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L'église des Cordeliers consistait en une nef longue de 5465 et large de 12m, terminée par une abside à trois pans coupés. L'architecture en était très sobre; les piliers, nous pouvons encore le constater, n'avaient pas de chapiteaux et c'est sur leur base même que venaient mourir les moulures de l'arc ogival qu'ils supportaient.

Le côté gauche de la nef communiquait avec le cloitre par deux portes, dont l'une était placée dans le chœur 1. Une large fenêtre à meneaux et à compartiments s'ouvrait du même côté; on remarquait sur ses vitraux deux écussons, celui de gauche, par rapport au spectateur, portant d'azur au sautoir d'or chargé de cinq coquilles de sable, accompagné de quatre chicots d'or, qui est d'Alonne; celui de droite parti au 1 de gueules à deux épées d'argent garnies d'or, sommées en chef d'une rose d'or, au 2 d'Alonne, comme ci-dessus 2. Cette fenêtre dut être murée lors de la reconstruction du cloitre, on en voit encore les traces dans le grenier à foin de l'hôtel du Chevreuil qui occupe l'emplacement de l'église des Cordeliers.

Le côté droit de la nef était flanqué de sept chapelles éclairées par neuf fenêtres et communiquant avec celle-ci par des baies ogivales d'environ 8m de hauteur. Au pied de la nef était une tribune, et dessous le coffre des Tisserands ou tissiers de toile, corporation nombreuse à Autun. Tout près et du même côté se voyaient le bénitier et l'autel du Crucifix. En face se trouvait la chapelle des Tisserands. Joignant l'autel du Crucifix était placé un banc servant de boiserie et s'étendant jusqu'à la chaire à prêcher dont la porte s'ouvrait dans le cloître.

L'autel des Ames ou privilégié touchait à la grande grille qui séparait le choeur de la nef, à droite. Un autre autel

1. La plupart des détails qui suivent sont empruntés au Registre des inhumations faites aux Cordeliers de 1715 à 1790, conservé aux archives de l'état civil de la mairie d'Autun.

2. Biblioth. nation, Départ. des mss. Fonds français, no 22300, p. 444.

occupait le même espace à gauche. Dans le chœur, du côté de l'évangile, étaient placés l'aigle et le banc des chantres. L'autel Saint-Jacques s'élevait tout auprès.

Nous avons compté sept chapelles du côté droit; c'était d'abord, à partir de la grande porte : la chapelle de NotreDame-des-Marchands, puis une autre dont nous n'avons pu déterminer le vocable. La troisième était vraisemblablement celle dite de Saint-Sébastien, de Saint-Joseph, Duban et Calard. La quatrième, construite par Nicolas Esperon et demoiselle Jeanne Cartier, fut réparée au milieu du dixseptième siècle par Nicolas Dechevanes, qui y fit faire un retable de menuiserie avec un tableau représentant saint Nicolas, un balustre pour la clôture et un caveau pour sa sépulture et celle des membres de sa famille. Il donna en outre un parement d'autel et voulut que cette chapelle fût placée sous le vocable de son patron saint Nicolas 1. Plus tard, elle fut désignée sous celui de Notre-Dame-de-laDélivrance.

La cinquième chapelle paraît avoir été dédiée à saint Barnabé.

Celle de Saint-Edme, qui servait d'arrière-sacristie avant d'avoir été réparée, joignait le chœur. Edmée Bouffard, femme de Me Anthoine Lamy, lui avait imposé le nom de son patron 2. C'est par leurs soins à tous deux que furent faits le grand vitrail du côté de la maison Vestu 3, la vitre, l'autel, la porte, les cadres, le retable, le tableau, les images de la vierge Marie et de sainte Reine, et le balustre en

1. Cf. plus loin l'art. XV.

2. Cf. plus loin l'art. XVI.

3. Plus tard l'hôtel du gouverneur d'Autun, Jacques-Anne marquis de Ganay; aujourd'hui à M. François Delagrange. L'entrée en est rue de l'Arquebuse, no 5. L'hôtel de M. de Ganay avait une porte de communication avec la cour des Cordeliers, joignant l'entrée de l'église. Par un billet du 27 février 1785, le propriétaire reconnaît que ce n'est qu'une tolérance et s'engage à faire murer cette porte à la première réquisition. Au verso de ce billet, l'un des religieux a écrit : « Il faudra le faire renouveller au plus tard en 1814. » (!!!) (Arch. de l'hôtel de ville d'Autun. Fonds des Cordeliers.)

pierre de taille. De 1729 à 1748, cette chapelle est appelée : du tiers ordre de sainte Elizabeth.

La dernière chapelle, joignant le chœur comme la précédente, était dite de N.-D.-de-Pitié et de Saint-Bonaventure. Plusieurs de ces chapelles étaient encore connues sous les noms de Saint-Hubert (1725) ou de Notre-Dame-de-Lorette (1752); de Saint-Denis ou Thiroux; de Bon-Secours et des Rabyot; il nous a été impossible de fixer ces attributions.

La nef, le choeur et les chapelles contenaient de nombreux caveaux destinés aux sépultures: celui des religieux s'ouvrait au bas des degrés du grand autel. La chapelle de Notre-Dame-des-Marchands en possédait plusieurs, dont un du côté de l'évangile; trois autres enfin étaient répartis entre les chapelles Saint-Nicolas, Saint-Joseph et Saint-Edme.

En outre, il y avait dans ces différentes parties de l'église des sépultures spécialement affectées à certaines familles autunoises :

Dans le chœur gisaient les Tixier, près des sièges des chantres, du côté de l'évangile; les Joleau, près de l'aigle; les Delagoutte, à droite, du côté de l'épître; les Machereau, au milieu, à gauche; les Humbelot, les Valletat, les Dubled, devant l'autel Saint-Jacques; les Combevert, proche la grosse cloche, l'escabeau des chantres et la chapelle SaintJacques; les Morey, près de la même chapelle, du côté de l'évangile; les Moreau, au bas des sièges du chœur, du côté droit, touchant les degrés du milieu.

Dans la nef: les Millot, proche l'autel des Ames; les Goureau, près du grillage; les Brossard, au milieu, du côté des chapelles; les Chevigny, les Changarnier, les Bertheaut, les Regneaut, près de la chaire; les Réaux, près du Dieu de Pitié; les Sautereau, les Rolet, vers l'autel du Crucifix; les Vallot, proche Saint-Nicolas.

Dans les chapelles : les Thiroux étaient inhumés dans celle de Saint-Denis; les Laguille et les Nuguet dans celle de Saint-Sébastien; les Billardet dans le cercueil situé au côté

de l'évangile de celle dite des Marchands; les Lesort, dans celle de Notre-Dame-de-Lorette; les Rabiot, dans le caveau de celle qui portait leur nom.

A partir de 1783, on n'enterra plus que dans le cloître. De tout le mobilier de l'église des Cordeliers, il ne subsiste que deux tableaux dont l'un, représentant Jésus reconnu par les disciples d'Emmaüs, est actuellement placé au fond du chœur de l'église paroissiale Notre-Dame; l'autre, où se voit une Assomption, est conservé dans la communauté du Saint-Sacrement. 1

L'église du couvent de Saint-François était achevée depuis un siècle, lorsque le clocher qui la surmontait fut détruit : « Le jeudy x1 mars 1593, incontinant après midy sonné, raconte Bonaventure Goujon 2, le cloché des Cordeliers d'Autun fust abbatu par un admirable orage de vent qui l'enleva, et tomba hors de l'esglize sans l'offencer, ny la couverture d'icelle, ny le couvent, car il fust enlevé d'envoiron l'auteur d'un homme et chust en le petit jardin qui est entre le corpon de l'esglise et le puis 3, et fust ledit cloché brisé par la chuste, lequel estoit d'une très grande auteur. Ne se treuva dans le poullet aucune chose, sinon un agnus Dei, que l'on nomme pain de Rome, enveloppé d'un tafetas my pourry. >>

Le cimetière du couvent s'étendait, selon toute apparence, dans l'espace situé entre le cloître 4, l'église et les maisons qui bordaient le Champ-Saint-Ladre. Le 2 août 1636, l'évêque d'Autun permit aux Cordeliers d'entrager la sixième partie de ce cimetière prise en un lieu où l'on n'avait inhumé que fortuitement et qui jusque-là servait presque exclusivement

1. Notes de l'abbé Blot. (Bibliothèque de la Société Éduenne.)

2. Copie ms. de la bibliothèque du grand Séminaire (ann. 1630), p. 165 et 166. 3. Il s'agit ici du puits des Cordeliers et non du puits du Champ comme l'a dit par erreur Courtépée (ouv. cité, nouv. éd., t. II, p. 523), le puits du Champ étant éloigné de l'église des Cordeliers d'environ 120 mètres à vol d'oiseau.

4. Transaction pour les vénérables chanoines de Saint-Lazare et les pères Cordeliers, 9 mars 1660. (Archives de l'hôtel de ville d'Autun. Fonds des Cordeliers.) 30

TOME XI.

à retraiter des mendiants et autres nécessiteux, lesquels y commettaient ordinairement toutes sortes d'actions indécentes. 1

Lorsque vint la Révolution, le couvent des Cordeliers, qui déclinait depuis longtemps 2, n'abritait plus que quatre religieux : le père Nicolas Vautrain, gardien, âgé de 56 ans; le père Dominique Pelletier, âgé de 76 ans 3; le père Norbert Fragnière, picpus transféré dans cette maison, âgé de 51 ans, et le frère de Montigny tombé en enfance. 4

Un décret de l'Assemblée nationale constituante, en date du 27 janvier 1791, ayant réduit à deux les paroisses d'Autun, Saint-Lazare pour la ville haute, et les Cordeliers, sous le vocable de saint Louis, pour la ville basse, Gaspard Mérandon fut nommé curé de cette dernière église et en prit possession. Par une pétition adressée « aux citoyens composant le conseil général de la commune d'Autun », cet ecclésiastique, après avoir approuvé la destruction de la grande grille qui séparait le chœur de Saint-Lazare du reste de l'église, fit observer que l'église des ci-devant Cordeliers conservait encore « une apparence monastique qui présente deux églises dans une seule » et demanda « de faire tomber cette grille

1. Archives de l'hôtel de ville d'Autun. Fonds des Cordeliers, 1 pièœ.

2. Des besoins d'argent avaient sans doute forcé les PP. Cordeliers à vendre une partie de leur enclos. Par acte reçu Jarriot, notaire à Autun, le 11 février 1782, ils avaient cédé, moyennant 10,000 livres, à Mme Anne-Elizabeth de Reugny du Tremblay, marquise de Fussey, un terrain à bâtir qui est occupé aujourd'hui par l'hôtel et les jardins de la sous-préfecture. Le 5 mars suivant, ils aliénaient, moyennant une somme de 6,666 livres, une autre place à bâtir à messire HectorBernard Drouas, prétre, docteur de Sorbonne, vicaire général du diocèse d'Autun, fondé de pouvoirs de son neveu messire Jacques Drouas, chevalier seigneur de Vélogny. C'est l'emplacement actuel de la maison et du jardin de N. Eugene de Fontenay, rue de l'Arquebuse. (Cf. Arch. de l'hôtel de ville d'Autui. Fonds des Cordeliers, 2 pièces in-f.)

3. Courtépée a parlé du père Pelletier dans sa Description du du:hé de Bourgogne, nouv éd., t. II, p. 523.

4. Archives de l'hôtel de ville. Fonds des Cordeliers. Frère Perre de Montigny, religieux clerc, mourut âgé de 59 ans et fut inhumé le 17 jullet 1790 dans le cloitre, le long de l'église, à côté de la tombe du père Roussel. Ce fut probablement la dernière personne enterrée aux Cordeliers. (Reg. des inhimations faites aux Cordeliers, à la date.)

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