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le pré ez ouches de la grange, tenant d'une part par le dessus audit grand chemin; par le dessouz au pré d'honorable homme Hugues Rolet, une petite rivière venant des bois du Roy entre deux; d'autre part, devers soleil levant, au foulon que Jean et François de Chasteignez portent de ladite dame prieure; devers soleil couchant, à un chemin tirant dudit Saint-Pierre Lestrier au moulin dudit Rolet.

A l'exception de la chapelle, dont un monceau de décombres et quelques pans de mur indiquent seuls la situation, chaque chose est encore aujourd'hui à peu près à sa place et il ne faut aucun effort pour retrouver la maison, le petit jardin, la cour, le grand chemin, la grange, où réside actuellement le fermier, le pré, la rivière, le foulon où la fabrication du papier a été longtemps prospère, le moulin. On retrouve encore également le « cartier de bois, autrefois de haute futaie, assis devers ladite chapelle et prioré dudit Servaut, contenant le circuit d'environ trente journaux 1»; mais, déjà en 1538, il n'y avait plus trace de « la vigne étant à Pierre Cervau, appelée la vigne des dames de Pierre Cervau», que mentionne l'ancien inventaire, d'après une reconnaissance de 1274.

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Il convient de terminer ici l'histoire de Pierre-Cervau, dont le nom paraîtra par rencontre dans la suite du récit, et d'aborder celle du prieuré de Champchanoux dont l'existence se poursuivra, avec une fortune diverse, jusqu'au milieu du dix-huitième siècle.

Ainsi que nous l'avons constaté plus haut, le prieuré de Notre-Dame de Champchanoux existait déjà en 1191, sans

1. Outre ces trente journaux, le domaine forestier se composait encore d'un bois de douze journaux, appelé le bois de la Perrière; un cartier de bois, broussailles, garenne et revenus, appelé les Brosses, de quatre journaux; un canton de taillis, dit le Champ de la Métairie, de dix journaux; cinquante journaux de taillis, appelés le bois de la Forestière, et un bois de revenus et taillis, appelé la Pajeux, de douze journaux; en tout cent dix-huit journaux, tous contigus, qu'un arpentage fait en 1751 estime à cent huit arpents, « lesquels se vendent par cartiers, de huict à neuf ans, quand ils sont à fruict et quand il plaît à ladite dame, lesquelles revenues après qu'elles sont tondues, sont de garde le temps de trois ans après ladite tondue, et si personne est en icelle treuvé mésusant, il est amendable envers ma dite dame de soixante cinq sols. »

que nous ayons aucune lumière sur son origine et sur son fondateur. Le droit qu'avait l'évêque d'Autun de nommer directement la prieure pourrait peut-être permettre de le regarder comme un établissement de fondation épiscopale. D'après l'ancienne géographie diocésaine, il appartenait à l'archiprêtré de Blanzy. Son nom se rencontre sous les formes diverses de Chanchano en 1229 1, Campus Canotus en 12942, et dans les actes latins des années suivantes, Chantenou dans un pouillé du quatorzième siècle 3, Champ Chanoulx en 1406, Champchanyot dans plusieurs titres français des âges suivants. Un mémoire de 1776 prétend qu'il avait été fondé « pour recevoir douze religieuses nobles », et cette prétention paraît justifiée par le nom de la plupart des prieures qui ont régi ce petit monastère et des religieuses qui l'ont habité. On peut sans doute le placer au nombre de ces asiles que, dans une pensée de réparation et de pieuse équité, l'esprit chrétien se plaisait à former et à ouvrir pour les filles que les dons de la naissance avaient plus favorisées que ceux de la fortune.

La série des titres de cette époque s'ouvre en 1239 par la reconnaissance des droits que le prieuré de Champchanoux possédait à Chassenié, en la paroisse de Toulon, par Guichard de Bourbon, chevalier. 4

En janvier 1249 (n. st. 1250), Girard de Sanvignes, écuyer, donne aux religieuses une ouche située à Sanvignes 5. En 1272, maitre Nycolas, recteur des écoles de Meursault 6, leur vend une pièce de vigne à Meursault, lieu dit es Visons, qu'il avait acquise en 1270 7. Le même personnage leur donne, en 1273, une vigne en Lussey.

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1. V. plus haut, p. 12 et pièces justificatives, no II.

2. V. plus loin, pièce III.

3. Cartulaire de l'Évêché d'Autun, p. 370.

4. Ancien Inventaire.

5. Id.

6. Meursault, canton de Beaune (Côte-d'Or).

7. Ancien Inventaire.

Par son testament, fait en 1277, Guillaume Sechauz ', chevalier, leur lègue cinq sous de rente, assignés sur sa terre de Buysserolles 2. Au nombre des bienfaiteurs, nous trouvons encore en 1281 Jacques Boisserand, abbé de SaintÉtienne-de-Lestrier, qui lègue « ecclesie de Campo Canoto decem libras viennensium ad emendum redditus pro anniversario. >> 3

ALIX était prieure de Champchanoux en 1294. Son nom se rencontre dans une transaction passée entre elle et Jean de la Tagnière, chevalier, au sujet des dimes de Monmeneaume 4 et des Combes. 5

En 1299, Jean de Bourbon-Lancy, archidiacre d'Avallon, lègue dix sous de viennois aux religieuses de Champchanoux 6 et, en 1312, Guillaume de Forest, chevalier, et Sibille, sa femme, leur assignent une rente de quinze sous tournois en aumône 7. Le nom d'Alix se retrouve encore dans un acte d'entrage du meix de la Faye, en la paroisse de Sanvignes, passé le mardi avant la fête de Saint-Pierre-ès-Liens 1305 8. Au mois de novembre 1321, Gillette de la Seele, veuve de Bertrand de Bornay, donne au prieuré quarante sous de rente pour le repos de son âme 9. Par sentence de Jehan de Châtillon, bailly de Dijon, rendue le jeudi après la Pentecôte 1322, les religieuses furent maintenues dans le droit de justice, haute, moyenne et basse, sur leur maison

1. D'après plusieurs chartes de cette époque, Guillaume Sechauz était seigneur de Giverdey, près Toulon, et de Baugis, en la paroisse d'Issy-l'Évêque. (V. Cartulaire de l'Evêché d'Autun, p. 127, 186, 188, 190.)

2. Ancien Inventaire. Busserolles, commune d'Uxeau (Saône-et-Loire). 3. Cartulaire de l'Église d'Autun, p. 330.

4. Montmenėme, commune de Dettey (Saône-et-Loire). La dime que le prieuré de Champchanoux possédait à Montmenême était assise sur une terre appelée la Bergerie, ainsi que noble Jean Doyen reconnut en 1547 l'avoir vu percevoir au temps de Philibert Doyen à qui cette terre appartenait.

5. V. plus loin, pièce III.

6. Cartulaire de l'Eglise d'Autun, p. 322.

7. V. pièce IV.

8. Nouvel Inventaire.

9. V. pièce V.

et terre de Pierre-Cervau, qui leur était contesté par les officiers du duc de Bourgogne. 1

En 1327, Droyn de Burnay, lieutenant de Nicolas de Corbeton, gruyer de Bourgogne, accorda à la prieure mainlevée touchant la chasse et la prise de deux cerfs qui avaient été pris « es forêts et garennes du duc de Bourgogne à Ostun. » 2

BIENVENUE DE CHANCERIX, qui tirait son nom du petit fief de Champcery en la paroisse d'Issy-l'Évêque, était prieure en 1329 3. Elle obtint, au mois de mars de cette année, une sentence arbitrale du bailli de Charollais, qui maintenait le prieuré dans son droit de justice sur la Faye, près de Sanvignes 4. En 1333, une nouvelle contestation s'éleva encore sur le droit de chasse, entre le duc de Bourgogne et le prieuré, à l'occasion d'un cerf qui avait été pris par les officiers ducaux dans les bois de Pierre-Cervau. Pour réparation du dommage, les gens du duc de Bourgogne rendirent à la prieure un bœuf rouge en échange du cerf qui avait été capturé par eux. Par acte du dimanche après la Purification Notre-Dame 1350 (n. st. 1351), Jean Le Loup d'Uxeau, damoiseau, fit abandon à Bienvenue de Champcery et à son prieuré du meix qu'il possédait au Moulin-Neuf, près Champchanoux, en reconnaissance des bons services qu'il avait reçus des religieuses et pour être fait participant à leurs prières et à leurs mérites 5. En 1355, le prieuré obtint du roi Jean des lettres de sauvegarde pour défendre le monastère contre les violences des gens de guerre et des pillards qui tenaient alors la campagne 6. Un fragment d'acte du

1. V. pièce VI.

2. Ancien Inventaire.

3. En 1351, le fief de Champcery appartenait à Girard de Montaigu, chevalier, qui le tenait du chef de sa femme, Alix, dame de Champcery et de Montillet, et en 1359 à sa sœur, Phelicie de Champcery, femme de Guillaume de Marchia.

4. Nouvel Inventaire.

5. V. pièce VII.

6. Ancien Inventaire.

TOME XI.

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vendredi après la Saint-Michel 1355, nous fait connaître le nom de Benevenuta de Uxello, Agnès de Auceyo, Margarita de Serandez, Jaqueta de Chamnulliaco, religieuses de Champchanoux.

JOHANNETE DE BAUGIS, qui était prieure en 1359, succéda immédiatement à Bienvenue de Champcery dont le nom se rencontre pour la dernière fois en 1358. Elle appartenait sans doute à la famille de Baugis, qui possédait le petit fief de ce nom près d'Issy-l'Évêque. La justice du prieuré s'étendait jusqu'à un lieu, dépendant de la paroisse de Toulon, appelé la Grenouillère où le juge châtelain tint ses assises solennelles, en 1366, le samedi avant la SaintAndré, apôtre. D'après un jugement qui y fut rendu et dont le texte a été conservé, nous voyons que, dans cette circonstance, le châtelain était assisté de quatre jurés, periti, du procureur d'office, faisant fonction de ministère public, et d'un notaire tenant lieu de greffier. 1

JEANNE DE ROCHEFORT est citée en qualité de prieure dans les lettres de sauvegarde 2 qui furent accordées le 15 janvier 1403 (n. st. 1404).

PHILIBERTE DE LA GRANGE était prieure en 1405. En 1406, elle passa une transaction avec Jehan Bridouart, écuyer, qui possédait, du chef de sa femme, les biens, situés dans la paroisse de Saint-Eugène, sur lesquels Gillette de la Seele avait assigné la rente léguée par elle au prieuré 3. Dans plusieurs actes de 1408, 1419 et 1422, nous retrouvons encore le nom de Philiberte de la Grange, associé à celui de Madeleine de Rabutin, Jehanne des Choux et Jehannette de la Grange, citées comme religieuses de Champchanoux.

1. V. pièce VIII.
2. Nouvel Inventaire.
3. V. pièce IX.

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