ratification du duc Eudes, il semble que le domaine vendu comprenait des terres et des bois. - 1201. Ce même Guillaume fait savoir à tous que, les moines cisterciens lui devant quarante-cinq sous de cens annuel en monnaie dijonnaise pour la terre du Deffoy 1 qu'ils avaient acquise de lui, il se retient deux sous et remet les quarante-trois autres sous aux religieux pour le remède de son âme et de celle de ses ancêtres. Sa femme Marguerite, à qui il avait donné ce cens, approuve la donation faite aux religieux. 2 La terre et les bois du Deffoy touchaient aux terres de Saule qui elles-mêmes aboutissaient aux champs du monastère; mais il était plus difficile aux religieux de Citeaux de réunir le domaine de Tarsul au noyau de propriétés déjà constitué sur les bords de la Vouge 3. Citeaux se trouvait, comme il se trouve d'ailleurs encore maintenant, séparé de Tarsul par une importante forêt. Cette forêt appartenait, au commencement du treizième siècle, à de nombreux propriétaires laïques dont Citeaux parviendra en peu de temps à posséder toutes les portions, et à un propriétaire ecclésiastique, les chartreux de Dijon qui ne laisseront jamais absorber leurs bois dans la forêt de Citeaux. La forêt domaniale d'Izeure est en effet constituée par les bois de l'abbaye de Citeaux et des chartreux de Dijon, qui se trouvaient enchevêtrés les uns dans les autres, ainsi que l'indiquent encore très bien sur le terrain des bornes portant d'un côté le chiffre CX et de l'autre une crosse recoupée par un C. 1206. Le duc Eudes III, pour le remède de son âme et de celle de ses ancêtres, achète d'Haymon Bussel tout ce 1. Le Deffoy, com. de Bessey-lès-Citeaux, cant. de Genlis. 2. V. Pièces justificatives, no II. 3. La Vouge a sa source principale sur le territoire de Chambolle, passe à Vougeot, Gilly, Saint-Bernard, Villebichot, Citeaux, Bessey, Aubigny et Esbarres, où elle tombe dans la Saône après un cours de trente kilomètres. que celui-ci possédait au finage d'Izeure tant en bois, qu'en terres et en prés, et il en fait don à l'abbaye. 1 Cependant au commencement du treizième siècle Citeaux. ne possédait encore, autour de l'abbaye, qu'une propriété boisée très peu importante. Ses terres étaient limitées au sud par l'immense massif de la forêt ducale qui couvrait tout le pays compris entre l'abbaye, Saule, Charrey 2, Bonnencontre, Broin 3, Auvillars 4, Argilly 5 et Gerland. 6 1209. Aussi, Eudes, duc de Bourgogne, désireux de pourvoir à l'utilité de l'église de Citeaux, au moment de partir contre les hérétiques pour la défense de la foi catholique, donne à Dieu et à cette église pour le remède et le salut de son âme et de celle de ses ancêtres, en pure et perpétuelle aumône, une partie de sa forêt qu'on appelle Fesc. Les limites de cette donation sont très exactement indiquées dans la charte du mois de juin 1209, qui porte en outre, que comme les cisterciens avaient déjà auparavant droit d'usage dans la totalité de la forêt, le duc leur conserve ce droit dans la partie qu'il s'est retenue, à savoir l'usage au bois vif et mort, à la paisson et à la pâture; et il stipule qu'on n'y pourra bâtir ni château, ni village, ni métairie. L'investiture de cette donation eut lieu sur le livre de la règle du bienheureux Benoît, entre les mains d'Arnauld I, pour lors abbé de Citeaux, en présence du couvent réuni en chapitre. La duchesse Alix à qui la forêt appartenait comme apport dotal confirma la donation qu'avait fait l'illustre duc son mari 7. Cependant les religieux en faisant des fenêtres du monastère le tour de l'horizon ne reposaient pas partout leur vue sur des terres et des bois appartenant en propre à 1. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cartulaire 190, f. 1. 4. Auvillars, même canton. 5. Argilly, cant. de Nuits, arr. de Beaune. 6. Gerland, méme canton. 7. V. Pièces justificatives, no III. l'abbaye. Au nord le village de Corcelles faisait encore partie du domaine ducal. Eudes avait donné ce village en 1195 à Hugues, sire de Vergy 2, son futur beau-père, en se réservant seulement un meix qu'il attribua à Citeaux. 1212. Après la mort de Hugues de Vergy, le duc, à qui Corcelles avait fait retour, le céda à ce monastère; il lui octroya aussi, au mois d'octobre de la même année, la douzième partie du bois Borreau sur le finage d'Izeure. 3 le 1214. Cette terre de Corcelles devait soulever de nombreuses difficultés; deux ans à peine après la donation 4, chevalier de Mailly 5 conclut un accord avec l'abbaye qui reconnaît à celle-ci la libre possession des bois qui sont près de la Forgeotte: 6 1219. - La duchesse Alix ratifie la donation de la terre de Corcelle, et nous la verrons plus tard favoriser les efforts des religieux pour acquérir le surplus. Les religieux possédaient la forêt de Fesc depuis onze ans, quand ils commencèrent à jeter leur dévolu sur un canton de bois, appelé la Melleroye, qui limitait cette forêt à l'est. Ce canton appartenait à différents seigneurs voisins. Citeaux, qui avait acheté la portion de Guillaume de Pagny, se fait donner quatre arpents et un tiers par le seigneur de Trouhans. 8 1220. Durand, par la grâce de Dieu, évêque de Chalon, fait connaître à tous que Wiard, chevalier, seigneur de Trouhans, et son fils Pierre, ont fait cette donation en aumône à 1. Corcelles-lez-Citeaux, cant. de Gevrey-Chambertin, arr. de Dijon (Côte-d'Or). 2. Vergy, château détruit, com. de l'Étang-Vergy, cant. de Gevrey-Chambertin. 3. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cart. 189, f. 1 et suiv. 4. Id. ibid. 5. Mailly, cant. d'Auxonne, arr. de Dijon. 6. La Forgeotte, ferme et moulin, com. de Saint-Nicolas-lez-Citeaux. 7. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cartulaire 185, f. LXXXVI. 8. Trouhans, cant. de Saint-Jean-de-Losne. Dieu, à la bienheureuse Marie de Citeaux et aux religieux qui y servent Dieu. Si quelqu'un, ajoute la charte, voulait molester les religieux, Wiard et son fils Pierre ont promis par serment de se porter garants contre tous, d'empêcher leurs hommes de prétendre à aucun usage dans ce bois, et de leur faire approuver cette aumône. Tielseme, femme de Wiard, et deux autres fils, Hugues et Huon, donnèrent leur approbation. D'autre part les religieux, en reconnaissance de leur bon vouloir, leur octroyèrent sur les biens de leur église, dix livres dijonnaises. Cette charte fut passée à Chalon au mois d'août 1220. ↑ 1221. Un an après, au mois d'août 1221, le même évêque met son sceau à une charte par laquelle Guy, seigneur de Bessey 2, fils de défunt Michere, écuyer, seigneur dudit Bessey, fit donation à Citeaux de huit journaux et deux tiers au bois de la Melleroye. Sa mère Jordane et son oncle Guy de Chevigny 3 approuvèrent, et les religieux en reconnaissance de la dévotion de Guy de Bessey, lui donnèrent sur les biens de leur église trente livres dijonnaises. 4 1221. Les cisterciens ne jouissaient pas en paix de leurs donations et de leurs acquisitions; au mois de juillet la duchesse Alix intervient entre eux et les frères Guy et Renauld de Corcelles, au sujet des hommes de ce village, du fossé de la rivière de Salon 5 qui va à Citeaux, et de certains bois. Elle ordonne entre autres que le forestier et le bannier du bois de Fay devront être nommés du consentement des cisterciens, des seigneurs et de la communauté 1. V. Pièces justificatives, n° IV. 2. Bessey-lez-Citeaux, cant de Genlis, arr. de Dijon (Côte-d'Or). 3. Chevigny, hameau de la com. de Fenay, cant. de Gevrey. 4. V. Pièces justificatives, no V. 5. Le Salon (fluvium de Salum, Centum Fontes) ou rivière de Centfont qui émerge de l'étang de ce nom, limitrophe des communes de Perrigny-lès-Dijon et de Fenay, passe à Saulon-la-Rue, Saulon-la-Chapelle, d'où elle a été dérivée sur Citeaux, par les moines de l'abbaye, en 1212, coule du nord au sud, franchit le ru du Clairon, sur un pont aqueduc près de Noiron, et se réunit à la Vouge à Citeaux. 12 TOME XI. de Corcelles. Si les seigneurs ne sont pas au village, on devra attendre leur consentement pendant deux mois. D'autre part ni les cisterciens, ni les seigneurs, ni la communauté ne peuvent vendre, ni donner du bois, ni en conduire hors du territoire de Corcelles, mais ils ont plein usage pour leurs nécessités sur ce territoire. 1 1221. Joignant le finage de Corcelles de l'autre côté de l'étang Coindon 2, Citeaux possédait déjà les deux tiers du domaine de Grange-Neuve provenant de Guy et de Guillaume de Marigny. Étienne de Marigny cède sa portion à Citeaux qui, en cette année 1221, jouissait ainsi de toute la terre, sauf la partie accensée antérieurement au prieur de Gilly. 1222. Les difficultés avec Guy et Renauld de Corcelles étaient à peine terminées que la duchesse est obligée d'intervenir de nouveau au mois de mai suivant entre le couvent et Ponce de Blaisy 4. Sur le rapport de Jean de Châteauneuf 5 et de Gérard de Saulon 6, elle déclare qu'il demeure à l'église de Citeaux tout ce que Ponce de Blaisy possédait à Corcelles et sur le finage, tant en fief qu'en alleu et en propriété, ainsi que ses droits dans l'étang sous Corcelles, dans le bois de Fay, dans le bois de Vesvres et sur l'aqueduc qui traverse sa terre. Il est bien entendu que quiconque jouira de la terre de Corcelles et en cueillera les revenus, paiera à Citeaux ce qu'il payait à Ponce de Blaisy. En échange les cisterciens donnèrent à celui-ci cent vingt livres dijonnaises et s'engagèrent à lui fournir chaque année quinze émines de blé recevable, moitié froment moitié avoine, qui devront être livrées aux environs de la Toussaint, à la réquisition de Ponce. Si 1. V. Pièces justificatives, no VI. 2. L'étang Coindon, situé entre Corcelles et Citeaux, sur le territoire de la commune de Saint-Nicolas-lez-Citeaux, déverse ses eaux dans l'étang de Citeaux. 3. Fonds de l'abbaye de Citeaux. Cart. 185, f. cxxx et suiv. 4. Blaisy-Haut, cant. de Sombernon, arr. de Dijon. 5. Châteauneuf, cant. de Pouilly, arr. de Beaune. 6. Saulon-la-Chapelle, cant. de Gevrey. |