Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

revendirent la terre de Toutenant au comte de Chabot, le

16 juin 1576.

Bientôt après, en 1589, le duc de Mayenne, marchant contre le comte de Tavannes, fit occuper l'abbaye de Citeaux; mais ce dernier chassa la garnison des ligueurs, le 17 août de cette année, pilla le couvent et brûla les métairies à deux lieues à la ronde. Pour construire un pont stratégique à Saint-Jean-de-Losne 1 et pour fortifier le château de Bonnencontre 2, Tavannes fit abattre tous les plus beaux arbres des forêts de l'abbaye, et à la faveur de ces abatis, les paysans coupèrent pendant le cours de plus de six années tout le bois qu'ils voulurent et le conduisirent impunément dans les villes voisines pour l'y vendre publiquement.

En 1595, nouvelle attaque par les carabiniers du maréchal de Biron qui faisait le siège de Beaune. Les soudards emportèrent ou déchirèrent une partie des manuscrits, dont la lecture, s'ils nous fussent parvenus, aurait pu fournir une large contribution à l'histoire de l'abbaye.

Quand les religieux dispersés rentrèrent dans Citeaux, pour remettre le couvent en état, ils furent obligés de vendre une partie de leur patrimoine; ils aliénèrent des vignes, des terres, des prés, des dimes sur des maisons de Beaune, mais ils conservèrent leurs forêts, dont les revenus constituaient une des plus riches parts de la mense abbatiale.

Lorsqu'en 1635, Richelieu se fit élire général de l'ordre de Citeaux et qu'il prit possession de l'abbaye le 15 janvier 1636, après avoir chassé les anciens religieux et établi des réformes, le monastère était encore fort opulent. Mais au mois d'octobre 1636, Galas le pilla de nouveau.

A la mort de Richelieu (5 décembre 1642), les réformés élurent un abbé et les anciens religieux un autre : un schisme se produisit.

Le cardinal n'avait pris en main la crosse de saint Robert

1. Saint-Jean-de-Losne, chef-lieu de cant., arr. de Beaune (Côte-d'Or).

2. Bonnencontre, cant. de Seurre, arr. de Beaune (Côte-d'Or).

que dans un intérêt personnel, et ses réformes n'avaient pu rendre à l'ordre des bernardins de Citeaux l'éclat et la puissance qui l'avaient fait briller au moyen âge. Les bâtiments étaient devenus plus que suffisants pour loger les religieux dont le nombre va toujours aller en décroissant jusqu'au jour où ils disparaîtront et où leurs biens, maisons, prés, terres, vignes et bois, deviendront propriétés nationales, en vertu du décret du 2 décembre 1789.

Comme on peut s'en convaincre d'après ce court résumé, l'accroissement de richesse de l'abbaye de Citeaux coïncida avec l'établissement du régime féodal. Sa puissance ne fit qu'augmenter sous les ducs de Bourgogne de la première race, et surtout au moment du grand élan chrétien des croisades. Dès le commencement du quatorzième siècle la formalité de l'amortissement ralentit singulièrement l'effet des donations. Enfin quand le duché de Bourgogne passa dans les mains de la race royale, et surtout quand Louis XI le réunit à la couronne et porta les premières atteintes à la féodalité, l'abbaye loin de recevoir des libéralités, dut se mettre immédiatement en garde contre les convoitises des hommes puissants et la fiscalité de l'autorité souveraine.

§ I.

ORIGINE DU DOMAINE FORESTIER DE L'ABBAYE DE CITEAUX.

L'énonciation chronologique des documents relatifs à chaque massif de forêt consignés dans le cartulaire fait en 1499, d'après les ordres de Jean de Cirey 1, abbé de Cîteaux, indique nettement le développement de la richesse forestière de l'abbaye jusqu'à la seconde moitié du quatorzième siècle ; à partir de cette époque, les chartes de donation sont, à de très rares exceptions près, remplacées par des copies de sentences ou de transactions.

1. Voir ce que Courtépée, Descript. du duché de Bourgogne, III, 175, 176, a dit de cet abbé dans son article sur Citeaux, au paragraphe : Quelques faits sur les anciens abbés.

1098. La charte du premier don pour la fondation du couvent de Citeaux, incomplètement analysée en tête de la notice de dom Crestin et publiée dans le Gallia Christiana, tome IV, Instrum. col. 233, C, fait savoir à tous les chrétiens présents et avenir que Regnard, vicomte de Beaune, sa femme Hodierne, leurs fils Hugues, Humbert, Regnard, Hagan et Ranulde leur sœur, pour la rémission de leurs péchés et de ceux de leurs ancêtres, abandonnèrent au seigneur Robert et à ses frères qui désiraient observer avec lui la règle de Saint-Benoît avec plus de fermeté et de fidélité, sur leur domaine appelé d'antiquité Cysteaux, tout ce qu'il fallait à ceux-ci et à leurs successeurs, serviteurs de Dieu, pour construire un monastère et ses dépendances, pour labourer et enfin pour tout usage nécessaire. Regnard, sa femme, à qui ces biens avaient été donnés en dot, et leurs enfants en firent don légitime pour le besoin des religieux, à Dieu d'abord et spécialement à la bienheureuse mère de Dieu et toujours vierge Marie. Ils remirent aussi à l'abbé et à ses frères pour le service de Dieu l'église de ce lieu. Quant au reste de la terre qu'il avait plu à Regnard de se réserver, Eudes, duc de Bourgogne, l'acquit par échange et le concéda aux religieux pour leurs besoins. Plus tard, à la dédicace de l'église du nouveau monastère, le duc Regnard et sa femme renouvelèrent en présence d'une grande foule de peuple leurs donations entre les mains de Waltère, évêque de Chalon. D'autre part le duc attribua aux religieux de Citeaux l'usage le plus général tant dans sa forêt qui touche au monastère que dans tout son domaine qui l'environne. Pour continuer à jouir de ces donations les religieux de Citeaux devaient, d'après une stipulation de la charte, se consacrer en paix au service du Créateur, sous la protection de l'évêché de Chalon, libres de la puissance laïque et en dehors des bruits séculiers. 1

1. V. Pièces justificatives, no I.

Le monastère construit sur le fief de Citeaux et ses modestes dépendances devaient bientôt devenir insuffisants pour loger les nombreux religieux qui s'étaient groupés autour de saint Bernard et, avant que de nouvelles donations aient permis d'augmenter les ressources de l'abbaye, la communauté fut obligée de se séparer.

Vingt ans à peine s'étaient écoulés et déjà Citeaux avait donné naissance à quatre filles groupées autour d'elle. Les années 1113, 1114, 1115 et 1118, virent jeter les fondements des abbayes:

De la Ferté, dans le diocèse de Chalon;

De Pontigny 2, dans le diocèse d'Auxerre;

De Clairvaux 3 et de Morimont 4, dans celui de Langres; Enfin le diocèse de Lyon reçut aussi, en 1131, une colonie de cisterciens qui éleva le monastère du Miroir. 5

En moins d'un demi-siècle la maison de bois que saint Robert et ses vingt-un religieux avaient commencé à bâtir le 21 mars, jour des Rameaux, de l'an 1098, transportée quelques années plus tard à un quart de lieue de l'emplacement primitif, sur la petite rivière de la Vouge, était devenue l'un des monastères les plus importants de la chrétienté, et déjà les disciples de saint Bernard commençaient à s'établir dans les diocèses voisins pour se répandre dans toute l'Europe, avant la fin du moyen âge.

Aussi l'abbaye, chef d'ordre, devait-elle voir s'augmenter rapidement sa célébrité, son influence morale et par suite sa puissance terrienne.

1151. Humbert Arnauld de Dijon et sa mère, avec l'approbation de ses frères, sœurs et beau-frère, donne à l'abbaye

1. La Ferté, com. de Saint-Ambreuil, cant. de Sennecey-le-Grand, arrond. de Chalon-sur-Saône.

2. Pontigny, com. du cant. de Ligny-le-Châtel, arr. d'Auxerre (Yonne).

3. Clairvaux, com. de Ville-sous-la-Ferté, cant. et arr. de Bar-sur-Aube (Aube).

4. Morimont, com. de Fresnoy, cant. de Montigny-le-Roi, arrond. de Langres (Haute-Marne).

5. Le Miroir, cant. de Cuiseaux, arr. de Louhans (Saône-et-Loire).

de Citeaux pour le remède de son âme et de celle de ses parents tout ce qu'il possédait sur le territoire de Tarsul, tant en terres qu'en bois et en prés. 1

1152.-Othon de Trouhans fait une semblable donation. 2 Vers la même époque, du temps du duc Hugues III, vénérable Pierre, abbé de Saint-Bénigne de Dijon, sur le conseil de ses frères et avec l'assentiment du chapitre, concède à l'église de Citeaux tout ce que son abbaye possédait sur le territoire de Saule, tant en prés qu'en bois et en eaux, moyennant une rente de dix sous dijonnais. Mais, dit la charte, l'église de Dijon se réserva l'usage de se faire livrer dans ces bois les pièces qui lui seraient nécessaires pour la réparation de sa maison.

Après avoir ainsi pris pied au nord-est et à l'est de la concession primitive, à Tarsul 3 et à Saule 4 qui devinrent par la suite deux de ses plus importants domaines, l'abbaye de Citeaux songea à se créer une nouvelle propriété à l'ouest.

1197.

--

Le tiers du territoire de Grange-Neuve est accensé à Citeaux par Guido le Blanc, seigneur de Marigny 5, moyennant une rente annuelle de cent sous dijonnais et la promesse de donner un cheval à Dodo le Blanc, frère de Guido. 6

La même année Guillaume de Marigny vend à l'abbaye sa portion de la terre de Grange-Neuve 7. D'après les limites indiquées tant dans la charte de vente que dans l'acte de

1. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cart. 169, titre vi.

2. Id.

3. Tarsul, com. d'Izeure, cant. de Genlis, arr. de Dijon (Côte-d'Or).

4. Saule, ferme de la com. de Saint-Nicolas-lez-Citeaux, cant. de Nuits, arr. de Beaune (Côte-d'Or).

5. Marigny-lez-Reullée, com. du cant. sud de Beaune.

6. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cartulaire 185, f. cxxx.

7. Grange-Neuve, ferme de la com. de Saint-Nicolas-lez-Citeaux.

« ZurückWeiter »