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pieds de chacun trois pieds et demi de hauteur et dans une grande niche gothique. Ce tombeau est de pierre blanche d'une médiocre grosseur, mais sa couverture en bateau est d'un très beau marbre antique noir rayé de blanc, sans

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Si maintenant l'on rapproche de la gravure la description du P. Daniel, l'on sera frappé du peu de relation qui existe entre elles dans cette dernière, les quatre piliers sont placés à une distance invraisemblable, le coffre n'ayant qu'un pied et dix pouces de large; d'autre part, l'auge en marbre gris semble complètement supprimée et le couvercle paraît reposer directement sur la traverse; les proportions ont été absolument négligées, et il est évident ou que le dessin fait d'après nature était infidèle, ou que le graveur, ne l'ayant pas compris, a cru pouvoir se livrer sans inconvénient au caprice de son imagination.

Ajoutons que le quatrain inscrit par le père Daniel audessus du tombeau, sous l'arcade 2, n'a jamais figuré, nous l'avons vu, que dans la crypte de Notre-Dame.

Tous les ans, au 28 avril, on célébrait à Saint-Martin un

service pour le repos de l'âme de la fondatrice, comme le

témoigne la mention suivante :

Die XXVIII aprilis, missa conventualis cantatur hodie solemniter de defunctis, ut in anniversario, pro BRUNECHILDE regina Francorum hujus monasterii fundatrice. Celebrabit superior cum ministris sacris et cantoribus paratis, et in fine absolutio ad lecticam et pulsantur campanæ.

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On admettra difficilement que lorsque le tombeau de Brunehaut fut, par ordre du cardinal Rolin, transporté de la crypte dans la nouvelle chapelle de Notre-Dame, il ne fut

1. B Germain, Lettres sur les antiquités d'Autun. (Annales de la Société Éduenne, 1860-1862, p. 412.)

2. Hist. de France, in-4°, t. I, p. 385.

3. Cérémonial de l'abbaye de Saint-Martin, 1702, 1 cahier in-f", à la date. (Archives de l'évêché d'Autun. F. de Saint-Martin.)

pas ouvert et visité. Quoi qu'il en soit, s'il a été dressé acte de cette ouverture, cette pièce ne nous est pas parvenue. Les archives de Saint-Martin n'ont gardé trace que de la visite qui en fut faite par l'abbé de Castille 1, le 25 août 1632, laquelle a été relatée dans le procès-verbal suivant :

Le vingt cinquiesme d'aoust, jour de St Louis, mille six cent trente deux, heure de quatre après midy, révérend père en Dieu messire Nicolas de Castille abbé commendataire de l'abbaye St Martin lez Ostun, ordre de St Benoist, dépandente immédiatement du Sainct Siège apostolique, et de fondation royalle faite par la reyne Brunėhault reine de France. Sur les diverses opinions que les cendres de ladite Brunehault auroint esté dispersées et perdues et qu'il n'en reposoit aucune chose d'icelle dans son monument de marbre estant en l'église d'icelle abbaye, au costé dextre du chœur de ladite église et du grand autel; est-il qu'en présence des soubsignés et d'autres de la ville d'Ostun, en grand nombre et principalement de mondit sieur le révérend abbé, de haulte et puissante dame Madame Charlotte Jeannin 2 mère dudit sieur révérend; de révérende dame dame Marguerite de la Baulme 3 abbesse de St Andoche et plusieurs de ses dames religieuses; vénérable et scientifique personne Mre François Saulnier chanoine de l'église cathédrale d'Ostun et prévost de Susoy'; de vénérables et religieuses personnes frères Jacob Anthouard licentié en décret et grand prieur en icelle abbaye 5; Antoine de Boucher souprieur; Philibert Oudin chantre; Nicolas Oudin aumosnier; Jean Baptiste Saulnier chambrier; Philibert de la Toizon infirmier; Robert Jaulpoix; Claude du Ray; Philibert Carvenne; Jean Prudhon, tous religieux dudit St Martin; RR. PP. Robert Regnault et Eustache Boullé minimes du couvent de la place Royalle de la ville de Paris; discrètes personnes Mres Claude de Genay; Louys Bourgeois; Fiacre Chambon; Nicolas Joudon, tous chanoines de St Ladre; messire Estienne Guyot curé de St Pierre; le sieur de Vergemon prieur de

1. Nicolas de Castille, abbé commendataire de Saint-Martin, petit-fils du célèbre président Jeannin, dont il publia en 1656 les Négociations.

2. Charlotte, fille du président Jeannin et d'Anne Guéniot, mariée à Pierre de Castille.

3. Marguerite de la Baulme, née le 20 août 1590, d'Antoine de la Baulme, comte de Montrevel, et de Nicole de Monmartin, fut abbesse de Saint-Andoche d'Autun dės 1606, mit la réforme dans son abbaye en 1642 et mourut au mois de juin 1675. 4. V. sur la dignité du prévôt de Sussey en l'église d'Autun, Gagnare, Hist. de l'Église d'Autun, p. 397.

5. Fr.-Jacob Anthouard mourut le 17 juillet 1638. Cf. plus loin l'art. XVIII.

Dracy; religieuse personne frère Jean-Baptiste Saulnier prieur de Bragny; religieuse personne fr. Jacques du Val religieux de St Bénigne de Dijon et prieur de Sivalotte; Mre Jean Vitrier conseiller du roy et controleur général des gabelles en Bourgongne, a esté faite ouverture dudit sépulchre, et la pierre de marbre d'iceluy estant levée, c'est trouvé dans ledit sépulchre un coffre de plomb dans lequel reposent les reliques du corps de ladite reine Brunehault fondatrice dudit St Martin, consistant en cendres, pouldres et ossemens, et une molette d'esperon et quelques morceau de charbon, ce qu'aiant esté veû et considéré par les susdits et grand nombre de peuple, et encore en présence de révérende dame dame Anne de la Magdeleine abbesse de St Jean 2 et plusieurs de ses dames religieuses et d'honorable Claude Boultard, André Bauldot procureur à Ostun, ledit coffre a esté remis audit sépulchre. En foy de quoy les susdits se sont soubsignés avec moy secrétaire de ladite abbaye St Martin. Ainsy signé : Charlotte Jeannin; Nicolas de Castille; Marguerite de la Baulme etc.....

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La nouvelle église était achevée depuis quinze ans lorsque M. Cortois de Quincey, évêque de Belley, abbé commendataire de Saint-Martin, fit placer le tombeau de la fondatrice à côté du chœur, près de la chapelle Saint-Martin et substitua aux inscriptions du moyen âge l'épitaphe suivante qui fut rédigée par l'abbé de Vély 4, et gravée sur une plaque de marbre blanc haute de 140 et large de 150. 5

1. Pierre de Vergemont, curé de Dracy-Saint-Loup et recteur de l'hôpital de ce lieu de 1627 à 1644. Cf. A. de Charmasse, Notice sur les anciens hôpitaux d'Autun. (Annales de la Société Éduenne, 1860 à 1862, p. 251.)

2. Anne de la Magdelaine, d'abord coadjutrice de Louise de la Magdelaine de Ragny sa tante, puis abbesse de Saint-Jean-le-Grand d'Autun de 1605 à 1657. Elle était sœur de Claude de la Magdelaine de Ragny, évêque d'Autun. C'est de son temps que la réforme fut introduite à Saint-Jean-le-Grand. Elle mourut le 1er avril 1657, âgée d'environ quatre-vingts ans.

3. Documents copiés pour le révérend père dom Jean Mabillon ». (Archives de l'évêché d'Autun. F. de Saint-Martin, 1 cahier in-f°.) C'est d'après cette transcription qui date de la fin du dix-septième siècle, et non d'après l'original, aujourd'hui perdu, croyons-nous, que nous donnons le procès-verbal d'ouverture du tombeau de la reine Brunehaut, déjà publié par M. Bulliot dans son Essai historique sur l'abbaye de Saint-Martin, t. II, p. 292.

4. Bernard-Laurent Guyton, Topographie historique et médicale d'Autun en Bourgogne envoyée à la Société royale de médecine le 16 may 1790. Ms. in-f", p. 17. (Ma bibliothèque.)

5. Cette épitaphe a passé de la collection Jovet au musée lapidaire.

TOME XI.

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HIC REPOSITI JACENT CINERES

BRUNECHILDIS

POTENTISSIMORUM REGUM

FILIE, SORORIS, CONJUGIS, MATRIS, AVIÆ,

EXIMIIS CORPORIS ET ANIMI DOTIBUS,

GENEROSO RELIGIONIS PROPAGANDE STUDIO,

MAGNIFICENTIA INCREDIBILI

IN ZENODOCHIIS, COENOBIIS, BASILICIS, ARCIBUS, VIIS PUBLICIS,

INSTAURANDIS, REPARANDIS, AMPLIANDIS,

CELEBERRIME.

CELEBERRIME ITERUM ET HEU NIMIUM!

VARIIS ET DIRIS CASIBUS QUOS CONSTANTISSIME TULIT
TRUCIBUS SUPPLICIIS ET INFANDA NECE,

QUIBUS, SPRETIS HUMANIS ET DIVINIS LEGIBUS,
CONSPIRANTIBUS PRODITIONE AC BARBARIE FUIT ADDICTA;
TUM INFORTUNIO LONGE MAJORI,

SCILICET QUOD VIVENS ET DEMORTUA

CALUMNIIS INNUMERIS INSIMULATA FUERIT

AB INFENSISSIMO HOSTE,

QUI NOMEN EJUS AUSUS EST INFAMARE

SCELERIBUS ATROCISSIMIS QUORUM SE SUOSQUE REOS ESSE NOSCEBAT.

FAVENTIBUS IGNORANTIÆ TENEBRIS

MILLE ANNIS INVALUIT TAM RUDIS Error.

TANDEM SANE CRITICES LUX EVO NOSTRO EXORTA

FORTIS, AC PIE REGINE MEMORIAM A JUDICIIS HOMINUM VINDICAVIT.
SED QUOD PRETIUM IN TALI VINDICTA?

NI SUMMUS JUDEX QUAM IN HAC VITA TAM GRAVITER PROBAVERAT, SUPER ABUNDANTI MISERICORDIA SUA DIGNATUS FUERIT, IN ÆTERNUM CORONARE

P. GABRIEL CORTOIS DE QUINCEY

EPISCOPUS BELLICENSIS

HUJUS COENOBII ABBAS

AN. R. S. M. DCC.LXVII.

Lors de la destruction de l'abbaye de Saint-Martin, les marbres du tombeau de Brunehaut, ayant paru précieux à quelques artistes, furent transférés dans la cour du collège d'Autun, mais on mit si peu de soins à leur transport et à leur conservation que plusieurs fragments se perdirent et que le beau morceau de grand antique, qui formait le couvercle, fut brisé en deux pièces, et demeura longtemps exposé à la chute d'eau d'une gouttière qui en détruisit le poli et le dégrada sensiblement.

Enfin, lors de la restauration des églises, ces restes précieux, ainsi que les tables de l'inscription, furent recueillis par les soins de M. de Fontanges, alors évêque d'Autun, et préservés ainsi de leur entière destruction. En 1820, le Comité d'antiquités d'Autun, cédant au désir des magistrats de la ville, se préoccupa d'un projet de restauration de ce tombeau et l'église cathédrale fut considérée comme le lieu le plus propre à le recevoir.

1

Un projet rédigé dans ce sens, adopté dans la séance du 3 avril 1820, fut présenté au Comité central de Mâcon, et l'inscription suivante fut soumise à son approbation. 2

BRVNECHILDIS REGINÆ MONVMENTVM

S. MARTINI COENOBIO ANTIQVITVS EXSTRVCTVM

ANNO MDCCLXXXXIII PLANE DIRVTVM

MAGISTRATVS ADVENSES

VETERIS MONVMENTI LAPIDIBVS COLLECTIS

MARMOREAQVE SVBSTRVCTIONE ADIVNCTA

ANNO MDCCCXX INSTAVRANDVM AC PONENDVM CVRAVERE.

Les vœux de la commission ne furent pas exaucés; plusieurs années s'étant écoulées sans qu'aucune restauration ait été effectuée, faute de fonds, les marbres du monument furent considérés comme la propriété de l'église, et bientôt ce qui en restait allait changer de forme pour l'érection d'un

1. Une commission composée de MM. Guyton, Repoux, Régnier et Laureau de Thory fut nommée à cet effet dans la séance du 13 mars 1820. (Papiers du Comité d'antiquités. Biblioth. de la Société Éduenne.)

2. Cf. Procès-verbaux des séances des 5 et 23 juin 1820. (Ibid.)

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