Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

lieu destiné pour faire leur eglize ou chapelle, nous en avons fait la bénédiction, puis célébré en icelle la sainte messe, mis le sainct sacrement dans le tabernacle posé sur l'autel de ladicte chapelle, pour y estre conservé à l'advenir avec le respect et la révérance requise, pour la consolation et pour fortiffier la piété et dévotion desdictes religieuses, lesquelles nous avons establyes en ladicte maison et icelle érigée en monastère pour la cloture et observance régulière y estre observées par lesdictes religieuses de la meilleure manière qu'il se pourra, lesquelles ont tesmoigné le voulloir faire. Dont et de tout ce que dessus nous avons dressé nostre présent procès-verbal, en présence de Mre Anthoine Charles, recteur des écolles dudit Toulon 'et honorable Jacques Charles, marguillier dudict lieu, tesmoings qui se sont soubsignés avec nous et Barthélemy Défossé nostre secretaire, et lesdictes dames prieure et religieuses. E. D'ARCY, prieure de Champchanoux, M. D'ESCROTS [ancienne] prieure de Champchanoux, M. DE VALLEROT, J. DE GRANDVAL, E. DE VALLEROT, J. DE MONTMORILLON, A. DE GRANDVAL, J. CHARLES, A. CHARLES, Engibert, DÉFOSSÉ.

Il semble qu'Emmanuelle d'Arcy n'ait pu se résigner à quitter tout à fait les vieux murs qui avaient vu naître sa communauté. C'est à Champchanoux qu'elle mourut, le 5 août 1694, « après avoir mené, dit le Nécrologe, une vie fort exemplaire. » Son corps, transporté à Toulon, fut inhumé dans la chapelle, « à main droite, proche la fenestre du cloître. >>

JEANNE D'ARLAY, dite de l'Assomption, religieuse au monastère de Saint-Andoche d'Autun, fut nommée prieure par lettres de provision de M. de Roquette, évêque d'Autun, le 6 août de la même année. Le gouvernement de Jeanne d'Arlay paraît avoir été un temps de prospérité spirituelle pour le monastère. C'est pendant qu'elle était prieure que

1. Nous lisons dans une délibération des habitants de Toulon, du 8 avril 1776 : « Pour élever et instruire la jeunesse, il n'y a en cette ville qu'un maître d'écolle avec le droit exclusif d'apprendre à lire et les éléments de la langue latine. La ville donne à ce recteur 400 1. pour gage et logement, et comme cette rétribution ne suffit pas à beaucoup près, chaque écolier est obligé de lui payer par mois un prix proportionné aux leçons qu'il reçoit. » (Arch. de la ville d'Autun. F. du prieuré de Champchanoux.)

furent admises à la profession religieuse Françoise Desprez, le 6 avril 1698; N. de Gimel, le 26 juin 1699; les deux sœurs Chaussin, le 29 novembre 1700; Louise de Grandchamp, le 2 février 1702; Marie-Françoise Ballard, le 16 du même mois; Éléonore et Hélène de Vallerot, le 6 novembre suivant; Colombe de Thomassin, le 18 du même mois, et qui mourut le 15 janvier 1706, après avoir « souffert ses maux avec patience et résignation. » Jeanne d'Arlay résigna en faveur de sœur Marie de la Croix, religieuse professe en l'abbaye de Saint-Jean-le-Grand d'Autun, le 27 mars 1710, sous réserve d'une pension de cent livres, et décéda le 6 sep⚫tembre suivant, à l'âge de soixante-sept ans, «< après avoir mené, dit le Nécrologe, une vie très exemplaire. Elle a payé beaucoup de dettes qu'elle a trouvées à la maison et fait faire les murailles de la clôture. Pour comble de bien qu'elle a fait à la maison, elle y a donné une châsse de saintes reliques, avec une croix très belle. » C'est sans doute la croix qui est ainsi décrite dans l'inventaire de 1762 : « Une fort belle croix en ébenne et écaille garnie de bronze doré et remplie de reliques. » 1

Lors de la rédaction de l'Armorial de 1696, les armoiries du monastère de Champchanoux furent enregistrées de gueules à trois croisettes d'or posées 2 et 1, peut-être en reproduction du sceau du prieuré. 2

MARIE DE LA CROIX, dite de Saint-Joseph, qui succéda à Jeanne d'Arlay, était née à Chalon-sur-Saône en 1665. Elle était fille de Jean-Baptiste de la Croix, avocat en parlement, et d'Espérance de Truchis, de Couches. Élevée dans la religion protestante elle avait abjuré, le 19 mars 1680, entre les mains de M. Cheval, curé de Montcenis et archiprêtre de Blanzy, commis à cet effet par M. Dufeu, vicaire général, et fut admise à faire sa profession religieuse au monastère de

1. Cette croix est aujourd'hui conservée dans l'église paroissiale de Toulon. 2. Armorial général de d'Hozier, Bourgogne, p. 950.

Saint-Jean-le-Grand d'Autun, le 2 juillet 1692, après un examen passé en présence de Louis de Roquette, docteur de Sorbonne. En 1706, elle avait été envoyée à Toulon pour faire prévaloir dans le monastère de Champchanoux les habitudes de discipline et de régularité.

La mort de M. de Sénaux, évêque d'Autun, survenue le 30 avril 1710, n'ayant pu permettre à Marie de la Croix de jouir des effets de la résignation faite en sa faveur par Jeanne d'Arlay, il y eut lieu de se pourvoir en cour de Rome pour obtenir les bulles nécessaires qui furent accordées le 6 mai de la même année. Mais Louise de Grandchamp, religieuse de Champchanoux, sans tenir compte des termes de la résignation de Jeanne d'Arlay, avait sollicité et obtenu, le 2 novembre 1710, des lettres de provision de Claude de Saint-George, archevêque de Lyon, qui avait l'administration de l'évêché d'Autun et la collation des bénéfices qui en dépendaient, pendant la vacance du siège. Sans perdre de temps, Louise de Grandchamp, assistée de son père, s'était fait installer dans ses fonctions de prieure, avec les cérémonies accoutumées, le 9 novembre, par Billot, notaire apostolique à Paray, en présence de toute la communauté et de Émiland de la Fouge, avocat en parlement, receveur au grenier à sel de Toulon, François Parin, seigneur de Chaumont, écuyer, garde de Mgr le duc d'Orléans, Nicolas Girardot, marchand, Saclier, prêtre et chapelain du monastère, etc.

Dès le surlendemain, 11 novembre, Marie de la Croix s'empressa de former opposition à la prise de possession accomplie par sa rivale. Aucune des deux ne voulut céder à l'autre et il en résulta entre elles un procès dans lequel la plupart des religieuses, que la jeunesse de Louise de Grandchamp, âgée seulement de vingt-cinq ans, n'alarmait pas, se prononcèrent assez vivement contre les droits de Marie de la Croix. Ce schisme donna lieu à divers factums imprimés dans lesquels l'avocat de Marie de la Croix ménagea peu les opposantes: « Ce monastère, dit-il, a été transféré depuis

peu dans la ville de Toulon. L'on avoit cru par cette translation pourvoir aux désordres qui se commettoient dans ce couvent quand il étoit en campagne, mais on a bien reconnu dans la suite que les inclinations et les mœurs suivent partout. Il n'y avoit que sept ou huit professes, la plus grande partie fort jeunes, qui ne se comportoient pas avec toute la régularité que demandoit leur état. Elles avoient pour prieure Mme d'Arlay que son âge avancé mettoit hors d'état de gouverner le temporel et le spirituel de la maison, surtout par rapport à trois jeunes religieuses, du nombre desquelles étoit la sœur de Grandchamp qui ne faisoient pas grand cas de l'obéissance qu'elles devoient à leur supérieure. M. de Roquette, pour lors évêque d'Autun, en cette qualité supérieur, informé de tout ce qui se passoit dans cette maison, prit des mesures pour y rétablir la règle et le bon ordre. Pour cela, il fit deux choses: la première fut de transférer les religieuses difficiles à gouverner dans un autre monastère; la sœur Grandchamp se trouva du nombre; la seconde fut de choisir, dans un autre monastère, des religieuses habiles et expérimentées, pour le gouvernement de Champchanoux. Il jeta les yeux sur la sœur de la Croix, qui étoit professe dans l'abbaye de Saint-Jean-le-Grand d'Autun dès le 2 juillet 1692. Elle fut conduite à Champchanoux en l'année 1706. Elle n'y fut pas longtemps sans y donner des marques de son mérite. Elle rétablit le temporel qui étoit dans un désordre extrême. Me d'Arlay prévit bien elle-même l'importance qu'il y avoit de ne point laisser la supériorité entre les mains de jeunes professes du monastère. Après en avoir conféré avec les supérieurs, elle se détermina à résigner en cour de Rome, en faveur de Mine de la Croix dont elle connoissoit le mérite et les capacités. »

me

L'imprudente nomination, obtenue de l'archevêque de Lyon, avait eu pour effet de bouleverser un plan si sagement conçu, en donnant à Marie de la Croix la rivale que la prévoyance des supérieurs avait voulu précisément écarter. La

voix de la raison ne se fit pas entendre sans difficulté et l'obstination des opposantes ne désarma pas sans peine. Le 2 juin 1711, Philibert Villedieu, chanoine de la collégiale d'Autun, après avoir célébré la messe dans la chapelle du monastère, s'était mis en devoir de procéder à l'installation de Marie de la Croix dans ses fonctions de prieure; il rencontra une résistance qui faillit faire échouer sa mission: <«<< Après laquelle messe, ayant requis les religieuses dudit monastère de nous faire ouverture de la porte conventuelle ou de donner les clefs, afin de nous transporter dans le chœur dudit monastère pour achever de mettre en possession ladite sœur de la Croix, ce qu'elles auroient reffusé, au mépris de l'ordonnance que je leur en ay faite; et à l'instant, nous serions transportés à la grande porte de la basse cour dudit monastère, qui nous a esté ouverte par sœur Jeanne de Gimel, dépositaire dudit monastère, accompagnée de la sœur Després plus ancienne religieuse dudit monastère, les autres s'estant retirées; ensuitte de quoy, nous aurions conduit ladite sœur de la Croix au choeur intérieur dudit monastère et nous l'avons mise en possession de la place qu'occupait ci-devant ladite dame d'Arlay, dernière prieure; après quoy, elle a entonné le Te Deum qui a esté chanté par lesdites dames de Gimel et Després, avec les assistans. » L'acte de prise de possession fut reçu par Antoine Carron, notaire à Champoux en la paroisse de Cuzy, en présence de FrançoisNicolas Claudot, recteur du collège de la compagnie de Jésus à Autun; Joseph Laguille, religieux de la même compagnie; Hugues Brazey, curé de Saint-Eugène; Leclerc, conseiller du roi, maire perpétuel de Toulon; Guillaume Saulnier de la Noue, avocat en parlement à Charolles; Louis Renaudet, conseiller du roi, grenetier au grenier à sel de Toulon; Toussaint Maublanc, greffier. L'opposition cessa peu à peu, et, grâce à sa prudence et à sa fermeté, la nouvelle prieure put accomplir en paix la mission qui lui avait été confiée par ses supérieurs.

« ZurückWeiter »