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ce qu'il faudrait connaître. Or, aucun document ancien, que je sache, ne peut autoriser pareille supposition; on n'en a jamais cité, et l'abbé Germain est le seul à avoir voulu étayer son avis d'un semblant d'argument. Cette abbaye, dit-il, « est construite sur les ruines d'un ancien temple de Bérécynthe, mère de tous les dieux, que Brunehaut dédia sous l'invocation de la sainte Vierge, mère du vray Dieu. » 1

Il est bien vrai que la légende de saint Symphorien mentionne la déesse Bérécynthe comme spécialement adorée des Autunois 2; il est également certain que le parc de Saint-Jean-le-Grand renferme les substructions de vastes et somptueux édifices romains, qu'on y a trouvé des mosaïques, des fragments de sculpture, des marbres rares, mais il n'en résulte nullement que le temple de Bérécynthe doive être fixé sur l'emplacement de l'abbaye de Saint-Jean, ou que les restes antiques qu'on a découverts en ce lieu appartiennent au temple de Bérécynthe. Il y a là deux propositions parallèles qu'aucune conclusion ne saurait réunir.

C'est chose absolument impossible aujourd'hui que de reconstituer l'abbaye de Sainte-Marie de Saint-Jean-leGrand telle qu'elle était aux seizième et dix-septième siècles, avec ses deux églises abbatiale et paroissiale, ses logis, ses cloîtres et ses cours. Nous possédons cependant deux pièces dont le rapprochement semblerait devoir ne laisser aucune obscurité sur ce point; ce sont le plan cavalier de SaintJulien de Balleurre, dressé en 1581, dont nous avons maintes fois constaté l'exactitude, malgré ses proportions microscopiques, et un procès-verbal de visite rédigé en 1645. Mais

:

1. Lettres sur les antiquités d'Autun. (Annales de la Société Éduenne, 1860 à 1862, p. 414.)

2. « Tunc ad Berenchincie matris demonum profanam sollempnitatem populorum multitudo convenerat..... Cum sanctus Simphorianus adfuisset ad statuam Berechincie que carpento portabatur » (Biblioth nation. Départ, des mss. Fonds latin, no 5301, fol. 182 et suiv. — Ms. du dixième siècle.) — « Ferunt etiam in hoc urbe simulacrum fuisse Berecynthiæ, sicut sancti martyris Symphoriani passionis declarat historia. » (Gregor. Turon. De gloria confessorum, cap, LXXVII.)

c'est en vain que nous avons cherché à établir une concordance entre ces documents et à en tirer quelque lumière. Bien plus, les fouilles pratiquées dans le parc Saint-Jean pendant les années dernières n'ont fait qu'augmenter notre incertitude. En effet, là où l'on pensait ne rien trouver se sont rencontrés les restes d'une église du douzième siècle, fondée sur d'importants débris de l'époque romaine, maintes fois remaniée pendant le cours des siècles, depuis longtemps détruite selon toute apparence, et que l'on ne peut identifier ni avec l'église paroissiale, ni avec l'église abbatiale. M. l'architecte Lagoutte a relevé le plan de ce monument; M. Bulliot en a fait une description; nous avons assisté nous-même à sa découverte; néanmoins, nous nous garderons d'émettre aucun avis sur son origine et sa destination 1, n'ayant pour nous appuyer ni traditions ni documents d'aucune sorte. Nous nous bornerons à dire qu'on a constaté dans cette église de nombreuses sépultures et un tombeau du douzième siècle 2, dont la forme rappelle celui de Henri de Bourgogne, évêque d'Autun, qui se voyait autrefois dans l'abbaye de Citeaux et dont la figure a été publiée par D. Plancher. 3

L'aveu de notre ignorance duement consigné dans les lignes qui précèdent, nous croyons devoir insérer ici la Visite de l'abbaye de Saint-Jean-le-Grand dont nous avons parlé, et le Procès-verbal de l'état des lieux fait par dom Jean de Boucher, prieur de Moustier-Saint-Jean, le 4 octobre 1645 4. Certes, il y a là des détails intéressants, mais le plus petit plan accompagné d'une légende de quatre lignes eût été bien mieux notre affaire.

1. Était-ce là la première église abbatiale ou celle de la paroisse depuis longtemps transportée dans un édifice voisin? Nul ne saurait le décider.

2. Les débris de ce tombeau ont été recueillis au musée lapidaire.

3. Histoire de Bourgogne, t. I, p. 298.

4. Biblioth. nation. Collect. de Bourgogne, t. II. Églises et abbayes, diocèse

d'Autun.

TOME XI.

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Nous dom Jean de Boucher grand prieur et grand vicaire de l'abbaye royalle de Moustier St Jean, commissaire nommé par lettres patentes de Sa Maiesté de commission de Monseigneur Levesque d'Autun des quatriesme et quinziesme iours du mois de septembre mil six cens quarente cinq, tant pour la visite généralle des lieux réguliers qu'autres dependans du monastère de Saint Jean le Grand, autrement de Sainte Marie de la ville d'Autun, sçavoir faisons à tous qu'il appartiendra que ce jourdhuy quatriesme d'octobre de l'année susditte nous avons fait la visite du dit monastère en la forme et manière qui s'ensuit: Le monastère de Saint Jean le Grand tant pour les lieux du dehors que du logis abbatial, lieux réguliers que de leur dépendance consiste aux choses suivantes : Pour entrer dans ledit monastère, il y a une grande porte qui ferme à clef, par laquelle l'on entre dans une cour de quatorze thoises et demie de longueur et huit de largeur. A main droitte et joignant le mur de closture est la grande porte de l'église parochialle; à main gauche et tout ioignant la première porte dudit monastère et au dedans d'iceluy est un corps de logis de trois chambres, l'une basse avec deux petits caverons ou le marguillier, qui est un homme séculier, fait sa demeure et les deux chambres hautes sont occupez par Messieurs les curez qui desservent laditte paroisse et l'église de laditte abbaye. Joignant le dit corps de logis, il y en a un autre qui ioint le logis abbatial lequel a sa veue sur la première cour. Depuis ledit logis abbatial jusque au bout du chœur de l'église est un mur de séparation dans lequel il y avait une porte qui entroit en particulier dans le logis abbatial laquelle est de présent murée; à dix pas au dessous d'icelle est une porte par laquelle l'on entre dans un parloir; du dehors et encore au dessous de la ditte porte est la grande porte du monastère par laquelle l'on entre dans le logis abbatial, et, pour ce faire, l'on entre auparavant dans une cour de douze toises de longueur et de sept de largeur. La grande porte du logis abbatial est ouverte et sans porte de bois et le guichet est sans serrure; et à gauche l'on va au logis abbatial qui est séparé d'un mur. De là l'on entre en iceluy par un escallier qui est dans une tour fort haute qui abbreuve tous les estages dudit logis. Au bas diceluy, à main droitte, est une cuisine, un garde manger et un cellier et à gauche une petite chambre. De laditte cuisine, l'on entre dans deux cabinets par lesquels l'on descend au jardin qui a vingt trois thoises de longueur et treize de largeur. Sortant de la ditte cuisinne, à main gauche, est un grand cellier qui a son aspect sur la cour qui est de onze toises de longueur et sept de largeur. Montant l'escallier de laditte tour, au second étage à droite, il y a la

chambre de Madame l'abbesse, proche la porte d'icelle est un petit escallier qui s'en va dans un cabinet, dans laditte chambre, à droitte, il y a une bouge et deux cabinets, de part et d'autre. De laditte chambre l'on entre dans une grande salle, laquelle sert à présent de parloir du dedans et du dehors. A gauche est une fort belle chambre de laquelle l'on monte un escallier qui s'en va dans un fort beau cabinet doré où il y a une cheminée, et proche iceluy est un autre cabinet servant autres fois d'oratoire. De la salle susditte, montant tousiours l'escallier au troisième estage, lon entre dans une gallerie. A gauche il y a une grande et spacieuse chambre, de laquelle lon entre dans un grenier qui est au dessus de la chambre. Proche la salle et ioignant icelle, il y a deux cabinets et à droitte un galatas. Au dessus de laditte tour sont des greniers en fort mauvais estat. Tous les dits lieux sont assez honnestement meublez. Au bout dudit corps de logis et ioignant iceluy, en l'estage d'en bas, est un parloir du dedans et du dehors par lequel on donne à manger aux serviteurs qui demeurent en la basse cour et leurs autres nécessitez, et au dessus est une belle volière ou il n'y a point de pigeons. De la salle desdits parloirs, et à main gauche, est une grande galerie de huit pieds de large et de quarente de longueur ou il y a cinq fenestres de chaque costé. A main droite elle regarde sur la seconde cour, du costé des lieux reguliers, et à gauche, sur la cour du logis abbatial, de laquelle galerie l'on s'en va dans un grand corps de logis lequel se iette d'un costé dans la seconde cour et s'en va aboutir proche les cloistres, et gauche il se iette dans la cour abbatialle. Dans ledict corps de logis, il y a trois fort belles chambres et trois cabinets. Lune desdittes chambres est fort ruineuse, et encore l'un desdits cabinets, par lequel lon monte aux greniers qui sont sur lesdittes chambres; de laditte galerie l'on descend dans l'estage d'en bas dudit corps de logis par un escallier de descharge auquel il y a une grande et spacieuse chambre avec deux petits cabinets qui sont tout à fait en ruine et sont estançonnés en sept ou huit places; pour les planchers d'en haut et les planchers d'en bas, ils sont descarrelez pour la plus grande partie. Proche laditte chambre est un grand buscher, à main droitte un grand couvert, souz lequel est la descente dune grande cour. A main gauche est un petit corps de logis où il y a trois fours et une chambre, et un puits qui est au milieu desdits logis au bout de la cour. Desdits fours lon entre par une porte dans une place vuide qui a environ vingt toises de long et douze de large, dans laquelle il y a deux maisonnettes servant pour les choses du mesnage. Sortant dudit logis abbatial lon entre dans la seconde cour pour aller au cloistre et

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lieux reguliers, qui est de douze toises de longueur et dix de largeur. Lesdits cloistres sont composés de quatre pents en quarré dans lesquels lon y entre par une grande arcade dans laquelle il ny a aucune porte. A droitte lon va dans leglise en laquelle il y a quatorze chaires hautes de chaque costé et sept basses. Au bas dudit chœur est une grande grille de fer, au milieu de laquelle est une petite grille pour la communion, et la naif de l'église qui est hors de la closture est en fort bon état au dedans; de çà et de là dudit choeur sont les basses voutes lesquelles sont descarrelées entièrement. A droitte est une petite grille pour les confessions, et à gauche un tour pour passer les ornemens de la sacristie, et lesdites basses voutes sont fort humides. Audit choeur, ny ailleurs, il ny a point de sacristie. Et avons appris que la lampe n'éclaire point devant le saint Sacrement le jour et la nuit que bien rarement, ce que mesme nous a apparu en faisant nostre visite. Au sortir de l'eglise, à main droitte, sont des maisons qu'on appele des infirmeries dans lesquelles il y a sept ou huit petites chambres à feu qui sont pour la plus grand part en fort mauvais estat, dans lesquelles logent présentement six des anciennes religieuses; les quatre pents du cloistre sont pour la plus grand part descarrelez et lautre partie pavée comme les rues des villes, à la réserve denviron trois toises de longueur et une de largeur ou environ. Le vuide du cloistre est tout plein de butin iusques au dessus du parapet et murailles d'iceluy, et les corridors qui sont fort bas sont fort ruineux et particulièrement celuy qui est proche les infirmeries, auquel il y manque plusieurs chevrons qui se sont enfoncez avec la couverture. Lesditz cloistres sont lambrissez, mais la plus grande partie du lambris est pourrie, ou il y en manque. Droit au bout du cloistre, à main gauche, sont les lieux reguliers qui règnent tout le long du second pend du cloistre. En lestage bas sont la cuisine, le refectoire, une chambre pour le travail et un buscher. Au second estage est le dortoir où il y a quatorze celules, et encore deux de chacune desquelles lon en peut faire trois, et au dessus est un galatas. Lesdits lieux réguliers qui sont possedez et occupez par les reverendes mères de Montmartre sont en assez bon estat; derrier lesdits lieux reguliers, et faisant le circuit de tout le monastère de ce costé là il y a plusieurs iardins, lesquels joints ensemble comme ilz sont de présent de cent sept toises de longueur et de seize de largeur, dans lesquels lieux et places il y a quelques maisons qui sont fort ruinées, et desdites infirmeries jusques aux lieux réguliers, il ny peut avoir que sept toises de séparation pour les joindre ensemble. Duquel nostre présent procès verbal nous avons fait faire la lecture

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