 4..
(2) Ibid. lib. I, cap. 5.

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Dans l'homme, la virginité prend un caractère sublime. Troublée par tous les orages du cœur, si elle résiste, elle devient céleste. «Une »ame chaste, dit S. Bernard, est par vertu » ce que l'ange est par nature. Il y a plus de bonheur dans la chasteté, mais il y a plus de courage dans celle de l'homme. >> Combien, à la vérité, n'est-elle pas admirable dans les diverses conditions de la vie ! Dans le religieux, elle se transforme en humanité, comme dans les pères de la Rédemption et dans tous les ordres hospitaliers; elle se change en étude chez le savant; elle devient méditation dans le solitaire. Elle est si bien le caractère essentiel de l'ame et de la force mentale, qu'il n'y a point d'homme qui n'en ait senti l'avantage pour se livrer aux travaux de l'esprit. Si donc la virginité est si favorable à l'ame, n'estelle

pas la première des qualités, puisque l'ame est, sans contredit, la plus belle partie de nousmêmes? Quant à la beauté du corps, la pudeur est regardée comme si nécessaire, que ceux qui n'en ont pas les roses, en empruntent du moins le fard.

Mais si la virginité est nécessaire quelque part, c'est dans le service de la Divinité. « Dieu, dit Platon, est la véritable mesure » des choses, et nous devons faire tous nos » efforts pour lui ressembler (1). » L'homme (1) Rep.

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