Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

bâtie en retour d'équerre et surmontée d'un petit clocher 1. Ce sanctuaire était, paraît-il, construit « de gros quartiers de pierre, avec plusieurs beaux, grands et superbes pilliers antiques de marbre 2. » Si l'on en croit deux descriptions très peu claires, en date des années 1726 et 1730 3, la nef n'était pas voûtée, mais simplement couverte de sa charpente, à l'imitation des anciennes basiliques. Les bas-côtés, au contraire, étaient voûtés et soutenus par des piliers carrés de pierre et « de très belles colonnes de deux pieds de diamètre environ, de marbre blanc, cannelées, d'autres sans cannelures, de marbre, brèche, chipolin et jaspe, avec des bases et chapiteaux corinthiens, aussy de marbre blanc. » 4

L'abside était voûtée en cul-de-four et ornée, comme à l'abbaye de Saint-Martin, d'une mosaïque en verre coloré à fond d'or. La moitié de ce curieux ouvrage existait encore en 1690. Une statue de saint Racho surmontait le grand autel. 5

Il y avait deux autels secondaires, l'un à gauche, l'autre à droite, ce dernier dans une chapelle reculée, servant de sacristie.

Certes, il est difficile de juger, d'après une description aussi laconique et aussi peu précise, de l'âge d'un monument détruit depuis plus d'un siècle, et dont rien ne subsiste aujourd'hui. Toutefois, nous ne sommes pas porté à y reconnaître un édifice antique; cela résulte précisément de la variété des marbres employés pour les colonnes et les chapiteaux. L'abbé Germain, dont nous avons eu l'occasion de reconnaître, en maints endroits, le tact archéologique, si

1. Plan du prieuré de St Raco, avec un estat des revenus dudit prieuré, 6 octobre 1715. 1 pièce in-plano. (Archives de l'hôtel de ville d'Autun. Fonds de SaintRacho.)

2. Mémoire ms. d'Antoine Guyton, médecin à Autun, mort dans cette ville en 1740. (Ma bibliothèque.)

3. Archives de l'hôtel de ville d'Autun. Fonds du prieuré de Saint-Racho.j 4. L'abbé Germain, Lettres sur les antiquités d'Autun. (Annales de la Société 1860 à 1862, p. 413.) Id. 2° rédaction. (Manuscrit de ma bibliothèque, in-f", p. 91.)

5. Ladone, Augustoduni amplissimæ civitatis antiquitates, Autun, Blaise Simonnot, 1640, in-12, p. 168.

rare au temps où il vivait, nous dit que « ces colonnes, leurs bases et leurs chapiteaux, sont semblables à ce qu'on voit à Saint-Martin '. » Or, qu'avons nous reconnu dans l'église de cette abbaye? Non pas un édifice antique, mais un édifice entièrement construit de matériaux antiques, ce qui est bien différent. Supposons, au reste, que l'église SaintPierre-Saint-Andoche soit prochainement détruite de fond en comble et que, dans cent ans, l'on trouve une description ainsi conçue : « L'abside de cette église était bâtie de petites pierres de grès semblables à celles des murailles de l'enceinte romaine et que l'on nommait autrefois pâtureaux.» C'était là, pourrait-on penser, la cella d'un temple romain, et cependant l'on se tromperait étrangement. Les matériaux de cette abside sont antiques, il est vrai, mais l'édifice où on les a employés ne remonte pas au-delà des premières années du douzième siècle. Nous nous abstiendrons toutefois de hasarder aucune opinion sur l'époque de la construction de l'église Saint-Racho.

Les définitions de l'ordre de Cluny concernant le prieuré de Saint-Racho pendant les quatorzième et quinzième siècles nous montrent dans quel état de misère et d'abandon était alors ce monastère 2. De 1395 à 1409, il n'y avait d'autres moines que le prieur. La chapelle était si pauvre qu'elle ne possédait pas même un calice; on était forcé d'en emprunter un aux églises voisines pour célébrer la messe. En 1396, le cloître et les autres bâtiments menaçaient ruine. En 1406 et 1409, la chapelle réclamait d'urgentes réparations : c'était un arc à rétablir, des enduits à refaire, des vitres à remettre. Le prieur Anthoine Buisson, évêque de Bethléem, remédia sans doute à tout cela, car de son temps, c'est-à-dire en 1470, on constate que l'église est bien réparée, recrépie et recouverte, quoique restant fort mal montée en livres et

en ornements.

1. L'abbé Germain, ouv. cité.

2. A. de Charmasse. ouv. cité, ad calcem.

Le prieuré de Saint-Racho n'eut rien à souffrir du passage des huguenots de Coligny le 29 juin 1570; ses titres seuls furent anéantis, parce que, sous prétexte que « ledict prioré n'estoit une maison asseurée pour y dormir à seurté 1», on les avait portés au monastère de Saint-Symphorien, lequel fut brûlé par l'ennemi. Il n'en fut pas de même vingt-et-un ans après, lorsque l'armée du duc d'Aumont vint mettre le siège devant Autun. Les fils de ce personnage installés à Saint-Racho avec tout leur train pendant les cinq semaines que dura le siège (du 18 mai au 20 juin 1591), y firent tant de dégâts et de ruines que l'on craignit la chute des bâtiments et du cloître.

Par suite de l'absence continuelle des titulaires, le prieuré tomba peu à peu dans le désarroi le plus complet; ainsi, lorsque Nicolas Viesse en prit possession, le 1er juin 1713, il constata que les voleurs s'étaient emparés « des bois, pierres, vitres, plombs, fenêtres et autres matériaux » dépendants du monastère 2. Un demi-siècle après, en 1767, la chapelle qui menaçait de s'effondrer fut entièrement détruite. Un entrepreneur à qui on vendit les matériaux, tira bon parti à Lyon des beaux marbres qu'il y trouva et dont on ne connaissait pas le prix. 3

L'ancien sanctuaire fut remplacé par une chapelle dépourvue de style qui fut vendue pendant la Révolution avec les autres biens du prieuré. Le souvenir de Saint-Racho s'est effacé de ce lieu, et si les gens du quartier parlent encore de saint Roch, à coup sûr ils ne se le figurent point en costume épiscopal, mais bien sous les haillons du pèlerin avec son chien à ses côtés.

1. Enquête judiciaire sur les dégâts commis par les huguenots au prieuré de Saint-Symphorien, 22 janvier 1604. (A. de Charmasse, ouv. cité, p. 44 et suiv.) 2. A. de Charmasse, ouv. cité, p. 52.

3. Courtépée, Description du duché de Bourgogne, nouv. éd., t. II, p. 522. Manuscrit de l'abbé Legoux appartenant à M. de Ganay.

I

Ann. 1767.

SEPVLCHRVM SANCTI RACHONIS. 1767.

Nous avons dit plus haut que saint Racho, évêque d'Autun, avait été inhumé dans l'église du prieuré de Saint-Simon et de Saint-Jude, qui plus tard prit son nom. D'après M. de Charmasse 1, ses reliques auraient été transférées dans l'église cathédrale Saint-Nazaire, antérieurement au treizième siècle, peut-être même avant le douzième. Quant à son tombeau « construit de pierres de couleur rouge approchante du marbre 2 » et resté vide depuis cette époque reculée, il fut enlevé de la chapelle vers 1767, et l'inscription ci-dessus, gravée sur le degré de l'autel, rappela seule le souvenir de ce monument.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

ABBAYE

DE

SAINTE-MARIE DE SAINT-JEAN-LE-GRAND

S'il suffisait, pour ériger un fait en dogme historique, de l'accord unanime des savants, je reconnaîtrais sans hésiter que l'abbaye de Sainte-Marie de Saint-Jean-le-Grand d'Autun fondée par la reine Brunehaut, a été bâtie sur les ruines du temple de Cybèle ou de Bérécynthe, et, sans rencontrer aucun contradicteur, je produirais les témoignages de Ladone 1, Saulnier 2, D. Thiroux 3, l'abbé Germain 4, Gagnare 5, Courtépée 6, Rosny 7, Grivaud 8, Breton 9, comme aussi ceux de MM. Devoucoux 10, Pequegnot 11, Bulliot 12 et Dinet 13. Mais ce n'est point assez. Sur quel texte, d'après quelles découvertes archéologiques cette opinion s'est-elle formée? Voilà

1. Augustoduni amplissimæ civitatis........... antiquitates. Autun, Bl. Simonnot, 1640, in-12, p. 192 et 193.

2. Autun chrétien. Autun, Jacques Guillimin, 1686, in-4°, p. 115.

3. Gallia Christiana, t. IV, col. 479.

4. Lettres sur les antiquités d'Autun. (Annales de la Société Eduenne, 1860

à 1862, p. 414 et 415.) — 2° rédaction (Ms. de ma bibliothèque).

5. Histoire de l'Église d'Autun. Autun, Dejussieu, 1774, in-8°, p. 579.

6. Description du duché de Bourgogne, nouv. éd., t. II, p. 518.

7. Histoire de la ville d'Autun. Autun, Dejussieu, in-8°, 1802, p. 245 et 260.

8. Sur les antiquités d'Autun. (Annales des voyages, t. XII). Tirage à part, p. 13 et 32.

9. Mémoire sur les antiquités de la ville d'Autun. (Mémoires de la Soc. royale des antiquaires de France. Paris, Duverger, 1840, in-8°, p. 264.)

10. Notes de la nouvelle édition de l'Histoire de l'antique cité d'Autun, d'Edme Thomas. Autun, 1846, in-4°, p. 128 et 158.

11. Légendaire d'Autun, t. I, p. 530.

12. Essai historique sur l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, t. I, p. 20. 13. Saint Symphorien et son culte, t. I, p. 640.

« ZurückWeiter »