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deux parties l'une était, présume-t-on, un reste de la construction de Brunehaut, l'autre était l'œuvre du comte Badilon et des abbés successifs.

Voici d'abord la description qui en fut faite par un religieux de l'abbaye en 1675 :

« Les gros murs des deux collatéraux et du portail sont l'ancien temple, cela se prouve par l'ordre d'architecture et autres particularités qu'on y remarque et qui sont plus anciennes que le christianisme, au raport des architectes. Ils ont partout plus de cinq pieds d'épaisseur, la plupart des pierres sont longues de trois, quatre et cinq pieds, et épaisses à proportion, liées par ensemble avec des barres de fer, sans qu'il y ait jamais eu ny ciment ny mortier, mais la seule pierre sèche, à ce qu'asseurent ceux qui en ont fait les preuves; que si on y remarque du mortier ce n'est qu'à la superficie et à l'extérieur.

» Du costé d'orient c'estoit un pignon comme celui de la grande porte, à ce qu'ont observé les architectes. Ce pignon fut démoli, à ce qu'on croit, à la fondation du monastère, et des matériaux on en forma la seconde partie qui est l'addition qu'on voit encore, consistant en trois coquilles 1, l'une qui répond au chœur et les deux autres aux deux costés collatéraux. La preuve de cecy est évidente; on y voit des pierres de même grandeur que celles des gros murs, mais renversées, les traces qui ont servi à mettre les liens de fer se voient en dehors qui devroient estre en dedans; des pierres qui sont tout au bas ont esté tailliées pour estre · élevées plus haut et plusieurs défauts en la massonerie qui paroissent à veue d'œil et qui font connoistre que ce fonds d'église a esté basti des débris d'un pignon de mesme architecture que les gros murs du vieux temple. »>

L'abbé Germain, qui se connaissait en monuments antiques, a émis sur l'église de l'abbaye de Saint-Martin une opinion

1. C'est-à-dire trois absides voútées en cul-de-four.

assez différente de celle que nous venons de rapporter et qui nous semble de tous points préférable 1. « La bâtisse (de ce monument), dit-il, ne ressemble à celle des anciennes portes. de la ville qu'en ce que ce sont des pierres de même grandeur qui étoient posées à sec, mais qui viennent d'autres carrières près Autun, enfin que ce sont des démolitions de l'ancien temple, ce que l'on reconnoît aisément en ce que ces pierres sont en plusieurs endroits écornées, très mal retaillées et encore plus mal reposées; les joints en sont grands et inégaux, d'ailleurs l'on voit aux faces de ces murs, à plusieurs de ces pierres, les trous des louves ou crochets de fer qui servoient à les mettre en œuvre la première fois qu'elles y ont esté mises, ce qui fait voir qu'elles n'ont pas été replacées sur leurs lits naturels, mais qu'on les a mis sur le côté; le premier étage de la tour du clocher est de même bâtisse que les murs, ce qui fait voir qu'ils ont été bâtis ensemble 2. On sçait assés que les anciens ne faisoient point de clochers à leur temple; tout cela fait donc assés connoître que ces murs ne sont pas de la construction des anciens et qu'ils ont été rebâtis des anciennes pierres du temple de Sarron.

» Si les murs des côtés de l'ancien temple s'étoient conservés, celui du pignon de l'entrée de l'église l'auroit été de même, mais on voit le contraire, car il est tout de moilon et pour marque que cet édifice a été refait entièrement, c'est que l'on a placé au plus haut de ce pignon une figure en demy-bosse et à demy-corps de l'empereur Charles le Chauve, roy de France, qui fit rebâtir l'église et la maison après que les Sarrazins l'eurent détruitte. »

Cette pierre, haute de trois pieds environ et large à pro

1. Lettres sur les antiquités d'Autun, 2o rédaction. (Ms. de ma bibliothèque.) 2. Le 24 mars 1546, il y avait six cloches au clocher de Saint-Martin. La voûte qui les recouvrait ne fut terminée qu'à la fin de juillet 1701. (Cahier des choses remarquables arrivées à l'abbaie de St Martin depuis le 20 juillet 1701 jusqu'au 17 juillet 1702, in-4°, et Notes rédigées pour le P. Mabillon. (Arch. de l'évèché d'Autun. F. de Saint-Martin.)

portion, parait-il, passait pour contemporaine du personnage. qu'elle représentait; c'était du moins la tradition de l'abbaye 1. Bien que ce monument ne nous soit pas parvenu, nous n'hésiterons pas à révoquer en doute son authenticité, et nous restons persuadé, tout au moins, que l'abbé Germain n'eût pas été si affirmatif si la pierre, au lieu d'être placée << au plus haut du pignon », eût été plus à portée de son œil. Le buste d'un personnage du neuvième siècle, en demi-bosse au sommet d'un pignon d'église, c'est chose assurément inouïe en matière archéologique, et il me vient à l'idée une explication de l'objet plus conforme, je crois; à l'ensemble des faits observés, particulièrement dans notre pays. Une figure à mi-corps et en demi-bosse n'est pas chose rare à Autun; nombre de stèles gallo-romaines découvertes dans les cimetières le long des voies antiques affectent ces dispositions. Nous en pourrions citer trente au moins parmi celles conservées au musée lapidaire. L'abbaye de Saint-Martin était située, comme on l'a vu, près de la voie de Vesontio, et aux abords du polyandre connu plus tard sous le nom de SaintPierre-l'Estrier. On utilisa même dans sa construction, nous le verrons plus loin, un certain nombre de sarcophages empruntés à ce cimetière. Pourquoi n'aurait-on pas décoré le pignon de l'église d'une stèle de même provenance ornée d'un buste en demi-bosse? Ce fait ne serait pas unique. On remarquait, il y a quinze ans, au sommet du pignon de l'église de Tavernay, une petite stèle gallo-romaine qui s'est brisée dans la démolition de l'édifice. A Saint-Léger-du-Bois, les réparations de l'église exécutées en 1869, ont fait disparaître la tête d'un personnage gallo-romain encastrée à la porte principale 2. Le tympan de l'église de Saint-Pierre-de-Varenne est encore orné de la représentation funéraire d'un gallo-romain

1. Chasseneuz, Catalogus gloriæ mundi, XII pars, LX consid. Notes historiques mss. sur l'abbaye de Saint-Martin.

2. Lacreuze, Étude descriptive de quelques sculptures gallo-romaines des environs d'Autun. (Mémoires de la Société Eduenne, nouv. série, t. I, p. 334.)

TOME XI.

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